‘Un compte à vue ne permet que
difficilement à la banque dépositaire de réclamer son
or, ce qui autorise la Fed ou la banque d’Angleterre à le vendre
ou le prêter à leur gré : les comptes à vue sont
simplement un moyen pour les banques centrales d’étendre leurs
réserves d’or de la même manière qu’une
banque commerciale étend le crédit bancaire.’
Alasdair MacLeod
écrivait, dans un récent article : Nous avons
récemment pu voir émerger des rumeurs concernant une
éventuelle possibilité pour les créditeurs de la
Grèce de saisir son or si celle-ci venait à faire
défaut. Que ces rumeurs soient fondées ou non, elles posent une
question majeure : en période de crise, quelle est
l’attitude collective des banques centrales de la zone Euro
vis-à-vis de l’or ?
Rappelez vous que ce sont ces mêmes banques centrales
qui avaient tenté de mettre fin au rôle monétaire de
l’or après que le système de Bretton
Woods se soit effondré dans les
années 1970. Plus récemment, en tant que signataires de trois
Accords des Banques Centrales sur l’Or consécutifs, elles ont
certainement commencé à apercevoir l’or en tant que
source de financement. Mais en ces temps-cis, planification centrale et
régulation n’étaient pas encore défiées par
les marchés. Alors que les autorités monétaires font
face à des critiques de plus en plus virulentes, la stratégie
des banques centrales envers l’or devrait aujourd’hui être
totalement différente : l’or devrait être
aperçu soit en tant qu’actif dont la valeur comme
collatéral se doit d’être maximisée, soit en tant
qu’actif ‘de dernier recours’. Leurs droits acquis ont
été fondamentalement transformés par la situation
à laquelle font aujourd’hui face les gouvernements de la zone
Euro.
La récente hausse du prix de l’or ne
fait que soutenir mon point de vue. En se basant sur des données
officielles, les réserves d’or de la zone Euro étaient
égales à seulement 9% des réserves d’or totales lors
du lancement de l’Euro, et ne sont aujourd’hui plus que de 6% des
réserves totales. De plus, une part indéterminée de cet
or se trouve dans des comptes à vue auprès de banques centrales
n’appartenant pas à la zone Euro, comme par exemple la Fed, la
banque d’Angleterre, ou le FMI. Un compte à vue ne permet que
difficilement à la banque dépositaire de réclamer son
or, ce qui autorise la Fed ou la banque d’Angleterre à le vendre
ou le prêter à leur gré : les comptes à vue
sont simplement un moyen pour les banques centrales d’étendre
leurs réserves d’or de la même manière qu’une
banque commerciale étend le crédit bancaire.
Cette capacité à créer de
l’or par le biais du système des comptes à vue a
été un élément fondamental de la liquidité
du marché des métaux précieux depuis la seconde guerre
mondiale. Certains problèmes viendront à se poser lorsque la
confiance en ce système sera remis en
cause : par exemple, quelles sont les quantités d’or
réellement possédées par la Grèce, et
qu’est-il arrivé à l’or que la Grèce a
transféré à la BCE ? Cette question est celle que se
posent aujourd’hui l’ensemble des banques centrales, et pas
uniquement les 17 banques membres de la zone Euro. Nous ne savons pas si
cette idée était derrière la tête d’Hugo
Chavez lorsqu’il a demandé le rapatriement de l’or du
Venezuela, mais ce serait fort possible. Cette question a également
été soulevée par le journaliste Lars Schall
pour ce qui concerne l’or de l’Allemagne déposé
auprès de la Fed.
Pendant que les banquiers centraux ruminent sur
cette question, il est une éventualité qu’elles se doivent
d’empêcher à tout prix: la possibilité que les plus
petites banques centrales mettent la main sur l’or des plus grandes en
demandant la livraison sur les marchés principaux de l’or,
Londres ou New York. Ce serait
une conséquence directe et naturelle de l’aggravation de la
crise de la monnaie financière actuelle, et l’ensemble du
système mondial de monnaie fiduciaire serait mis en péril si
cette situation venait à se produire.
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