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Cours Or & Argent en

Bienvenue en Grance !

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Publié le 26 novembre 2012
1606 mots - Temps de lecture : 4 - 6 minutes
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Rubrique : Billets d'Humeur

 

 

 

 



Mes chères contrariées, mes chers contrariens,


La Grance ? Vous ne connaissez pas ce pays ? Vous devriez pourtant car c’est le vôtre. Je trouve que le mot « Grance », contraction vous l’aurez deviné de « Grèce » et de « France », reflète parfaitement le processus actuellement en cours.

D’ailleurs, une part relativement importante de notre avenir financier se joue également à Athènes.


Ce qu’il faut bien toujours garder à l’esprit, c’est que pour le moment et faute d’utilisation de la planche à billets, l’histoire des difficultés économiques de la zone euro se résume de la manière suivante : il s’agit de pays surendettés qui aident des pays carrément en faillite avec de l’argent qu’ils n’ont tout simplement pas.


Le Bonto européen


Une fois compris cela, nous pouvons passer à l’étape suivante du raisonnement. Si comme c’est à nouveau « officiellement » envisagé, car officieusement nous le savions tous déjà, il faut à nouveau effacer de la dette grecque, qui va payer ?

Qui ? Nous, les contribuables, puisque depuis plusieurs années, on s’évertue avec une constance admirable à déplacer les dettes des pays en faillite vers ceux qui le seront en dernier, ou les dettes des banques vers les états, ce qui à l’arrivée revient à dire que toutes les dettes d’Europe sont progressivement transférées vers la BCE et vers l’Allemagne (la moins mal) et la France (la deuxième moins mal dans le classement général du pire).


Il ne faut pas imaginer un seul instant que nous puissions, nous Français, payer 30 ou 50 milliards d’euros de plus pour nos amis grecs. Quand bien même nous le voudrions, nous ne le pouvons pas. Pour information, et à titre de comparaison, il s’agit là d’un montant supérieur à la totalité de l’impôt sur le revenu collecté dans notre pays en une année… qui serait versée directement aux Grecs. Il ne vaut mieux pas que l’on pose démocratiquement la question au peuple français, car dans sa grande sagesse, ce dernier pourrait signifier à nos politiciens d’aller se faire voir… chez les Grecs justement !


Nous sommes lancés dans une mécanique absurde de « Bonto ». Le Bonto, c’est ce jeu de rue, parfaitement illégal d’ailleurs, où vous avez une boule blanche cachée dans un des trois pots et le gars qui fait tourner à très grande vitesse. Il faut après trouver dans quel pot est la boule blanche.

Remplacez la boule blanche par les dettes et vous obtenez la réalité d’une politique brillante menée depuis plus de cinq ans sur notre vieux continent par des élites politiques à bout de souffle et à bout d’idées.


 

La France va progressivement se « grécifier »


Une première conclusion s’impose. À force de prendre des engagements de soutien impossibles à tenir envers d’autres pays européens au nom d’un principe stupide de « solidarité » européenne, nous avons commencé notre processus de « grécification ».


Mais avant, pourquoi cette politique de solidarité est stupide ?


Parce qu’elle est dangereuse et repose sur le raisonnement que « personne ne mourra ou que nous mourrons tous ». Voilà le principe qui préside aux décisions de nos dirigeants. Le problème c’est que nous allons bien tous mourir ensemble.

L’Allemagne comme la France n’a pas les moyens de sauver le reste de l’Europe sans périr à son tour. Les Allemands le savent et c’est ce qui explique leur réticence et leur résistance pour faire les chèques jusqu’à maintenant.


Faut-il abandonner la Grèce ? Oui.

Faut-il abandonner l’Espagne ? Oui.

Faut-il abandonner l’Italie ? Oui.


Soit nous créons de la « fausse » monnaie (comme le font les États-Unis et le Royaume-Uni ou encore le Japon) pour faire semblant de racheter ces dettes et créer l’illusion d’un « tout va bien » qui finira par déclencher une hyperinflation, soit nous devons laisser tomber les pays en trop grande difficulté pour essayer de sauver ceux qui peuvent l’être encore.


Pour le moment, l’aide que nous donnons, ou les engagements d’aides que nous prenons, nous fragilise. Étant fragilisés, les agences de notation (forcément très, très méchantes) nous dégradent, et nous dégraderont encore et encore. Cela va renchérir à un moment ou à un autre nos taux d’emprunt, rendant notre stock de dettes difficilement supportable. Nous devrons lever encore plus d’impôts. Puis nous finirons par baisser nos dépenses car on ne peut pas aller plus haut que 100 % de prélèvements obligatoires.


La récession en Grance sera alors majeure. Notre PIB baissera. Nos dettes augmenteront d’autant plus vite que notre PIB baissera. Donc exprimée en pourcentage de PIB, la dette explosera. Cela entraînera de nouvelles dégradations et nous serons dans le même cercle vicieux que la Grèce qui n’a juste que cinq ans d’avance sur nous.


Lorsque nous couperons en deux, comme en Grèce, les aides sociales, les salaires des fonctionnaires et les pensions de retraites, je vous laisse imaginer l’explosion sociale dans notre pays.


