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Google : l’accord des dupes

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Jean de Selzac
Publié le 22 février 2013
988 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
( 5 votes, 3,4/5 ) , 1 commentaire
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Tout démarre d’une mauvaise notion économique. Marc Schwartz, médiateur de l’accord entre Google et la presse d’information générale et politique, décrypte : « La presse mettait notamment en avant le fait que ses ressources publicitaires avaient considérablement baissé depuis l’arrivée de Google en France, et que, selon ses estimations, le chiffre d’affaires actuel de Google France correspondait globalement à ce manque à gagner. » Autrement dit, la concurrence du moteur de recherche l’aurait privé d’une partie de son chiffre d’affaires, comme si celui-ci était une sorte de rente intouchable. Marc Schwartz dit bien que pour la presse française «  il s’agissait donc d’une  « captation » de chiffre d’affaires. » Le refus de l’économie de marché sous-tend cette conception économique car elle est fondée sur le partage plutôt que sur la création de richesse et la conquête de nouvelles parts de marché.


Nathalie Collin est le porte-drapeau de cette conception économique. Ancienne co-présidente du directoire de Libération, co-présidente et directrice générale du groupe Nouvel Observateur, elle est surtout présidente de l'Association de la presse d'information politique et générale (IPG) qui a signé l’accord avec Google. Elle avait proposé en 2009 que les fournisseurs d'accès Internet soient taxés pour participer au financement de la presse écrite française. En 2010, elle avait lancé Epresse Premium, un kiosque numérique qui se voulait une alternative à Google. On était presque dans le « Tout Sauf Google. »


Le constat est que la loi du marché est plus favorable à Google vers qui se tournent les internautes pour sélectionner les informations. Cet état de fait est inacceptable pour une presse française « papier » ayant parfois du mal à faire sa transition vers le numérique et gérer son référencement. Le bras de fer était inévitable. Au-delà de Google et de l’IPG, ce sont bien deux conceptions du marché qui s’affrontent : l’une fondé sur le «laissez-faire » répondant à l’offre et la demande, l’autre fondée sur la « régulation » et le partage des richesses.


Comme nous sommes en France, Nathalie Collin et la presse française ont donc fait appel à l’État avec lequel elles partagent la même philosophie économique pour régler le différend avec Google. Eric Schmidt, président de Google, et surtout Carlo d’Asaro Biondo, vice-président de Google, en charge de l’Europe, ont donc dû composer avec François Hollande qui a nommé Eric Schwartz en tant que médiateur pour mener les négociations entre les deux parties et trouver un accord.


Mais peut-on parler de négociations ? « J’avais dit que s’il n’y avait pas d’accord, il y aurait une loi. »

Ce sont les mots exacts de François Hollande lors de la conférence de presse du 1er février avec Eric Schmidt, Nathalie Collin et Eric Schwartz à l’issue de la signature de l’accord. Le Président avait brandi d’entrée de jeu la menace d’une loi. Google a donc préféré payer 60 millions d’euros pour éviter une loi à caractère coercitif plus difficile à modifier qu’un accord commercial. Payer pour éviter une loi, voilà une nouvelle pratique qui ne laisse pas indifférent.


Et François Hollande lui-même d’expliquer l’accord : « Il permettra que des groupements de presse puissent bénéficier d’un fonds à la hauteur de 60 millions d’euros, de manière à ce qu’il puisse y avoir des soutiens à la transition numérique, à des investissements, à des innovations. » Et devant le parterre de journalistes, Nathalie Collin se félicite car ce fonds doit « soutenir la presse dans sa mutation numérique. »


Autre volet de l’accord que signale Eric Schwartz, celui d’« un partenariat commercial, dont les médias se font peu l’écho, mais qui est très important car il vise à favoriser le développement à long terme de l’audience et des revenus publicitaires de la presse en ligne. C’est un accord par lequel Google va mettre à disposition de la presse ses différentes plates-formes technologiques, AdSense pour la publicité sur PC, AdMob pour la publicité sur mobile, etc... »


Eric Schmidt a donc préféré cet accord, ce lien contractuel plutôt que la force de la loi. Il a sans doute eu raison. Mais sur le principe, ces 60 millions d’euros restent tout de même une sorte de subvention, symbolique d’une presse sous perfusion qui a du mal à s’adapter à la nouvelle économie du savoir et à faire sa mue numérique. Loin d’être une vraie solution, cet accord ne fait que retarder le processus de destruction-créatrice qui serait pourtant bénéfique : certes une partie de la presse disparaîtrait, mais ce serait au profit de nouveaux projets, d’innovations notamment numériques, nécessaire à cette profession. La subvention, c’est prendre du retard dans l’innovation.


Mais c’est bien plus qu’un fonds que François Hollande a mis en place, c’est une rente de situation pour une presse à bout de souffle. La dernière phrase de sa conférence de presse est significative : « Lorsque le fonds sera épuisé, nous nous retrouverons pour une prochaine conférence de presse avec le Président de Google. » Eric Schmidt risque de devenir la vache à lait de la presse française.


Mais, entre nous, Google s’en tire plutôt bien. En effet, 60 millions d’euros représentent 4% de son chiffre d’affaire de 2012 et cette somme est allouée pour plusieurs années jusqu’à épuisement. Le prélèvement est finalement assez léger si on le lisse sur les deux ou trois années à venir. Et puis, d’un point de vue business, François Hollande, ses deux ministres impliqués, Fleur Pellerin et Aurélie Filippetti, et Nathalie Collin ne sont pas de bons leveurs de fonds. À quatre, avec le poids de l’État et la menace d’une loi, ils ont récolté 60 millions d’euros. En comparaison, le français Daniel Marhely, 28 ans, cofondateur et directeur technique de Deezer, a levé 100 millions d’euros en octobre dernier auprès de Len Blavatnik qui a repris Warner Music. La vieille école étatique en a encore beaucoup à apprendre auprès des jeunes et vrais entrepreneurs. Finalement, la dupe n’est peut-être pas celle que l’on croit.

 

 

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Esprit libertarien, entrepreneur, grand voyageur parcourant des continents aussi divers que l’Afrique et l’Amérique, Jean de Selzac met sa plume au service de la liberté économique et de l’esprit d’entreprise. Il a souvent écrit dans les différentes publications de Contribuables Associés.
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