[Maj 14 février: j'ai mis à jour certains prix de solutions solaires
terrestres - VB]
Parfois, une lubie devient une mode. Sur
Internet ont fleuri ces trois dernières années des projets de “route
solaire”, une piste cyclable solaire expérimentale a été mise en oeuvre aux
Pays Bas, des startups s’intéresseraient au sujet aux USA, et les réseaux
sociaux fourmillent de gens crédules qui répercutent la moindre histoire à
dormir debout sur le sujet. La route solaire est donc une des modes
écolo-compatibles du moment.
Le nouveau dada de Ségolène Royal
La société Colas, du groupe Bouygues, désireuse de prendre le train de la
mode en marche, annonce avec force trompettes et cocoricos la sortie d’un
revêtement routier rien moins que révolutionnaire, nommé Wattway, censé permettre
d’utiliser les surfaces routières existantes pour produire du courant.
Jusque là, rien de grave, une entreprise privée peut tout à fait investir
dans les champs auquel elle croit. Certes, nous apprenons sur leur site que
la recherche a été faite en partenariat avec un institut public, ce qui
suppose qu’il y a eu subventions. C’est regrettable, mais enfin, en France,
le contraire eut été étonnant. Bref, un objet de R&D classique, qui
aurait peut être mérité une expérimentation limitée, et encore.
Mais arrive Ségolène Royal, toujours désireuse de paraître plus verte, et qui
voudrait redorer son image de visionnaire sauvant la planète après l’échec
dispendieux (20
millions d’argent public, selon son opposition au conseil régional Poitou-Charente)
du sauvetage raté de Heuliez par un projet de voiture électrique avorté, la
“Mia”.
Ségolène Royal a décidé, sur la seule base d’annonces d’un produit sur lequel
pèsent tout de même quelques incertitudes, faire
déployer 1000 km de "routes solaires" en 5 ans, comme ça, d’un
claquement de doigts, et l’a évidemment claironné dans tous les médias
subventionnés de France. Certes, elle s’est empressée d’ajouter qu’il y
aurait une phase de tests. Ouf. Mais tout de même, cette annonce pose
beaucoup de questions !
En effet, quand bien même le produit Wattway serait aussi bon que ce qu’en
dit son concepteur, s’il y a bien un endroit où il est idiot de déployer un
panneau solaire, fut il le plus performant du monde, c’est sur une route.
La coûteuse expérience holl… pardon, néerlandaise
Mais avant d’analyser cette cause fondamentale de mon scepticisme, retournons
voir l’expérience des Pays-bas qui fait le buzz sur les réseaux sociaux.
Pensez donc. Selon
cet article enthousiaste : “la piste hollandaise a produit plus
d’électricité que prévu”, elle a produit “3000 KWh en 6 mois”, soit “de
quoi alimenter un ménage mono-personne pendant un an” (vrai, j’ai vérifié),
soit encore “70KWh/m2/an”.
Seul problème: créée de zéro, cette piste cyclable a coûté environ... 3.5M €
(millions) pour 70 mètres de long (et environ 1.50m de large d’après les
photos) ! Pour ce prix, je vous crée 2km de route départementale neuve de
bonnes caractéristiques.
3.5 millions d’Euros pour produire annuellement de quoi alimenter deux
ménages célibataires… Même si une production en série permettait de diviser
le coût par, allons y gaiement, 50 (et on en est loin), la rentabilité serait
toujours épouvantablement mauvaise. Rappelons qu’en France, le KWh est facturé
15 centimes, toutes taxes incluses, à l’usager. Je suppose que l’ordre de
grandeur est le même aux Pays Bas, donc les 3000kw/h produits en 6 mois ont
une valeur marchande de… 450 Euros, taxes incluses, donc bien moins Hors
Taxes. De façon évidente, la piste ne peut rembourser son investissement sur
sa durée de vie : Il faut donc que la facture soit passée au contribuable !
L’article estime bien optimistement que 20% des routes des Pays Bas
pourraient à terme être équipées, soit environ 400 à 500 km2 de surface. Cela
permettrait donc de produire au maximum 35 TWh de courant électrique en
théorie (30% de la consommation néerlandaise finale), mais évidemment bien
moins sachant qu’une route n’est évidemment pas une piste cyclable en terme
de contraintes subies et de temps de masquage des panneaux par les véhicules.
