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Ce texte a
été publié pour la première fois en 1962 dans sa
traduction espagnole – El Establecimiento Histórico
de la Escuela Austriaca
de Economía. La
version anglaise ne fut publiée qu'en 1969 sous le titre The Historical Setting of
the Austrian School of Economics par
Arlington House. Et il existe une traduction italienne datant de 1992
– La Collocazione Storica della Scuola Austriaca di Economia. Nous
publions ici la première partie du texte dont la traduction
française a été réalisée par Hervé de Quengo.
II. Le conflit
avec l'École historique allemande
1. Le rejet allemand de l'économie
classique
L'hostilité que les enseignements de la théorie
économique classique rencontra sur le
continent européen fut principalement causée par des
préjugés politiques. L'économie politique, telle qu'elle
avait été développée par plusieurs
générations de penseurs anglais, brillamment exposée par
Hume et Adam Smith et perfectionnée par Ricardo, fut le
résultat le plus remarquable de la philosophie des Lumières.
C'était le coeur de la doctrine libérale,
qui visait à établir le gouvernement représentatif et
l'égalité de tous devant la loi. Il n'était pas
surprenant qu'elle fut repoussée par ceux dont les privilèges
étaient attaqués. Leur tendance naturelle à rejeter
l'économie était considérablement renforcée en
Allemagne par l'esprit nationaliste montant. Le rejet borné de la
civilisation occidentale – que ce soit la philosophie, la science, la
doctrine et les institutions politiques, l'art et la littérature
–, qui conduisit en fin de compte au nazisme, trouve ses origines dans
la critique véhémente de l'économie politique
britannique.
Il ne faut cependant pas oublier qu'il y avait aussi d'autres raisons
à cette révolte contre l'économe politique. Cette
nouvelle branche de la connaissance soulevait des problèmes
épistémologiques et philosophiques auxquels les savants ne
trouvaient pas de réponse satisfaisante. Elle ne pouvait pas
être intégrée dans le système traditionnel
d'épistémologie et de méthodologie. La tendance
empiriste qui domine la philosophie occidentale suggérait de
considérer l'économie comme une science expérimentale,
à l'instar de la physique et de la biologie. L'idée même
qu'une discipline traitant de problèmes « pratiques »
comme ceux des prix et des salaires puisse avoir un caractère
épistémologique différent de celui des autres
disciplines portant aussi sur des sujets pratiques, était
au-delà des possibilités de compréhension de
l'époque. Mais, d'un autre côté, seuls les positivistes
les plus doctrinaires n'arrivaient pas à comprendre qu'il était
impossible d'entreprendre des expériences dans le domaine que
l'économie essaye d'expliquer.
Nous n'avons pas à traiter ici de la situation telle qu'elle s'est
développée à l'époque du néo-positivisme
ou de l'hyper-positivisme du vingtième siècle. Aujourd'hui,
partout dans le monde mais avant tout aux États-Unis, des nuées
de statisticiens se consacrent dans des instituts à ce que les gens
appellent « la recherche économique ». Ils rassemblent des
chiffres fournis par le gouvernement et par diverses entreprises, les
réarrangent, les ajustent et les reproduisent, calculent des moyennes
et tracent des graphiques. Ils présument qu'ils « mesurent
» de ce fait le « comportement » de l'humanité et
qu'il n'y a pas de différence notable entre leurs méthodes de
recherche et celles appliquées dans les laboratoires de recherche en
physique, en chimie ou en biologie. Ils regardent avec pitié et
mépris les économistes qui, ainsi qu'ils le disent, sont comme
les botanistes de « l'antiquité » et comptent sur «
de nombreuses réflexions spéculatives » au lieu de
compter sur les « expériences »[5].
Mais chez les économistes de la première partie du
dix-neuvième siècle, ce contresens quant aux fondements des
sciences de l'action humaine n'allait pas aussi loin. Leurs tentatives de
traiter des questions épistémologiques de l'économie se
soldèrent, bien entendu, par un échec total.
Rétrospectivement, nous pouvons pourtant dire que cette frustration
était une étape nécessaire sur la route conduisant
à une solution plus satisfaisante du problème. Ce fut le
traitement avorté de John Stuart Mill au sujet des méthodes des
sciences morales qui montra de manière involontaire la futilité
de tous les arguments avancés en faveur de l'interprétation
empiriste de la nature de l'économie.
