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Les cybermonnaies : un nouveau type de valeur?

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Publié le 25 novembre 2019
7359 mots - Temps de lecture : 18 - 29 minutes
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Rubrique : Editoriaux

24hGold - Les cybermonnaies : ...

A Paris, le 23 novembre 2019.

1. Introduction.

Les « cryptomonnaies » ont été créées par des informaticiens fin décennie 2000 avec la première d’entre elles dénommée « bitcoin » (2008).

Il y a cent ans, comme on le rappellera ci-dessous (section 4), ce qu’on dénomme « monnaie » (en abrégé, CQDM) était encore un ensemble de formes d’état de la matière solide (pièces de monnaie en métal, coupures de billets en papier et comptes bancaires), peu réglementé par les hommes de l’état, toutes proportions gardées, pour permettre aux gens des échanges de propriété à coût amoindri.

Tout a changé à partir de la décennie 1930 avec la multiplication, sans raison , des réglementations par les hommes de l’état, nationalement et internationalement.

Les économistes sont peu loquaces sur la « transformation », on ne peut que s’en étonner.

En particulier, le coût des échanges amoindri hier par les gens, grâce à CQDM, a été purement et simplement oublié.

Malheureusement, l’inculture des informaticiens sur le sujet est exemplaire et ne peut qu’avoir des conséquences préjudiciables sur le développement des cryptomonnaies.

Le phénomène des « cryptomonnaies » bringuebale aujourd’hui avec la notion d’ « information ».

A une époque où la notion d’« information », inconnue il y a deux siècles, envahit les discours, on peut s’interroger sur ce qu’en dit l’économie politique.

Dans la décennie 1930, des économistes autrichiens (Hayek, 1933, 1937, 1945) s’y sont référés.

Dans la décennie 1960, des économistes « mainstream » (Arrow 1962, Debreu 2001) l’ont assujettie aux canons de la « théorie de la valeur » du moment, supposés définitifs (comme « utilité marginale » et « quantité » de marchandises) et rien n’a semblé changer depuis lors.

Entretemps, des physiciens l’ont imposée dans leur domaine avec, en particulier, les travaux de Claude Shannon mi XXème siècle …, ses succès et la création des ordinateurs.

Les domaines de la cryptomonnaie et de l’information sont vastes, ils ont des points communs et des différences.

Je me limiterai à l’un d’eux pour fixer là les idées : cryptomonnaie et information sont-elles des « valeurs » en propriété

- à juxtaposer à la liste des « valeurs » antérieures, celles de la « théorie de la valeur » point de départ de l’économie politique pour beaucoup, ou

- à expliquer seulement par ces dernières ?

Pour répondre à la question, je vais mettre le doigt dans cette « théorie de la valeur » … dont la littérature sur le sujet est plus qu’abondante et m’en extraire.

Je laisserai de côté la démarche marxiste de la « théorie de la pensée économique » qui y est la démarche traditionnelle et majoritaire.

Je me limiterai à ce qu'ont écrit sur le sujet, au XIXème siècle, Frédéric Bastiat (1801-50) et Vilfredo Pareto (1848-1923) à cinquante ans d’intervalle puis, au XXème, Ludwig von Mises (1881-1973) (section 2).

Curieusement, ni Bastiat ni Pareto n’ont parlé de « CQDM» ni du « prix des marchandises » comme « valeurs » dans leur recension de la « théorie de la valeur » …

On ne peut que s’en étonner tant le public a l’habitude aujourd’hui de dénommer « valeur » le prix en monnaie d’une marchandise ... et tant des économistes s’attèlent à comprendre CQDM.

Ils n’ont pas parlé non plus des « quasi matières » nouvellement découvertes au XIXème siècle, comme les phénomènes naturels d’ « onde » ou de « cycle » qu’avaient mises en évidence des chimistes ou des physiciens (en étudiant auparavant les notions de « lumière du Soleil’ ou de « sons » …) et qu’ont transposées certains économistes dans leur domaine (cycle de Kondratieff, etc.).

Ni Bastiat ni Pareto n’ont parlé non plus, et pour cause, de la « quasi matière » nouvellement découverte au XXème siècle,

… à savoir l’ « information » qu’avaient mise en évidence des chimistes ou des physiciens.

Certains d’entre eux l’avaient déduite du phénomène naturel de l’« onde ».

Faut-il voir dans l’ « information » - une « valeur » d’un ordre autre que la matière solide à juxtaposer aux « valeurs » existantes ou bien - une conséquence d’une des valeurs traditionnelles, par exemple, … de celles de Smith ?

Voilà une grande question brièvement développée ci-dessous (section 3).

Reste les cryptomonnaies.

Une « cryptomonnaie » est une application informatique dont les propriétés juridiques des gens, transformées en partie à partir des « quasi monnaies » d’hier, peuvent être échangées entre les mêmes ou avec d’autres, volontairement, à leur convenance, étant donné la dénomination qui lui a été donnée.

