Dans la journée de mercredi, l’article
le plus populaire sur le site du Journal était intitulé Volvo se tourne
vers l’électrique, une première pour les firmes automobiles majeures. Le
lendemain matin, en première page, le Wall Street Journal a déclaré Volvo le « premier
fabricant automobile à sonner le glas du moteur à combustion interne ».
Ce n’est pas tout à fait vrai.
Volvo a annoncé que, d’ici à 2019, tous ses véhicules seraient hybrides ou
hybrides « légers », ce qui signifie qu’ils seront pour la plupart
encore équipés de moteurs à combustion interne.
« Cette déclaration marque
le début de la fin du véhicule uniquement équipé d’un moteur à
combustion interne, » comme l’a expliqué le directeur exécutif de Volvo,
Håkan Samuelsson.
Volvo, contrairement à tous les
autres fabricants automobiles, n’a même pas encore développé de véhicule
électrique. Son véhicule le plus populaire est un VUS de luxe, qui roule à l’essence,
et dont le modèle haut-de-gamme est aussi muni, vous l’avez deviné, d’un
moteur électrique supplémentaire.
La version hybride du XC90 est
disponible pour la somme de 75.000 dollars : un client qui souhaite
acheter un véhicule hybride est aussi présumé vouloir être équipé de 19 haut-parleurs,
d’un système audio de 1.400 watts, d’un système de stationnement autonome et
de toutes les autres options que Volvo peut se permettre d’inclure dans un
VUS à 75.000 dollars.
Et c’est là la clé de toute l’affaire.
L’annonce de Volvo ne signale aucunement une transformation de l’avenir des
véhicules électriques, et a en réalité tout à voir avec la niche marketing de
la société.
Mais quelque chose d’autre est
aussi à soulever. Volvo est dirigée depuis la Suède. Son directeur est un
Suédois. Mais l’entreprise automobile Volvo appartient au chinois Geely
depuis 2010.
Le plus gros marché de Volvo est
aujourd’hui la Chine. D’ici 18 mois, les fabricants automobiles chinois
seront sujets à un mandat à la californienne et toujours plus onéreux de « véhicule
à zéro émission ».
Pour revenir sur ce que j’ai
déjà dit, pour réduire les émissions de gaz à effets de serre, les véhicules
personnels ne sont pas un terrain de jeu stratégique. Mieux faudrait s’attaquer
à la production d’électricité.
L’objectif véritable de la Chine
est ici de réduire sa vulnérabilité stratégique au pétrole importé. En
imposant une transition vers les véhicules électriques, elle impose une
transition vers un carburant domestique et abondant, le charbon. La ville de
Taiyuan, capital de la ceinture du charbon du pays, s’est montrée
particulièrement enthousiaste, et a demandé à ce que tous les taxis locaux
deviennent électriques d’ici à 2021.
Dans le cadre de sa déclaration
d’indépendance énergétique, face notamment à l’US Navy, gardienne des routes
pétrolières du Proche-Orient, la Chine cherche à capturer le marché global de
la technologie lithium-ion. Elle a en effet aussi demandé à ce que les
fabricants automobiles du pays n’utilisent que des batteries fabriquées à l’échelle
domestique.
C’est là la Chine que les médias
ont tenté de présenter comme pionnière du combat contre le réchauffement
climatique depuis que Donald Trump a retiré les Etats-Unis des accords de
Paris sur le climat.
La Chine ne parviendra pas à
rendre une adoption massive des véhicules électriques économiquement viable,
pas sans avoir recours à des mandats, des subventions et autres distorsions
qui apporteront leurs propres lots de problèmes.