Quand les Allemands commencèrent à étudier les travaux
des économistes classiques britanniques, ils acceptaient sans aucun
problème l'hypothèse selon laquelle la théorie
économique découlait de l'expérience. Mais cette simple
explication ne pouvait satisfaire ceux qui étaient en désaccord
avec les conclusions auxquelles, à partir de la doctrine classique, on
devait aboutir quant à l'action politique. Ils soulevèrent
rapidement des questions: l'expérience à partir de laquelle les
auteurs britanniques ont déduit leurs théorèmes
n'est-elle pas différente de celle à laquelle est
confronté un auteur allemand? L'économie britannique n'est-elle
pas défectueuse parce que le matériel duquel elle a
été extraite était uniquement en provenance de
Grande-Bretagne, et uniquement de la Grande-Bretagne du hanovrien Georges?
Après tout, existe-t-il vraiment une science économique valable
pour tous les pays, toutes les nations et toutes les époques?
La façon dont répondaient à ces trois questions les
auteurs considérant l'économie comme une discipline
expérimentale est évidente. Mais une telle réponse
équivalait à la négation apodictique de
l'économie en tant que telle. L'École historique aurait
été cohérente si elle avait rejeté l'idée
même de la possibilité d'une science économique et si
elle s'était scrupuleusement abstenue de faire la moindre
déclaration différant d'un compte rendu sur ce qui s'est passé
à un moment donné du passé et en un lieu donné de
la terre. Une prévision des effets à attendre d'un
événement donné ne peut être faite que sur la base
d'une théorie revendiquant une validité générale,
et non une simple validité quant à ce qui s'est produit par le
passé dans un pays déterminé. L'École historique
nie catégoriquement qu'il puisse exister des théorèmes
économiques d'une telle validité universelle. Mais cela ne
l'empêche pas de recommander ou de condamner – au nom de la
science – diverses idées ou mesures nécessairement
destinées à modifier les conditions futures.
Il y avait par exemple la doctrine classique concernant les effets de la
liberté du commerce et du protectionnisme. Les critiques
n'entreprirent pas la tâche (sans espoir) de découvrir quelque
syllogisme erroné dans la chaîne de raisonnement de Ricardo. Ils
se contentèrent d'affirmer que des solutions « absolues »
n'étaient pas concevables sur de tels sujets. Il existe des situations
historiques, disaient-ils, où les effets engendrés par la
liberté du commerce ou le protectionnisme diffèrent de ceux
décrits par la théorie « abstraite » d'auteurs
« en chambre ». Pour soutenir leur idée, ils se
référaient à divers précédents
historiques. Ce faisant, ils négligeaient gaiement de prendre en
compte une chose: que les faits historiques, étant toujours le
résultat conjoint de l'opération d'une multitude de facteurs,
ne peuvent prouver ou réfuter aucun théorème.
Ainsi, l'économie du deuxième Reich, représentée
par les professeurs d'université nommés par le gouvernement,
dégénéra en un ensemble incohérent, pauvrement
assorti, de diverses bribes de connaissance empruntées à
l'histoire, à la géographie, à la technologie, au droit
et pour partie à la politique, ensemble truffé de remarques
réprobatrices sur les erreurs des « abstractions » de
l'école classique. La plupart des professeurs faisaient de la
propagande plus ou moins ardente dans leurs livres et dans leurs cours en
faveur des politiques du gouvernement impérial: conservatisme
autoritaire, Sozialpolitik, protectionnisme,
armements immenses et nationalisme agressif. Il serait injuste de
considérer cette intrusion de la politique dans le domaine de
l'économie comme un phénomène spécifiquement
allemand. Il était au fond causé par une interprétation
épistémologique perverse de la théorie
économique, défaut qui ne se limitait pas à l'Allemagne.
Il y a un deuxième facteur qui conduisit l'Allemagne du
dix-neuvième siècle en général et les
universités allemandes en particulier à regarder d'un mauvais oeil l'économie politique britannique:
c'était la préoccupation de cette dernière quant
à la richesse et sa relation avec la philosophie utilitariste.