Naturellement, cela ne prend pas en compte les inconvénients traditionnels du
solaire (énergie produite uniquement de jour, de façon très intermittente,
peu de production quand il fait froid alors que la demande est
maximale, solutions de stockage actuelles beaucoup trop chères et
inadaptées à un stockage de masse d’où la nécessité de centrales de backup
fonctionnant de façon intermittente elles mêmes donc peu rentables, etc…),
et ne donne aucune indication sur le coût de l’électricité ainsi produite, et
sur l’explosion de la facture des néerlandais s’il leur prenait l’idée
saugrenue de déployer la technologie dans son état actuel. Rassurez vous, les
Hollandais ont inventé le commerce moderne, ils ne feront pas une telle
bêtise. Le gouvernement français, par contre…
Ah, ajoutons que le revêtement de la piste cyclable “commence à se dégrader”
au bout de 6 mois, mais que le fabricant “étudie déjà une meilleure version”.
(preuve photo: https://twitter.com/percytwits/status/548754743557128192
)
Etudiez, étudiez… Tout ceci plaide évidemment pour que ce type de voie reste
expérimentale jusqu’à ce que tous les inconvénients ci dessus soient traités.
C’est à dire, sans doute, dans très longtemps.
Mais Mme Royal veut ses 1000 km en 5 ans, tout de suite. Il est vrai que
Colas affirme avoir résolu un certain nombre de problèmes anticipés pour ce
type de panneaux. Peut-on les croire sur parole ?
La promesse de Wattway
Wattway se présente comme un revêtement de surface très fin (7mm) incluant
des micro cellules photo voltaïques, n’apportant aucune résistance
structurelle mais capable de “travailler” avec la route (qui est souple), de
ne pas se casser et de fissurer, et de résister aux essieux de poids lourds.
En aucun cas le revêtement Wattway ne remplace une couche routière
structurante, si on devait construire une route neuve Wattway, le coût du
revêtement viendrait donc en supplément du coût d’une structure routière
classique.
Wattway promet un revêtement capable de s’adapter à un support existant (la
Route), ce qui permet de limiter le coût à un déploiement en surface (je
suppose qu’une couche d’accrochage est nécessaire). Fort bien. Colas ne va
pas jusqu’à indiquer un coût au m2 dans la FAQ de son produit, se
réfugiant derrière un “coût au watt crête” de “6€”, contre “2 à 8” pour des
panneaux classiques. Dont acte, mais je signale qu’un revêtement en enduit
superficiel coûte grand maximum 4€/m2, et encore ce prix a-t-il été
obtenu avant le grand plongeon des hydrocarbures observé récemment. Le manque
de transparence de Colas sur cette question laisse tout de même songeur.
Wattway affirme que “20m2” pourraient alimenter “un foyer”. En supposant
qu’il s’agisse d’un foyer célibataire comme dans l’exemple néerlandais vu
précédemment, on peut donc déduire qu’ils espèrent une production de 3000
Kw/h par an, soit 150 KWh/m2/an, plus du double de la performance des
panneaux sur la piste cyclable de la banlieue d’Amsterdam. Admettons (bien
que j’aie quelques doutes…).
A quel prix ? Des routes en or massif !
Puisque Colas refuse d’être trop précis, sortons la calculette. 6€/Wc font
6000€/KWc. Le KWc correspond à la puissance maxi de l’installation. Pour
estimer la production, il faut multiplier les KWc par le facteur
d’ensoleillement de la région, soit en France entre 850 (Lille) et 1250
KWh/an (Nice, Montpellier) produits par KWc installé (source WP). Prenons
une moyenne de 1000.
Normalement, je devrais réduire la production de wattway du moindre facteur
de charge (90% d’un panneau non circulé), mais je vais, bon prince, supposer
qu’ils ont déjà tenu compte de ce point dans leur calcul de coût au Wc.
Pour produire 3000 KWh/an pour notre célibataire, il faudra donc déployer 3
KWc, soit un coût de 18 000 Euros (Pour la petite histoire, cela ferait
donc 900€/m2, gloups !). Naturellement, ce sont des ordres de grandeur,
puisque Colas ne livre pas les hypothèses fondant son calcul de coût par Watt
crête et son affirmation “20m2= 1foyer”.
