La plus ancienne banque du monde voit son action flirter avec le
zéro…
Les banques européennes vont mal et les Italiennes très mal.
Nous annoncions dans l’article « Brexit:
Londres se remet mais pas les banques de l’Eurosystème »
que l’Italie venait de recevoir l’autorisation de l’UE de soutenir
ses banques à hauteur de 150 milliards d’euros sous forme de garanties
d’Etat et ce pour une période de 6 mois. Ceci correspond à une opération
de bailout où le sauvetage se fait avec l’argent public.
Mais le gouvernement italien a corrigé cette information parue sur
le FT.
Le porte-parole du gouvernement a précisé que « l‘Italie n’a
aucune intention de défier Bruxelles sur les banques. Nous respectons les
règles et préférons des solutions de marché pour nos banques ». Ce
serait donc plutôt du bail-in, façon chypriote.
Si cela devait être le cas, le sauvetage se ferait par une
recapitalisation via une réduction des passifs affichés au bilan de chaque
banque.Cela reviendrait à diminuer le capital-actions, les dépôts, les
obligations, etc. Il s’agirait de réduire les dettes que des tiers détiennent
envers la banque. Mais attention on ne touche pas aux actifs dont les crédits
contractés par les clients de la banque.
Si vous avez à la fois un compte de dépôt et un crédit dans la
même banque, vous perdrez tout ou partie (en principe préservé jusqu’à
100’000 euros) de votre dépôt mais vous devrez toujours la totalité de vos
crédits. Cela s’appelle un bail-in.
C’est dans ce contexte que la BCE a jugé utile de demander à la banque Monte
dei Paschi di Siena de lui rappeler le mauvais état de son bilan et
de la sommer de réduire d’un tiers ses créances douteuses d’ici 2018…
La plus vieille banque du monde doit ainsi ramener ses prêts à
risque à 32,6 milliards d’euros en 2018, contre 46,9 MdE en 2015. Monte
Paschi est la banque italienne ayant la plus forte proportion de créances
douteuses, ceux-ci représentant 41% du total de son portefeuille de prêts.
On relèvera au passage l’exploit de financiers qui ont réussi à
transformer une banque en poubelle… Les bonus de ces personnages liés à la
croissance et au rendement leur font perdre de vue toute notion de qualité et
de pérennité d’une entreprise…
Bref, la mise au point de l’UE ne pouvait pas tomber à pire moment. Toutes
ces informations n’ont pas fait beaucoup de bien à l’action de la banque
Monte Paschi qui a perdu le 4 juillet près de 14%.
Graphique sur un mois. Dégringolade de la valeur de près de
50%…
En conclusion, on peut supposer que le sauvetage des banques italiennes
pourraient être le prélude à un potentiel processus massif de bail-in pour
recapitaliser les banques de l’Eurosystème…
Les mois qui viennent s’annoncent chaud pour les banques de l’Eurozone et
satellites (dont la BNS).
En attendant, les clients des banques italiennes feraient bien de mettre
leur argent à l’abri. Mais où?…
Peut-être la City de Londres? Aurait-elle joué le Brexit pour se
différencier de ces régions en faillite et imposer son leadership? Plus que
possible.
A suivre…
Liliane Held-Khawam
Principaux actionnaires de:
- Unicredit, la première banque italienne:
Blackrock la société américaine transnationale de gestion
d’actifs et pourvoyeuse de financement
Présence récurrente de Blackrock
·
Banque Monte Paschi:
Le premier actionnaire est un Hedge Fund spécialisé dans les entreprises
en difficulté… Il est dirigé par un ancien directeur de la banque… Et regardez
qui détient la 3ème place sur le podium: Axa SA.
BTG Pactual est une banque d’investissement brésilienne
issue du rachat d’UBS Pactual par BTG en 2009.
Le gouvernement italien a par ailleurs démenti une information du
« Financial Times » selon laquelle il serait prêt à injecter des
milliards d’euros dans son système bancaire en cas de crise grave malgré les
avertissements de Bruxelles sur la nécessité de respecter la réglementation
européenne qui veut que les banques, et non les contribuables, financent les
plans de sauvetage. « L’Italie n’a aucune intention de défier Bruxelles
sur les banques. Nous respectons les règles et préférons des solutions de
marché pour nos banques », a dit un porte-parole du gouvernement.
BNP
Paribas recule de 0,6% à 39,7 euros, la Société
Générale cède 1,5% à 27,9 euros et Credit
Agricole perd 0,5% à 7,6 euros.
A noter qu’Exane a révisé à la baisse ses objectifs de cours sur la
Société Générale à 35 euros, à 8,70 euros sur Crédit Agricole et à 4,90 euros
sur Natixis…
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