Ça y est. C’est fait. J’ai écrit le mot « bitcoin ».
M’assurant par là-même une lecture attentive, à tout le moins du titre de
mon article. Lecture qui sera peut-être vite contrariée par la seconde moitié
du titre. Véritable phénomène de mode, habilement relayé par les médias,
porté aux nues par de nouveaux gourous, le bitcoin n’en finit pas d’alimenter
les conversations de comptoir, entre les pronostics de matchs de football et
les commentaires sur l’héritage de Johny Hallyday.
Partant du principe qu’à l’heure où j’écris ces lignes tout le monde est
censé savoir ce qu’est le bitcoin, je ne m’attarderai pas à en restituer la
genèse et renvoie ceux qui voudrait un cours didactique à son sujet aux
véritables spécialistes de crypto-monnaies. Oui, il en existe. Peu, il est
vrai. Je citerai mon ami Éric Mermod, fondateur du site Contre-Tendance.com, qui suit le
bitcoin depuis sa naissance il y a onze ans. J’analyserai le phénomène
bitcoin sous le seul angle qui vous intéresse : Faut-il en
acheter ?
Nous pouvons observer une corrélation de 1 entre les températures
négatives que nous avons connues et le cours du bitcoin. En effet, plus la
température descend plus cela a un impact négatif sur le cours du bitcoin :
la consommation d’énergie augmentant lors de basses températures, son prix
augmente et rend le bitcoin, qui comme nous le savons, est un grand consommateur
d’énergie électrique, plus cher à produire. Ceci impacte directement sur son
cours en le rendant moins attractif. Fantaisiste ? Bien sûr. Complètement.
Mais bien moins que la plupart des prédictions que j’ai pu lire sur
l’évolution du cours du bitcoin.
Le 1er décembre 2017, lorsque le Bitcoin était à 19’000 dollars, après une
hausse de plus de 600% dans l’année, j’avais écrit que nous étions très
clairement dans une situation de bulle.
J’attirais exclusivement l’attention sur la hausse vertigineuse du bitcoin
sur un cours laps de temps. Je pourrai écrire un autre article sur les
réactions hystériques qu’a déclenché mon commentaire. A coup de graphiques
plus illisibles les uns que les autres, certains m’ont affirmé que, bien au
contraire, le bitcoin allait très vite atteindre les 100’000 dollars, voire
les 200’000 dollars. Un « trader », digne du film mythique le
« Dîner de Cons », champion du monde toute catégorie, m’a même
affirmé que 2018 sera l’année où le cours du bitcoin touchera le…million de
dollars.
Aujourd’hui nous sommes autour de 9000 dollars. Oups. Soit vous avez été
une personne très intelligente et avez vendu tous vos bitcoins en décembre
2017. Félicitations. Cherchez un autre pari maintenant. Soit vous avez acheté
tous vos bitcoins en décembre 2017 autour de 19’000 dollars. Et-là, désolé,
vous avez été d’une incroyable cupidité (pour ne pas dire autre chose) et
vous avez perdu plus de 50% de votre investissement en à peine trois mois.
Ne comptez pas sur moi pour vous trouver des circonstances atténuantes
autre que l’ignorance. Car s’il y a bien un problème que pose le bitcoin,
c’est l’impossibilité totale de procéder à son évaluation.
La valeur théorique d’une monnaie comme le dollar ou l’euro est
traditionnellement déterminée par les échanges dans le marché de change, son
taux d’intérêt, laconfiance que l’on accorde au pays émetteur, l’importance
de la richesse, la stabilité, la croissance économique et la puissance
stratégique du pays émetteur, les différences d’inflation entre les
pays, la balance des paiements courants, la facturation dans les échanges.
Rien de tout cela avec le bitcoin.
Les méthodes traditionnelles d’évaluation de monnaies ne s’appliquent pas
et, pour le moment, il n’existe pas assez de volume de transactions, de
pérennité dans les échanges propres aux crypto-monnaies pour voire
l’émergence d’une nouvelle méthode d’évaluation qui leur soit propre.
Rappelons que le litcoin est à la base un logiciel, une crypto-monnaie, créé
pour échapper aux Banques Centrales et à toute régulation. L’évaluer et
par-là même essayer d’anticiper son cours est impossible.
Ceux qui le font sont au mieux des rêveurs au pire des charlatans. A
vous de voir lorsque l’un d’eux essaiera de vous convaincre d’en acheter. En
vous promettant l’investissement du siècle. Car acheter aujourd’hui du
bitcoin (je dis bien aujourd’hui) s’apparente à jouer au casino. Votre
investissement en crypto-monnaie peut très vite se transformer en
crypto-poubelle.
Ce que j’observe autour du bitcoin me rappelle la crise russe en 1998, la
bulle internet en 2000, le 11 septembre 2001, la fraude d’Enron en 2002, et
bien sûr la crise des Subprimes de 2008. Mais à aucun moment je ne remets en
cause l’existence du bitcoin, des crypto monnaies, voire de la blockchain.
Pour une raison très simple : personne aujourd’hui n’est capable de dire si
les crypto- monnaies vont se généraliser ou disparaître. Toute affirmation
allant dans un sens ou l’autre est une aberration intellectuelle. Seul le
temps le dira. De même, ceux qui nient l’existence-même du phénomène bitcoin,
des autres crypto monnaies et de la blockchain font une erreur d’appréciation
énorme. Un déni de réalité.
À mon avis, nous pouvons tracer un parallèle avec l’émergence des
« .com ». L’apparition d’un phénomène nouveau, Internet, puis
spéculation, bulle, crash. Mais de tout ça est resté Internet, Google,
Amazon, Yahoo. Je pense que le bitcoin et les crypto monnaies se trouvent
exactement où se trouvaient les « .com » lors du crash. Et de tout
ce que nous observons aujourd’hui il restera quelque chose à l’avenir.
Pas une extinction mais une évolution.
Oscar Bartolomei a développé l’essentiel de sa carrière en tant que
gestionnaire de fortune international à Genève. Quadrilingue, Il a travaillé
pour des établissements bancaires de premier plan: Crédit Suisse, ABN Amro et
Lloyds Private Banking où il était responsable Amérique Latine pour la
gestion privée. Fort de cette expérience, Oscar a très vite acquis la
conviction que seules les structures du type Family Office étaient à même
d’offrir un service à la fois global et sur mesure à une clientèle haut de
gamme. Spécialisé dans la constitution et le développement de telles
structures, Oscar a ouvert un premier Family Office à Genève en 2007. Il est
aujourd’hui responsable du développement d’un Family Office à Genève.