Une « cryptomonnaie » fait intervenir « données » ou « informations ». La notion d’« information » n’est pas toujours bien définie par les physiciens, ni celle de « données » avec quoi ils la confondent parfois (Abiteboul, 2012).

D’un point de vue économique technique, les cryptomonnaies sont en droite ligne de CQDM au début du XXème siècle.

Elle s’explique par la « théorie de la monnaie » des décennies 1960-70 où les économistes s’interrogeaient sur les coûts des échanges et les coûts de CQDM dans leur système monétaire théorique (en particulier, Perlman, 1971 ou Ulph et Ulph, 1975) (section 4).

Reste que les informations et les cryptomonnaies ont en commun la difficulté pour chaque opérateur d’échange de définir des droits de propriété en question. Je laisserai de côté la question.

2. Un peu d’histoire sur la « théorie de la valeur ».

Il y a soixante-dix ans précisément, Mises a publié un traité d’économie intitulé L’action humaine.

Avec un tel titre, il s’opposait tacitement à la pensée économique majoritaire pour qui l’économie politique, la science économique, devait s’intéresser aux seuls « résultats de l’action humaine ».

Cinquante ans auparavant, Pareto avait eu l’occasion d’y insister en assénant dans son Cours d’économie politique (dont sa théorie pure de moins de 100 pages), dès le départ, qu’il traiterait des seuls phénomènes résultant de l’action humaine.

Pour leur part, Bastiat et Pareto avaient schématisé, à cinquante ans d’intervalle, la « théorie de la valeur » en des termes analogues qui méritaient attention sinon que Pareto a pu y inclure une partie de l’élargissement qu’il connaissait (section 2).

Bastiat (1850) a pris pour point de départ les propos d’Adam Smith et ses considérations, apparemment de bon sens, sur la matérialité et la durée .

Pareto (1896-97) a repris Bastiat (dont ses propos sur Smith) et complété ce qu’il avait écrit avec les notions, nouvelles alors, d’« ophélimité élémentaire/utilité marginale » et, surtout, de « résultat d’action humaine » .

a. A partir de Frédéric Bastiat (1850).

Dans un billet de mon blog de mars 2017 , j'ai eu l'occasion de faire apparaître que, près de cinquante ans avant les propos de Pareto dans son Cours, Bastiat avait eu l’occasion de faire le point sur le "principe de la valeur " en économie politique dans le livre intitulé Harmonies économiques (1850, chap.5), titre qui, lui-même, n’était qu’une façon tacite de parler des « résultats des actions humaines ».

Selon Bastiat, la "valeur", c'était alors:

- pour Adam Smith (1723-90), ce qui était dans la « matérialité » et la « durée » et donnait lieu aux objets matériels et services,

- pour Henri Storch (1766-1835), un jugement,

- pour Jean Baptiste Say (1767-1832), une utilité,

- pour David Ricardo (1772-1823), un travail,

- pour Nassau Senior (1790-1864), une rareté.

Smith semble ne pas avoir fait de distinction entre la physique de la nature de son époque et les matières qu’il considérait en économie politique.

Les propos de Smith ne doivent pas cacher

- une analogie entre l’ « économie politique », nouvelle science alors, et la « mécanique », grande science physique du moment, sur la distinction faite par les savants entre la « matérialité » et la « durée », d’une part, et,

- d’autre part, leurs conséquences directes, comme les notions de « vitesse » ou d’« accélération », ou indirectes, comme les notions de « quantité de mouvement », de « force » ou d’ « énergie »…

Reste que Bastiat s'était posé la question suivante :

… "Faut-il voir le principe de la valeur dans l'objet matériel et, de là, l'attribuer par analogie, aux services ?"

Et Bastiat de répondre :

… "Je dis que c'est tout le contraire, il faut le reconnaître dans les services et l'attribuer ensuite, si l'on veut, par métonymie, aux objets matériels."

Storch avait mis l’accent sur le jugement de valeur de la personne sur la « matière » de type Smith.

A sa façon, J.B. Say a été plus original en ciblant la notion de « matière » et en introduisant la notion d'« utilité » comme autre type de « valeur » qu’était celle-ci.

On peut aussi regretter que Say ait été flou sur la notion de "service" (« produit » incorporel et non pas corporel, immatériel et non pas matériel) , l'autre type possible de « valeur » dans la perspective de Smith, diamétralement opposée à l'"objet matériel"…

… "Qu’entendez-vous par l’utilité ?

J’entends cette qualité qu’on certaines choses de pouvoir nous servir, de quelques manières que ce soit.

Pourquoi l’utilité d’une chose fait- elle que cette chose a de la valeur ?

Parce que l’utilité qu’elle a la rend désirable, et porte les hommes à faire un sacrifice pour la posséder. On ne donne rien pour ce qui n’est bon à rien : mais on donne une certaine quantité de choses que l’on possède (une certaine quantité de pièces d’argent, par exemple) pour obtenir la chose dont on éprouve le besoin.

