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Hérétiques, unissons-nous !

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Publié le 12 décembre 2012
908 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
( 6 votes, 2,8/5 ) , 2 commentaires
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

L’Histoire est d’une humeur morose, comme le laisse transparaître sa troupe de saltimbanques qu’est la race humaine. Ce qui est vrai pour l’individu l’est aussi pour l’esprit de groupe. Nous connaissons tous nos moments de gloire, nos années de bonheur et nos années sombres, des cycles à l’intérieur d’autres cycles, et parfois même des expériences à la fois heureuses et malheureuses.


Je réfléchirai cette semaine à l’ouvrage de Stephen Greenblatt intitulé The Swerve: How the World Became Modern, qui traite de l’atmosphère régnant en Europe au début des années 1400, et tout particulièrement de la carrière de Poggio Bracciolini, un pauvre garçon que sa très belle écriture a su porter jusqu’au sommet du pouvoir tout d’abord en tant que scribe du premier Pape Jean XXIII, puis comme agent clé dans la révélation des secrets perdus de l’Antiquité classique. (Je m’excuse d’avance si vous avez déjà perdu le fil de mes diatribes de la semaine)


La dépravation de la hiérarchie ecclésiastique de l’époque médiévale et son emprise totale sur la vie de tous les jours plus de mille ans après la chute de l’Empire Romain, représentent les éléments clé de la période. L’idée née en Judée de vouer un culte à un Dieu empli de grâce finit par être transformée en une vile débauche fondée sur l’accumulation de richesse et la distribution de châtiments. Poggio s’est trouvé relativement choqué par le destin réservé à un réformiste radical du nom de Jérôme de Prague, qui fut persécuté pour hérésie. Lors de ses nombreux discours tenus dans des universités des quatre coins de l’Europe, Jérôme prêchait la subversion et était constamment en de mauvais termes avec l’Eglise.


Vers 1415, Jérôme se rendit au Conseil de Constance en Allemagne, où des cardinaux, des archevêques et d’autres grands poobahs se réunissaient pour résoudre l’un des problèmes administratifs les plus frustrants de leur époque : le schisme qui a opposé le pape d’Avignon au Pape de Rome. Dans l’ordre naturel des choses, Jérôme le réformiste fut accusé d’hérésie et se vit nommer le parfait candidat pour une exécution sommaire. Poggio eut la chance d’observer Jérôme défendre ses actions et ses croyances en langue Latine devant les membres haut-placés du Conseil, avec une éloquence encore jamais vue depuis Cicéron. Jérôme fut finalement brûlé vif, mais seulement après que le pouvoir héroïque de sa rhétorique ait fait impression sur Poggio.


A Constance, le mécène de Poggio, l’antipape Jean XXIII, de son vrai nom Baltassarre Cossa, fut révoqué, et Poggio fut relevé de ses fonctions et se trouva libre de suivre sa véritable ambition qui n’était autre que de porter secours aux manuscrits abandonnés de la haute culture de l’Empire Romain qui moisissaient dans les caves et greniers des monastères du continent Européen. En toute saison, et par tout temps, à une époque où les voies les plus praticables n’étaient rien de plus que des sentiers muletiers, il n’a cessé de voyager. Les moines indifférents l’ont laissé fouiner dans leurs bibliothèques, et lorsqu’il ne pouvait se permettre d’acheter un rouleau manuscrit poussiéreux, il le dérobait ou le copiait laborieusement de sa belle écriture Carolingienne.


En sauvant des ouvrages tels que la série complète des sermons de Cicéron, les discours épicuriens de Lucrèce (De Rerum Natura – Sur la Nature des Choses), ainsi que la dissertation de Vitruve sur l’architecture et celle de Frontinus sur les aqueducs romains, il a ouvert la porte au renouveau de l’esprit humain que nous appelons Renaissance. En observant de très près les artéfacts des siècles qui ont précédé la Renaissance, vous pourrez relever une longue atmosphère de dépression, une descente de la race humaine vers le désespoir et la pauvreté, ne disposant de rien de plus que l’Eglise pour lui promettre des jours heureux derrière le mystère qu’est la mort. Poggio n’était pas le seul à s’émerveiller du monde perdu des anciens, et la redécouverte d’un royaume d’idées derrière les préoccupations d’une Eglise malhonnête et corrompue finit par plonger l’Humanité dans un bain de Lumière qui brille maintenant depuis plus de 500 ans.


Si je prends le temps de mentionner ce sujet ancien et obscur, c’est parce que l’état d’esprit de l’Humanité semble aujourd’hui s’assombrir à nouveau, et pour des raisons que nous comprenons parfaitement. Entre la fonte des deux pôles, la destruction de toute forme de vie présente dans les océans du globe, le spectacle vulgaire des paysages Américains recouverts de bitume et de monuments moquant tout effort civilisé, et la longue liste d’insultes portées à la vie, il existe beaucoup de raison de se sentir déprimé. Tout comme les civilisations humaines apparues après la chute de l’Empire Romain, nous sommes sur le point de perdre une grande partie du capital humain accumulé au cours de ces 500 dernières années et mille ans ne suffiront certainement pas à le retrouver.


Je trouve particulièrement troublante la mainmise que prennent actuellement les baragouinages catholiques – personnifiés par l’orthodoxie évangélique Républicaine des Etats du Sud – sur les esprits des Américains. La pauvreté de ses idées ne peut être surestimée et le manque d’opposition envers elle est une insulte à notre héritage. Peut-être cela mènera-t-il les Américains à nommer un Mormon comme président, puisque cette branche particulière de l’Eglise est si immature et ridicule qu’elle en fera certainement plus pour vaincre le fanatisme religieux que tout essai humaniste jamais écrit – ou que des milliers de clones de Madonna Ciccone se déhanchant en brassière de titane dans un stade fardé d’une multitude de projecteurs.


 

 

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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé et une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde reviendra à un modèle décentralisé et local.
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En effet, ce n'est pas une très bonne description du Moyen Age.

Le point le plus bas était l'an 1000, car beaucoup de gens croyaient que ce serait la fin du monde. Après l'an 1000, quand ils ont constaté qu'ils n'étaient pas tous morts, ils se sont relevés.
Il faut surtout savoir que le Moyen Age a jeté les bases de la Renaissances, car si les intellectuels ont pu s'intéresser à l'antiquité et au monde islamique, c'est parce que les inventions techniques du Moyen Age ont permis à certains nantis autres que les seigneurs ou les moines de se passer de labeur manuel pour se nourrir. (Je pense notamment aux améliorations des moulins à vent, moulins à eau, outils de labour....)

Nous entrons dans une période sombre... en attendant que ça casse, il faut se demander quelles sont les bases à jeter pour engendrer une nouvelle renaissance dans X temps, et se donner la peine d'y travailler.
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Je suis fan de Kunstler depuis 2005, mais il devrait se limiter à parler des (nombreux) sujets qu'il connait. Parce que la civilisation médiévale, il la connait autant qu'un rednkeck.

Une lecture de Chesterton lui serait utile...
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En effet, ce n'est pas une très bonne description du Moyen Age. Le point le plus bas était l'an 1000, car beaucoup de gens croyaient que ce serait la fin du monde. Après l'an 1000, quand ils ont constaté qu'ils n'étaient pas tous morts, ils se sont rele  Lire la suite
RalphZ - 14/12/2012 à 19:54 GMT
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