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Drame : un journaliste découvre le monde du travail

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Publié le 10 mai 2013
1236 mots - Temps de lecture : 3 - 4 minutes
( 20 votes, 3,7/5 ) , 23 commentaires
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Rubrique : Billets d'Humeur

Nous sommes en 2012, à l’approche des fêtes de fin d’année. Jean-Baptiste Malet, jeune journaliste de 25 ans, à la suite d’un pari un peu fou et la tête encore pleine des idéaux que l’Ecole de Journalisme lui aura insufflé, va tenter l’impensable : s’immerger pendant plusieurs semaines dans un entrepôt logistique du géant du e-commerce, Amazon. Et là, c’est le drame.

Dans un livre entier avec plein de mots et de pages, notre journaliste va nous relater l’intégralité des horreurs de la guerre économique et du stakhanovisme effréné qui se déroulent à l’insu de tous une fois que vous avez cliqué sur « valider votre commande » sur le site Web du célèbre marchand de livres. Dans une interview, il revient sur sa terrible expérience.

Pourquoi avoir voulu vous enquêter en immersion chez Amazon?

Moi, je suis un type super-observateur, et j’ai tout de suite vu que les librairies ferment les unes après les autres en France. Et ça, on ne le dit pas assez, et on n’essaye pas de comprendre pourquoi. Pourquoi ces librairies ferment ? Je ne savais pas. Je m’interrogeais, je relisais tout Alternatives Economiques et Bourdieu, et pourtant … pas de réponse. Alors, j’ai décidé d’aller à Montélimar : c’est là que se trouve la plate-forme logistique d’Amazon. Parce que si je n’avais de réponse à ma question, je savais qu’en allant voir le n°1 mondial des librairies, j’en trouverai certainement (et puis, interroger des douzaines de petit commerçant, c’est barbant). Et puis surtout, quand j’ai tenté de parler à des employés à la sortie, tous me disaient qu’ils n’avaient pas le droit de parler. A début, j’ai pensé « CIA ». Logique. Et puis ensuite, je me suis dit : c’est évident, il faut que je m’infiltre. Je vais postuler !

Vous êtes parvenu à vous faire recruter en tant que «pickeur» dans l’équipe de nuit. Qu’avez-vous fait précisément?

Eh oui : on a du mal à y croire, mais Amazon n’a même pas fait d’enquête complète et approfondie sur moi avant de l’embaucher ! C’est comme si j’avais voulu m’infiltrer chez … je ne sais pas… mettons McDonald’s ou Coca-Cola, comme ça, pouf, en répondant à une annonce ! C’est fou. Bref. Il faut savoir que l’entrepôt qui stocke les marchandises fait des milliers de mètres carrés. C’est beaucoup plus grand qu’une libraire de quartier, je vous assure ! Mon job consistait à aller chercher les produits dont la position était indiquée par un scanner. C’est cette machine qui va vous dire où aller et quoi faire, sans arrêt. On est son esclave, en fait. Bon. On est payé pour et on a signé un contrat, mais on est l’esclave de la machine parce qu’elle nous dit quoi faire. C’est horrible : on a même une cadence à respecter, on ne peut pas choisir de s’arrêter pour glander quand on veut. Impossible. Et quand on a assez de produits, on va les emmener à un «packeur», qui est debout tout le temps, tout le temps, comme … comme un vendeur, un coiffeur, un cuistot chez McDo, c’est horrible aussi. Surtout qu’il passe son temps a tout empaqueter de manière répétitive. C’est horrible.