C’est ce qui fait sa valeur " (Say, op.cit., p. 12)

Malheureusement, simultanément, il a considéré que l’objet matériel… était une qualité donnée à ce qui était cerné par l’esprit de la personne ... (cf. Say, 1815 et ce texte de novembre 2015).

N’écrivit-il pas dans son Catéchisme (1815) :

… "Comment donne-t-on de la valeur à un objet ?

En lui donnant une utilité qu’il n’avait pas." (Say, op.cit., p. 10)

On regrettera d’ailleurs que Say ait contribué à la confusion qui a consisté à mettre en regard ce qu’il a dénommé « valeur » et la notion de « produit » :

… "Les choses auxquelles on a donné de la valeur ne prennent-elles pas un nom particulier?

Quand on les considère sous le rapport de la possibilité qu’elles confèrent à leur possesseur d’acquérir d’autres choses en échange, on les appelle des valeurs ;

quand on les considère sous le rapport de la quantité de besoins qu’elles peuvent satisfaire, on les appelle des produits." (Say, 1815, p. 14)

Plus encore que la "valeur" - si on peut dire... -, l' « utilité » donnée par la personne faisait qu’elle était nécessairement subjective.

Mais cela ne résolvait pas l’ambiguïté.

Comme pour encadrer la notion de « valeur », Bastiat n’a pas hésité, pour sa part, à parler de l’« utilité générale » et de la décomposer en « utilité gratuite » et « utilité onéreuse », et de l’« utilité commune ».

Peu a été écrit alors sur le sujet de l'utilité d'un service, peut-être est-ce à cause des difficultés de sa mesure en pratique et parce qu'il était difficile de donner une quantité concrète à un service...

Ce florilège de Bastiat sur l’utilité de Say ne saurait cacher l'alternative ancienne à quoi il ne faisait pas référence et qui a été reprise, par exemple, par John Locke (1632-1704) entre « valeur d'usage » et « valeur d'échange ».

Elle s’articulait sur les propos d’Aristote ou de saint Thomas d’Aquin sur le sujet de la « valeur » (cf. Gordon, 1964 ou Kauder, 1953).

Pour sa part, Ricardo n'avait pas été original.

Dans la droite ligne de Smith, de la « matérialité » et de la « durée » données par le savant à partir de ce qui l’intéressait, il avait privilégié un objet non matériel, un "service", à savoir le "travail", sans le savoir ou en le sachant …

En mettant l’accent sur un des "facteurs de production" pris pour type de valeur, il cachait le privilège donné par l’économiste, à la production sur l'échange comme si la production était plus importante économiquement que l'échange ...

Au nombre de ces types de « valeur », il y avait la notion de « ressource »… qui est une façon de parler d’un des facteurs de production (il est alors question de « ressource », naturelle ou autre, plutôt que de « matière première »).

Senior enfin n'avait pas été non plus original. Il avait mis l'accent sur un aspect de la « matérialité » et de la « durée » de Smith qu'il avait dénommé "rareté".

Enfin Bastiat a insisté sur le fait que :

… « C’est par pure métonymie qu’on a attribué la valeur à la matière elle-même, et, en cette occasion comme en bien d’autres, la métaphore a fait dévier la science.» (cf. http://bastiat.org/fr/echange.html 1850).

Et la science économique n’a cessé de dévier comme on va le voir.

b. L’ajout de Vilfredo Pareto (1896-97).

Au florilège de Bastiat qu’il a évoqué dans son Cours d'économie politique, Pareto a ajouté les considérations de :

- Karl Marx (1818-83) qui faisait référence explicitement à la "marchandise" et au "travail" et dont lui-même n'a pas hésité à démontrer les erreurs (cf. Pareto, op. cit. §18),

- Gustave de Molinari (1819-1912) qui expliquait la valeur par l'"intensité comparée des besoins" (cf. ibid. §81) et

- W. Stanley Jevons (1835-82) qui a introduit le concept de "taux d'échange" d’une marchandise en une autre (cf. ibid. §74).

Et son ouvrage a été l’occasion de développer deux notions nouvelles, à savoir :

- l’ophélimité élémentaire ou l’utilité marginale plutôt que l’utilité et

- les résultats de l’action humaine plutôt que l’action humaine.

i. Les notions d’ophélimité élémentaire et d’utilité marginale

Pareto a insisté dans la seconde moitié du XIXème siècle sur la séparation à établir entre ophélimité élémentaire et utilité marginale.

Pareto de préciser ainsi:

"L'ophélimité élémentaire est le final degree of utility de Jevons, la marginal utility des auteurs anglais... "

Pareto a insisté dans son Cours sur le caractère subjectif et employé à cet effet la notion d’« ophélimité » pour la distinguer de l’ « utilité … objective ».

Ce qui lui a permis de distinguer la notion d'"ophélimité élémentaire", nouvelle alors, qu’il a introduite, de l'ancienne qu’était la notion d' « utilité ».

