Alors que les
chiffres du chômage pour septembre sont mauvais et que le ministre du
travail continue à affirmer qu’il sera possible d’inverser
la courbe du chômage, le même Michel Sapin a signé en juin
dernier un arrêté délimitant clairement le champ d'action du
portage salarial.
Il est désormais
réservé aux cadres gagnant plus de 2 900 €
brut par mois et salariés en CDI par une entreprise de portage
salarial.
Si son objectif était vraiment de
diminuer le chômage, c’est exactement l’inverse qu’il
aurait dû faire, à savoir élargir le champ du portage
salarial.
L’intérêt du portage
salarial est d’être une mesure de flexisécurité
par excellence. Le modèle danois a été vanté pour
son marché du travail à la fois flexible et
sécurisé qui assure un taux de chômage faible, y compris
en cette période de crise. Le portage salarial, c’est une mesure
de flexisécurité à la
française pour laquelle d’ailleurs un chef d’entreprise
Français – Guillaume Cairou - a obtenu
en 2011 le Prix de l’entrepreneur de l’année pour sa société
de portage fondée en 2004.
Le portage comprend trois acteurs : le
salarié porté qui veut se lancer dans une activité, les
clients et la société porteuse.
Les clients sont en général
des entreprises qui ne peuvent pas s’adjoindre les services d’un
salarié à temps plein en CDI.
Les salariés portés peuvent
avoir diverses motivations dont les principales sont qu’ils conservent
tous les avantages sociaux liés au salariat tout en ayant la
possibilité de développer une activité de conseil, ne
pas travailler seul ou encore sortir du chômage.
La société porteuse sert
d’intermédiaire et se rémunère au pourcentage du
chiffre d’affaires réalisé par les différents portés.
Si on regarde les chiffres, on se dit
effectivement que ces sociétés de portage ont un rôle
important à jouer, notamment pour surmonter les rigidités du
marché du travail. Le phénomène est apparu dans les
années 1980 et a connu un réel essor dans les années
2000. Tendance plus intéressante encore, il y a encore 5 ans, ce mode
d’organisation n’était connu que des cadres seniors.
Aujourd’hui, il attire de plus en plus les jeunes diplômés
dont on sait qu’ils ne sont pas épargnés par le
chômage. D’où l’idée désastreuse de
vouloir réserver ce mode d’organisation aux cadres gagnant plus
de 2900 euros.
La principale critique faite au
portage salarial est de favoriser des
relations au travail plus précaires que le salariat traditionnel. Mais
mieux vaut il être porté ou
chômeur ? C’est vrai que le rêve du Français,
c’est de décrocher un CDI, du fait de tous les avantages qui lui
sont associés mais aussi du statut qu’il confère. Sauf
que la surprotection a son coût : la peur du déclassement,
à savoir la perte du CDI et la très grande difficulté
à en retrouver un dans un pays où la durée au
chômage est très longue. Du coup, le portage apparaît
comme un moyen parmi d’autres d’associer un bon niveau de
sécurité et une souplesse suffisante.
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