La Bundesbank, la puissante
banque centrale allemande, a annoncé publiquement ce matin le rapatriement de
davantage d’or déposé auprès de banques centrales étrangères – à savoir la
Banque de France à Paris et la Réserve fédérale de New York.
« La Bundesbank a
pris la décision de poursuivre et d’accroître le transfert d’or actuel, a
déclaré la banque dans un récent communiqué.
La mise en place de notre nouveau plan de dépôt se fera sans à-coup. Les
opérations actuelles de rapatriement se font en temps et en heure », a
dit Carl-Ludwig Thiele, membre du Comité exécutif de la Bundesbank.
Les réserves d’or de l’Allemagne
sont les deuxièmes plus importantes du monde après celles des Etats-Unis. Les
plus récentes données publiées par le Conseil mondial de l’or montrent que
les réserves d’or de l’Allemagne s’élèvent aujourd’hui à 3.384,2 tonnes de
métal.
La Bundesbank a
également inclus des tableaux à son communiqué de presse dans une tentative
de se montrer plus transparente et de permettre au public de comprendre une
situation qui demeure importante pour une majorité de la classe politique et
financière allemande et pour un public concerné par une nouvelle crise de la
dette en zone euro.
Selon les données de la
banque centrale, 1.447 tonnes de métal allemand sont aujourd’hui déposées
dans les coffres de la Réserve fédérale à New York, 438 tonnes dans ceux de
la Banque d’Angleterre à Londres, et 307 dans ceux de la Banque de France à
Paris.
Depuis que les
transferts ont commencé en 2013, la Bundesbank a dit avoir rapatrié un total
de 157 tonnes d’or jusqu’à Francfort – 67 tonnes depuis Paris et 90 depuis
New York.
« En 2014, 120
tonnes d’or ont été transférées vers Francfort depuis des infrastructures de
stockage étrangères : 35 tonnes depuis Paris et 85 tonnes depuis New
York », stipule le communiqué.
Voilà qui suggère que la
Bundesbank continue d’avoir des difficultés à obtenir le rapatriement de son
or depuis New York.
Il est important de se
rappeler que les
Pays-Bas ont rapatrié dans le plus grand secret 122 tonnes de leur or
national depuis New York en 2014.
Depuis la deuxième
guerre mondiale et la défaite de l’Allemagne, et pendant la Guerre froide,
les réserves d’or de l’Allemagne ont été déposées dans les coffres d’autres
banques centrales – la Banque de France, la Banque d’Angleterre et la Réserve
fédérale.
Depuis la crise globale
de la dette et les crises qui se sont développées aux Etats-Unis et en
Europe, certaines banques centrales ont tenté de rapatrier leurs réserves d’or
– afin de pouvoir les utiliser comme réserve d’actifs dans l’éventualité d’une
crise monétaire.
L’Allemagne s’attend à
rapatrier la moitié de ses réserves d’or avant 2020. La déclaration d’aujourd’hui
laisse supposer que 23% des réserves qui doivent lui être retournées ont été
livrées à Francfort.
Dans son communiqué, la
Bundesbank tente de son mieux de souligner la nature authentique du transfert.
« La Bundesbank
assure l’identité et l’authenticité des réserves d’or allemandes au travers
du processus de transfert – depuis le moment où l’or est retiré des entrepôts
jusqu’à son arrivée à Francfort.
« Aussitôt que l’or
est retiré des infrastructures de stockage à l’étranger, les employés de la
Bundesbank comparent les listes de barres qui appartiennent à la banque
allemande avec les informations relatives aux barres retirées. Une fois que
ces barres arrivent en Allemagne, elles sont inspectées et vérifiées par la
Bundesbank.
« Suite aux
inspections, aucune irrégularité n’a été notée quant à l’authenticité des
barres, leur finesse ou leur poids ».
Il n’en est pas moins qu’un
élément curieux puisse éveiller les curiosités de ceux qui sont familiers
avec le marché de l’or. « La Bundesbank a tiré parti du rapatriement de
son or depuis New York pour refondre 50 tonnes de barres sous forme de barres
conformes aux critères de Good Delivery fixés par le LBMA, qui sont
internationalement reconnus ».
Les observateurs de
longue date noteront que la demande initiale de l’Allemagne a été déclinée.
Le pays s’est vu refuser l’opportunité de pouvoir attester de la présence de
son or à New York pour des raisons de « sécurité ».
Voilà qui a poussé
certains à croire que la Fed – dont les réserves d’or n’ont pas fait l’objet
d’un audit public depuis 1953 – n’est pas en possession de l’or dont elle est
supposée être le gardien. La fonte immédiate de 50 tonnes d’or avant qu’elles
puissent être auditées en Allemagne ne fera rien pour lever ces suspicions.
D’un point de vue plus
large, cette affaire réaffirme l’idée que les banques centrales d’aujourd’hui,
les maîtres monétaires des devises que nous utilisons, perçoivent l’or comme
un actif monétaire vital et une valeur de réserve. Elle laisse également
transparaître un manque de confiance mutuelle entre les banques centrales,
une confiance qui semble davantage endommagée par le chaos généré par la
décision unilatérale prise par la Banque nationale suisse la semaine
dernière.
Nos lecteurs devraient
suivre les conseils de Marc
Faber et devenir leur propre banque centrale. Aujourd’hui plus que
jamais, il est essentiel de posséder de l’or sur des comptes alloués ouverts
dans les régions sûres du monde.
D’autres banques
centrales ont sans doute tenté de rapatrier en secret leurs réserves d’or
depuis Londres et New York. Voilà qui aurait le potentiel de générer une
vente forcée des positions à découvert à mesure que les banques centrales se
trouveront forcées d’intégrer le marché pour y acheter le métal physique qu’elles
pensaient déjà posséder.