C’est une anecdote qui nous a donné l’idée de réaliser ce dossier.
Une arnaque plutôt bien ficelée, démontée par Michel Prieur, du site
numismatique de référence cgb.fr. Même si le
marché de l’or est baissier depuis avril (à quelques rebonds près), le gramme
d’or reste très attractif pour les malfaiteurs. Aussi les cas de
falsification de pièces d’or se multiplient comme des petits pains… Des
fausses pièces, à ne pas confondre avec les pièces fautées, très recherchées
!
Les ventes de particulier à particulier, jamais !
On ne le répètera jamais assez : évitez autant que faire se peut les ventes
par petites annonces ou aux enchères sur internet.
Le cas que nous avons remonté le 27 mars dernier à Michel Prieur est
éloquent. Un particulier vend une pièce de 50 Pesos mexicains pour… 1100€ (en
vente libre à 1780€ sur AuCOFFRE.com). [NDLR : L’écart de prix était
semble-t-il moins important à l’époque, mais d’au moins 450€…] Des raisons
qui peuvent justifier un tel écart de prix ?
– le vendeur a un besoin urgent de liquidités
– il cherche à écouler une pièce volée
– c’est une fausse pièce.
Pour en avoir le cœur net, nous avons demandé à Monsieur Prieur de bien
vouloir nous éclairer.
« Une arnaque imparable », nous répond-il. « Le problème n’est pas de ne
pas faire de transaction avec un particulier mais d’éviter de faire des
transactions avec le Père Noël… toutes les informations utiles étaient dans
l’annonce : il n’y avait pas tromperie ! » Nous vous invitons à lire comment
il relate très bien les faits dans le bulletin
numismatique n° 119 (page 22).
Déjà, le poids n’y était pas… Ensuite, pourquoi payer en espèces ? Pour ne
pas laisser de traces, comme ça il est impossible de se retourner contre le
vendeur une fois le lièvre levé !
Il s’agit en fait d’une pièce de cuivre plaquée en or 900/1000. «
Juridiquement imparable, le vendeur ne ment pas sauf par omission »…
Voilà qui a de quoi refroidir quelques envies de faire de bonnes affaires
dans ce genre d’annonces…
Exactement le même cas pour cette
annonce parue récemment sur eBay, dont nous a fait part M. Prieur.
Même technique : le poids annoncé (23,50 g) indique que ce n’est pas de
l’argent mais du faux, bien que l’annonce précise « Matière: Argent (supposé
mais pas expertisé) ».
Le problème avec les faux en argent est que moins chères, les pièces
partent plus vite à 20€ que les fausses pièces à 1100€. Prudence donc,
demandez toujours l’avis d’un spécialiste et achetez vos pièces auprès de
professionnels ayant pignon sur rue.
Quand le faux devient très recherché
Nous avons récemment eu un cas d’école avec la 50
francs Hercule. Cette pièce a-t-elle été beaucoup copiée ou pas ?
L’article a fait débat. En fait elle aurait été largement copiée mais par un
seul faussaire, il s’agirait d’une copie espagnole, avec un millésime
incohérent… Bref, ces copies sont plutôt difficiles à trouver à présent,
elles susciteraient plutôt la curiosité… et l’attrait du collectionneur ?
Le faux a toujours été une activité extrêmement lucrative. En janvier, la
disparition de Bojarski, surnommé « le Cézanne de la fausse monnaie » nous le
rappelle. Le faussaire surdoué qui a sévi dans les années 50 et 60 était
spécialisé dans la contrefaçon de billets de 100 nouveaux francs Bonaparte,
impossible à distinguer des vrais. « Il était vu comme un artiste » témoigne
le proche voisinage.
« Recherchés dans le monde entier, les Bojarski accèdent au rang d’œuvre
d’art chez les numismates » relate cet article du Parisien…
Et valent désormais une vraie fortune. Du papier au son craquant et au
dessin, Bojarski était un véritable génie.
