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Ce que je crois III

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Extrait des Archives : publié le 26 mai 2013
1613 mots - Temps de lecture : 4 - 6 minutes
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Les Questions d'économie politique et de droit public (1961) sont composées de deux volumes d'essais et d'articles écrits entre 1845 et 1861. Ils couvrent des sujets tels que la liberté d'expression, le libre-échange, l'offre privée de sécurité, le droit de la guerre, et la propriété intellectuelle.



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Les travaux qui forment la matière des deux volumes que nous publions aujourd’hui ne sont qu’un développement de ces idées.


Dans la première partie (*l’équilibre du monde économique*) nous nous sommes appliqué à mettre en lumière la grande loi qui gouverne la production et la distribution de la richesse; nous avons montré comment la production naît et se développe d’une manière harmonique, à mesure qu’elle est sollicitée par les besoins de la consommation, dans l’ordre et dans la proportion de ces besoins, sans pouvoir les dépasser ni demeurer en dessous, au moins d’une manière permanente; comment encore, sous l’influence de la même loi d’équilibre qui règle le développement de la production, [xxv] la justice tend incessamment et d’elle-même à s’établir dans la distribution des richesses; comment les profits des différentes branches de l’industrie humaine et les rémunérations de leurs agents productifs, travail, capital et agents naturels appropriés, tendent, en vertu d’une force irrésistible, à se mettre en équilibre, de manière à attribuer à chacun la juste part qui lui revient dans les résultats de la production.


Cette loi d’équilibre, qui agit par le moyen des quantités et des prix, et que nous avons pour cette raison désignée sous le nom de *loi des quantités et des prix*, a pour condition la liberté. Il faut que la production soit libre pour pouvoir se développer toujours conformément aux besoins de la consommation et dans la mesure de ces besoins; il faut de même qu’aucun obstacle ne vienne entraver les mouvements ou l’échange des produits et des agents productifs, ou interdire leur accès quand il s’agit de capitaux immobiliers, pour que la distribution de la richesse puisse s’opérer d’une manière conforme à la justice. Toute restriction opposée à la liberté ou à la propriété, n’est pas seulement inutile en ce sens que la production et la distribution de la richesse tendent d’elles-mêmes, par une impulsion naturelle, à s’opérer de la manière la plus utile et la plus équitable, elle est encore nuisible en ce sens qu’elle [xxvi] empêche ou qu’elle trouble l’action du mécanisme naturel qui fait graviter le monde vers l’abondance et la justice.


Cela étant, en quoi doit consister l’œuvre des amis du progrès? Elle doit consister uniquement à détruire les entraves que des intérêts étroits et égoïstes, des passions aveugles ou des préjugés à courte vue ont opposés depuis des siècles à la liberté et à la propriété. Restituer aux hommes la liberté de travailler, de s’associer, d’échanger, de prêter, de donner, la libre jouissance et la libre disposition de leurs propriétés, en empêchant simplement les uns d’empiéter sur la liberté et sur la propriété des autres, et pour éviter d’attenter à la liberté et à la propriété sous prétexte de les garantir, en se bornant à réprimer les atteintes qui y sont portées, voilà ce qu’il y a à faire aujourd’hui, rien de moins, mais aussi rien de plus!


Pour rendre aussi saisissable que possible cette démonstration capitale, nous avons passé en revue les différentes branches de l’activité humaine et nous avons examiné quelle influence exercent sur elles les entraves, les restrictions et les charges de tous genres dont on les a accablées, tantôt dans des intentions simplement et naïvement spoliatrices, tantôt encore, et plus souvent en vue de les protéger. Comme résultats de cet examen, [xxvii] nous avons constaté que partout les restrictions ou les interventions artificielles dans le domaine de la production et de la distribution des richesses, ont ralenti l’une et faussé l’autre, soit qu’il s’agisse de l’industrie agricole ou manufacturière, soit qu’il s’agisse encore de l’enseignement, des cultes et des arts, soit enfin même qu’il s’agisse de cette industrie spéciale qui a pour objet de procurer à toutes les autres branches de la production la sécurité qui leur est indispensable. Nous sommes convaincu que cette industrie, qui est la branche essentielle des attributions gouvernementales, est destinée à passer, tôt ou tard, du régime du monopole ou de la communauté forcée au régime de la liberté pure et simple, et que tel sera le « couronnement de l’édifice » du progrès politique et économique. En un mot, nous croyons que tout ce qui est organisation imposée, rapports forcés, doit faire place à l’organisation volontaire, aux rapports libres.


Si nous sommes dans le vrai sur ce point, si la liberté est destinée à se substituer à la contrainte et au monopole dans toutes les branches de l’activité humaine, on conçoit que la Paix puisse s’établir d’une manière permanente entre les différentes ramifications de la grande famille humaine. La paix est, en effet, la conséquence naturelle et nécessaire de la liberté. La liberté commerciale, [xxviii] par exemple, rend sans objet les guerres entreprises pour conquérir un marché puisqu’elle rend tous les marchés accessibles à tous; les guerres religieuses n’ont plus de motifs ou de prétextes lorsque chacun peut exercer, sans entraves, le culte particulier dans lequel il a foi; les guerres politiques enfin n’ont plus de raison d’être lorsque chacun, individuellement, peut donner librement sa clientèle à l’établissement dans lequel il a le plus de confiance pour assurer sa liberté et garantir sa propriété. La paix naît ainsi d’elle-même, non d’une organisation artificielle, d’un système quelconque destiné à assurer la paix perpétuelle, mais de l’élimination successive des causes de guerre.