Pareto fait partie de ces économistes qui ont adhéré, dans la seconde moitié du XIXème siècle, à la notion d’ « utilité marginale » de la valeur, etc. pour faire valoir le jugement que chacun pouvait donner à des éléments ultimes de « valeur »…

. Carl Menger oublié…

On peut se demander pourquoi Pareto a été muet sur, par exemple, Carl Menger (1840-1921) et la précision que ce dernier a apportée à la « théorie de la valeur ».

Certes, c’était un contemporain.

Mais Menger a développé le sujet de la valeur dans son ouvrage intitulé Principles of Economics en des termes analogues à ceux de Say, mais sans trop le citer peut-être à cause de son ambiguïté:

… "La valeur n'est rien d'inhérent aux biens [...] [n'est] pas une propriété de ceux-ci, ni une chose indépendante existant en elle-même.

C'est un jugement que les individus font de l'importance des biens [...] la valeur n'existe pas en dehors de la conscience des individus" (Menger, 1871, pp.120-21)

Menger a rejoint Say.

Et par la suite, il a été admis que, comme la notion d’ « utilité », la notion de « coût » ne tombait pas du ciel, quelqu’un la dénommait ainsi, elle était subjective :

… "Cost cannot be measured by someone other than the decision-maker because there is no way that subjective experience can be directly observed" (Buchanan, 1969, p.42)

ii. La notion de « résultat de l’action humaine ».

Pareto m'a intéressé pour la raison que, dès le départ de son Cours, il a écrit qu'il ferait intervenir les « résultats des actions humaines » et non pas les actions elles-mêmes.

Dès la première page du Cours d'économie politique, il prévenait que:

… "Notre étude a pour objet les phénomènes qui résultent des actions que font les hommes pour se procurer les choses dont ils tirent la satisfaction de leurs besoins ou leurs désirs.

Il nous faut donc

- d'abord examiner la nature des rapports entre les choses et la satisfaction de ces besoins ou de ces désirs, et

- tâcher ensuite de découvrir les lois des phénomènes qui ont précisément ces rapports pour cause principale." (Pareto, 1896-97, §3).

Il a contribué à faire « observer », mais très brièvement pour ne pas dire tacitement …, l’opposition qui commençait à se faire jour entre les économistes autrichiens et les autres, sur l’alternative entre les « résultats des actions humaines » et les « actions humaines » elles-mêmes.

Dans la foulée, il a laissé entendre son choix pour les seuls « résultats des actions humaines » sans préciser s’il faisait référence à des résultats ex ante ou ex post , dans quoi on peut voir une toute nouvelle façon de parler de la « valeur » de la « matière », à juxtaposer à tous les types qui avaient été introduits jusqu’alors ; tout comme traditionnellement les scientifiques de domaines autres que l’économie politique s’intéressaient aux faits de la nature, « résultats des actions » de celle-ci, avant de les théoriser.

Pareto a contribué à développer des hypostases en relation avec les notions de « biens » et de « concurrence », types de résultat de l’action humaine :

… « Les biens se transforment les uns dans les autres, matériellement, par la production, économiquement par l’échange » (Pareto, op.cit. § 43)

«… les biens économiques se distribuent sous l’action de la concurrence (ibid. §416)

. Les néo économistes autrichiens.

Bref, avec cette façon de s’exprimer, il se référait très vraisemblablement, mais tacitement

- à l'approche "autrichienne", toute nouvelle alors , de l'économie politique et

- à l'accent qu'elle mettait sur la notion d' « action humaine » (et plus généralement sur la « praxéologie »), le "résultat de l'action humaine" pouvant être considéré désormais comme un type de « valeur » par excellence .

Pareto a laissé entendre par son propos qu'il se séparait des auteurs « autrichiens » pour conserver l'approche originelle de l’économie politique, à savoir la « théorie de la valeur » de Smith, le choix des comportements humains,

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, des économistes "autrichiens" ont commencé à mettre l'accent sur les conséquences logiques des « actions humaines », des actes économiques des gens plutôt que sur les résultats de ces actes , étant donnés leurs intentions, besoins ou désirs et le fait que la réalité économique n’était jamais que l’ensemble de tous ces résultats, observés ou non.

Et, en 1949, un demi-siècle plus tard, Mises a publié son traité d’économie intitulé L’action humaine.

Tacitement, il a signalé son opposition aux propos de Smith quand il a écrit en 1962:

… "La science économique ne porte pas sur les biens et services,

elle porte sur les actions des hommes en action.

Son but n'est pas de s'attarder sur des constructions imaginaires telles que l'équilibre.

Ces constructions ne sont que des outils de raisonnement.

La seule tâche de la science économique est l'analyse des actions des hommes, c'est l'analyse des processus." (Mises, 1962).

Il ne pouvait être en pire opposition avec Smith et ses successeurs qu’avec ce propos.

Le raisonnement « autrichien" a certes une méthode vue d'un mauvais oeil par le « mainstream » (exemplaire était le texte critique de A. Barrère).