cadence : c'est trop horrible

Vous décrivez des conditions de travail très difficiles…

Oui. Il faut savoir que travailler dans l’équipe de nuit, ça oblige à dormir le jour. C’est horrible. Au début, je travaillais cinq nuits par semaine puis six, soit 42 heures de travail éreintant. Comme je dormais le jour et que je travaillais la nuit, je ne pouvais plus voir mes amis qui travaillaient le jour et dormaient la nuit. Et puis, tout ce travail, toute cette dépense d’énergie faisait que j’étais fatigué. C’est une sensation horrible. Je ne l’avais jamais endurée avant. Et puis surtout, il y a cette manie d’Amazon pour essayer de resquiller quelques minutes aux employés. Un exemple parmi tant d’autres, tous plus horribles les uns que les autres : la pointeuse est placée au bout de l’entrepôt. Au bout ! Pas au milieu, pas à côté de moi quand je me déplace, mais au bout, toujours le même. C’est vicieux, quand on y pense ! Il faut deux minutes pour l’atteindre. C’est du travail non payé, toutes ces minutes que vous marchez. Bon, bien sûr, c’est aussi du non travail parce que pendant ce temps, vous ne prenez aucun paquet ou vous n’empaquetez rien du tout. Mais bon. C’est horrible.

pointeuse à l'autre bout : c'est horrible

Vous racontez que les salariés sont tracés en permanence grâce à leur « scan ». Ça paraît dingue. Sans oublier la suspicion et les contrôles trois fois par jours…

Oui, j’ai vu des gens qui en dénonçaient d’autres, qui se surveillaient, qui se classaient les uns les autres ! On se serait cru de retour dans les Heures Les Plus Sombres De Notre Histoire ! Et puis lorsqu’on quitte les lieux, on se fait fouiller, avec des portiques et tout et tout ! Comme dans tous les gros entrepôts logistiques, en somme, mais c’est chez Amazon et c’est donc horrible. Quand je compare ma vie dans une rédaction de journal, c’est vraiment fasciste tout ça moi je dis !

Vous vous attendiez à toute cette horreur agressive, sans filtre, nue, impitoyable ?

Évidemment : on parle d’une entreprise capitaliste sans foi ni loi, dont le but est, je dois le dire, de faire de l’argent ! Pire que tout, le slogan d’Amazon c’est « work hard, have fun, make history ». « Have fun », l’idée que « le travail c’est génial », c’est… vraiment, c’est horrible ! L’entreprise se comporte comme si elle devait être agréable à ses salariés avec des lipdubs, des soirées… du bowling, putain, du bowling ! Mais où va le monde ?!

have fun : c'est horrible

Y a-t-il un espoir de s’en sortir ? Les syndicalistes, par exemple, ont-ils un pouvoir pour que ces conditions de travail horribles soient améliorées  ?

Je ne pense pas. Zola, la Bête Humaine, je croyais que c’était dépassé, mais non ! De nos jours, en France, on met encore des bâtons dans les roues à ceux qui voudraient se syndiquer ! Quand on voit tout le bien que les syndicats font pour l’emploi en France, on ne peut qu’être outré ! Et puis surtout, le pire est qu’au bout de quelques années, on a des actions de l’entreprise, on fait partie de la famille ! C’est horrible : pourquoi quelqu’un voudrait revendiquer des choses ? Ce que fait Jeff Bezos, le patron d’Amazon, là, c’est acheter le silence des salariés en les faisant devenir actionnaires, comme dans une immense coopérative, et ça, ça, c’est horrible aussi. Ho. RRi. Ble.

Vous craignez des poursuites avec la publication de votre livre qui décrit tout de même le monde du travail sans fard, sans le moindre biais gauchiste ?

Je suis très serein : comme j’ai décrit le monde impitoyable tel qu’il est, des avocats l’ont lu et ont bien ri en me le rendant. Ils m’ont dit : « Ah non, mon petit, tu risques rien avec ça. » Et puis actuellement, Amazon vend le livre sur son site. C’est vraiment des grosses pourritures capitalistes même pas rancuniers et en plus l’argent n’a pas d’odeur. Vendre des livres pour de l’argent ! Franchement, devant ça, je me tiens prêt à toute éventualité.

Vous appelez à boycotter l’achat de produits culturels en ligne avec ce livre ?

Oh bah non ! Sinon, je peux pas vendre mon livre, pardi !

24hGold - Drame : un journalis...

