Janvier est toujours le moment de revenir sur ce qu’il s’est passé ou ne
s’est pas passé durant l’année écoulée. Je vais essayer d’analyser le marché
de l’or et de l’argent en 2014 avec une courte revue des événements. Dans cet
article, je me demanderai ce qu’il arrivera en 2015 pour l’or et l’argent.
J’utilise souvent des graphiques à long terme, ce que me reprochent certains,
notamment la plupart des traders qui considèrent tout ce qui a plus d’un an
comme inutile ou encore ceux qui voient les années ’70 comme des reliques de
l’Antiquité. Cependant, il ne faut pas faire l’erreur d’ignorer l’Histoire.
Elle se répète, mais ce n’est pas nécessairement la plus récente qui le fait.
Les événements que nous traversons aujourd'hui ne sont pas nouveaux, mais ils
ne se sont pas produits depuis une centaine d’années, voire même depuis plus
de 300 ans. Un de ces événements pourrait s’avérer être l’effondrement, non
seulement du standard dollar US, mais de tout le système monétaire international,
basé sur la monnaie fiduciaire.
1970 a amené l’effondrement de Bretton Woods, nous sommes en pleine guerre
des devises depuis la crise financière de 2008 et, en 2014, une nouvelle
Guerre froide a débuté. Depuis la fin de 2014, nous vivons aussi une guerre
des matières premières. Une guerre de l’or, plus discrète mais féroce, fait
également rage entre le monde développé et le monde en développement, mais au
centre de la scène il y a les États-Unis, contre l’or, et la Chine, pour
l’or.
La guerre de l’or a commencé au
début du siècle avec la création des banques centrales, mais elle a pris des
proportions incroyables depuis l’effondrement du système d’échange d’or de
Bretton Woods, en 1971. Qu’est-il arrivé aux métaux précieux (or, argent,
platine et palladium) depuis ? Vous pouvez voir, dans le graphique ci-dessus,
que depuis 1970, même après les montées en flèche et les descentes majeures,
la performance totale des métaux précieux est positive, l’or ayant la
meilleure performance, avec 3,210.7%, le palladium avec 2,103.3%, l’argent
avec 740.1% et le platine, avec 616.8%.
Des quatre métaux précieux, seuls l’or et l’argent peuvent être considérés
comme métaux monétaires. Ils ont été pendant des milliers d’années, souvent
officiellement, mais toujours de facto, des monnaies solides. Aujourd’hui, il
ne reste que l’or qui soit un métal monétaire détenu par les banques
centrales, mais l’argent mérite bien son sobriquet d’ « or du
pauvre » puisque, même s’il est aujourd’hui principalement un métal
industriel, il suit l’or, malgré sa plus grande volatilité. Lorsque le prix
de l’or s’est approché du haut niveau de $2,000, nous avons vu une augmentation
substantielle de la demande d’argent en tant qu’actif monétaire ou
d’investissement. Lorsque l’Inde imposa des restrictions à l’importation
d’or, nous avons constaté une forte hausse des achats d’argent et, dans une
moindre mesure, de platine. Cela a prouvé une fois de plus que, même si
l’argent est aujourd’hui principalement un métal industriel comme le platine
ou le palladium, lors d’une crise monétaire il se comporte rapidement comme
un métal monétaire, même si c’est de manière non officielle. Dans cet
article, je me concentrerai uniquement sur les métaux monétaires, soit l’or
et l’argent.
Dans le graphique suivant, j’ai choisi de me pencher sur les métaux
précieux à partir de janvier 2009, soit tout juste après la crise financière
de 2008 qui a presque mené à l’effondrement de l'actuel système monétaire
international. Depuis cette période, l’or a grimpé de 35,5%, l’argent de
45,6%, le platine de 32,7% et le palladium de 331,1%.
Cependant, si nous regardons uniquement l’an passé, nous pouvons observer
que l’or n’a quasiment pas bougé, avec une légère perte de seulement 2,5%.
L’argent, de l’autre côté, a suivi les métaux industriels avec une chute de
19,4%. La seule exception a été le palladium, avec une croissance de 11,3%,
tandis que le platine a suivit l’argent en territoire négatif, avec une chute
de 12,2%. Avec les craintes d’inflation ou d’hyperinflation évaporées, les
investisseurs ont abandonné l’or et l’argent. L’argent s’est mis à performer
de plus en plus comme une matière première, tandis que l’or est resté un
métal monétaire supporté, entre autres, par une forte demande des banques
centrales.