Mais l'inculture de ce dernier sur la question qu’Henri Guitton (1904-92) dénonçait implici-tement, à savoir l’économie politique à l’image des sciences physiques (Guitton, 1979, p.225) (et qu'il avait déjà dénoncée en 1951, cf. texte critique de Marchal), a peu évolué en France depuis lors (cf. ce billet de mon blog d'août 2015).

3. Les chemins largement ouverts à la « théorie de la valeur ».

Bref, début XXème siècle, il y avait la « valeur » avec un grand « V », objet de la « théorie de la valeur » présentée par la « ligne Pareto » (pour ne pas dire les « néo classiques »), et sa division en tous les types de « valeur » précédents, « résultat de l’action humaine » inclus.

Mais la « théorie de la valeur » ne s’est pas arrêtée à ce stade à cause de l’évolution des sciences physiques et des analogies à quoi elle a pu donner lieu.

De même qu’on peut considérer qu’elle a été développée, tacitement ou non, par les auteurs en parallèle avec des entités physico-chimiques qui ont vu le jour à partir du XVIIIème siècle (articulées sur matérialité et durée de Smith) et qu’ils reprenaient,

de même, au XXème siècle, elle l’a été avec des innovations empruntées aux mêmes, a fortiori, ignorées tant de Pareto que de Bastiat , et très compliquées pour l’homme de la rue.

a. La notion d’onde.

Je mettrai d’abord l’accent sur la notion d’ « onde ».

… « L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours, ma commère la carpe y faisait mille tours avec le brochet son compère »

pouvait écrire La Fontaine (dans « Le Héron », livre 7, fable 4), il était compris de tous.

Conséquences directes des sciences physiques, les notions d’« ondes », d’« énergie » ou d’« entropie » voyaient le jour au XIXème siècle en relation avec la notion de « mouvement » de la (quantité de) matière du XVIIIème siècle:

. Qu’est-ce qu’une onde ?

Une onde est une découverte de l’homme qu’on peut définir ainsi :

… « Une onde est un phénomène physique de propagation d’une perturbation.

Sur son passage, une onde modifie de façon réversible des propriétés locales du milieu de propagation […]

une onde transporte de l’énergie sans transporter de matière. »

cf. https://ecoinfo.cnrs.fr/2015/10/29/comprendre-les-ondes-electromagnetiques/

Il existe deux grands types d’onde :

- les ondes mécaniques, dont la propagation s’appuie sur la matière ; et

- les ondes électromagnétiques qui n’ont pas besoin de support matériel pour se propager.

L'onde mécanique (onde sonore) n'existe pas dans le vide à la différence de l'onde électromagnétique (lumière du Soleil).

Les unes et les autres sont subdivisibles en longueur, en vitesse ou en fréquence qui les caractérisent (d’où des représentations mathématiques différentes).

L'onde mécanique a une longueur supérieure à 1 mètre, l'onde électromagnétique lui est inférieure.

En particulier, les fréquences sont comparables en Hertz, du nom du physicien découvreur des « ondes radio » à la fin du XIXème siècle.

Et les physiciens en sont arrivés au XXème siècle, à procéder au codage des ondes en termes numériques « binaires » plutôt qu’en termes « analogiques ».

Pour leur part, en singeant des mathématiques, des économistes (en particulier marxistes… comme Mandel, 1995) ont introduit les notions d’onde ou de cycle économique

Ils ont commencé à faire des analogies entre cycle économique et cycle physique. (Kondratieff, etc.).

Ils ont introduit la notion de « crise » pour désigner le point bas d’un cycle…

Dans cette perspective, on était loin de la matérialité et de la durée de Smith et de ses successeurs.

b. La notion d’« information ».

Je mettrai ensuite l’accent sur la notion d’« information ».

Fruit de la recherche créé par des mathématiciens (Shannon) et des physiciens (« mécanique ondulatoire ») à partir de la seconde moitié du XXème siècle, la notion d’« information » a été articulée sur la notion d’« onde ».

L’« onde » étant émise par « X » à partir de données/ perturbation (fondée ou non sur un droit de propriété, propagation d’une perturbation), elle est reçue par « Y » sous forme d’information (lui donnant parfois un droit de propriété …).

La donnée et l’information renvoient l’une à l’autre, c’est l’égalité, l’équilibre ...

Le nouveau grand type de « valeur » évoqué par des économistes, consciemment ou non, est donc la notion d’"information" …

Et le mot « information », après celui de « consommation », a envahi la seconde moitié du XXème siècle.

Reste que la notion d'"information" n'en finit pas de voir ses définitions s'accroître en nombre (Abiteboul, 2012). 

Il arrive même qu'elle soit confondue avec la notion d'"onde".

Il y a près de cinquante ans, Fritz Machlup (1902-1983) écrivait que :

"Quand un terme possède tant de significations que nous ne savons jamais ce que veulent dire ceux qui l'emploient, il faudrait

- soit le supprimer du vocabulaire du spécialiste,

- soit le "purifier" des connotations qui nous embrouillent."

