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Discours de Franklin Roosevelt sur la signification de la politique publique

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Extrait des Archives : publié le 06 avril 2016
3928 mots - Temps de lecture : 9 - 15 minutes
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Rubrique : Editorial du Jour


Discours prononcé par Franklin D Roosevelt devant le Commonwealth Club le 23 septembre 1932 :

Au travers de ce discours, prononcé au plus profond de la Grande dépression, le candidat présidentiel Franklin Roosevelt a cherché à expliquer les différences idéologiques entre son propre agenda et celui du Président républicain, Herbert Hoover, surnommé le « Grand ingénieur » :  

Dans ce discours, Roosevelt tente de distinguer le rôle du gouvernement en termes de politiques publiques et de service du bien public, plutôt que d'administrer simplement des principes économiques prédéterminés par le « marché » et une classe d'économistes et financiers professionnels.

Ce discours et le candidat de la bouche duquel il est sorti n'ont pas été bien accueillis par les médias et les penseurs de l'époque - les gens très sérieux et très confortables largement inaffectés par les troubles économiques apportés par l'éclatement de la bulle sur les actions de 1929 - qui les percevaient comme « trop socialistes ».

 

Mes amis :

J'aimerais parler non pas de politique, mais de gouvernement. J'aimerais parler non pas de partis, mais de principes universels. Ils ne sont pas des principes politiques, si ce n'est peut-être dans le sens où un grand Américain a autrefois défini la politique et selon qui rien, dans le domaine de l'humain, n'était étranger à la science politique.

Le problème du gouvernement a toujours été de savoir si les individus ont à servir un système de gouvernement économique, ou si un système de gouvernement et d'économie existe pour les servir. Cette question domine depuis des générations les débats du gouvernement. Les opinions diffèrent depuis toujours sur ces questions, et continueront sûrement de le faire au fil des âges.

Le mot de la fin n'appartient à personne, mais cela ne nous empêche pas de continuer de croire au changement et au progrès. La démocratie, comme l'appelle l'une de mes amies les plus chères en Indiana, Meredith Nicholson, est une quête, une recherche infinie de choses meilleures ; et dans cette recherche de choses meilleures, les chemins à suivre sont nombreux. Mais si nous tracions ces chemins, nous réaliserions qu'ils ne vont en fait que dans deux directions.

Quand nous regardons autour de nous, il arrive que nous oubliions à quel point d'autres ont travaillé dur pour obtenir le privilège d'un gouvernement. La naissance des gouvernements nationaux d'Europe a été une bataille pour le développement d'une force centralisée au sein des nations, une force suffisamment puissante pour imposer une paix entre les barons au pouvoir. Dans de nombreux cas, la victoire d'un gouvernement central, la création d'un gouvernement central fort, a offert un havre de refuge aux individus. Les gens préféraient un maitre éloigné à l'exploitation et de la cruauté des maîtres plus petits qui les entouraient.

Les créateurs des gouvernements nationaux étaient des hommes sans merci. Ils étaient souvent cruels dans leurs méthodes, mais ont toutefois avancé vers ce dont la société avait besoin et ce qu'elle désirait, un Etat centralisé et fort, capable de maintenir la paix, d'écraser les guerres civiles, de remettre les nobles indisciplinés à leur place, et de permettre aux individus de vivre une vie sans encombres. L'Homme à la poigne de fer avait un rôle à jouer dans le développement d'une nation pionnière, de la même manière qu'il avait un rôle à jouer dans l'établissement du pouvoir des gouvernements centraux dans le cadre du développement des nations. La société l'a bien rémunéré pour ses services et les développements qu'il lui a apportés. Mais quand le développement des nations européennes a été achevé, l'ambition et la dureté, qui avaient joué leur rôle, ont eu tendance à aller trop loin.

S'est alors développé l’idée selon laquelle le gouvernement était conduit pour le bénéfice de quelques-uns, aux dépens de tous les autres. Les gens sont partis à la recherche d'une force d'équilibre - une force limitante. Sont graduellement nés, au travers des mairies, des guildes d'artisans, des parlements nationaux, des constitutions nationales et de la participation populaire, des limites au pouvoir arbitraire.

