En parlant de déflation
Malgré les inquiétudes des
économistes, de la Banque du Japon et du premier Ministre Shinzo Abe de voir
se développer une déflation, personne n’a pensé à demander leur avis aux
consommateurs.
Et voici ce qu’il en est :
un nombre accru de personnes âgées japonaises volent en magasins dans l’espoir
d’être prises sur le fait et récompensées d’une peine de prison de deux ans,
parce qu’elles ne peuvent plus survivre grâce aux pensions versées par leur
gouvernement.
Une vie de crime
Voici un extrait de Japan’s Elderly Turn to Life of Crime to Ease Cost of Living :
Le système de prison japonais
est en crise budgétaire pour des raisons démographiques, parce qu’il manque
de fonds, et parce qu’est apparue une nouvelle catégorie de méchants :
les retraités récidivistes. Les escrocs aux cheveux d’argent, nous disent les
académiques, ne souhaitent plus qu’être jetés en prison.
Les chiffres de la criminalité
montrent qu’environ 35% des vols en magasin sont commis par des gens de plus
de soixante ans. Parmi eux, 40% sont des récidivistes qui ont commis le même
crime plus de six fois.
Et il y a de bonnes raisons,
conclue un rapport, de suspecter que ces criminels cherchent à être mis en
prison – une institution qui offre des repas gratuits, un toit et des
services de santé.
Les mathématiques du récidivisme
sont irrésistibles pour les condamnés potentiels. Même en ne mangeant que
très peu et en ne versant qu’un petit loyer, un retraité japonais aux revenus
minimes fait face à des coûts de la vie 25% plus élevés que la pension
gouvernementale de base de 780.000 yens (ou 6.900 dollars) par an, selon une
étude menée par Michael Newman, de chez Custom Products Research, sur la
criminalité des personnes âgées.
Même le vol d’un sandwich à 200
yens peut être puni d’une peine de prison de deux ans, expliquent les
spécialistes. Une peine qui coûte à l’Etat 8,4 millions de yens.
Les crimes commis par les
gériatriques se multiplient, et selon les analystes, le système de prison
japonais – qui vient d’être élargi et est occupé à hauteur de 70% - se
prépare à des décennies de hausse de population carcérale. Entre 1991 et
2013, la dernière année pour laquelle ont été publiés ces chiffres, le nombre
de prisonniers retraités condamnés pour avoir commis au moins six fois le
même crime a augmenté de 460%.
Akio Doteuchi, chercheur en développement
à l’institut de recherche NLI de Tokyo, s’attend à ce qu’il continue de
grimper.
« La situation sociale du
Japon force les personnes âgées à commettre des crimes, explique-t-il. Le
nombre de gens qui bénéficient de l’assistance publique est au plus haut
depuis la fin de la guerre. Environ 40% des personnes âgées vivent seules. C’est
un cercle vicieux. Lorsqu’elles sortent de prison, elles n’ont ni argent ni
entourage, alors elles s’en retournent immédiatement au crime. »
Les ventes de détail sont en
chute libre
Parce que nous savons que les
retraités les plus démunis ne peuvent pas faire face à la hausse du coût de
la vie (une déflation les aiderait grandement), il ne devrait pas vous
surprendre d’apprendre que les dépenses des consommateurs japonais se sont effondrées
depuis la hausse des taxes adoptée en 2014.
Les ventes des détaillants ont
enregistré en février leur contraction la plus importante depuis avril 2014,
date à laquelle le gouvernement a fait grimper la taxe de vente pour la
première fois depuis dix-sept ans.
Les données publiées ce matin
montrent que les ventes au détail ont plongé de 2,3% sur un mois le mois dernier,
contre un déclin de 0,4% au mois de janvier. Les économistes s’attendaient à
un déclin de 0,9%.
Il s’agit du plus gros déclin
mensuel enregistré depuis avril 2014, date à laquelle le gouvernement a décidé
de faire grimper la taxe de vente de 3 points de pourcentage pour la porter à
8%. C’était alors la première hausse de taxe adoptée depuis 1997. Elle a
entraîné un déclin de 13,4% sur un mois des ventes de détail au travers du
pays.
Ne jamais admettre un
échec
Zero Hedge a publié ce graphique
dans Japanese Retail Sales Plunge Most Since 2010.
Et a noté qu’il s’agissait du « quatrième
mois de déclin consécutif et, sans compter le tsunami et la réaction qui a
suivi la hausse de la taxe de vente, du plus gros déclin enregistré depuis
décembre 2010 ».
Il s’est ensuite demandé à quel
moment il devient nécessaire d’admettre un échec.
Je peux lui répondre :
jamais. Notamment lorsque la CNBC arrive à la rescousse à l’aide d’articles
comme celui-ci : Japan Feb consumer spending bounces back, outlook uncertain.
Il me semble que la CNBC ait
publié cet article un peu trop tôt. Nous ne sommes pas encore le jour du
poisson d’avril.
On dirait bien que les
consommateurs japonais aimeraient voir arriver la déflation dont s’inquiètent
tant les Keynésiens et les économistes monétaristes.