Comme je crois qu'il est impossible d'exclure les mots "équilibre" et "déséquilibre" du discours économique, je propose de les soumettre à un travail de nettoyage approfondi." (Machlup, F., 1958, The Economic Journal, Vol. LXVIII, Mars)

Et Machlup d'ajouter http://blog.georgeslane.fr/category/Ignorance-action-humaine-et-duree/page/85 :

"En essayant d'accomplir cette tâche, je ne prendrai pas en compte les significations de ces expressions dans d'autres disciplines." (ibid.)

L'objet que Machlup avait en ligne de mire dans le texte était la notion d'"équilibre en économie" qu'il n'a pas hésité à "désosser" et sur quoi s'était penché, vingt ans plus tôt, dans une perspective voisine, Arthur Marget (1899-1962) dans un article du Journal of Political Economy (Vol. 43, No. 2 (Apr., 1935), pp. 145-186).

La notion d’ « information » ne saurait être classée dans des types de « valeur » existants comme beaucoup s’y sont adonnés ces dernières décennies et perdus (par exemple, Arrow, Debreu, etc.).

Elle ne saurait être confondue avec les autres types de « valeur » avancés ci-dessus comme, par exemple, le « service » déduit directement de Smith , étant données les notions d’« objets matériels » et de « services » fondés sur la « matérialité » et la « durée » de Smith par transposition de la science physique..

Elle en est différente, par nature.

Il s’agit aujourd’hui

- de juxtaposer le couple « donnée-information» à l’onde, à tous les types de « valeur » antérieurs connus, aux droits de propriété qui leur sont donnés par les gens,

- voire de faire que toute onde les contienne et

- non pas de l’enfouir, sans raison, dans certaines « valeurs ».

4. Les cryptomonnaies.

Je mettrai enfin l’accent sur les cryptomonnaies.

D’un point de vue technique, les cryptomonnaies sont en ligne directe de CQDM au début du XXème siècle.

Elles font intervenir une nouvelle technologie.

Elle s’explique par la théorie de la monnaie des décennies 1960-70 où les coûts d’échange jouent un rôle essentiel dans

le système monétaire (en particulier Perlman, 1971 ou Ulph et Ulph, 1975)

CQDM n'a pas posé de difficulté aux économistes jusqu'au début du XXème siècle.

Il y a cent ans, CQDM était encore un ensemble de formes d’état de la matière solide (pièces de monnaie en métal, coupures de billets en papier et comptes bancaires), peu réglementé par les hommes de l’état, toutes proportions gardées, pour permettre aux gens d’échanger leurs propriétés à des coûts amoindris.

Cela explique d'ailleurs que ni Bastiat (1850) ni Pareto (1896-97) n'ont particularisé CQDM dans leur rappel de la « théorie de la valeur. », quoiqu’à cinquante ans d'intervalle du XIXème siècle.

On peut s’étonner qu’en théorie, des économistes aient introduit dans le passé une causalité entre quantité de monnaie et activité économique comme si CQDM était une hypostase, une représentation, un être susceptible de manipulations qu'il déciderait.

Ils ont transformé, sans raison, la proportion entre quantité de monnaie et prix en monnaie décrite par la « théorie de la quantité de monnaie » en cette causalité (Friedman, 1956).

Les « fonctions de la monnaie » qu’évoquent certains depuis le XIXème siècle, ne sont qu’une façon de parler, elles ne doivent pas être identifiées à l’hypostase « monnaie »…, ni à l’hypostase « marché de la monnaie »…

Ils ont ajouté, au début du XXème siècle l’offre et la demande de CQDM et méconnu les conséquences des réglementations sur celles-ci.

Il faut le regretter.

Leurs travaux ont donné lieu à un marché susceptible de modifier les autres marchés et, à ce titre, très sensible économiquement.

Ce fut l’émergence de la macroéconomie et de l’économétrie.

L’économie politique « mainstream » n’en est jamais sortie.

a. Les hommes de l’état.

Le système monétaire a connu une situation extraordinaire quand les hommes de l'état ont décidé de modifier la réglementation de CQDM unilatéralement, en décrétant l’interdiction de la conversion des billets et comptes bancaires des gens en or, convenue jusqu'alors…

Les réglementations nouvelles, à partir de la décennie 1930, des formes de CQDM existantes, édictées par les hommes de l’état d’un grand nombre de pays, ont provoqué les difficultés économiques à venir qu'on connaît aujourd'hui,

Suite à ces réglementations nationales et, surtout, à maints accords internationaux contre le principe de quoi Jacques Rueff s'était d’ailleurs élevé dès leur naissance et avait mis en garde au début de la décennie 1930, par exemple en ces termes :

… "Un comité a prolongé l'oeuvre de la Conférence de Gènes, en lui donnant la base doctrinale dont elle était dépourvue.

Il est connu sous le nom de Comité MacMillan, du nom de son président, et siégea à Londres en 1930 et 1931.

On ne saurait exagérer l'importance du rapport MacMillan [cf. cette exégèse].

Il résume, avec une extraordinaire lucidité, toutes les tendances de notre époque.