Un autre facteur qui a pu limiter le pouvoir des membres des gouvernements a été le développement de la conception éthique selon laquelle un chef d'Etat est responsable du bien-être de ses sujets.

Les colonies américaines sont nées de cette lutte. La Révolution américaine a marqué un tournant. Après la Révolution, la lutte s'est poursuivie et s'est mêlée à la vie publique du pays. Il y avait ceux qui, parce qu'ils avaient vu la confusion qui a accompagné les années de conflit pour l'indépendance de l'Amérique, pensaient un gouvernement populaire essentiellement dangereux et inapplicable. Il y avait des gens honnêtes, mes amis, et nous ne pouvons nier que leur expérience leur conférait une certaine dose d'inquiétude. Le partisan le plus brillant, le plus honnête et le plus capable de ce groupe était Hamilton. Il était trop impatient pour les méthodes de transformation lente. Fondamentalement, il était d'avis que la république reposait dans la puissance autocrate de son gouvernement, que le destin des individus était de servir ce gouvernement, et qu'un groupe puissant d'institutions centrales guidé par un groupe plus restreint de citoyens à l'esprit civique était le plus adapté à diriger un gouvernement.

Mais M. Jefferson, en été de 1776, après avoir rédigé la Déclaration d'indépendance, s'est penché sur le même problème pour parvenir à une conclusion différente. Il ne s'est pas laissé induire en erreur par des forces externes. A ses yeux, le gouvernement était un moyen destiné à atteindre une fin, et non une fin en soi ; il était un refuge, une aide contre une menace ou un danger, dépendamment des circonstances. Voici l'analyse qu'il a faite de la société dont il était chargé d'organiser le gouvernement. « Nous n'avons pas d'indigents. Nous sommes majoritairement une population d'agriculteurs. Nos riches, qui ne peuvent vivre sans travail, qu'il soit manuel ou professionnel, sont peu nombreux, et leur richesse est modérée. Une majorité des classes ont accès à la propriété, cultivent leurs propres terres, fondent une famille et, grâce à la demande pour ce qu’ils produisent, sont capables de tirer des revenus des riches et des compétents qui leurs permettent de se nourrir en abondance, de se vêtir décemment, de travailler modérément, et de nourrir leur famille. »

Ces gens, selon lui, avaient deux ensembles de droits, des « droits personnels » et des droits impliqués dans l'acquisition et la possession de propriété. Par compétence personnelle, il entendait un droit de penser librement, et de former et d'exprimer ses propres opinions, la liberté pour chacun de vivre selon ses propres principes. Afin d'assurer ce premier ensemble de droits, un gouvernement devait être organisé de manière à ne pas interférer avec les individus. Mais Jefferson réalisait aussi que l'exercice des droits de propriété était susceptible d'interférer avec les droits des individus, et que le gouvernement, sans qui les droits de propriété ne pouvaient exister, se devait d'intervenir, non pas pour détruire l'individualisme, mais pour le protéger.

Vous êtes familiers avec le grand duel politique qui en est né, et avec la manière dont Hamilton et ses amis, qui favorisaient un pouvoir centralisé dominant, ont été vaincus par le parti de M. Jefferson aux élections de 1800. De ce duel sont nés les deux partis, Républicain et Démocrate, tels que nous les connaissons aujourd'hui.