3000 Kwh seront facturés à notre foyer 450 Euros TTC. Et ce prix comporte des
taxes, entre TVA et CSPE, et la rémunération du transporteur de courant. Le
flux actualisé hors taxe sur 10 ans payé par l’usager sera donc de toute
façon très inférieur au coût d’investissement. La Wattway ne peut donc être
“rentable” que via des tarifs de rachat ultra bonifiés.
Or, cette
simulation en ligne nous montre qu’à Montpellier (ensoleillement
maximal), le coût d’une installation solaire classique de toit de 3KWc ne
doit pas être supérieur à 4.72 Euros/Wc pour ne pas être déficitaire, alors
même que sa durée de vie anticipée est de 20 ans, pour un tarif de rachat de
25.4 c/KWh. Inutile donc de dire que pour “rentabiliser” la Wattway, plus
chère à l’investissement de 27% par rapport à cette limite haute, qui ne
bénéficiera pas du même ensoleillement partout où elle sera déployée, avec
une durée de vie limitée de moitié dans le meilleur des cas, et dont la perte
de rendement par vieillissement risque d’être très élevée, le tarif de rachat
de l’électricité générée devra atteindre des sommets.
Tant que les renouvelables ne représentent qu’une part marginale de notre mix
énergétique, prélever une taxe sur un tarif de 15c au KWh sur tous les
usagers suffit à payer les quelques petits malins qui croquent du gâteau de
la CSPE. Mais si demain, des routes sont déployées à grande échelle pour
faire plaisir à Mme Royal, il est certain que le montant de la CSPE va
exploser.
Pour quelles routes ?
Toujours dans sa FAQ, Wattway affirme que “les dalles Wattway ont une
avance certaine en termes de robustesse. Elles ont fait la preuve de leur
capacité à supporter, sans dommage, un million de passages de roues de
camions”. Cela peut paraître impressionnant comme ça, mais un camion
comportant deux essieux, et un semi remorque 4 et plus, cela correspond à
environ 300-400 000 passages de camions. Soit 1000 camions jours pendant un
an. Par conséquent, pour obtenir la longévité de 10 ans évoquée, il faut
limiter Wattway aux petites routes de campagne supportant moins de 100 Poids
Lourds/jour.
Or, le produit Wattway, pour être efficace, ne peut être mis en oeuvre que
sur des routes en parfait état de surface: “Les surfaces pouvant
accueillir des dalles Wattway devront être enrobées et récentes. Elles ne
devront pas présenter de fissures, d’orniérages, de déformations…”
Or, les routes de campagne à faible trafic sont très rarement en enrobé (sauf
en village), leur état de surface est généralement médiocre (orniérage…)...
Et la structure a rarement suivi la hausse récente des trafics liée à la
fuite des ménages modestes des grandes agglomérations devenus trop chères.
Ces routes sont de surcroît souvent plus sensibles à la déformation et au gel
que les voies à fort trafic, ce qui fera travailler les dalles Wattway dans
des conditions encore plus dégradées. La pose de Wattway suppose donc une
remise à neuf de routes qui, en terme de trafic, n’en valent pas la peine, ce
qui augmentera encore le coût du kw/h produit. Wattway parait donc devoir
être limité à des voies de lotissement neuves (à condition que tous les
réseaux passent sous trottoir…), ou des parkings de grande surface, voire des
pistes cyclables. Mais certainement pas à des routes moyennement circulées
(et encore moins fortement).
Quand bien même la route sera faiblement circulée, l’abrasion, l’orniérage,
le poinçonnement et la fissuration feront leur oeuvre. Le rendement de la
route baissera donc graduellement pendant sa durée de vie supposée. Wattway
n’en donne aucune estimation à ce jour, mais le vieillissement de leur
produit dans le temps pose tout de même question.
En Ville, les voies sont le plus souvent parcourues de réseaux et
branchements qui nécessitent des interventions fréquentes en tranchée: cela
rend peu employable (sauf à supporter des coûts de réfection exorbitants)
Wattway sur la plupart des voiries urbaines.
On se demande donc bien pour quelles routes Wattway est adapté, sous réserve
que les décideurs en charge de ces routes analysent rationnellement les
avantages et inconvénients de l’offre.
