La question
peut sembler bizarre à certains mais comme le savent les fans
d’or, c’est arrivé par le passé aux Etats-Unis.
Suite à
la panique boursière de 1929, Franklin Roosevelt est élu avec
une écrasante majorité à la présidence. On est en
novembre 1932 et on lui intime l’ordre
de faire quelque chose.
Le
président va immédiatement se mettre au travail et se fait le
défenseur d’une loi de soutien aux banques qui sera approuvée par le Congrès le 9 mars 1933
(Emergency Banking Support Act).
Cette loi donne les pleins pouvoirs au président ainsi qu’au
secrétaire au Trésor en matière d’or et de monnaie
en général et ce de façon rétroactive si
nécessaire. La même loi donne au Trésor le pouvoir de « sauver »
les institutions financières qui feraient banqueroute et à la
Fed (banque centrale américaine), le droit de convertir les bons du
Trésor en monnaie (et non plus en or). Deux millions de dollars sont ainsi
mis à la disposition du président pour faciliter ses
démarches.
Les conditions
dans lesquelles cette loi extraordinaire fut approuvée sont
troublantes. En effet, une seule copie du projet a circulé au sein des
élus et certains se sont trouvés dans l’obligation de
voter sans même avoir pu le lire.
Dans le
même temps, le président Roosevelt autorise les banques de
rester fermé pendant quatre jours, afin d’éviter une ruée
des dépositaires et passe des mesures garantissant les dépôts bancaires.
Ainsi, la réouverture des banques se fait dans le calme et nombre de
déposants remettent à la banque les dépôts
qu’ils avaient retirés la semaine précédente.
C’est
seulement après la mise en place de ces diverses mesures que le
président Roosevelt cible les propriétaires d’or. Le
décret présidentiel 6102 du 5 avril (Executive Order 6102) exige que
dès le 1er mai, tout montant supérieur à $100 en pièces
d’or, tout lingot et certificat en or soient échangés à la
Fédéral Reserve contre des billets de banques ou des bons du
Trésor au prix de $20,67 l’once troy.
Les Américains
de l’époque montrèrent une certaine confiance dans leur
gouvernement. En effet, plus d’un tiers du montant estimé
détenu en or – à savoir 1,4
milliards de dollars fut échangé
« volontairement ». Reste que quelques semaines
après la date butoir et quelques coups de force des agents fédéraux à
l’égard des principaux réfractaires, on estime
qu’il restait encore 560 millions de dollars or dans des mains
privées.
Ceci incita le
président à prendre de nouvelles mesures, effectives le 18
septembre 1933 et entraînant des peines lourdes pour ceux qui
continueraient de défier ainsi le gouvernement américain en
conservant leur or.
Cette nouvelle
mesure poussa un avocat Frédéric Barber Campbell, à faire un
procès à
l’État afin d’obtenir le droit de retirer plus de $200.000
en lingots d’or. Il n’obtiendra pas gain de cause sur le fond
mais sur la forme. Le principe de confiscation est bel et bien
considéré comme constitutionnel et sera assorti d’une
nouvelle loi en 1934 permettant au gouvernement de réglementer le prix
de l’or en le fixant à 35 dollars l’once.
Ce n’est finalement que depuis
1985, que la loi
autorise de nouveau les particuliers américains à
détenir de l’or, en l’occurrence les fameux Eagles.
Faut-il craindre que
l’histoire ne se répète ?
Tout d’abord, il est probable
que les détenteurs d’or dans leur grande majorité
accepteront avec moins de docilité d’échanger leur or
contre une devise comme le dollar américain. Ensuite, il est peu
probable que le Congrès puisse
de nouveau se voir accorder des pouvoirs aussi exorbitants. Par contre,
force est de constater l’étendue des pouvoirs des autorités fiscales
des deux côtés de l’océan atlantique qui peuvent
déjà au nom de la lutte contre la drogue et le blanchiment
d’argent ouvrir les coffres
bancaires et en confisquer le contenu.
Enfin et pour conclure, il semble peu
probable qu’un État se lance seul dans une telle politique
confiscatoire. Or, il est sans doute encore plus improbable d’imaginer
que des pays producteurs d’or et des pays où les individus en
sont très friands (Chine et Inde) acceptent de collaborer à une
telle opération. Il faut donc garder la tête froide sans pour
autant oublier les leçons de l’histoire. Si la situation
continue d’empirer comme elle le fait depuis plusieurs années,
il deviendra sûrement judicieux de mettre son or à l’abri
des regards indiscrets.
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