Source : h16free.com
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H Seize écrit sur http://h16free.com ses chroniques humouristiques d’un pays en lente décomposition, et apporte des solutions dans son livre, Egalité, Taxes, Bisous. Dans un monde toujours plus dur, et alors que la crise, la vilénie, les aigreurs et les misères allant de la maladie aux bières tièdes font rage, un pays fait courageusement face et propose toute une panoplie de mesures plaisamment abrasives qui permettront d'aplanir les aspérités, gommer les difficultés et arrondir les angles. Ce pays, rempli de gentils et d'aimables tous les jours mieux pensant, est devenu un véritable phare scintillant dans la nuit noire de l'obscurantisme des méchants et des vilains. Et pour mieux scintiller, il s'est doté d'une devise qui est parvenue à se hisser au rang de slogan, d'accroche et de modus vivendi : pour chacun et pour tous, il faudra de l'égalité, des taxes, et des bisous.
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J'étais dans un grosse boite américaine, ou il y avait du picking, à savoir un appareil audio comme une oreillette qui indique quel produit prendre dans les racks. Ca a l'air d'une évolution, mais en fait l'évolution est surtout en productivité. Pour celui qui a ça la plus grande partie de la journée dans les oreilles, c'est déshumanisant au possible, un remake des temps modernes version électronique. Peu de chance que des études soient faites pour voir l'impact au niveau auditif et nerveux de ce genre d'outil.
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Bon, j'ai trente deux ans et beaucoup dans le travail me considèrent comme jeune. Je fais des heures de jours et de nuits sans vraiment respecter un rythme particulier, le rythme est à la limite du possible parce qu'il faut rentabiliser son salaire, C'est pas forcément "cool", ça pourrait être amélioré, mais ainsi va la vie et je me plein pas d'avoir un salaire à la fin du mois.
J'écris pas trop mal car je ne répète pas à tout bout de champ "c'est horrible". Pour autant, je ne vais pas écrire un livre sur la vie du commun des mortels, il devrait rentrer chez maman pour téter le sein.
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Le travail paie ; bons courage et réusssite !
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Tant qu'il y aura des gens comme vous contents de leur sort, les patrons auront raison de vous faire travailler à des heures à la con, à un rythme à la con, pour un salaire à la con.
Oui, franchement, à vous lire, ils auraient bien tort de se gêner...



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Et pourtant je leur donne du fil à retordre...
Sérieusement, le problème de ce genre d'auteur est d'une part d'être coupé de la réalité, et d'autre part de manquer de pudeur envers ceux qui vivent cette situation sans en avoir le choix.
La première des choses à faire pour ce "d'jeuns" était justement de boycotter Amazon, ce qu'il n'a pas eu le courage de faire.
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Le problème ici est que les commentaires sont orientés par la nature-même de l'article, où l'auteur fait en sorte de vous faire penser ce qu'il a envie que vous pensiez, tout en sachant que ce n'est vraisemblablement pas lui qui a mis pour de bon les pieds dans le monde du travail tel qu'il est décrit et dont il est question.


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Il n'y a que vous pour vous en plaindre alors que bien sur vous n'êtes même pas de ce cas, mais ça vous les brises que des gens aiment le travaille en temps que valeur, c'est plus fort que vous, ça dérange vos illusions et votre conformisme bourgeois, heureusement qu'il y en a qui bossent pour entretenir toute la smala de fonctionnaires, profs, et autres "grands grecs" ( Cé Neg la ville ka fé grand grec comme on dit chez nous ! ) sinon je mise que vous n'existeriez même pas ! Je sais c'est dommage que le monde ne soit pas tel que vous le voudriez, mais, vous pouvez toujours taper des pieds et vous rouler par terre commentaire après commentaire, le grand soir c'est pour les calendes grecs !
P.S: Je ne craint pas les flèches rouges, j'ai un Gri-Gri anti-conformiste. Moin men fouté mêm.
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Tendez l'oreille : il doit y avoir des sirènes de SAMU qui sillonnent votre quartier à votre recherche.

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- 7 ; pas mal mais moi j'ai fait - 8
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C'est bien ce que je disais : troubles schizophréniques avec dédoublement de la personnalité
(puisque nous avons tous compris ici que vous étiez derrière ces différents pseudos)

Les sirènes se rapprochent, n'avez-vous pas l'impression ?