Si nous voulons éviter ce scénario catastrophe, nous devons nous poser la question de l’aide que nous n’avons plus les moyens d’apporter aux autres.


Mais ce débat, bien sûr, est totalement absent dans notre pays. Or il est essentiel, tellement la stabilité même de notre nation et ses équilibres précaires sont en jeu.


Pour le moment, nous fonçons dans le mur, l’innocence en bandoulière et le sourire béat aux lèvres. Pourtant, l’avenir qui nous attend est une évidence…


Grèce : les créanciers pourraient renoncer à leurs exigences en 2015


Alors que nous disons et que nous répétons malgré une suite ininterrompue de communiqués officiels tous plus victorieux les uns que les autres que la Grèce n’est pas sauvée, que la Grèce est en faillite, que rien n’est réglé, et que rien ne le sera jamais tant que nous n’aurons pas :

1/ payé nous-mêmes les dettes de la Grèce ;

2/ laissé la Grèce faire défaut c’est-à-dire au bout du compte payer nous-mêmes l’ardoise laissée par les Grecs ;

3/ laissé la BCE racheter tout le stock de dette grecque en imprimant de la fausse monnaie… ce que les Allemands ne veulent pas.


Une dépêche de l’AFP nous apprend donc que « des représentants de la zone euro ont évoqué cette semaine à Paris un effacement partiel de la dette grecque à l'horizon 2015, une mesure jugée désormais inévitable par le FMI et la BCE, selon les journaux Welt am Sonntag et Der Spiegel parus dimanche. » Et voilà, on y arrive. Même officiellement il n’est plus possible de continuer à nier la situation financière dramatique de la Grèce.


« Selon des informations du Welt am Sonntag qui ne cite pas de sources, au cours d'une réunion à huis clos lundi dans la capitale française à laquelle participait le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, les créanciers publics d'Athènes (zone euro, BCE, FMI) ont évoqué la possibilité de renoncer à leurs exigences financières en 2015.

Selon l'édition dominicale du journal Die Welt, la perspective d'un effacement partiel de la dette grecque viserait à encourager la Grèce à tenir les engagements pris en échange de son deuxième programme d'aide. »

L’idée d’encourager la Grèce à tenir ses engagements, c’est pour amuser la galerie. En réalité, tout le monde se fiche bien d’encourager les Grecs. Les États ne font pas dans l’aide psychologique. Non, l’essentiel c’est de trouver une solution pour effacer une dette qui ne sera jamais remboursée en trouvant les artifices comptables permettant de ne pas détériorer trop fortement les comptes publics français et allemands. Et là, disons-le, c’est compliqué.


« Cette option viserait également à rassurer le Fonds monétaire international (FMI) qui demande une réduction de la dette d'Athènes à un niveau supportable, poursuit le journal.

L'hebdomadaire allemand Der Spiegel a rapporté dimanche que le FMI et la BCE considéraient désormais qu'un effacement partiel de la dette est inévitable, contrairement à Berlin qui plaide désespérément en faveur d'une réduction des intérêts à payer pour la Grèce. »

Le FMI qui n’est pas le FME, c’est-à-dire qu’il est international et pas européen, ne peut pas politiquement aller plus loin dans son soutien financier à la Grèce. Cela laisse donc un trou problématique dans la politique d’aide à ce pays, que le couple franco-allemand n’a ni les moyens ni l’envie de prendre à sa charge.


« En effaçant la moitié de leurs créances sur la dette grecque, les gouvernements et les institutions de la zone euro pourraient ramener la dette grecque à 70 % du PIB en 2020, au lieu de 144 %, selon Der Spiegel. »

Ça, c’est juste de l’espérance. Avec un PIB qui chute de 7 à 8 % tous les ans et une récession en Europe, il y a peu de chance que l’économie grecque se relève facilement ou rapidement, quand bien même sa dette serait effacée jusqu’à 70 %... ce qui laisse encore beaucoup d’argent à rembourser.


Tant que vous ne verrez pas ou n’entendrez pas un débat sur l’arrêt des aides aux autres pays européens et que vous verrez l’Europe enferrée dans une politique stupide car uniquement idéologique de « solidarité », alors vous pouvez vous préparer à vivre en Grance dans les cinq prochaines années. Car il n’y aura aucun miracle pour venir nous sauver. Il n’y a aucune bonne solution lorsqu’un pays a trop de dettes. Quel que soit le chemin choisi, il sera très douloureux.


Et là, croyez-moi, les Grecs ont une expérience très précieuse dont nous pouvons nous inspirer.


Je ne vous donnerai qu’un seul chiffre et qu’une seule expression pour résumer la vie en Grèce.


Exode urbain et 60 % des Grecs des villes souhaitent en partir pour rejoindre les campagnes.


Alors bienvenue en Grance.