C'est ainsi qu'a commencé, dans la vie politique américaine, un jour nouveau; celui de l'individu contre le système, celui de l'individualisme en tant que mot d'ordre de la vie américaine. Les plus heureuses conditions économiques ont été établies en ce jour splendide. Sur la frontière occidentale, la terre était essentiellement gratuite. Personne, de ceux qui cherchaient à gagner leur vie, ne manquait de l'opportunité de le faire. Les dépressions pouvaient, et ont pu, aller et venir; mais elles n'ont pas su altérer le fait fondamental qu'une majorité des gens vivaient de la vente de leur travail et tiraient leurs moyens de subsistance de la terre au point que la famine et la dislocation étaient pratiquement impossibles. Dans la pire des situations, il y avait toujours la possibilité de monter dans un wagon en partance pour l'Ouest, où les étendues de prairies vierges offraient un havre à ceux à qui l'Est n'avait rien à offrir. Nos ressources naturelles étaient si nombreuses que nous pouvions offrir ce Salut non seulement à notre propre peuple, mais aussi aux laissés-pour-compte du monde. Nous pouvions inviter une immigration venue d'Europe, et l'accueillir à bras ouverts. Traditionnellement, lorsque se présentait une nouvelle dépression, une nouvelle section de terres était ouverte à l'Ouest, et même notre mauvaise fortune temporaire servait notre destinée manifeste.

C'est au milieu du XIXe siècle qu'une nouvelle force a été libérée et qu'un nouveau rêve est né. Cette force est ce que nous appelons la Révolution industrielle, le développement de machines à vapeur et des ancêtres des usines industrielles modernes. Le nouveau rêve était celui d'une machine économique, capable d'améliorer le niveau de vie de tous, de rendre le luxe accessible même aux plus humbles, de réduire les distances grâce à la technologie à vapeur, et de libérer tout un chacun de la corvée du travail manuel. Il était évident que cela affecterait le gouvernement. Jusqu'alors, le gouvernement n'avait été destiné qu'à produire des conditions capables de permettre à tous de vivre une vie heureuse, de travailler en paix, et de se sentir en sécurité. Mais il a été appelé à venir en aide à la réalisation de ce nouveau rêve. Une ombre menaçante planait cependant au-dessus de ce dernier. Pour qu'il puisse devenir une réalité, il nécessitait le recours à des personnages à la volonté et à l'ambition infaillibles, puisqu'il n'existait aucune autre force capable de surmonter les problèmes financiers et techniques de ces nouveaux développements.

Si manifestes étaient les avantages de l'âge des machines, que les Etats-Unis ont décidé, et ils ont eu raison, d'accepter le doux comme l'amer. On pensait alors qu'aucun prix n'était trop élevé pour financer les avantages que nous tirerions finalement du nouveau système industriel. L'histoire du demi-siècle dernier consiste en grande partie en l'histoire de titans financiers, sont les méthodes n'ont pas été suffisamment étudiées, et qui ont été honorés en fonction des résultats apportés plutôt que des moyens utilisés pour y parvenir. Les financiers qui ont avancé la construction de chemins de fers jusqu'au Pacifique étaient sans merci, et nous en disposons aujourd'hui. Il a été estimé que les investisseurs américains ont payé pour les systèmes de réseaux de chemins de fer plus de trois fois, et malgré cela, les Etats-Unis en ont tiré un avantage net. Tant que nous disposions d'une terre libre, tant que notre population continuait de s'élargir, tant que nos usines industrielles étaient insuffisantes pour satisfaire nos besoins, la société offrait aux plus ambitieux la liberté de faire ce qu'ils voulaient tant qu'ils lui apportaient les avancées économiques tant désirées.

Au cours de cette période d'expansion, il existait une égalité d'opportunité pour tous, et le gouvernement n'avait pas le pouvoir d'interférer avec, mais d'assister au développement de l'industrie. A la requête des hommes d'affaires eux-mêmes. Des frais étaient généralement imposés pour la « prise en charge d'une industrie naissante », une phrase que les plus âgés d'entre nous se remémorent certainement comme ayant représenté une issue politique il n'y a pas si longtemps. Les chemins de fer ont été subventionnés, parfois grâce à de l'argent, parfois grâce à des terres; certaines des terres les plus riches en pétrole des Etats-Unis ont été offertes pour assister le financement des chemins de fers du Sud-Ouest. La toute jeune marine marchande a profité de subventions monétaires afin que notre industrie à vapeur puisse sillonner les sept mers. Certains de mes amis me disent qu'ils ne veulent pas du gouvernement dans le domaine des affaires. Et je suis d'accord avec eux ; mais je me demande s'ils réalisent les implications du passé. Pendant un temps, il a été une doctrine américaine d'interdire au gouvernement d'entrer en compétition avec les entreprises privées, bien qu'il ait été traditionnel pour les entreprises, notamment sous les administrations républicaines, de demander l'assistance du gouvernement en cas d’urgence.

