La fameuse expression de B. Franklin «le temps c'est de l'argent» peut être prise au pied de la lettre sur l'île de Bali dans l'archipel indonésien.
Dans les communautés de villages, il existe depuis toujours deux formes de monnaies : la monnaie officielle à savoir la roupie indonésienne qui a cours légal dans le pays, ainsi qu'une seconde devise libellée en temps et exclusivement crée par la communauté. Un bloc de cette valeur d'échange équivaut approximativement à 3 heures.
Quand la communauté a besoin d'organiser un festival ou de construire une école par exemple, deux budgets sont prévus : un en devise nationale et l'autre en «monnaie temps». Les personnes les plus pauvres du village pourront alors investir plus de temps dans le projet et moins d'argent, alors que les membres les plus aisés du groupe injecteront plutôt de l'argent.
Cette forme de coopération entre les individus ainsi que le système dual de monnaie est le ciment de la société balinaise. Les habitants participent effectivement sur un pied d'égalité dans le financement des projets communs et peuvent même, dans la limite de ne pas nuire à leur communauté, participer au financement d'autres projets dans d'autres communautés.
L'existence de ce système particulier montre bien que la monnaie joue un rôle éminemment social. C'est les sociétés et les cultures qui créent les monnaies, pas les gouvernements. Vouloir imposer une monnaie ne ferait donc qu'accentuer les inéquations économiques d'une population.
La désastreuse histoire de la monnaie
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