« L’arbre de la liberté
doit de temps à autres être revigoré par le sang de patriotes et de tyrans. Il
est son engrais naturel ».
-Lettre écrite par Thomas
Jefferson à William Stephens Smith le 13 novembre 1787
Thomas Jefferson, auteur de la
Déclaration de sécession des Etats-Unis avec l’empire britannique du 4
juillet 1776, était un avocat de l’union volontaire entre les Etats libres,
indépendants et souverains et du droit de sécession. « S’il y en a parmi
nous qui désirent dissoudre cette union ou changer sa forme républicaine,
a-t-il dit lors de son discours inaugural de 1801, laissons-les en paix en tant
que monuments de la sûreté. Les erreurs d’opinion doivent être tolérées là où
la raison peut encore les combattre ».
Dans une lettre écrite le 29 janvier 1804 au Dr. Joseph, qui avait demandé à
Jefferson son opinion au sujet du mouvement sécessionniste de
Nouvelle-Angleterre qui gagnait de l’importance à l’époque, il a écrit
ceci : « Que nous demeurions une confédération ou formions deux
confédérations Atlantique et du Mississippi n’est pas important pour le
bonheur des deux partis. Les citoyens de la confédération de l’ouest seront
nos enfants et descendants au même titre que les citoyens de la confédération
de l’est. Je perçois la possibilité d’une séparation dans un futur proche, et
pourtant, je ressens le désir et le devoir de promouvoir les intérêts de
l’ouest comme ceux de l’est, et de faire le bien pour les deux côtés de notre
grande famille ». Jefferson a offert une opinion similaire à John C. Breckenbridge le 12 août 1803, alors que les citoyens de
Nouvelle Angleterre menaçaient de faire sécession après l’achat de la
Louisiane. S’il devait y avoir « séparation », a-t-il écrit,
« que Dieu les garde tous et maintienne l’union pour leur bien, ou le
dissolve pour le meilleur ».
Tout le monde comprenait que
l’union entre les Etats était volontaire et que, comme la Virginie, le Rhode Island et l’Etat de New York l’ont stipulé dans
leurs documents annexes à la Constitution, chaque Etat avait le droit de se
retirer de l’union si elle devenait contraire à ses intérêts. Quand les
citoyens de Nouvelle Angleterre ont commencé à demander de pouvoir faire
sécession vingt ans seulement après la fin de la Révolution américaine, leur
dirigeant, le Sénateur du Massachussetts Timothy Pickering (qui était aussi
le secrétaire d’Etat et de la guerre de George Washington) a stipulé que les « principes
de notre Révolution nous mène vers un remède qui est la séparation. Je n’ai
aucun doute que cela puisse être atteint sans qu’une goutte de sang soit
versée » (voir Henry Adams, Documents
Relating to New-England Federalism, 1800-1815, p. 338). La demande
de sécession de la Nouvelle-Angleterre a culminé avec la Convention de
sécession d’Hartford de 1814, lors de laquelle il a été décidé de maintenir
l’union et de tenter de la dominer politiquement (chose à laquelle la
Nouvelle Angleterre est parvenue à partir d’avril 1865 et jusqu’à
aujourd’hui).
John Quincy Adams, le Yankee
de Nouvelle-Angleterre, a fait écho de ces sentiments jeffersoniens lors d’un
discours prononcé en 1839 et lors duquel il a déclaré que si des Etats ou
groupes d’Etats entraient en conflit, il serait « temps de s’en
retourner aux précédents qui existaient au moment de l’adoption de la
Constitution afin de former une union plus parfaite encore en dissolvant ceux
qui ne pourraient plus être unis et laisser les territoires séparés être
réunis par la loi de la gravitation politique » (John Quincy Adams, The
Jubilee of the Constitution, 1939, pp.
66-69).
Les journaux américains ont
pendant longtemps épousé la vision jeffersonienne de la sécession. Vous en
trouverez ci-dessous quelques exemples.
Le Bangor, Maine Daily
Union a une fois stipulé dans
son édito que l’union du Maine avec d’autres « dépend de la continuité
du principe de consentement libre et de la volonté des personnes souveraines
des Etats. Lorsque ce consentement ou cette volonté n’est plus, l’union se
meurt, et aucun pouvoir extérieur à l’Etat qui décide de faire sécession ne
peut plus la restaurer ». Un Etat ne peut être l’égal de l’union
américaine s’il est forcé d’y appartenir par l’agression militaire.
« Une guerre est mille
fois pire que la perte d’un Etat ou d’une douzaine d’Etats », a écrit l’Indianapolis
Daily Journal. « La liberté
dont jouit chaque citoyen écarte toute idée d’une union forcée en tant
qu’individu, que communauté ou qu’Etat », a écrit le Democrat
de Kenosha, Wisconsin. « La germe de la liberté est le droit de
former son propre gouvernement, d’écrire nos lois et de choisir nos associés
politiques. Le droit de faire sécession appartient au peuple de tout Etat
souverain ».
Faire usage de la force ou de
la violence pour forcer un Etat de rester dans l’union, a dit un jour le New York Journal of Commerce,
« transformerait le gouvernement depuis un gouvernement volontaire, dont
le peuple est souverain, à un despotisme » au sein duquel le peuple ne
serait plus qu’esclave. Le Washington (D.C.) Constitution a surnommé
une union forcée (comme il en existait en Union Soviétique) l’extrême de la
méchanceté et le summum de la folie ».
« Le principe premier
dépeint par la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis de Jefferson est que
les gouvernements tirent leur pouvoir du consentement de ceux qu’ils dominent »,
a écrit le New York Daily Tribune.
Si un Etat désire faire sécession dans la paix, il a le « droit moral de
le faire ».
Une union maintenue par la force, à la manière soviétique, serait folle et Quixotique, tyrannique et injuste, « pire qu’une
moquerie », a écrit le Trenton (N.J.) True
American. Faisant écho à la
lettre de Jefferson à John C. Breckenbridge, le Cincinnati
Daily Commercial a un jour écrit qu’il y a « suffisamment de
place pour plusieurs nations florissantes sur ce continent, et que le Soleil
brillera tout autant et que les rivières seront aussi claires dans l’une que
dans l’autre ».
Tous ces éditos ont été
publiés par des journaux du nord des Etats-Unis au cours des trois premiers
mois de 1861 et publiés dans Northern Editorials on Secession
(Gloucester, Mass.: 1964) par Howard Cecil Perkins. Ils
illustrent comment les paroles de Thomas Jefferson dont nous fait part la
déclaration d’indépendance – les Etats sont libres, indépendants et
souverains de la même manière que le sont l’Angleterre et la France, leur
union est volontaire, et le recours à l’invasion et au meurtre de masse pour
forcer un Etat à demeurer dans l’union est un outrage moral – étaient encore
respectées jusqu’en avril 1865, alors que le régime de Lincoln inventait une
nouvelle théorie selon laquelle les Etats n’ont jamais été souverains, l’union
n’était pas volontaire et le gouvernement fédéral avait le droit de prouver
la justesse de ces deux premières vérités en assassinant des centaines de
milliers de citoyens et menant la guerre contre les Etats du sud, ruinant ses
villes, et surnommant ce carnage la « gloire de l’arrivée du Seigneur ».