Ceux-là même qui nous disent qu'ils ne veulent pas voir le gouvernement interférer dans leurs affaires et ont de nombreuses raisons de le faire, sont les premiers à se rendre à Washington pour demander au gouvernement l'imposition d'un tarif prohibitif sur leurs produits. Comme si les choses n'étaient pas suffisamment catastrophiques, nous nous rendons également auprès du gouvernement pour lui demander des prêts, ce dont la Reconstruction Finance Corporation est le fruit. Chaque groupe a cherché à obtenir la protection du gouvernement pour ses propres intérêts, sans se rendre compte que la fonction du gouvernement est de ne favoriser aucun groupe aux dépends de son devoir de protéger les droits individuels et de propriété privée de tous ses citoyens.

Rétrospectivement, nous pouvons désormais dire que le courant a changé au tournant du siècle. Nous étions sur le point d'atteindre la dernière de nos limitations. Il n'y avait plus de terres disponibles, et nos infrastructures industrielles étaient devenues trop peu contrôlées. Les unités de pouvoir au sein de notre Etat étaient devenues irresponsables. Ceux qui y voyaient encore clair ont su que les opportunités ne seraient bientôt plus égales ; que les corporations grandissantes, comme les anciens barons féodaux, menaceraient la liberté économique des individus qui cherchaient simplement à gagner leur vie. C'est à ce moment-là que les antitrust sont nées. Des voix se sont fait entendre contre les corporations. Theodore Roosevelt, le premier Président progressiste, a mené campagne autour du problème des corporations et parlait librement des malfaiteurs à la richesse incroyable. Si le gouvernement avait une idée en tête, c'était plutôt de remonter le temps, d’annuler les avancées industrielles les plus larges et de s'en retourner au temps où chaque Homme possédait sa petite entreprise individuelle.

Mais c'était impossible. Theodore Roosevelt, après avoir abandonné l'idée de combattre les corporations, a été forcé de travailler à la différenciation des bonnes corporations et des mauvaises. La Cour suprême a mis en place la fameuse « règle de la Raison » par laquelle elle a semblé vouloir dire que la concentration du pouvoir industriel était permissible si la méthode par laquelle elle était atteinte, et l'usage fait de ce pouvoir, étaient raisonnables.

Il suffit d'observer un instant ce qui s'est passé pour comprendre que l'égalité d'opportunité qui existait alors a depuis disparu. Nos usines industrielles ont été construites. Le problème est simplement de savoir si, dans les circonstances actuelles, elles n'ont pas été sur-construites. Notre dernière limitation a depuis longtemps été franchie, et il ne reste pratiquement plus aucune terre libre. Plus de la moitié de notre population ne vit plus dans des fermes ou sur des terres, et ne peut plus vivre de l'exploitation de sa propriété. Il n'existe pas de soupape de sécurité sous forme de prairies disponibles dans le grand Ouest à ceux qui se retrouveraient sans emploi dans l'Est industrialisé du pays. Nous ne sommes plus en mesure d'inviter les Européens à immigrer pour partager nos ressources infinies. Nous fournissons à notre propre peuple une vie déplorable.

Notre habitude de hausse constante des tarifs est allée contre nous au point de voir fermée, en représailles, notre frontière avec le Canada, de nous fermer la porte des marchés européens à l'Est et de nombreux marchés sud-américains au Sud, ainsi que d'une grande majorité de marchés pacifiques à l'Ouest. Bon nombre de nos grandes institutions industrielles qui exportaient leur surplus de production à de tels pays y ont désormais établi des usines pour contourner les tarifs. En conséquence, la production de leurs usines américaines a diminué, ainsi que les opportunités d'emploi.