Autres problèmes routiers et impact sur le prix de revient du KWh
Colas précise en outre que les déneigeurs doivent opérer “avec précautions”
(à 900€ le m2, je comprends !) et ne donne aucune précision quant à la
résistance de long terme du produit à la fissuration (inévitable en milieu
routier) et donc à l’infiltration d’eau, ni quant à la résistance au salage
anti-verglas, bien plus fréquent que le déneigement dans la plupart des régions
de France.
Ajoutons que le coût d’entretien d’un tel revêtement risque d’être plus élevé
que celui d’un revêtement classique. En effet, une route de campagne
s’entretient en général par simple application d’un enduit, ou plus
luxueusement un rechargement de quelques centimètres en enrobé (de 6 à 14
€/m2 selon technique et épaisseur, avant le grand plongeon du pétrole),
éventuellement après un “reprofilage” destiné à combler les ornières ou les
affaissements de rive. Avec Wattway, il faudra “peler” le revêtement usé
(Entièrement recyclable selon Colas) pour en appliquer un autre.
Cette litanie de problèmes anticipés interroge aussitôt l’investisseur
et le contribuable: jusqu’où faudra-t-il faire grimper le tarif de rachat des
watts solaires pour obtenir un minimum de rentabilité ?
Or, je rappelle que ces rachats d’énergie non rentables sont déjà
financés par une taxe spéciale sur l’électricité appelée CSPE, qui représente
déjà plus de 5Mds/€ dont 4.4 destinés au paiement des subventions aux énergies
renouvelables. Si le procédé Wattway devait être déployé à grande échelle, la
moindre des choses serait que l’on informe le public et les parlementaires
sur l’incidence que cela aurait sur nos factures d’électricité...
Les interrogations ci dessus exigeraient a minima une étude d’impact sérieuse
avant d’envisager un déploiement. Si l’on retient l’estimation de 900€ du m2
qui précède, le coût d’équipement de 1000 km de routes de 6m de large peut
être estimé à 5.4 Mds€, auquel il faut rajouter la remise en état de la route
support (cf supra). Qui peut croire qu’il se trouvera des investisseurs pour
engager de telles sommes sur un projet aux résultats si aléatoires, sans être
copieusement arrosés de subventions et sans obtenir un tarif de rachat
garanti tout à fait sensationnel ?
S’agissant d’une technologie immature, rien ne s’opposerait à une
expérimentation très limitée pour en tirer des leçons valables peut
être dans quelques années. Mais 1000 km dans 5 ans, sans attendre que Colas
ne sorte une version considérablement améliorée de son produit ? C’est de la
pure folie.
Le pire: si le produit Colas est si bon, il faut le déployer…
ailleurs que sur la route.
Mais baste, laissons là ces considérations ennuyeuses et allons tout de suite
à l'essentiel: Installer des panneaux solaires sur une route, fussent-ils les
meilleurs du monde, est conceptuellement idiot. Une route est certainement un
des pires endroits pour poser un panneau solaire, à part une cave !
Tout d’abord, il n'y a aucune pénurie d'espace où installer des panneaux
photo-voltaïques si d'aventure ceux ci devenaient rentables sans subvention,
c'est à dire pas tout de suite. Toits de maisons et de bureaux, champs en
jachère, auvents de parkings, sont loin d’être saturés de panneaux.
De plus, sur une route, le panneau se salira plus vite, ne sera pas orienté
de façon optimale vis à vis des incidences solaires, ce qui diminuera
notablement son rendement (d’environ 30% si
j’en crois les liens solaire-favorables cités en début d’article), et
sera tour à tour "éclairé/noir/éclairé/noir", ce qui réduira
évidemment son facteur de charge (% de temps de fonctionnement) par rapport
au même panneau placé dans un champ ou sur le toit d'une maison (10% de
facteur de charge en moins selon Colas eux-mêmes). Sans parler des dégâts
déjà évoqués occasionnés par le trafic, une déneigeuse, l'infiltration d'eau
par les inévitables fissures, la boue des engins agricoles, le sel, et toutes
sortes d'avanies qu'un panneau hors route ne subira pas.
Bref, si le produit Colas était si efficient au m2, il faudrait l'installer
d'urgence... hors des routes, puisque quelles que soit les qualités d'un
panneau, celui ci recevrait au bas mot 40% d’énergie en plus, et vivrait plus
longtemps !
