Dans une économie de marché,
le rôle principal joué par la monnaie est de servir de moyen d’échange. Les
producteurs échangent leurs produits contre de la monnaie, puis échangent
cette monnaie contre d’autres produits.
A mesure que la production de
biens et services augmente, il en découle une demande accrue en termes de
services rendus par le moyen d’échange (services rendus par la monnaie).
En revanche, lorsque
l’activité économique ralentit, il en va de même pour ce qui est de la
demande en termes de services rendus par la monnaie.
Prix et demande monétaire
La demande en services rendus
par le moyen d’échange est aussi affectée par les fluctuations de prix. Une
hausse des prix des biens et services entraîne une hausse de la demande en
termes de moyen d’échange.
Les gens demandent aujourd’hui
davantage de monnaie pour faciliter l’achat de biens et services plus chers.
Une baisse des prix des biens et services entraîne un déclin de la demande en
moyen d’échange.
Prenons l’exemple d’une hausse
de la masse monétaire pour un secteur particulier de l’activité économique
(comme la production). Puisqu’il n’y a pas de changement enregistré en termes
de demande de services rendus par le moyen d’échange, les gens disposent d’un
surplus de monnaie, ou d’une hausse de liquidité monétaire.
Personne ne désire posséder
plus d’argent que nécessaire, et il est possible de se débarrasser d’un surplus
en échangeant de l’argent contre des produits.
En revanche, en tant que
groupe, les Etats-Unis ne peuvent pas se débarrasser de leur surplus
monétaire. Ils ne peuvent que déplacer de l’argent d’un individu à un autre.
Le mécanisme qui génère
l’élimination du surplus de monnaie est la hausse des prix des produits. Une
fois que les individus commencent à employer le surplus monétaire pour
acheter des produits, les prix grimpent.
En conséquence, la demande en
services rendus par la monnaie augmente, ce qui contribue à l’élimination du
surplus monétaire.
Notez que ce qui a entraîné
une hausse des prix des produits sur les marchés est la hausse du surplus
monétaire ou de la liquidité monétaire née de l’expansion de la masse
monétaire.
Déflation des prix et masse
monétaire
Alors qu’une hausse de la
masse monétaire se traduit par un surplus monétaire, une baisse de la masse
monétaire pour n’importe quel secteur de l’activité économique se traduit par
un déficit monétaire.
La demande des individus en
termes de services rendus par leur moyen d’échange reste la même. Pour
satisfaire cette demande, ils vendent des produits, et influencent leurs prix
à la baisse.
La demande en services rendus
par le moyen d’échange diminue en cas de baisse des prix, ce qui favorise l’élimination
du déficit monétaire.
Une fluctuation de la
liquidité, ou du surplus monétaire, peut aussi prendre place suite à des
transformations en termes d’activité économique et de fluctuations de prix.
Une hausse de la liquidité
peut par exemple naître d’un déclin de l’activité économique pour une
quantité de monnaie donnée.
Une baisse de l’activité
économique signifie que moins de biens et services sont produits, et que
moins de produits sont échangés, ce qui engendre un déclin de la demande en
services monétaires.
En revanche, une fois qu’un
surplus monétaire émerge, les mêmes conséquences se présentent en termes de
prix des biens et services que lorsque la masse monétaire augmente. Les prix
grimpent.
Une hausse des prix se traduit
par l’élimination du surplus de monnaie – l’élimination de la liquidité
monétaire.
A l’inverse, une hausse de
l’activité économique couplée à un maintien de la masse monétaire se traduit
par un déficit monétaire.
Cela engendre une vente de
biens, qui en fait baisser le prix. La baisse des prix travaille à son tour à
l’élimination du déficit monétaire.
Ces dynamiques peuvent
affecter une grande variété de marchés de diverses manières, mais le marché
sur lequel nous pouvons apercevoir clairement la relation entre les prix et
la masse monétaire est le marché des actions.
Un décalage entre le pic
de la liquidité et le pic des actions ?
Il y a un décalage temporel
entre les fluctuations de liquidité telles qu’un surplus monétaire et les
fluctuations des prix des actifs tels que ceux des actions.
La raison de ce décalage est
que lorsque de la monnaie est injectée dans l’économie, elle n’affecte par
les individus, et donc les marchés, instantanément. Certains obtiennent cette
monnaie plus tôt, d’autres plus tard.
Il peut par exemple y avoir un
décalage important entre le pic de la liquidité et le pic des actions.
L’effet d’une hausse récente
de la liquidité peut continuer de dissimuler les effets d’une diminution de la
liquidité pendant un certain temps. C’est pourquoi le pic du marché des
actions apparaît une fois que le déclin de la liquidité commence à dominer la
scène.
Exemples
historiques ; 1927 à 2009
Par exemple, le taux de
croissance annuel de la liquidité a atteint un record en novembre 1927, avec
10,2% - après avoir ralenti pendant 22 mois, le S&P 500 a atteint un pic
en août 1929, avec 31,71 points.
En 1987, le décalage temporel entre le pic de la liquidité et le pic des
actions a été beaucoup plus court – le taux de croissance annuel de la
liquidité a atteint un pic en janvier 1987 avec 15,1%. Le S&P 500 a
répondu en atteignant un pic huit mois plus tard, avec 329,9 points.
Selon les données
historiques, le taux de croissance annuel de la liquidité a atteint un record
à la baisse avec -16,6% en mai 1929. Il a pourtant fallu attendre assez
longtemps pour que le S&P 500 y réponde. Il a fallu attendre trois ans à
compter de ce taux plancher pour que le S&P 500 entame une reprise.
L’indice du prix des actions a atteint un record à la baisse en juin 1932,
avec 4,43. Le décalage temporel entre le plancher de la liquidité et le
plancher du marché des actions a récemment été plus court. Ainsi, le taux
annuel de croissance de la liquidité a atteint un record à la baisse de -5,7%
en septembre 2000, et il a fallu attendre vingt-cinq mois pour que le S&P
500 atteigne aussi un plancher, à 815,28 points.
Un autre exemple est le taux
de croissance annuelle de notre mesure de surplus monétaire annuel, qui
s’élevait à 4,5% en mai 1975. Le taux de croissance annuel de l’indice des
prix à la consommation s’élevait à 9,5%, alors que le taux de croissance
annuel de la production industrielle était de -12,4%. En conséquence, notre
mesure de liquidité a atteint un sommet de 7,4%. En réponse à cela, le
S&P 500 a atteint un plafond à 107,5 points en décembre 1976. Notre
mesure de liquidité a atteint un plancher de -10,4% en mai 1976. Le S&P
500 a atteint un plancher en février 1978, avec 87,04 points – une chute de
19% depuis son plafond.
Le S&P 500 a fermé à
1.549,30 en octobre 2007, avant qu’un important déclin ne le porte à 735,1
points en février 2009 – une chute de 52,3%. Le taux de croissance annuel de
la liquidité a atteint 7,1% en juin 2003 (voir le graphique). Notez que le
plancher de 735,1 points atteint en février 2009 a été précédé par un
plancher de la liquidité de -6% en novembre 2007.
Où en sommes-nous
aujourd’hui ?
La chute de la liquidité
depuis 30,6% en juin 2009 jusqu’à -7,4% en juin 2010 est susceptible de
représenter une grande menace pour le S&P 500 (notez encore une fois que
le décalage entre le pic de la liquidité et le pic du S&P 500 est
variable).
Si nous estimons ce décalage à
six ans, alors au vu du pic de la liquidité atteint en juin 2009, les 2.061
points atteints en mars de cette année par le S&P 500 pourraient ne pas
être très loin de son sommet.
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