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Et si la planche à billets commençait à prendre de la vitesse ?

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Simeon Brutskus
Publié le 17 octobre 2008
820 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux





Non, la planche à papier dont nous voulons parler n’est pas une simple allusion à la politique monétaire expansionniste que la Banque Centrale européenne (BCE) a menée depuis sa mise en place. Cette fois-ci, il s’agit vraiment de sa production de billets stricto sensu, de la monnaie scripturale par excellence. Ces billets qui, combinés aux réserves des banques en compte courant auprès de la BCE, constituent la monnaie dite de banque centrale, que les anglo-saxons qualifient de « monnaie à haut pouvoir », car capable d’influencer le volume de monnaie fiduciaire émise par les banques. Ces mêmes billets encore que leurs détenteurs recherchent pour leur service de moyen d’échange ultime et universel, garantissant dès lors le contrôle sur tout bien à vendre, à raison du pouvoir d’achat des unités monétaires. Dans les systèmes monétaires d’aujourd’hui, les billets seuls sont la monnaie irréductible, toutes formes de dépôts ne tirant leur utilité monétaire que de la promesse des banques de les convertir en billets. Tant que cette promesse n’est pas remise en cause, les déposants ne se soucient pas de la mettre à l’épreuve. Seulement, les choses se déroulent différemment en situation de crise où la demande de billets peut augmenter rapidement.


Il semblerait que c’est bien ce qui serait en train de se produire. Depuis la deuxième éruption du 15 septembre dernier de la crise actuelle, la première ayant eu lieu en août 2007, la BCE a pris toutes les précautions pour fournir aux banques toutes les liquidités dont elles pourraient avoir besoin. A l’heure actuelle, les banques disposent de quelques € 52 milliards de réserves excédentaires sur leur compte courant à la BCE. Sans parler des € 183 milliards que la BCE leur a prêtés au moyen de ses opérations d’open-market, mais que les banques lui ont en fait rendus, en faisant usage de la facilité marginale de dépôt. En effet, le système bancaire européen dans son ensemble est littéralement inondé de liquidités depuis déjà un bon mois. Une banque n’a besoin de liquidités excessives que si elle s’attend à des fuites de liquidité imprévues. Certes, l’exposition à des produits financiers contenant un risque de contrepartie croissant en situation de crise peut mener à un tel comportement de prudence. Mais il est une autre fuite de liquidité pour une banque, bien plus classique, mais tout aussi coûteuse – la demande de billets.



Une demande accrue de billets par les clients d’une banque signifie d’abord que des dépôts sont retirés. Les individus exécutent le contrat de convertibilité qui la banque leur a promise. Cependant, une banque n’est pas productrice de billets, elle n’est qu’émettrice de dépôts. Il lui faut alors acquérir les billets auprès de la BCE. Cette acquisition se fait par le moyen des réserves détenues en compte courant dans lesquelles la banque puisera autant que nécessaire, et dans la mesure des disponibilités. Les réserves d’une banque sont donc le moyen pour elle d’acquérir les billets dont elle a besoin pour honorer son contrat à l’égard des déposants. Dans la mesure où les banques anticipent une demande accrue de billets par le public, elles ont intérêt à se procurer plus de réserves, en empruntant des liquidités à la BCE. Pouvons-nous dire que la réalité donne des raisons objectives aux banquiers de former de telles anticipations ? Pour y répondre, il suffit d’examiner la dynamique de la demande de billets en zone euro que nous avons résumée dans le tableau ci-après :



Source: BCE, Weekly Financial Statements


A croire les chiffres, la demande de billets a augmenté de mi-septembre à mi-octobre d’un peu plus de € 29 milliards, l’augmentation étant due aux développements les plus récents sur les deux dernières semaines. Ceci représente une hausse de 4,3%. Mais peut-être s’agit-il là d’un effet saisonnier, à observer tous les ans à la même période ? Les données écartent une telle hypothèse. Les billets n’ont augmenté que de € 3 milliards à la même période de l’année dernière (soit une hausse de 0,49%), et de € 5 milliards en 2006 (soit 0,86%).


Il est à conclure que durant les deux dernières semaines les banques ont véritablement fait face à une fuite de liquidités fort importante, manifestement causée par des retraits de dépôts. Il est difficile de spéculer sur la persistance du mouvement, qu’il faudra donc continuer à suivre régulièrement dans les circonstances présentes. Deux choses sont néanmoins sûres. D’une part, la BCE estime que les banques devront faire face à des facteurs de liquidité autonomes (c.à.d. distincts de la constitution de réserves obligatoires) toujours croissants. En effet, pour la période du 13 au 21 octobre la BCE anticipe une hausse de ces facteurs de quelques € 55 milliards par rapport à la période précédente. D’autre part, les injections récentes de liquidité sont devenues tellement considérables que l’on est tenté de ne pas voir grand-chose dans ces quelques € 29 milliards de billets en plus. Il se peut qu’il en soit autrement…


Siméon Brutskus





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Siméon Brutskus a vécu sa jeunesse à l'Est, avant de parfaire son éducation économique en France. Sa carrière d'enseignant-chercheur l'a conduit à s'intéresser à la théorie et politique monétaires, et au rôle qu'occupent les banques centrales dans la déstabilisation des systèmes financiers.
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