De la même manière qu'a pris fin la liberté de cultiver la terre, l'opportunité d'entreprise s'est amenuisée. Il est vrai qu'il soit toujours possible pour certains d'établir de petites entreprises et de survivre la compétition, mais les secteurs sont avalés les uns après les autres par les grandes corporations ; et même sur les secteurs qui ont le moins de raisons de s'inquiéter, les petits hommes commencent avec un désavantage. Les tristes statistiques de ces trois dernières décennies montrent que les entrepreneurs indépendants mènent un combat dont ils sortiront perdants. Peut-être se retrouveront-ils coincés, peut-être ne pourront-ils plus obtenir de crédit, peut-être se trouveront-ils forcés de sortir face à des compétiteurs hautement organisés, comme pourrait vous l'expliquer le propriétaire de votre épicerie de quartier.

Assez récemment, une étude a été faite concernant la concentration des entreprises aux Etats-Unis. Elle a montré que notre vie économique est dominée par quelques six-cent corporations qui contrôlent deux-tiers de notre industrie. Dix millions de petits entrepreneurs se partagent le dernier tiers. Plus frappant encore, il semblerait que si le processus de concentration se poursuivait encore au même rythme, à la fin du siècle prochain, l'ensemble de l'industrie américaine sera contrôlée par les corporations, et gérée par une centaine d'hommes. En termes clairs, nous avançons doucement vers une oligarchie économique, si nous ne l'avons pas déjà atteinte.

Voilà qui demande une réévaluation des valeurs. Un simple constructeur d'usines ou de voies de chemin de fer, la moindre société apportant une assistance aux corporations est garantie de faire plus de mal que de bien. Les jours du grand promoteur du titan financier, auquel nous accorderions tout et n'importe quoi en échange des infrastructures nécessaires, sont révolus. Notre tâche n'est désormais plus de découvrir ou d'exploiter des ressources naturelles, ou encore de produire davantage de produits. Mais la tâche plus sobre et moins spectaculaire d'administrer les ressources et les usines dont nous disposons déjà, de rétablir les marchés étrangers pour vendre nos surplus de production, de résoudre le problème de sous-consommation, d'ajuster la production à la consommation, de distribuer plus équitablement le capital et les produits, et d'adapter les organisations économiques existantes au service du peuple. L'heure est venue d'établir une administration éclairée.

De la même manière que le gouvernement central était autrefois un havre de refuge avant de devenir une menace ; dans un système économique plus fermé, l'unité financière centrale et ambitieuse n'est plus désormais la servante du désir national, mais un danger. J'irais même un peu plus loin. Nous ne pensons pas, parce que le gouvernement national est devenu une menace au XVIIIe siècle, que nous devrions abandonner le principe de gouvernement national. Et nous n'abandonnerions pas aujourd'hui le principe d'unités économiques puissantes appelées corporations simplement parce que leur pouvoir est susceptible d'être abusé. Il fut un temps où nous nous sommes confrontés au problème d'un gouvernement trop ambitieux en le modifiant graduellement pour le transformer en un gouvernement constitutionnel et démocratique. Et aujourd'hui, nous modifions et contrôlons nos unités économiques. De la manière dont je vois les choses, la tâche du gouvernement en matière d'entreprise est d'assister au développement d'une déclaration des droits économiques, d'un ordre économique constitutionnel. C'est là la tâche commune des chefs d'Etat et des hommes d'affaires. C'est là la caractéristique requise pour atteindre un ordre des choses plus sécurisé et plus permanent.

Tous les Hommes ont le droit à la vie, et cela signifie que tous les Hommes ont le droit de vivre confortablement. Tout Homme peut, au travers de la fainéantise ou du crime, décliner l'exercice de ce droit ; mais ce droit ne peut lui être nié. Nous n'avons pas de famines ; et notre mécanisme industriel et agricole peut produire suffisamment et plus encore. Notre gouvernement formel et informel, politique et économique, doit à chacun, au travers de son travail personnel, de quoi posséder une part de cette abondance suffisante à la satisfaction de ses besoins.