Et naturellement, si le produit Colas est si performant en version routière,
alors, en le débarrassant de sa couche de protection abrasive (celle qui
assure l’adhérence des véhicules) qui doit en dégrader les performances
énergétiques, ils pourraient en tirer un produit moins cher et plus
performant encore (Colas indique que le rendement de ses cellules est de
15%, contre 19% pour des cellules “non routières” de bonne qualité) pour
être installé ailleurs que sur les routes, avec le bon angle d’orientation
permettant de maximiser le flux solaire reçu.
Danger: gaspillage en vue, contribuables une fois de plus arnaqués !
Pourquoi ne le font ils pas ?
Officiellement, Colas affirme que ces inconvénients sont compensés par la
perte de nécessité de louer du terrain agricole, de renforcer des toitures ou
de créer des supports pour des panneaux. J’ai du mal à croire en la candeur
de cette entreprise en général très professionnelle, lorsqu’elle profère une
telle énormité. Un hectare de terrain agricole non viticole se négocie
aujourd’hui à l’achat entre 4000 et 8000 euros/hectare (Loire Atlantique,
source “La propriété privée rurale”), avec des coûts de location des terres
de l’ordre de 100 à 400€/ha par an. En supposant que l’hectare soit occupé à
75% (il faut bien que l’équipe de maintenance circule entre les panneaux),
pour une route de 6m de large, un hectare de champ est équivalent en surface
à 1,2km de route Wattway, qui suppose un investissement de… 6,48 M€ !!
Mais la maintenance d’un hectare de panneaux regroupés en un point fixe, non
circulé, est évidemment moins onéreuse que la maintenance d’un panneau
défaillant en milieu routier, où la moindre intervention perturbera le
trafic.
Je peine à croire que monter les panneaux sur un support treillis échafaudage
standard dans un champ en jachère revienne plus cher que la perte de
production et les coûts spécifiques de maintenance induits par l’implantation
de panneaux sur la route. En fait, une installation solaire standard avec
“trackers” permettant d’orienter les panneaux en fonction du soleil, semble
revenir à moins de 4 €/Watt crête selon diverses sources, mais peut durer 20
ans. Contre 6/Wc avec une durée de vie de 10 pour nos panneaux
routiers.
La question est donc “pourquoi Colas, s’il est fier de son produit, ne le
commercialise t’il pas en priorité en version non routière ?
Serait-ce parce que la route est en général publique, alors que les champs et
les toits sont le plus souvent privés ? Et que face à aux panneaux existants,
en secteur privé, le panneau Wattway n’aurait aucune chance ?
Là où il est raisonnable de penser que le propriétaire privé fera ses comptes
avant de signer le chèque, l’entreprise Colas entend-elle soutirer quelques
deniers publics à un état ou des collectivités locales pourtant impécunieuses
mais désireuses de paraître très "COP21" ? Nos élus sont ils prêts
à oublier toute rationnalité économique auprès de masses d'électeurs
lobotomisés par la propagande verte ? Jusqu’où une ministre en mal d’image
est elle prête à sortir le chéquier public pour s’offrir des séquences de
pâmoison médiatique écolo-compatible ? Bref, le produit Wattways est il
spécifiquement conçu pour être un aspirateur à commandes publiques ?
Pire, il est à craindre que des collectivités locales exsangues acceptent un
deal basé sur un tarif de rachat “spécial route écolo-sympathique” par EDF et
ses récents concurrents, impactant plus encore la fameuse CSPE vue plus haut,
et augmentant encore plus nos factures. L’opération risquerait d’être certes
très belle pour Colas, mais moins appétissante pour les contribuables...
Conclusion
On peut donc se demander quelle mouche a piqué Ségolène Royal d’annoncer brutalement
un programme routier solaire exorbitant, là où le bon sens commanderait de ne
rien faire, et le politiquement correct de s’en tenir à des tests. Certes, ce
ne sera peut être que cela: une annonce.
Mais si ce coup médiatique se concrétisait et se voyait suivi par un
programme d’investissement réel, il faudrait exiger de nos parlementaires
qu’il soit soumis à une évaluation financière préalable indépendante et
détaillée (cour des comptes ?), déterminant l’impact du programme sur la
facture d’électricité du citoyen. Et alors, sauf erreur de ma part, la
ministre (ou ses successeurs) seraient contraints d’en revenir à un peu plus
de sagesse…