Il constituera, pour ceux qui l'étudieront, dans l'avenir, l'un de ces monuments les plus caractéristiques et, probablement, l'une des étapes essentielles sur la voie des catastrophes que nous sommes en train d'organiser [...]

Je retiendrai seulement l'affirmation de principe qui figure dans son introduction (p.4) :

"La caractéristique essentielle de notre époque, c'est le développement de la conscience que nous avons prise de nous-mêmes.

Tant en ce qui concerne nos institutions financières que nos institutions politiques et sociales, nous pourrions bien avoir atteint le stade où un régime d'organisation consciente devrait succéder à l'ère des évolutions spontanées ... Nous sommes à la croisée des chemins et le futur dépend de notre choix"

Je ne suis pas d'accord avec cette conclusion [...]

Le problème de l'économie organisée, c'est le problème des vagues de la mer.

Nous connaissons les forces qui les déterminent, nous concevons les conditions auxquelles la solution du problème doit satisfaire, nous pouvons même la mettre en équation ; mais, quant à la résoudre, nous n'y saurions songer." (Rueff, 1932)

Soit dit en passant, ce texte montre que Rueff n’imaginait pas que son « problème des vagues de la mer », un problème d’onde, donnerait lieu, en particulier, aux cryptomonnaies. Rueff a écrit cela après que, entre autres, Pareto se fût formalisé de la réglementation de CQDM et eut écrit que :

… "La plupart des pays s'imaginent obtenir des bénéfices en réglant l'émission et la circulation de la monnaie, tandis qu'ils n'aboutissent de la sorte, qu'à détruire une somme considérable de richesses" (Pareto, 1896-97n §510).

ou bien

… "[...] c'est la seule initiative privée [...] qui est parvenue [...] à économiser en grande partie la monnaie métallique" (Pareto, op.cit. §277):

Pareto eut, à coup sûr, partagé le point de vue de Rueff s'il avait été encore en vie.

Par dénaturation réglementaire, CQDM a donc laissé place par la suite à des « substituts de rien bancaires » (« coupures de billet en papier » et « comptes bancaires » non convertibles en or…) qui ont été dénommés malgré tout « monnaies » ou « quasi monnaies »et qui ont ouvert la voie non pas à la "paix des monnaies", comme certains l'ont soutenu, mais bien à une « guerre des monnaies » sourde.

Tacitement, en matière de CQDM, du fait des réglementations nouvelles, certains diront, volontairement ou non, qu’il y a eu passage de l’ « état solide de la matière » à l’ « état liquide », à la liquidité… (cf. Hutt, 1956)

Les hommes de l’état ont fait mentir Pareto depuis la décennie 1930 alors qu’il avait écrit:

… « Les biens se transforment les uns dans les autres, matériellement, par la production, économiquement par l’échange » (Pareto, op.cit. § 43).

L’interdiction de la conversion en or des valeurs par les hommes de l’état n’était ni matérielle, ni économique, mais purement juridique .

Sous ses formes actuelles, CQDM n’est pas un « actif » malgré ce qu’en disent certains, informaticiens ou non .

Les hommes de l’état ont fait mentir Pareto depuis la décennie 1930 quand il écrivait:

… « Les biens se transforment les uns dans les autres, matériellement, par la production, économiquement par l’échange » (Pareto, op.cit. § 43).

L’interdiction de la conversion en or des valeurs par les hommes de l’état n’était ni matérielle, ni économique, mais purement juridique .

Par dénaturation réglementaire, CQDM a donc laissé place par la suite à des « substituts de rien bancaires » (« coupures de billet en papier » et « comptes bancaires » non convertibles en or par les gens dits « privés »…) qui ont été dénommés malgré tout « monnaies » ou « quasi monnaies »et qui ont ouvert la voie non pas à la "paix des monnaies", comme certains l'ont soutenu, mais bien à une « guerre des monnaies » sourde.

Tacitement, du fait des réglementations nouvelles, certains diront qu’il y a eu passage de l’ « état solide » de CQDM à l’ « état liquide », à la liquidité… (cf. Hutt, 1956 ou Hicks 1962)

Une chose est certaine : sous ses formes actuelles, CQDM n’est pas un « actif » malgré ce qu’en disent certains, informaticiens ou non .

b. L’amélioration économique.

Reste que depuis qu’elle a été inventée, la « pièce de monnaie » s’est vue rivalisée progressivement par les gens malgré le monopole de production que s’étaient accordés les hommes de l’état, avec des « coupures de billets en papier » et des « comptes bancaires », autant de nuances.

On est passé de l’ère de l’« état solide de la matière » à l’ère « bancaire » qui s’y est juxtaposée.

Malgré les débats du XIXème siècle entre l'"école de la pièce de monnaie" et l'"école de la banque" ou bien entre le monométallisme et le bimétallisme, la « pièce de monnaie » et les autres formes de monnaie restaient « intermédiaires des échanges » :

… "La monnaie n’est pas le but, mais seulement l’intermédiaire des échanges.

