L’or se présente actuellement comme un cas particulier du complexe des matières premières. Pas uniquement depuis le début de l’année, mais depuis ces 12 derniers mois. Il n’a grimpé que de 3,1 % durant cette période, contre 13 % de hausse pour l‘indice CRB qui mesure les fluctuations de l’ensemble du secteur des matières premières.
Bien entendu, la hausse de 53 % du pétrole a fortement porté cet indice. Le 15 mai dernier, l’or est passé en dessous de la zone de support clé de 1300 $ l’once. Depuis, il a du mal à retrouver son équilibre.
Les coûts d’emprunts des gouvernements continuent de grimper, les obligations américaines sur 10 ans ayant récemment franchi la barre des 3,1 % pour atteindre leur plus haut depuis juillet 2011. Similairement, l’obligation américaine sur 10 ans a également atteint un plus haut de plusieurs années à 2,593 % (août 2008).
Les contrats à terme sur l’or expirant en juin s’échangeaient à 1294 $ au moment de la rédaction de cet article, en baisse d’environ 2 % depuis l’ouverture. Les investisseurs semblent suivre la devise qui suggère d’acheter au plus bas et de vendre au plus haut. Mais est-ce vraiment le cas ?
L’or à court terme
La hausse des prix du pétrole et le retour de l’inflation augmentent la probabilité de voir une FED être forcée de relever ses taux afin de contrôler l’inflation. On pourrait même envisager qu’elle adopte un planning plus agressif qu’anticipé.
Les risques géopolitiques planent depuis un moment déjà, ils semblent être totalement intégrés aux valorisations par les marchés.
À court terme, les perspectives de l’or ne sont pas bonnes. Les taux obligataires qui grimpent indiquent qu’un relèvement du taux directeur américain en juin est presque une certitude, et que le cours de l’or pourrait baisser en réponse. Même si le métal jaune semble survendu, il n’est pas sûr qu’il sera en mesure de ne pas être affecté par la hausse des taux.
L’or à long terme
Simultanément, les taux réels sont en conséquence en train de grimper, ce qui n’est pas de bon augure pour le cours de l’or à long terme.
Le dilemme de l’or de Claude Erb et de Campbell Harvey affirme que les taux réels (taux nominal moins inflation) ont une corrélation négative très forte avec l’or, d’une moyenne de -0,82 entre 1997 et 2012 (-1 représentant une corrélation négative parfaite).
Des taux plus élevés rendent l’or moins attractif en tant qu’investissement (note : comme nous le martelons, ce raisonnement instinctif n’est pas validé par l’histoire ; en revanche, l’impact des taux réels est factuel). (…)
Lorsque l’inflation est supérieure aux taux nominaux, les investisseurs ont tendance à pivoter vers l’or, ce qui fait augmenter son cours. À moins que l’inflation progresse plus vite que les rendements obligataires (ce qui est peu probable vu le double mandat de la FED), il est difficile de concevoir désormais des taux négatifs qui favoriseraient l’or.
Une raison d’espérer
Cela signifie-t-il que les cours de l’or sont condamnés à vivoter pour une nouvelle décennie ? Peut-être pas.
Il y a encore des facteurs en faveur du métal jaune. Tout d’abord, nous avons peut-être atteint le pic de la production d’or, ou nous sommes sur le point d’y être confrontés. Si la production mondiale d’or a augmenté durant ces 9 dernières années de façon ininterrompue, la demande fut toujours supérieure à l’offre. C’est donc l’or existant en surface qui a permis de combler la différence. Par exemple, la production annuelle de 3150 tonnes d’or enregistrée en 2017 fut considérablement inférieure à la demande de 4108 tonnes (chiffres du World Gold Council).
Source : article d’Alex Kimani, publié le 18 mai 2018 sur SafeHaven.com