En 2014, l’or a été la plupart du temps en territoire positif lors de la
première moitié de l’année et a oscillé autour de 0% durant la seconde
moitié. L’argent, de l’autre côté, a chuté bien en-dessous de zéro en seconde
moitié d’année, terminant celle-ci en territoire négatif à -19,4%, versus
l’or à -2,5%.
Il est intéressant de voir ce qu’il est arrivé au ratio or/argent. Dans le
graphique ci-dessous, on peut voir que le ratio a augmenté substantiellement
dans la seconde moitié de l’année. Avec l’effondrement de l’économie
mondiale, l’argent a suivi les métaux industriels, tandis que l’or est resté
en relation avec les enjeux monétaires.
Vu que l’or et l’argent sont des métaux monétaires et de la monnaie
solide, voyons quelles ont été leurs performances par rapport aux devises
fiduciaires comme le dollar et l’euro. Commençons avec les perspectives à
long terme. J’aimerais, une nouvelle fois, commencer avec 1970, date qui
correspond à la fin du standard or. Comme vous pouvez le voir, l’or et
l’argent ont enregistré des meilleures performances que toutes les devises
fiduciaires. L’or a grimpé de 3,251% et l’argent de 741%, en dollars US.
Aucune devise fiduciaire ne dépasse ni ne s’approche de la performance de
l’or et de l’argent.
Depuis la fin de la crise financière de 2008, l’or et l’argent ont
performé mieux que toutes les devises fiduciaires, avec l’or en hausse de 35%
et l’argent de 39%, en dollars US.
Sur le court terme, l’or n’a presque pas bougé par rapport au dollar US.
Seuls le renminbi chinois et la roupie indienne sont restés proches du
dollar, considérant la marge d’erreur.
Si nous regardons maintenant l’or et l’argent en tant qu’investissement et
les comparons aux actions, obligations et devises, nous pouvons observer,
dans le graphique suivant, que depuis l’effondrement du système d’échange
basé sur l’or, l’or a grimpé d’environ 3,261%, l’argent de 740,1%, les
actions de 2,103.8%, et les obligations de 71,2%. Le dollar US a baissé de
24,5% par rapport à un panier de devises majeures.
Depuis 2000, l’or est toujours en tête avec un pourcentage de croissance
de 312,4%, l’argent avec environ 200%, les obligations à 62,2% et les actions
à 57%, tandis que le dollar US a perdu 8,5%.
Depuis la crise financière de 2008 et les interventions et manipulations
exceptionnelles des gouvernements sur les marchés, l’or et l’argent, après
avoir augmenté de près de 120% et 360%, ont terminé l’année en hausse de 36%
pour l’or et 45,6% pour l’argent, versus les actions, en hausse de 97,4%, et
les obligations, en hausse de 7,7%. Le dollar US a augmenté de 11,7%.
En 2014, l’or n’a presque pas bougé, mais un peu négativement à -0,8%, et
l’argent a baissé d’environ 19,4%, tandis que les actions ont grimpé de
10,4%, les obligations de 12% et le dollar US de 11,9%.
Les actions aurifères n’ont pas performé aussi bien que l’or et l’argent
lors des périodes que j’ai choisies. Cependant, lors des marchés haussiers de
l’or et de l’argent, elles ont surperformé. Depuis la fin du standard or en
1970, l’indice BGMI des actions d’aurifères n’a connu aucune croissance, si
l’on tient compte de l’inflation. Depuis 2000, les deux principaux indices
d’aurifères (XAU et HUI) sont respectivement en hausse de 4% et 127%, en
termes nominaux.
Depuis la crise financière de 2008, ils ont respectivement baissé de 43%
et 45%.
De plus, lors de l’année 2014, ils ont respectivement baissé de 19% et
18%.
Selon moi, l’année 2014 a été dominée par les interventions
gouvernementales et toutes sortes de manipulations des marchés pour sauver
l’économie mondiale étouffée par la dette excessive… en ajoutant plus de
dette. Les plus actives à intervenir ont été les banques centrales, et
surtout la Fed, aux États-Unis. Elles n’auront réussi qu’à éviter un
effondrement total de l’économie et à remettre à plus tard l’inévitable
effondrement du système monétaire international.
Nous avons vu une nouvelle Guerre froide débuter en 2014, nous sommes dans
une guerre des devises et de l’or depuis 2009 et, à la fin de 2014, une
guerre du pétrole et des matières premières s’est amorcée. Et nous ne devons
pas oublier les crises géopolitiques qui éclatent partout dans le monde, de
l’Ukraine au Moyen-Orient, et les troubles sociaux en Europe et aux
États-Unis. Aucune de ces crises n’a connu d’apogée l’an dernier, mais cela
n’augure rien de bon pour 2015.