C’est vrai, il y a des contrefaçons qui deviennent de vrais objets de
collection, mais elles sont extrêmement rares, et dans le cas des pièces
d’or, les contrefaçons sont très souvent synonymes d’arnaque, comme cette
pièce de 50 pesos mexicains en cuivre plaquée or, ou encore ces lingots
d’or fourrés au tungstène.
Les Monnaies fautées, un vrai business
Mais il ne faut pas confondre fausses pièces et pièces fautées ! Une monnaie
fautée, comme l’indique le livre « Le monnayage et les monnaies fautées »,
est une monnaie « qui n’est pas fidèle au modèle original ou conforme au
cahier des charges (…) et dont l’erreur ou le défaut est due à une erreur ou
un problème technique ».
Ces
imperfections de certaines pièces valent même de l’or !
Pourquoi les monnaies fautées ?
Les monnaies sont produites à des millions d’exemplaires : dans cette cadence
très intensive, il est impossible de ne pas laisser passer quelques pièces
comportant des défauts. Au final, par rapport à la masse impressionnante de
pièces produites, la part des monnaies fautées est minime. Ainsi, on retrouve
en circulation des pièces qui comportent certains défauts, mais qui restent
très recherchées, de par leur rareté et leur singularité.
Pourquoi les collectionner ? Parce qu’elles sont rares ! C’est un
investissement passion. La Vera Valor, pièce neuve, a vu quelques 60 exemplaires
fautés s’arracher comme des petits pains.
Deux cas intéressants : une fausse pièce rare (le demi-Napoléon
1860 Napoléon III tête nue) et une fautée (le demi-Napoléon 1866 Napoléon III
tête laurée).
– La première pièce, un demi-Napoléon 1860 Napoléon III tête nue, est une fausse
pièce rare.
– Le demi-Napoléon 1860 Napoléon III tête nue est a priori une pièce très
intéressante, qui pourrait se revendre au double du prix d’un Napoléon III
tête nue classique, même en qualité TTB.
Pourquoi ? Car elle a un poinçon en forme d’abeille tout en provenant de
l’atelier A (Paris). Or, ce type de pièce a été frappé entre le 15 novembre
1860 et le 31 décembre de la même année alors qu’elle était frappée
jusqu’alors à Strasbourg (BB).
Intéressante, sauf qu’elle est fausse !
– elle est issue de deux fournisseurs qui font de la numismatique (un
Hollandais et un Français). Donc pourquoi ne pas l’avoir repérée ?
– le métal est un peu rouge (comme des Marianne coq refrappées). Alors que
l’or de toutes les pièces d’avant 1914 non refrappées est toujours de couleur
jaune.
– tous les demi- Napoléon III tête laurée de qualité TTB pèsent entre 3,15 et
3,19 grammes. Celle-là fait 3,09 grammes. Le poids n’y est pas, il n’est pas
raccord avec l’aspect visuel lié à l’usure. Pour un tel poids, nous aurions
une pièce de qualité B (tous les reliefs plats). Le titre doit donc être
d’environ 875 °/oo.
– la tranche n’est pas de bonne qualité, comme mal frappée.
Il s’agit probablement d’une pièce réalisée entre les années 1970 et 80. Les
faussaires fabriquaient alors des faux à partir de pièces rares afin
d’empocher la prime de rareté sur le marché de la
numismatique. Et les balances de l’époque n’étaient pas précises au 0,01
gramme. Il est donc difficile de détecter un problème sur le poids.
– L’autre pièce, un demi-Napoléon III tête laurée est une pièce
fautée.
Le coin a été abimé lors de la frappe de la série dans laquelle cette
pièce se trouvait et il a “imprimé” son défaut dans le flan (avers, coin
inférieur droit, le texte est dévié – sur le revers, le relief est écrasé).
Une pièce qui évidemment vaut plus qu’un Napoléon III classique de même
millésime, car habituellement elles étaient repérées avant de se retrouver en
circulation. Elles étaient ensuite fondues et les coins détruits.