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Cours Or & Argent

Le Don Fanucci de la politique américaine

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lewRockwell
Publié le 19 mars 2016
2247 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
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L’année 2015 a marqué le 150éme anniversaire de la fin de la Guerre civile aux Etats-Unis, plus correctement décrite comme la guerre qui a empêché l’indépendance des Etats du sud. Elle marque également le 31ème anniversaire du film Le Parrain 2, dont une seule scène suffit à illustrer la véritable cause de la Guerre civile.

La scène en question implique un parrain de la Mafia new-yorkaise de Hell’s Kitchen du début du XXème siècle, Don Fanucci, dont le personnage est inspiré d’un véritable parrain de la Mafia du nom d’Ignazio Lupo. Dans cette scène, Don Fanucci rencontre le jeune Vito Corleone (qui deviendra plus tard le Parrain) après avoir eu vent du succès de Vito et de ses amis en tant que voleurs dans le voisinage. L’objectif de cette rencontre était de soutirer de l’argent aux jeunes aspirants mafieux, puisqu’après tout, c’était là l’entreprise première de la Mafia de l’époque. Don Fanucci (comme Ignazio Lupo) allait rendre visite à tous les gens d’affaires de Hell’s Kitchen pour leur dire que « s’ils veulent continuer de faire des affaires dans ‘mon’ quartier, ils devront me reverser un pourcentage – sinon… » (Ignazio Lupo n’était pas un plaisantin, on lui attribue au moins soixante meurtres). Voici ce que Don Fanucci dit à notre jeune Vito Corleone dans Le Parrain 2 :

Don Fanucci à Vito Corleone : « J’entends dire que toi et tes amis volent dans le voisinage. Mais tu n’envoies pas même une robe à mon adresse ! Quel manque de respect ! Tu sais que j’ai trois filles. C’est mon quartier. Toi et tes amis devraient me faire preuve de respect. Vous devriez me laisser me mouiller le bec de temps en temps. J’ai entendu dire que vous aviez tiré 600 dollars chacun. Donnez-moi 200 par tête, pour votre protection. Et je passerai l’éponge sur l’insulte commise. Les jeunes punks que vous êtes doivent apprendre à respecter les hommes comme moi ! Sans quoi les flics ne tarderont pas à venir toquer chez toi. Ta famille sera ruinée. Si je me trompe quant à ce que tu as volé, je prendrai un peu moins. Et par moins, je veux dire cent dollars de moins. Ne refuse pas mon offre. Tu m’as compris, paysan ? Dis à tes amis que je ne demande pas beaucoup. Juste assez pour me tremper le bec. N’aie pas peur de le leur dire ! »

Dans la scène suivante, Vito Corleone assassine Don Fanucci et devient le nouveau Parrain du quartier, et collecteur de la monnaie extorquée en échange du privilège de faire affaires dans son quartier.

La cause criminelle de la Guerre civile

Dans son premier discours d’investiture, Abraham Lincoln a présenté la même menace aux Etats du sud. Mais en tant que chef d’un puissant gouvernement, et non de simple criminel. Sa menace impliquait une invasion et de véritables « bains de sang » (ses propres mots) ainsi qu’une guerre qui a, selon de récentes recherches, coûté la vie à 850.000 Américains. L’Etat, nous explique Murray Rothbard dans son essai intitulé « The State », est parasite par nature. Il vit de manière coercitive, de la production de ses citoyens. L’objectif de l’Etat est le pillage par la classe gouvernante de ceux qui ne gouvernent pas. Comme Rothbard l’écrit ensuite en citant Albert Jay Nock, « l’Etat réclame et exerce un monopole du crime… il interdit le meurtre privé, mais organise lui-même le crime sur une échelle colossale. Il punit le vol privé, mais met ses mains peu scrupuleuses sur tout ce qu’il désire, qu’il s’agisse de la propriété d’un citoyen ou d’un étranger ». Comme l’a un jour dit George Washington, « le gouvernement n’est pas la raison, il n’est pas éloquent, il est la force, et peut potentiellement devenir un maître terrible ».

L’extorsion est la préoccupation primaire des Etats et des chefs d’Etat. Fred McChesney, économiste et chercheur juridique, a écrit dans son livre intitulé Money for Nothing: Politics, Rent Extraction, and Political Extortion (Harvard University Press, 1997) qu’aux Etats-Unis, à n’importe quel niveau que ce soit, les gouvernements proposent des taxes et régulations onéreuses et potentiellement désastreuses aux entreprises et industries afin de pouvoir solliciter des « contributions de campagne ». Après que des millions de dollars sont envoyés aux politiciens des deux partis, les taxes et régulations proposées sont retirées. Elles sont connues par les insiders de Capitol Hill sous le nom de « projets de loi de trayeurs », puisqu’elles visent à la traite des hommes d’affaires, à la Don Fanucci, exception faite des menaces de mort. Des menaces de ruine économique (ou d’audits sur les revenus) ont tendance à suffire.

