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Les colosses les plus imposants

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Publié le 15 août 2011
1257 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Le système financier a beau être secoué par de nouvelles bouffées délirantes, le monde occidental au bord de la récession, il ne perd pas le Nord pour autant. Manifestant contre vents et marées la même constance dans la défense de ses intérêts que ses laudateurs dans la promotion de leur vision biaisée de la société.


Un même discours péremptoire est martelé, qui n’emprunte qu’un seul mot à un vocabulaire ne se renouvelant pas : celui de la rigueur. L’appliquant aux dépenses de l’Etat et non au fonctionnement du système financier, qui en est lui dispensé. Contribuant à une campagne d’intoxication destinée à faire admettre que les coupes budgétaires sont rédemptrices et que le salut de tous est à ce prix. Faisant appel à des réflexes enfouis de bonne ménagère, ou de bon père de famille, selon lequels on ne dépense que ce que l’on possède, assimilant faussement le budget de l’Etat à celui de chacun d’entre nous.


Un mot magique a dès lors fait florès : restructuration. Pas de la dette ni des finances, mais de l’économie ! Car l’économie doit changer pour que la finance se porte bien, curieux retournement. A la faveur des plans d’austérité qui envahissent le paysage comme chardons et épineux au printemps, ce mot se décline dans tous les pays occidentaux. Avec pour unique traduction la privatisation de ce qui peut encore l’être, la suppression des « rigidités » du marché du travail, l’étranglement financier des collectivités locales et leurs services, et la diminution des prestations sociales… Ainsi que, pour accréditer le partage des sacrifices, des mesures toutes symboliques affectant les détenteurs de revenus les plus élevés, quand c’est le cas, afin de faire passer le ragoût. Le plan italien qui vient d’être adopté est de ce point de vue un cas d’école.


Dans cette même veine, le ministre libéral de l’économie allemand, Philippe Rösler, vient d’innover en suggérant la création en Grèce de « zones économiques spéciales », destinées à relancer l’économie, au sein desquelles les entreprises bénéficieraient de mesures fiscales dérogatoires. Excellente idée pour améliorer les recettes fiscales de l’Etat et diminuer son déficit !


La fracture sociale a pris la succession de l’ascenseur du même nom, en panne de longue durée comme affiché. Loin d’être réduite, elle s’élargit : les inégalités de revenu et de patrimoine se creusent, la précarité s’élargit. Le pire est que l’ensemble se banalise et que la lutte contre la marginalisation sociale est devenue synonyme de cause perdue. S’y oppose, en haut de l’échelle, un monde qui cultive son propre enfermement pour mieux protéger ses privilèges.


Des émeutes soudaines, présentées sous un jour purement criminel en profitant des pillages, sont l’occasion pour la coalition gouvernementale de s’affirmer comme le parti de l’ordre en jouant sur la peur et en appelant à la délation, sa compagne de toujours. David Cameron, le premier ministre, est allé jusqu’à prévoir de faire appel à l’armée. En attendant, il impose des couvre-feu locaux, tous les quartiers surveillés par un réseau mégalomane de caméras. Le ministre des finances libéral, George Osborne, réaffirme plus que jamais nécessaire la poursuite du plan d’austérité britannique, sur l’air connu qu’il faut gratter jusqu’à l’os. Est-ce que ce modèle britannique cauchemardesque est lui aussi destiné à faire école ?


Tout semble se passer comme si les représentants qualifiés du capitalisme financier voulaient profiter de la crise en cours pour accentuer la financiarisation de l’économie, justifiant une nouvelle cure d’amaigrissement de l’Etat, ne retenant de la crise financière globale que le seul endettement public. Dissimulant la monstruosité de la bulle financière derrière l’obésité de la dépense publique. Allant chercher, comme des parasites, leurs bénéfices sur de nouveaux terrains de jeu, dans les pays émergents prometteurs de merveilles, sans négliger ce qui peut encore être glané sur les anciens. Spéculant sur la résignation quand ce n’est pas sur la peur, sur le désir d’ordre rassurant quand tout va mal, sur la crainte de perdre ce que l’on possède encore, dont d’autres plus démunis pourraient s’emparer. Un très mauvais terreau.


Ces mauvaises intentions ne sont pas sans susciter des réactions spectaculaires. A tout seigneur, tout honneur, les premiers indignés furent portugais, avant d’être espagnols puis grecs. D’autres relais ont depuis été pris, le plus inattendu, en Israël, à la fois au contact des révolutions arabes et des protestations occidentales. Sans négliger celui – de grande ampleur également – qui se poursuit tout au loin, au Chili. En n’oubliant pas non plus les Américains de Madison, dans le Wisconsin, qui ont renoué avec l’histoire protestataire oubliée de leur pays. Cela fait beaucoup et peu à la fois.


Les formes de mobilisation comme les cris de l’indignation sont propres à chaque pays, mais ils expriment tous une protestation sociale identique, le refus d’une précarité montante devenue destin partagé de classes moyennes habituées aux bienfaits des Trente glorieuses et des décennies qui suivirent. En Israël et en Espagne, ce sont les jeunes des classes moyennes qui vont au contact avec les plus défavorisés pour qu’ils se joignent à la mobilisation. En Grande-Bretagne, à l’image initiale de la « racaille » des communautés émigrées s’est substituée celle de la population mélangée des quartiers déshérités, non sans contradictions en son sein.


Si des cris retentissent en surface, un grondement provient des profondeurs. Celui d’une implosion du système qui se poursuit, imprévisible dans ses manifestations et dans son rythme, alternant des phases aiguës et d’autres sourdes. La crise débutant en septembre 2007, puisqu’il faut une date et que la chute de Lehman Brothers s’y prête, nous allons entrer dans un mois dans sa cinquième année, sans même y prêter attention, comme si nous y étions déjà accoutumés. Au moment même où elle connaît une nouvelle phase spectaculaire et peut-être plus redoutable.


On n’en a décidément pas fini avec l’effondrement du système financier, qui s’est cru tiré d’affaire en écartant toute menace d’une stricte régulation de son activité, annoncée exemplaire pour se terminer ces temps-ci en queue de poisson.


Quel avenir a, dans ces conditions, la « stratégie du choc » dont il poursuit la mise en oeuvre, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Naomi Klein qui analyse le « capitalisme du désastre » ? Une question de rapport de force, bien sûr. De quoi est-il fait ? De la résistance opiniâtre des oligarchies ainsi que des indignations qui se multiplient, du rejet qui s’insinue dans les esprits. Mais aussi, et peut être surtout, de l’auto-destruction d’un système arrivé au bout de son rouleau. Ce qui était inconcevable avant-hier survient aujourd’hui.


Les colosses les plus imposants s’effondrent au bout du compte. Le cinquantième anniversaire de la construction du Mur de Berlin, n’est-il pas l’occasion de se rappeler combien la Deutsche Demokratische Republik (la RDA), paraissait devoir durer éternellement ? Et de se souvenir avec quelle soudaineté le régime qui usurpait la dénomination de « soviétique » s’est lui aussi écroulé, ce qu’il en était advenu n’ayant pas été à la hauteur des espoirs qu’il avait suscité.


Ce n’est qu’une analogie, mais elle est puissante. Hier comme aujourd’hui, les dissidents ne prêchent pas dans le désert, s’il est toutefois permis de se comparer à eux.




Billet rédigé par François Leclerc




Paul Jorion






(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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