Elle entre passagèrement en notre possession quand nous vendons ;

elle en sort quand nous achetons, et va servir à d’autres personnes de la même manière qu’elle nous a servi." (Say, 1815, p.49)

On est passé, aujourd'hui, de l’ère « analogique » à l’ère « numérique »…

Le Bitcoin et les cryptomonnaies qui symbolisent l’ère « numérique » et cachent bien des codages différents, tendent à rivaliser avec les formes de monnaie précédentes, avec les « quasi monnaies ».

L’apparition actuelle des cryptomonnaies se déduit logiquement de l’évolution passée de CQDM, du fait de la recherche des coûts de l’échange de propriété évaluée par les gens, en dépit de l’augmentation des réglementations qui les affecte.

Les hommes de l’état et leurs conseillers ont vraisemblablement cherché à étouffer la théorie de la monnaie par la suite.

Les dernières innovations techniques les ont heureusement et grandement revivifiées.

Etant donné que, sans propriété, il n’y aurait pas d’échange (Demsetz, 1967), les cryptomonnaies et les informations ont en commun la difficulté de définition des droits de propriété qui devraient les définir :

- Celui qui émet une « donnée » en a-t-il la propriété ? La garde-t-il une fois émise ou l’abandonne-t-il à qui de droit ?

- Qui donne un droit de propriété à une « information » ? Celui qui la reçoit ?

- Quel droit de propriété, quelle « donnée » une cryptomonnaie est-elle ?

- Quel droit de propriété, quelle « information » lui donne-t-on à sa réception ?

Autant de questions, autant de coûts à surmonter par chacun en réponse.

Sans échange coûteux, pas de CQDM, pas de cryptomonnaie.

5. Conclusion.

L’économie politique semble avoir été « sourde » à des sauts qualificatifs majeurs récents, à savoir celui de la notion d’« action humaine » et celui de la notion d’« onde », fin XIXème siècle.

Pareto avait laissé comprendre que les « résultats des actions humaines » n’étaient jamais que des synonymes de la « valeur » de la théorie du même nom, peu importaient les « action humaines ».

Il fallait que l’économiste les préférât à ces dernières.

Et il a été suivi surtout à partir de la décennie 1930, aux Etats-Unis (cf. http://blog.georgeslane.fr/category/Le-retour...-civile/page/27 ).

Mais comment peut-on parler de « résultats d’action » sans parler d’ « action » du phénomène humain ? Ou alors on fait une analogie tacite avec les sciences physiques, avec telle ou telle mécanique.

Des physiciens ont mis en regard, pour leur part, au XIXème siècle, la notion de « matière » (de « corpuscule »… pour ne pas dire de « poussière ») et la notion qu’ils commençaient à bien cerner, à savoir l’ « onde ».

L‘« onde » n’était pas un nouvel état de la « matière » , mais un phénomène naturel d’un autre ordre, un transport d’énergie (« sons » et « lumière » en étaient d’ailleurs des preuves).

Ils avaient découvert ce qu’elle impliquait ... à savoir la notion d' « information » reçue par « Y ».

Tout cela (onde et information) était certes ignoré par Smith, mais surtout s’opposait aux seules matérialité et durée sur quoi il s’était centré (comme l’ont expliqué Bastiat ou Pareto) et se centrait depuis lors l’économie politique disciple …

Les cryptomonnaies sont en droite ligne de l’évolution passée de CQDM (malgré ce qui lui est arrivé au XXème siècle) pour autant qu’elles amoindrissent encore les coûts des échanges de propriétés des gens grâce aux dernières innovations techniques.

Cryptomonnaies et informations sont-elles des « valeurs » à juxtaposer à la liste des « valeurs » antérieures, celles de la « théorie de la valeur », ou à expliquer par ces dernières ?

Telle était la question qu’a posée le texte.

Disons qu’elles ont été infiltrées dans la « théorie de la valeur », suite aux réglementations juridiques décrétées à partir de la décennie 1930, et ont semblé ne pas en être prisonnières malgré les nouvelles réglementations promulguées (jusqu’à par exemple l’€uro).

Et la « valeur » en est arrivé à désigner, au XXème siècle, l’« équilibre économique général », sans ou avec durée, sans ou avec incertitude, la « macroéconomie », la « croissance », bref à ne plus rien dire comme « donnée » ou « information » !

Pour autant, elles ne sont pas à expliquer par les valeurs traditionnelles matérielles de la « théorie de la valeur ».

Les cryptomonnaies et les informations ont en commun d’être à la recherche de droits de propriété les définissant précisément, elles ont en commun la difficulté de définition des droits de propriété échangeables, l’amoindrissement des coûts de leurs échanges étant déterminant pour les actions des gens …

On regrettera que les informaticiens tiennent des propos sur les cryptomonnaies qui semblent oublier leur relation avec les droits de propriété, et ces propos n’ont rien à voir avec ceux du succès de l’amoindrissement des coûts des actes d’échange de propriété par les gens !

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Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France. Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur
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