En 1861, Abraham Lincoln était un homme politique de l’Illinois dont la réputation dans le monde politique était d’être un grand champion du patronage et de la subvention des entreprises parasites. Il était un riche avocat qui représentait toutes les corporations de chemins de fer du Mid-West. Il voyageait toujours en wagon privé, à la courtoisie de l’Illinois Central Railroad, accompagné d’un entourage de directeurs, et vivait dans la plus grande maison sur ce qu’on appelle aujourd’hui Old Aristocracy Row, à Sprinfield. Son cabinet juridique était situé à cinquante pas de la porte d’entrée du siège de la législature de l’Illinois.

Lincoln a passé toute sa carrière politique à tenter d’utiliser des pouvoirs de l’Etat au bénéfice des sociétés parasites (les un pourcent d’aujourd’hui), d’abord dans l’Illinois, puis au sein des Etats du nord en général, au travers de tarifs protectionnistes, de subventions de routes, de canaux et de chemins de fer, et d’une banque nationale contrôlée par les politiciens pour financer tout cela. C’était là le vieil agenda du parti hamiltonien/Whig qu’Hamilton lui-même a qualifié de « système américain ». En réalité, il s’agissait plus d’une version américaine du système mercantiliste rouillé et corrompu de Grande-Bretagne, qui bénéficiait aux corporations proches de la sphère politiques et aux dépens de tous les autres.

Dans son premier discours d’investiture, Lincoln n’a pas perdu de temps pour s’établir en tant que Don Fanucci de la politique américaine. Dans la première partie de son discours, il a pris la défense de l’esclavage dans les Etats du sud, et a peut-être fait l’apologie la plus vigoureuse jamais faite par un politicien américain. L’objectif en était de maintenir les Etats du sud dans l’Union et, plus important encore, de le forcer à continuer de verser leurs taxes fédérales, qui avaient plus de doublé juste deux jours auparavant suite à la signature de la loi Morrill par le président Buchanan. (A l’époque, les tarifs d’importation représentaient environ 90% des recettes fédérales. La loi Morrill a fait passer le taux tarifaire moyen de 15 à 32,6%, et élargi la palette de produits couverts. Cette taxe est plus tard passée à 47%).

Sur la question de l’esclavage, Lincoln a promis d’apporter son soutien le plus optimal. « Je n’ai aucune intention, directe ou indirecte, d’interférer avec l’institution de l’esclavage dans les Etats où il est encore en place. Je pense n’avoir aucun droit de le faire, et n’ai aucune intention de le faire. »

Il a ensuite rappelé à son audience de Washington DC que cette défense de l’esclavage dans les Etats du sud était un point clé de la plateforme républicaine de 1860. « Ceux qui m’ont nominé et élu l’ont fait dans la certitude que je ferais cette exacte déclaration, et que je ne renierais pas mes promesses… Aujourd’hui, je réitère mes propos. »

Et puis Lincoln a offert son soutien à la mise en place de la loi sur les esclaves fugitifs, qui demandait aux citoyens des Etats du nord de traquer les esclaves ayant pris la fuite. Il a également offert son soutien à l’amendement Corwin, déjà approuvé par la Chambre et le Sénat, qui aurait interdit au gouvernement d’interférer avec l’esclavage dans les Etats du sud. Le texte du « premier treizième amendement » a été rédigé ainsi : « Aucun amendement ne pourra être fait à la Constitution qui autoriserait ou donnerait le droit au Congrès  d’abolir ou d’interférer, au sein de tous les Etats, avec les institutions domestiques, à l’inclusion de la réduction de certaines personnes à l’état de servitude. »

Au milieu du mois de mars 1861, Lincoln a envoyé des copies de cet amendement à tous les gouverneurs des Etats-Unis. Dans son premier discours d’investiture, il a mentionné cet amendement par ces termes : « Je comprends qu’une proposition d’amendement à la Constitution – que je n’ai moi-même pas lue - ait été approuvée par le Congrès, qui demande à ce que le gouvernement fédéral n’interfère jamais avec les institutions domestiques des Etats membres de l’Union, à l’inclusion de l’état de servitude de certaines personnes… Je n’ai aucune objection quant à la mise en place et au caractère irrévocable de cette loi constitutionnelle. »

Pour ce qui est de l’esclavage, Lincoln n’a même pas mentionné la possibilité d’un compromis. Il s’est contenté de défendre l’esclavagisme des Etats du sud. C’est tout. Pour lui, aucun compromis n’était nécessaire. La seule opposition à l’esclavage qui ait jamais été discutée par Lincoln et le parti républicain était l’opposition à l’extension de l’esclavage sur les nouveaux territoires, justifiée par deux raisons. La première était que, en raison de la clause des trois-cinquièmes de la Constitution, limiter l’esclavagisme limiterait également la représentation du parti démocrate que Congrès, et rendrait plus simple l’établissement du « système américain ». Deuxièmement, le parti républicain cherchait à courtiser le nord blanc suprématiste en promettant aux électeurs du nord qu’aucun Noir ne viendrait vivre chez eux ou ne viendrait leur prendre leur emploi.

