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Au Diable le rouble

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Publié le 16 février 2016
1076 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
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Rubrique : Editoriaux

Où est le martèlement de terreur ?

Le rouble a perdu 3,8% mercredi pour atteindre un nouveau record à la baisse de 81,825 roubles pour un dollar, et plonger sous le record à la baisse précédent enregistré pendant la panique de décembre 2014. A l’époque, le Ministère des Finances et la banque centrale russe mettaient en place des mesures désespérées et très coûteuses pour empêcher le plongeon du rouble de devenir complètement hors de contrôle. Ces mesures ont donné lieu à toutes sortes de drames.

Le 6 décembre 2014, la banque centrale a annoncé une hausse brutale de ses taux directeurs de 6,5 points de pourcentage, pour les faire passer à 17%, après les avoir fait grimper jusqu’à 10,5% la semaine précédente. Le Ministre des Finances a quant à lui annoncé la vente des joyaux de la Couronne de Russie, ses réserves de devises étrangères, afin d’absorber des roubles grâce aux recettes tirées.

Voilà qui a semblé établir un plancher sous le rouble l’espace de quelques clignements de paupières. Le rouble a toutefois plongé de 20% quelques instants plus tard pour passer à 80 roubles pour un dollar, avant de repartir à la hausse.

Nous n’assistons plus aujourd’hui à de tels drames. Le rouble est plus bas qu’il ne l’avait encore jamais été. Il a perdu 25% contre le dollar en seulement trois mois, et a perdu 63% depuis le début 2013. Il fallait alors 29 roubles pour acheter un dollar. Il y a trois mois, il en fallait 62. Aujourd’hui, il en faut 82.

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Nous n’avons cependant assisté à aucun martèlement de terreur. Le Ministère des Finances et la banque centrales se sont contentés de s’asseoir sur leurs mains et de laisser les choses de faire. La gouvernante de la banque centrale, Elvira Nabiullina, est apparue dans une interview afin d’apaiser les nerfs de ses compatriotes. Après tout, c’est leur argent qui s’est retrouvé détruit. Elle leur devait bien quelques mots lénifiants.

Le rouble est proche de son « niveau fondamental », a-t-elle expliqué. « Nous n’interviendrons que si des risques se présentaient pour la stabilité financière. Il n’en existe pas aujourd’hui ».

Le rouble n’a aucune importance. Ce dont elle parle, c’est des banques. Certaines ont déjà été refinancées. Pendant l’effondrement de décembre 2014, c’était le tour de National Bank Trust, qui avait été renversée par une panique d’achats de devises étrangères et une vague de retraits en masse. L’Agence d’assurance des dépôts, qui appartient au gouvernement, a refinancé la banque grâce à des fonds fournis par la banque centrale.

Personne ne veut voir une autre banque s’effondrer. Mais ce refinancement était certainement bien moins cher que le soutien du rouble sur des années voire des mois. Il est facile de faire s’effondrer une monnaie. Et il est très coûteux de la soutenir une fois qu’elle commence à décliner.

Alors ils n’interviennent pas. Ils laissent le rouble aller où il le souhaite. La Russie a suffisamment de problèmes. Les réserves de devises étrangères du pays pourraient être utilisées à des fins bien plus utiles que le soutien du rouble. Et une hausse brutale des taux d’intérêt, comme nous l’avons déjà vu, serait suicidaire pour l’économie.

Au cours des trois mois pendant lesquels le rouble a plongé de 25%, le prix du Brent a perdu 40%. Cet effondrement continu des prix du pétrole et du gaz sur les marchés clés de la Russie a fortement endommagé l’économie. Et les sanctions n’ont rien fait pour aider. Le budget national, qui repose en grande partie sur les revenus pétroliers, s’est retrouvé réduit. L’économie a enregistré cinq trimestres de déclin consécutifs, et devrait se rétracter davantage au dernier trimestre.

Dans son rapport intitulé World Economic Outlook, et publié mardi, le FMI estime que la Russie, « qui continue de s’ajuster à la baisse du prix du pétrole et aux sanctions occidentales », devrait demeurer en récession en 2016. Il estime que le PIB du pays a perdu 3,7% sur un an en 2015, et devrait perdre 1% supplémentaire en 2016. Voilà qui représenterait deux années et demie de récession.

Et le FMI est souvent optimiste dans ses prévisions économiques. A mesure que la réalité se fait sentir, il ajuste ses prévisions à la baisse. Dans son World Economic Outlook publié il y a six mois, le FMI estimait que l’économie russe déclinerait de 3,4% en 2015 et gagnerait 0,2% en 2016. Ses attentes d’un déclin d’1% en 2016 pourraient être le meilleur des scénarios.

L’inflation était de 12,9% en décembre. Les consommateurs russes sont en colère. Un rouble en déclin signifie une hausse des prix des produits issus de l’importation. Ce qui aggrave davantage l’inflation. Une longue et profonde récession en parallèle à une inflation déchaînée pourrait être explosive.

Afin de faire face à l’inflation, la banque centrale choisirait en temps normal de faire grimper les taux à chaque fois qu’elle en aurait l’occasion. Pour soutenir le rouble, elle déciderait de faire grimper les taux sans que personne ne s’y attende. Mais l’économie russe ne peut plus digérer de tels chocs.

Les taux directeurs à une semaine sont fixés à 11% depuis le mois d’août. Lors de sa dernière réunion, le 11 décembre, la banque centrale a indiqué qu’elle considèrerait une baisse des taux lors de sa prochaine réunion (le 29 janvier), si l’inflation venait à diminuer entretemps.

Mais ses attentes de baisse d’inflation ont été oblitérées par les évènements. Le rouble est en chute libre, et l’inflation semble en passe de faire un bond en avant. La première sous-gouvernante de la banque centrale, Mme Yudaeva, a récemment décrété qu’elle ne pouvait pas complètement écarter une nouvelle hausse des taux.

Mais une hausse des taux serait très mauvaise pour une économie russe déjà très troublée. Alors tout le monde attend, répétant sans cesse que le choc d’une hausse des taux pour soutenir le rouble serait insupportable, et que les réserves de devises étrangères ont bien trop de valeur et ont déjà été bien trop réduites pour pouvoir être utilisées aujourd’hui. L’économie dans son ensemble est plus importante que la devise ou l’inflation. Au Diable le rouble, semblent-ils tous dire. Et les négociants n’y ont pas été sourds.

La Banque du Canada s’inquiète peut-être d’un scénario similaire. Les craintes quant à une « situation d’instabilité monétaire » se répandent dans le pays, après une baisse de 33% de la devise canadienne face au dollar en seulement deux ans. Lisez ceci : Canada Rebels against the Destruction of the Loonie



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