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La Banque Potemkine de Chine

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Delta Global Advisors
Publié le 10 mars 2017
1336 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editoriaux

Malgré l’intense ralentissement économique global qui a commencé en 2008, l’économie de la Chine semble être restée intacte. Ayant défié l’effondrement mondial de l’immobilier, le PIB du pays a gagné 8,7% en 2009. Après avoir établi un plan de relance initial de 586 milliards de dollars, la Chine a finalement injecté 20 trillions de dollars additionnels dans une bulle sur les actifs immobilisés afin de parvenir aux objectifs de croissance du PIB établis par le gouvernement.

Inspiré peut-être par le film Jusqu’au bout du rêve, le gouvernement chinois a cru en le vieil adage « construisez, et ils viendront ». Au cours des six années qui ont suivi, la Chine a construit des villes fantômes à la pelle. Ces nouveaux bâtiments demeurent aujourd’hui largement inoccupés. On estime à 52 millions les logements vacants, et 90% de ces unités vides ont été achetées à des fins d’investissement uniquement.

Les nouveaux appartements ont été achetés par des investisseurs des classes moyenne et supérieure, pour rester vides après que leurs propriétaires ont manqué de trouver des locataires capables de payer les loyers demandés.

Les investisseurs se sont accablés de lourds prêts immobiliers et de propriétés foncières dont la valeur a commencé à plonger à mesure que se tarissaient les prêts du système bancaire parallèle. En conséquence, les autorités chinoises ont cherché à créer une autre bulle, sur une classe qu’elles pouvaient plus facilement manipuler. Si le citoyen moyen n’était plus en mesure de s’acheter de propriété, pourquoi ne pas créer un effet de richesse en générant un marché haussier perpétuel sur les actions ?

Substituant les comptes de courtage sur capital modeste aux villes fantômes, les prêteurs chinois ont établi des comptes de marge avec la même ferveur que les prêteurs américains de prêts hypothécaires à risque en 2006. En plus des comptes de courtage conventionnels, 40 prêteurs en ligne ont établi plus de 7 milliards de yuans de prêts destinés à des investissements sur le marché boursier au cours des cinq premiers mois de 2015. Les volumes de ces prêts ont gonflé de 44% entre le mois d’avril et le mois de mai.

Le problème de financement sur marge de la Chine a rapidement atteint des proportions désastreuses. Les opérations sur marge ont été multipliées par trente sur le marché de Shanghai au cours de ces trois dernières années. La dette de marge a gonflé de 123% sur un an, pour atteindre un nouveau record de 2,3 trillions de yuans (370 milliards de dollars) le 18 juin dernier.

En revanche, certains analystes pensent que les sommes empruntées par les investisseurs chinois sont plus importantes encore. L’étendue des financements sur marge du système bancaire parallèle, qui inclut les fonds ombrelle et les prêts garantis par des actions, pourraient facilement représenter en Chine continentale deux ou trois fois les financements de marge conventionnels effectués par l’intermédiaire de courtiers.

Contrairement aux autres marchés boursiers majeurs, qui sont dominés par des professionnels de la gestion monétaire, les investisseurs particuliers représentent 85% du négoce chinois.

Pendant une brève période, cette solution a permis de faire face comme par magie à l’éclatement de la bulle sur l’immobilier. Le Shanghai Composite a commencé l’année 2015 à 3.234 points pour atteindre 5.023 points le 4 juin – une hausse de 150% sur douze mois – avant de décliner jusqu’à 3.800 points aujourd’hui.

Mais le marché est encore loin d’être négocié à escompte. Malgré le récent carnage, les actions de Shanghai se négocient à 57 fois les bénéfices. C’est bien moins que le ratio cours/bénéfice de plus de 100 enregistré au mois de juin, mais toutefois trois fois plus que le ratio cours/bénéfice du S&P 500.

Le régime totalitaire établit tous les jours de nouvelles modifications dans une tentative désespérée de limiter l’effondrement. Mais la baisse des taux d’intérêt de la Banque populaire de Chine, la réduction du ratio de réserves obligatoires et l’assouplissement des règles de négoce ne sont jusqu’à présent pas parvenus à calmer les investisseurs.

