Il est couramment admis parmi les économistes qu’une augmentation de la masse monétaire est bénéfique à l’économie. Si cela était le cas, les faux-monnayeurs devraient être encouragés. Si l’économie pouvait profiter du fait que l’on imprime plus de billets, alors de véritables faux monnayeurs, -ceux capables de produire des billets si bien faits qu’on ne pourrait les distinguer de ceux émis par les banques centrales-, rendraient un véritable service à l’économie.
Mais imprimer de la fausse monnaie ne constitue t’il pas un transfert de richesse injuste au profit de ceux qui impriment les billets ? La réponse est oui, bien sûr, mais il n’y a là aucune différence avec ce qui se passe lorsque la banque centrale imprime des billets.
Et l’impression de fausse monnaie, à grande échelle, ne pervertit-elle pas les prix et ne produit-elle pas en conséquence une réduction de l’épargne réelle ? La réponse est si, bien sûr, mais là encore il n’y a aucune différence avec une banque centrale qui crée de la monnaie à partir de rien.
L’argument que nous essayons de présenter est que la fausse monnaie n’est d’aucune utilité pour l’économie, qu’elle soit produite légalement par le système bancaire ou illégalement par des opérateurs privés non régulés. On oublie fréquemment que la monnaie n’est pas de la richesse et qu’ajouter de la monnaie dans l’économie n’ajoute aucune épargne réelle supplémentaire.
Le problème aujourd’hui n’est pas, n’a jamais été, et ne sera jamais une pénurie de monnaie. Un des problèmes majeurs de notre époque est une pénurie d’épargne, et l’impression de monnaie va seulement aboutir à empirer la situation en ce qu’elle conduira à une diminution plus importante encore de l’épargne.
Augmenter la masse monétaire en créant de la monnaie à partir de rien a toujours été une idée exécrable, mais c’est une idée dans l’air du temps et risque de le rester pour encore un bon moment. C’est une des raisons pour lesquelles la récession actuelle va continuer pendant de nombreuses années.
Steve Saville
The Speculative Investor