Sur la question des tarifs, Lincoln s’est prouvé être un tyran sans scrupules. « Il n’y aura nul besoin de bain de sang ou de violence », a-t-il annoncé lors de son premier discours d’investiture. Pourquoi un président américain pourrait-il penser nécessaire le recours à des bains de sang et à la violence contre ses propres citoyens ? C’est ce qu’il a expliqué dans sa phrase suivante : « Le pouvoir qui m’a été livré sera utilisé pour maintenir, occuper et posséder la propriété et le rôle du gouvernement, et de collecter taxes et impôts ; mais au-delà de ce qui est nécessaire à leur collecte, il n’y aura pas d’invasion ou de recours à la force contre les peuples, où qu’ils soient. »

Lincoln est devenu Don Fanucci. Ce qu’il a voulu dire était essentiellement ceci :

« Voici où nous en sommes. L’esclavage est déjà légal et constitutionnel sous le système gouvernemental américain, et l’a été depuis 1776. Nous, citoyens du nord, ne devrions pas hésiter à rendre l’esclavage irrévocable dans la Constitution. Si vous êtes inquiet des appels à la rébellion d’esclaves dans les Etats du nord, vous vous trompez. Restez dans l’Union, et votre propriété continuera d’être protégée.

« L’esclavage est une entreprise profitable et nous, au nord, avons l’intention de partager ces profits. C’est l’un des objectifs du tarif de Morrill, qui vient de doubler le taux moyen. Si vous, citoyens du sud, exportez au moins trois quarts de vos produits agricoles et vous reposez tant sur le commerce avec l’étranger ; les gens du nord ne peuvent pas tolérer les politiques de libre-échange que vous avez inscrites dans la Constitution des confédérés. (La Constitution confédérée rendait illégaux les tarifs protectionnistes). Le libre-échange dans les Etats-Unis, et des tarifs de 50% au nord, la pierre angulaire de la plateforme républicaine de 1860, détruiront les ports du nord ainsi que notre commerce. Nous ne le permettront pas. Nous avons la volonté et le pouvoir de faire usage de la force, de bains de sang et ne reculeront pas devant une invasion des Etats du sud. Nous ne reculerons pas face à ceux qui cherchent annuler les taxes en Caroline du Sud, comme l’a fait mon prédécesseur Andrew Jackson il y a trente ans.

« Nous ne sommes pas plus gourmands que nos homologues européens. Tout ce que nous voulons, c’est tremper notre bec en taxant une partie de vos profits liés à l’esclavage. Nul besoin de violence ou de bains de sang – tant que vous faites ce que nous vous demandons. »

C’est ainsi que les politiciens du sud ont compris les motivations de l’élite politique yankee de 1861. Jefferson Davis l’a lui-même démontré dans son propre discours d’investiture à Montgomery, en Alabama, le 18 février 1861 :

« Notre politique véritable est celle de la paix, et notre objectif un commerce aussi libre que possible… il ne devrait y avoir que peu de restrictions à l’échange de marchandises… Si la passion ou la convoitise peuvent troubler le jugement ou enflammer les ambitions des Etats du nord, nous devons nous préparer à faire face à l’urgence afin de maintenir, par l’épée si nécessaire, la position que nous avons prise. »

Les autres raisons avancées par les Etats du sud pour justifier leur demande de sécession n’ont aucune importance dans la justification du conflit. La sécession ne nécessitait pas la guerre. Lincoln a promis la guerre pour des raisons de taxes dans son premier discours d’investiture. Quand les Etats du sud ont refusé de verser son tarif Morrill bien-aimé dans les ports du sud, il a tenu sa promesse d’invasion et de bains de sang, et mené la guerre contre les Etats du sud. Aucun gangster de l’Histoire du monde n’avait encore mis en place un système de racket grâce à un recours plus gargantuesque à la mort, au saccage et à la destruction.

 

 

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Thomas DiLorenzo est économiste et professeur au Loyola College du Maryland. Il est l'auteur de 10 livres sur l'histoire américaine, les politiques antitrust et l'interventionnisme de l'état dans l'économie en général.
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