Les sociétés de courtage et gestionnaires de fonds se sont engagés à acheter de grosses quantités d’actions grâce à une ligne de liquidité directe fournie par la Banque populaire de Chine, qui monétise directement les prêts titrisés de China Securities Finance Corporation (une société de financement sur marge soutenue par l’Etat chinois).

Le pays tente également de pousser les dirigeants de sociétés à racheter leurs propres actions. Mais au vu des pratiques comptables douteuses de la Chine et des prix des actions aujourd’hui complètement détachés de leurs bases fondamentales, mieux vaudrait demander à Jim Jones de boire son propre Kool-Aid. La Chine a également promis de mener l’enquête sur les positions à découvert « malintentionnées » (en d’autres termes, elle a mis fin aux ventes à découvert au travers de menaces de séjour dans les prisons de son gouvernement communiste) et interdit les ventes d’actions par tout actionnaire qui détiendrait plus de 5% d’intérêts dans une compagnie.

Pire encore, plus de 50% des actions sur la bourse principale de Shanghai sont désormais en arrêt de négociation. Imaginez où en serait le marché boursier chinois si elles étaient échangées librement. Si tant est que nous puissions encore parler de « marché boursier ». Peut-être le gouvernement chinois sera-t-il en mesure d’empêcher les actions de plonger davantage, mais il ne pourra rien faire pour éviter l’effondrement ultime de son économie fictive.

La situation fâcheuse dans laquelle se trouve aujourd’hui la Chine est bien pire que l’effondrement boursier qui a frappé les Etats-Unis en 1929 et la bulle économique japonaise de 1989. Malgré ce que nous disent les aboyeurs de carnaval de Wall Street, l’économie chinoise souffre aujourd’hui de l’évaporation de l’effet de richesse. Les nouveaux millionnaires chinois, étayés par leur nouveau capital boursier, ont alimenté l’économie de consommation qui était censée remplacer un modèle de croissance basé sur les exportations.

Mais après une débâcle boursière qui a vu disparaître environ 3,2 trillions de dollars de valeur perçue, les ventes automobiles ont perdu 3,2% sur un mois en juin. Il s’agit là du premier déclin enregistré par le secteur en plus de deux ans, qui réfute l’idée que l’économie chinoise continue de croître au taux bidon de 7% annoncé par le gouvernement.

Autrefois chouchou de l’utopie keynésienne, la Chine florissante a attiré ceux qui pensaient que le pouvoir de commandement et de contrôle d’une économie était de loin plus efficace que celui du marché libre.

Alors que le régime économique communiste commence à se défaire, la bulle sur la théorie selon laquelle un petit groupe de planificateurs centraux est capable de prendre de meilleures décisions que plusieurs millions de personnes agissant de leur propre gré et dans leurs propres intérêts devrait elle-aussi éclater. Et il y a de fortes chances que la bulle sur la confiance en la capacité des banques centrales à sauver tous les marchés possibles n’en sorte pas non plus intacte.

Les Chinois sont des communistes qui se font passer pour des capitalistes. Ils n’ont aucune idée de ce qu’est un marché libre. Ils ont établi une bulle artificielle sur les actions, en équilibre sur la bulle sur l’immobilier. Et les voilà qui s’acharnent à les faire toutes deux flotter à perpétuité.

N’allez pas croire que la Chine soit la seule à dédaigner les marchés et à chercher à établir une façade de prospérité à tout prix. Les gouvernements et les banques centrales du Japon et des Etats-Unis ont eux-aussi éviscéré le mécanisme de découverte des prix. Ce qui nous reste aujourd’hui n’est que des bulles sur les actifs qui flottent au-dessus d’économie synthétiques, et qui sont parvenues à établir une confiance universelle en la capacité des gouvernements à emprunter et à imprimer leur chemin vers une prospérité perpétuelle.

Ces banques centrales Potemkine ne seront jamais capables que d’ériger des économies creuses sur de la monnaie contrefaite. Il vous faut donc établir une stratégie qui vous permettra de profiter du destin inévitable de ces économies, qui sera une inflation hors-de-contrôle et une dépression prolongée… qui durera jusqu’à ce que les gouvernements embrassent à nouveau le pouvoir du marché libre.

 

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