Chaque Homme a le droit d'accès à la propriété, c'est-à-dire le droit de se voir assurer la sécurité de son épargne. Les Hommes ne peuvent par aucun autre moyen porter le fardeau de ces réalités de la vie qui, dans la nature même des choses, les rend inaptes à travailler - que ce soit l'enfance, la maladie ou la vieillesse. En termes de propriété, ce droit est essentiel ; et tous les autres droits de propriété en découlent. Si, en accord avec ce principe, nous restreignons les opérations du spéculateur, du manipulateur et même du financier, nous devrions accepter cette restriction comme nécessaire, non pas pour entraver l'individualisme, mais pour le protéger.

Ces deux exigences doivent être satisfaites en grande partie par les individus qui tiennent les rênes des grandes infrastructures industrielles et financières qui dominent notre vie industrielle. Ils ont entrepris de devenir non pas des hommes d'affaires, mais des princes - des princes de propriété. Je ne suis pas préparé à dire que le système qui les produit est mauvais. Et je soutiens pleinement qu'ils doivent assumer complètement la responsabilité qui accompagne leur pouvoir. Tant d'hommes d'affaires le savent que cette déclaration ne serait rien de plus que platitudes si elle n'avait pas une autre implication.

Cette implication est, pour être bref, que les directeurs responsables des finances et de l'industrie, plutôt que d'agir pour eux-mêmes, doivent travailler ensemble à parvenir au bien commun. Ils doivent, lorsque le besoin se fait ressentir, sacrifier leurs avantages privés, en faveur d'un avantage général. C'est ici que l'ancien gouvernement - le gouvernement politique, si vous préférez, entre en jeu. Si, dans la poursuite de cet objectif, le compétiteur à l'éthique douteuse, le promoteur irresponsable, l'Ishmael ou l'Insull dont le jeu personnel va à l'encontre de tous, refusait de travailler à une fin en faveur du bien commun, et menaçait d'entraîner l'industrie dans un état d'anarchie, le gouvernement pourrait se voir demander d'appliquer des restrictions. De la même manière, si un groupe utilisait son pouvoir collectif à l'encontre du bien public, le gouvernement devrait entrer en scène et protéger les intérêts publics.

Le gouvernement doit assumer les fonctions de régulateur économique simplement en tant que solution de dernier recours, lorsque les initiatives privées inspirées par la responsabilité et bénéficiant de toutes les assistances gouvernementales possibles ont échoué. Et il n'y a encore eu aucun échec terminal, parce qu'il n'y a jamais eu de tentative d'échec, et je refuse de croire que cette nation soit incapable de répondre à une telle situation.

Le terme final du contrat concernait la liberté et la recherche du bonheur. Nous en avons appris beaucoup au cours de ce dernier siècle. Nous savons que la liberté individuelle et le bonheur individuel ne signifient rien à moins de s'assurer que la viande d'un Homme ne soit pas le poison d'un autre. Nous savons que l'ancien « droit de compétence personnelle » - le droit de lire, de penser, de s'exprimer et de vivre librement, doit être respecté envers et contre tout. Nous savons que la liberté de faire quoi que ce soit qui prive les autres de leurs droits élémentaires est extérieur à cette protection, et qu'en ce sens, le gouvernement sert à maintenir un équilibre au sein duquel un individu est libre d'occuper une place s'il le souhaite, libre de rechercher sa sécurité personnelle s'il en ressent le besoin, et libre d'atteindre le pouvoir que lui confèrent ses capacités, si tant est qu'il exerce ce pouvoir avec grande responsabilité.

La confiance en les Etats-Unis, la confiance en notre tradition de responsabilité personnelle, la confiance en nos institutions, la confiance en nous-même, demande la reconnaissance des nouveaux termes de l'ancien contrat social. Nous devons les respecter, comme nous avons respecté l'obligation de l'apparente Utopie que Jefferson a imaginée pour nous en 1776, et que Jefferson, Roosevelt et Wilson ont cherché à nous apporter. Et nous devons le faire, sans quoi une grande vague de misère née de notre échec commun viendra nous submerger. Mais l'échec n'est pas une habitude américaine, et dans la force de l'espoir, nous porterons ensemble notre lot commun.

 

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Jesse 13 abonnés
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