En attendant toutefois que ces causes de conflagrations aient été éliminées, on peut, en s’appuyant sur les vrais principes du droit public, invoquer *le droit d’intervention* actuellement méconnu par une réaction inévitable de l’opinion contre l’abus qui en a été fait, pour empêcher la guerre et les révolutions de troubler et de désoler le monde. On peut encore diminuer les maux de la guerre en soustrayant, autant que possible à ses atteintes, la propriété et la liberté des particuliers. A l’époque où nous avons abordé cette dernière question (au commencement de la guerre d’Orient), la thèse que [xxix] nous soutenions paraissait entachée d’utopie, et le *Journal des Débats* entre autres se moquait agréablement des disciples du bon abbé de Saint-Pierre, qui essayaient de prouver que le pillage, le viol et le massacre ne sont pas des nécessités de la guerre. Mais, bientôt après, le gouvernement des États-Unis, en accordant son adhésion à cette prétendue utopie et en proposant de la consacrer par l’accord des puissances, a donné à réfléchir à nos adversaires, et si le respect de la propriété et de la liberté des particuliers en temps de guerre n’a pas passé encore complètement dans le droit des gens, il a du moins gagné du terrain dans l’opinion publique.


Nous avons consacré notre dernière partie à l’examen et à la démonstration du principe de la propriété intellectuelle, question encore fort controversée parmi les économistes eux-mêmes. Les uns refusent, comme on sait, absolument, de reconnaître ce genre de propriété; les autres, tout en admettant la propriété littéraire, repoussent la propriété des inventions. A nos yeux, la propriété intellectuelle, dans ses diverses applications, est aussi légitime et aussi utile que la propriété matérielle; elle sert à assurer une juste et nécessaire rémunération à la catégorie la plus importante des travaux de l’intelligence, à celle qui agit de la [xxx] manière la plus directe pour améliorer le sort de l’espèce humaine en agrandissant la sphère de la civilisation.


En résumé, les questions diverses qui se trouvent exposée dans ces deux volumes gravitent autour d’une même idée, d’un même principe, qu’elles servent à *illustrer*, savoir que le monde économique obéit comme le monde physique à une loi naturelle d’équilibre en vertu de laquelle la production tend à s’organiser toujours de la manière la plus utile, et la distribution des produits à s’opérer de la manière la plus équitable; qu’il suffit en conséquence d’assurer à chacun des membres de la société le libre usage de son activité et la possession des fruits de cette activité libre, pour arriver au *maximum* possible de richesse et de justice.


Ainsi donc, établir dans toutes les branches de l’activité humaine la liberté, et garantir la propriété qui n’en est que le corollaire; substituer les rapports libres aux rapports forcés, voilà le but que doivent poursuivre les amis du progrès.


Ce but, ils doivent encore s’en tenir pour l’atteindre à *la persuasion* et à *l’exemple*, comme aux moyens les plus efficaces et les plus économiques, dans l’état actuel de la civilisation, de réaliser le *progrès au meilleur marché possible*. [xxxi]


Nous ne nous dissimulons pas, au surplus, tout ce que les travaux que nous réunissons aujourd’hui présentent d’incomplet et d’insuffisant. Plusieurs démonstrations, et en particulier celles qui concernent la liberté des cultes et la liberté de gouvernement sont à peine ébauchées, d’autres manquent tout à fait. Nous espérons toutefois que la grandeur et l’harmonie du système dont nous avons esquissé les principaux traits éclateront aux regards, malgré ces lacunes de nos démonstrations, et nous nous croirons suffisamment récompensé de nos peines si nous sommes parvenu à recruter quelques prosélytes de plus à la cause à laquelle nous avons voué notre vie, et dont le *Credo* peut se résumer en ces mots : *la Liberté et la Paix*.


FIN


A lire pour approfondir :


Les Soirées de la rue Saint Lazare (édition numérique Institut Coppet)


L’article Molinari par Damien Theillier, dans le Dictionnaire du libéralisme (Larousse)


Textes de Molinari sur le site d’Hervé de Quengo


De la production de sécurité (Article d’Aurélien Biteau, Contrepoints)


Molinari, cet oublié (Article de Ludovic Delory, Contrepoints)


La bibliographie de Molinari sur le site de David Hart



 

 



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Gustave de Molinari (1819 - 1912) est un économiste belge. Disciple de Frédéric Bastiat, il est considéré comme le fondateur de l'anarcho-capitalisme. Il était partisan du libre-échange laissé à sa propre impulsion. Les Soirées de la rue Saint Lazare ont été écrites au lendemain de la Révolution de 1848 quand des politiciens socialistes sont arrivés au pouvoir et ont essayé de mettre en place le premier État-providence moderne de l’histoire.
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