Charles SANNAT

Directeur des Études Économiques Aucoffre.com

 

 

 

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Charles Sannat est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires Il a exercé les fonction de directeur des études économiques de la société Aucoffre.com de 2012 à 2015, et créé le Contrarien Matin un site de « décryptage quotidien, sans concession, humoristique et sarcastique de l’actualité économique ». Il a fondé en Septembre 2015 le site Insolentiae.com et se consacre depuis pleinement à ce nouveau projet éditorial.
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Mardi 27 novembre 2012 :

Accord entre le FMI et la zone euro pour réduire la dette grecque à 124% du PIB d'ici 2020.

La zone euro et le Fonds monétaire international se sont mis d'accord dans la nuit de lundi à mardi pour réduire la dette grecque à 124% du PIB d'ici 2020, ont indiqué des sources européennes, une décision qui ouvre la voie au déblocage de l'aide financière pour la Grèce.

Après une douzaine d'heures de réunion, les ministres des Finances de la zone euro et le FMI se sont entendus pour que la dette grecque soit ramenée à 124% du PIB d'ici 2020, contre un objectif initial de 120% défendu par le FMI, selon ces sources, qui n'ont pas précisé les modalités pour parvenir à cet objectif.

Concernant le nouveau prêt à la Grèce, les ministres des Finances des 17 Etats membres de la zone euro ont décidé de débourser un total de 43,7 milliards d'euros bloqués depuis des semaines. Une première tranche d'un peu plus de 34 milliards devrait être versée le 13 décembre. Le versement du solde se fera en trois tranches au cours du premier trimestre 2013.

(Dépêche AFP)

Petit rappel :

Vendredi 2 novembre 2012 :

Or le niveau de la dette grecque n'est pas viable et l'hypothèse d'arriver à un taux d'endettement de 120 % du PIB en 2020 ne semble pas atteignable. Dans son projet de budget, le gouvernement estime le niveau de la dette à 189 % pour 2013 et à 220,4 % pour 2016.

http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/11/02/la-cour-des-comptes-grecque-juge-anticonstitutionnelles-des-coupes-dans-les-retraites_1784785_3234.html

Dette publique de la Grèce :

2012 : dette publique de 175,6 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec. La dette augmente, augmente encore, augmente toujours, alors que le premier défaut de paiement de la Grèce a effacé 107 milliards d'euros de dettes.

2013 : dette publique de 189,1 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

2015 : dette publique de 207,7 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

2016 : dette publique de 220,4 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.
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Alors on effacerait la dette grecque.... chouette, et ça donne quel message ?
Nous savons tous que la Grèce a un problème structurel : toute la mentalité du pays est corrompue par une longue période de laisser-faire où il était normal de mentir au fisc, où tout le monde a une piscine mais seules 5000 sont déclarées, où pas un seul médecin ne déclare des revenus de médecin..... sans parler de la retraite à 57 ans.
Donc la Grèce est tombée en faillite, punie de ses excès.. et puis on va gentiment lui effacer ses dettes avant qu'elle ne mène les vraies réformes structurelles qui s'imposent. Tout ce qu'elle a changé ce sont des trucs qui l'ont précipitée en récession et causé des gros troubles sociaux.

Et évidemment, chez nous dans l'Europe pas-encore-en-faillite, l'effacement de la dette sera perçue du peuple comme étant un geste de générosité, ou un truc pas trop bien.... mais peu de gens ont conscience du fait que cela va faire exploser nos dettes à nous. (Cela veut surtout dire que nos mesures d'austérités sont là pour rester....et vont se renforcer, peu à peu.

Un avant-goût en Belgique, voisine de la Grance ? Voici un article paru aujourd'hui, cet extrait suffit à comprendre :
"Les caisses d’allocations familiales, qui doivent réaliser 6 millions d’euros d’économies pour 2013, ont « désormais la tête sous l’eau » et risquent une « véritable débâcle financière », avertit l’Association des Caisses d’Allocations familiales (Acaf)"
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En somme en devenant la Grance,nous sommes dans un pays tombé...bas et qui a à sa tête,cela ne s'invente pas... Hollande.Pays-Bas et Hollande le raccourci ne me fait même pas rire!Tous ces misérables bonimenteurs devraient,si nous étions dans monde "normal" avoir à rendre des comptes.Leur incurie hallucinante va avoir pour l'immense majorité des gens,absolument pas préparés des conséquences très douloureuses.

Qui va proposer l'ouverture d'un "Guantanamo" pour ces sinistres satrapes...

Malgré tout coordialement.
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fr.wikipedia.org/wiki/Bonneteau

Il s'agit en fait du Bonneteau et non du BONTO!!
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Les campagnes françaises ont largement la place d'accueillir plusieurs millions d'ex-citadins.

J'ai déjà traversé des villages qui n'ont PAS UN SEUL habitant en hiver.

Mais s'ils y viennent à contre-coeur ce ne sera pas une panacée.
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Marrant qu'on arrive en Grance en passant par la Hollande..
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De même par la Hongrie...
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Mardi 27 novembre 2012 : Accord entre le FMI et la zone euro pour réduire la dette grecque à 124% du PIB d'ici 2020. La zone euro et le Fonds monétaire international se sont mis d'accord dans la nuit de lundi à mardi pour réduire la dette grecque à 124  Lire la suite
BA - 27/11/2012 à 04:44 GMT
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