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Toutes mes félicitations mais je vous demande bien pardon monsieur moi j'ai fait -8 deux fois dans le même article...mais la journée ne fait que commencer après tout. Je crois qu'il commence à ne plus tourner rond à force de parlez de Samu... il nous prend pour la même personne ! il ne peut pas imaginer que plusieurs personnes soient dans la même optique ! Le Samu c'est chez lui qu'il va s'arrêter.
Cdlt.
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IL est en effet très amusant ! Pourquoi tant de motivation ? Viré par un patron de droite ?
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Non non, il ne l'aurait jamais embauché, doit être prof ou pire encore, qui sait ! Brr j'en ai froid dans le dos !
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... Et en plus il nous prend tous pour des cons.

Mais le plus con de tous, c'est celui qui croit mordicus qu'on va le croire.







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J'ai lu quelque part qu'un type appelé Goethe ou un truc comme ça avait dit: "Les meilleurs esclaves sont ceux qui se croient libre " à croire que vous vous connaissez et qu'il l'a écrit pour vous !
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L'usine c'est la planque, aucun soucis une fois sorti du boulot, même la nuit, à une époque la nuit rapportait 30% de plus. En usine en 1985 je me faisais des mois à 7500 frs en acceptant de venir bosser le samedi matin. je vous parle même pas des casses-croûtes épiques... j'ai été manutentionnaire à 16 ans, j'ai vidé des centaines de wagons Sncf de toutes les cochonneries qu'ils contenaient et que je ne pouvais même pas me payer, le délégué syndical venait comme les témoins de Jéhovah, c'est à dire, quand c'était le plus dur, sous le cagnard des tôles le samedi après midi par exemple pour qu'on s'encarte, tu parles ! oui, en 1978 je bossai déjà le samedi après-midi pour 1300 frs et je ne suis pas mort... ce petit journaleux avec son petit boulot de magasinier planqué, c'est une blague ? ou alors, rien que la voix de son maître?
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Préparateur de commandes ça a toujours été mon métier lorsque je travaille, et en lisant cet article, bas j'ai bien ri, monsieur a découvert ce qu'est le travail, qui vient du latin tripalum, instrument de torture du moyen age.

Evaluer :   10  0Note :   10
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Eh ben nous voilà avec un petit gaucho de plus, conforté dans l'image très manichéenne du capitalisme pourri en face des gentils syndicats. Maintenant, on pourrait suggérer à ce jeune homme d'aller bosser un peu dans une PME ou de se syndiquer pour défendre ses camarades.
En fait je comprends très bien son écoeurement, mais il est allé vraiment dans un cas extrême, son analyse est à chaud, il serait bon qu'il prenne le recul nécessaire en allant voir ailleurs pourquoi et comment on en est arrivé à la création de boîtes comme "Amazon".
Si j'étais encore en activité, je lui aurai proposé de venir faire 3 ou 4 mois comme stagiaire chez moi petit artisan. En toute amitié et sans arrière pensée aucune, juste pour qu'il voie l'autre extrémité du monde du travail.
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Beaucoup devraient découvrir le monde du travail . Cela ferait beaucoup de bien à la société.
Evaluer :   8  1Note :   7
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En l'occurence, journalistes, politiciens et banquiers sont bien à mettre dans le même sac !
Evaluer :   2  0Note :   2
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Il ne faut pas généraliser , j'ai totalement confiance en mon banquier ; dommage que le nouveau nom est ridicule .
Evaluer :   0  2Note :   -2
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Euh, si il reste une petite place dans votre sac, merci de ne pas oublier il-est-l'or - merci pour lui.
Evaluer :   1  1Note :   0
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Client chez Amazone pour sa rapidité, son stock et ses prix , je pensais bien que les conditions de travail y étaient exécrables. Les jeunes ont intérêt à avoir une excellente formation pour avoir leur place au soleil...
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Dernier commentaire publié pour cet article
J'étais dans un grosse boite américaine, ou il y avait du picking, à savoir un appareil audio comme une oreillette qui indique quel produit prendre dans les racks. Ca a l'air d'une évolution, mais en fait l'évolution est surtout en productivité. Pour cel  Lire la suite
aikongo - 14/05/2013 à 16:01 GMT
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