La seule chose qui a été clairement confirmée c’est son indigence au plan
budgétaire et sur les moyens de retrouver cette croissance nominale qui est
la pierre angulaire de l’édifice programmatique de la coalition.
Le nouveau gouvernement n’a aucun intérêt à brusquer les choses au plan
économique: elles ne dépendent pas de lui!
Elles dépendent de la BCE, de Draghi, de Merkel ou plutôt du rapport de
forces entre Merkel et Macron, etc. Elles dépendent également des
orientations du gouvernement espagnol conduit par Sanchez.
Elles dépendent du vice des anglo saxons et de leurs objectifs.
Reuters et le FT et Bloomberg ont plus de pouvoir que la
Commission Européenne… ils contrôlent avec l’aide des agences de notation,
les marchés et donc les lieux de déstabilisation. Les marchés sont les champs
de bataille modernes, et les anglo-saxons y règnent en maitres.
Le futur de l’économie italienne est lié à:
- l’arrêt ou la poursuite des achats de dettes souveraines
de la BCE
- la tenue des cours boursiers des banques européennes
- la situation bilantielle de banques européennes, gavées
d’emprunts souverains dont la pondération est nulle dans les calculs de
ratios de risques, le fameux cercle vicieux de la terreur
- la nomination du remplaçant de Draghi
- l’évolution des soutiens domestiques de Merkel
Bref le futur de l’économie italienne dépend d’une situation globale,
complexe dans laquelle tout est interdépendant et connecté.
Au centre se trouve la question des eurobonds.
C’est la question souterraine, enfouie et seuls, on le voit bien, les
anglo-saxons et le Financial Times y ont accès par leurs contacts privilégiés
avec certains officiels de la BCE qui alimentent les fuites. La presse et les
agences anglo-saxonnes bénéficient des manipulations souterraines et des
luttes internes à la BCE.
A la limite, les anglo-saxons, la City et le FT ont plus de pouvoir que
les opinions publiques et les citoyens européens. Ils sont le levier de la
finance et ils savent en user très habilement. Il suffit d’un article dans le
FT pour faire chavirer les marchés, une banque , une devise ne l’oubliez pas.
C’est presque un levier, un atout dans les relations avec le Barnier du
Brexit! Les anglo saxons ont le soft power financier .
L’article publié en début de semaine par le FT est un exemple de ce qu’est
ce soft power financier , un pouvoir vicieux, insidieux, qui permet de
jeter du sel sur les blessures et surtout de titiller là ou cela fait mal: la
situation réelle des banques européennes qui ont des tombereaux d’emprunts
souverains dans leur bilan, avec une pondération de risque nulle et donc pas
de fonds propres en face!
Il y a un lien dans la situation d’ensemble entre, le Brexit, l’euro, les
divergences entre les dettes souveraines euros, le refinancement en dollars
et … la Deutsche Bank. Le tout enveloppé dans le papier qui créerait
les eurobonds.
Regardez les deux articles ci dessous, issus du FT
“Italy
Turmoil Shows Banking ‘Doom Loop’ Still A Powerful Force”).
[FT] Banks
feel the heat as investors exit eurozone equities
Les eurobonds existent, c’est Draghi qui les a créés, il a créé un
eurobond synthétique à l’actif de son bilan par ses quantitative
easing et donc son panier d’achats de dettes souveraines. Il suffirait de
faire un package , une titrisation de cet actif du bilan de la BCE et de le
distiller aux marchés!
Le risque aussi il existe déjà et il suffit d’insister un peu pour
faire comprendre aux Allemands qu’ils n’ont pas intérêt à se
montrer trop durs trop longtemps en leur parlant enfin de Target2. Il suffit
de changer de discours et de leur faire croire que les eurobonds
réduiraient leurs risques sur Target 2 et le tour serait joué.
La question italienne n’est que le symbole, le reflet
symptomatique de la fragilité de la construction européenne et j’aime à le
répéter de la nullité des promoteurs de cette Europe bancale. Les problèmes
sont surdéterminés, ils existeraient indépendamment des spécificités de
l’Italie, car ce ne sont pas les participants qui sont défaillants, c’est la
construction elle même. Les participants sont les révélateurs, les messagers.
La construction européenne bancale repose sur une béquille et cette
béquille c’est l’Allemagne , l’Allemagne point à la ligne.
Tant que les électeurs allemands seront d’accord, que ce soit de bon gré
ou de mal gré pour soutenir la construction, cela tiendra. SI les électeurs
allemands en ont marre, ils cesseront de fournir les béquilles et la seule
solution sera l’éclatement. Les Allemands sont ils prêts pour
l’harmonisation fiscale et les eurobonds, c’est au fond la seule
question qui compte et pas seulement pour les Italiens, pour tous. Pour
tenir il faut un marché profond de l’équivalent d’une valeur du Trésor US, un
Treasurie européen.
En fait, c’est ce débat qui couve en Allemagne et le discours de Merkel
était l’un des éléments ce débat: elle essaie de lâcher le
minimum, le dérisoire comme je l’ai écrit.
Son aile droite est dans l’opposition sur ces points de mutualisation et
de transferts et le parti AFD a de solides et puissantes tribunes car il est
de haut niveau intellectuellement.
Dans le cadre de ce débat, le Président de la Bundesbank Jens Weidmann a
déclaré cette semaine: “ceding a significant portion of their
sovereignty to Brussels is precisely what the Euro area members are not
prepared to do. It seems to me that it’s already hard enough at times to
ensure that the European Commission’s existing powers are enforced and
respected.”
Cette déclaration de Weidmann nous semble s’inscrire dans le cadre
du grand marchandage, du grand combat en cours, elle souligne que la question
centrale est celle de la souveraineté et le fait que les esprits ne sont pas
prêts à aller plus loin dans l’abandon d’une nouvelle portion de
souveraineté. Mais quid si c’est l’Allemagne qui étend sa souveraineté , la
sienne, au plan européen en prenant le contrôle d’une institution
essentielle?
Mais quid dans le cadre d’un donnant-donnant, au sommet, donnant-donnant
dont les peuples seraient exclus bien sur, qui
échangerait le contrôle quasi définitif de la BCE, abandonnant sa
Présidence aux Allemands en échange d’une avancée en matière de
mutualisation? Weidmann s’exprime déjà comme un futur patron de la BCE!
Les électeurs allemands j’en suis sûr accepteraient le « deal »
de la mutualisation partielle contre le contrôle retrouvé de
la BCE.
Les électeurs allemands ont confiance en Weidman, ils n’ont confiance en
personne d’autre.
On en saura peut être plus sur les orientations futures et l’état des
affrontements en cours:
Le 14 juin il y a une réunion importante à la BCE avec un débat sur la
sortie des QE: “President Mario Draghi’s Governing Council is likely
to treat the June 14 gathering in Latvia as a live opportunity to debate
winding down bond-buying ,said the officials,who asked not to be named
because such matters are CONFIDENTIAL,” écrit le FT . Le FT, comme
par hasard!
Bruno Bertez, Editorial
: Le sort de l’Italie, le grand marchandage, le levier des anglo saxons qui
les rend presque maîtres du jeu.
Note:
L’Europe paie sa nullité habituelle, nullité qui l’a conduite à ne pas
comprendre en son temps que pour être fort avec une monnaie unique il fallait
un marché financier unique, profond, puissant et surtout un grand
journal européen crédible au plan économique, monétaire et financier …
[UK
Guardian] Italy’s PM takes aim at migrants and austerity in maiden
speech
[FT] Banks
feel the heat as investors exit eurozone equities