Les définitions alors en vigueur de l'économie politique la
décrivaient comme la science traitant de la production et de la
distribution de la richesse. Une telle discipline ne pouvait pas être
autre chose que méprisable aux yeux des professeurs allemands. Ces
derniers s'estimaient être des personnes se sacrifiant pour poursuivre
la recherche de la connaissance pure, sans point commun avec tous ces
individus triviaux aux buts lucratifs, ne se souciant que de biens
terrestres. La seule mention de choses vulgaires comme la richesse et la
monnaie était taboue au sein de ceux qui se vantaient de leur haute
culture (Bildung). Les professeurs
d'économie ne pouvaient conserver leur réputation au sein des
cercles de leurs collègues qu'en soulignant que le sujet de leurs
études n'était pas les basses préoccupations de
l'industrie à la recherche du profit mais la recherche historique, par
exemple les nobles exploits des électeurs de Brandebourg et des rois
de Prusse.
La question de l'utilitarisme n'était pas moins importante. La
philosophie utilitariste n'était pas tolérée dans les
universités allemandes. Des deux grands utilitaristes allemands,
Ludwig Feuerbach ne réussit jamais à obtenir un poste
d'enseignement, tandis que Rudolf von Jhering enseignait le droit romain. Tous les malentendus
qui depuis plus de deux mille ans ont été avancés
à l'encontre de l'hédonisme et de l'eudémonisme
étaient répétés par les professeurs des Staatswissenschaften dans leurs critiques des
économistes britanniques[6]. Si rien d'autre
n'avait éveillé les suspicions des savants allemands, ils
auraient condamné l'économie pour la seule raison que Bentham
et les Mill y avait contribué.
2. La stérilité de l'Allemagne
dans le domaine économique
Les universités allemandes étaient possédées et
dirigées par les divers royaumes et grands duchés formant le Reich[7]. Les professeurs étaient des
fonctionnaires et, en tant que tels, devaient obéir strictement aux
ordres et aux règlements émis par leurs supérieurs, les
bureaucrates des ministères de l'Instruction publique. Cette
subordination totale et sans condition des universités et de leur
enseignement à la suprématie des gouvernements fut remise en
question – sans succès – par l'opinion publique
libérale allemande lorsqu'en 1837 le roi de Hanovre renvoya sept
professeurs de l'Université de Göttingen qui protestaient contre
la violation de la constitution par le roi. Les gouvernements ne firent pas
attention à la réaction du public. Ils continuèrent
à congédier les professeurs dont les doctrines politiques ou
religieuses n'étaient pas les leurs. Mais après un certain
temps, ils eurent recours à des méthodes plus subtiles et plus
efficaces pour transformer les professeurs en soutiens loyaux de la politique
officielle. Ils passèrent soigneusement en revue les candidats avant
de les nommer. Seuls des hommes sûrs obtenaient les chaires. La question
de la liberté de l'enseignement était ainsi
reléguée à l'arrière-plan. Les professeurs
enseignaient de leur propre chef ce que le gouvernement leur permettait
d'enseigner.
La guerre de 1866 mit fin au conflit constitutionnel prussien. Le parti du
roi – le Parti conservateur des junkers, mené par Bismarck
– triompha du Parti progressiste prussien qui défendait le
gouvernement parlementaire, et des autres groupes démocratiques du sud
de l'Allemagne. Dans le nouveau cadre politique, tout d'abord du Norddeutscher Bund et, après 1871, du Deutsches Reich, il ne restait plus de place pour les
doctrines « étrangères » de l'École de
Manchester et du laissez-faire. Les vainqueurs de Königgrätz
et de Sedan pensaient n'avoir rien à apprendre d'une « nation de
boutiquiers » – la Grande-Bretagne – ou de la France
défaite.
Lors du déclenchement de la guerre de 1870, l'un des plus
éminents scientifiques allemands, Emil du Bois-Reymond, se vantait que
l'Université de Berlin était « la garde intellectuelle de
la Maison de Hohenzollern ». Cela ne voulait pas dire grand-chose pour
les sciences naturelles, mais avait une signification très claire et
précise pour les sciences de l'action humaine. Les titulaires des
chaires d'histoire et des Staatswissenschaften
(c'est-à-dire des sciences politiques, comprenant tout ce qui se
rapporte à l'économie et à la finance) savaient ce que
leur souverain attendaient d'eux. Et ils le
fournissaient.
De 1882 à 1907, Friedrich Althoff
était en charge des questions universitaires au ministère
prussien de l'Instruction. Il dirigea les universités comme un
dictateur. Comme la Prusse possédait le plus grand nombre de postes de
professeurs rémunérés, et offrait donc le champ le plus
favorable aux savants ambitieux, les professeurs des autres États
allemands, voire ceux de l'Autriche et de la Suisse, aspiraient à
s'assurer un poste en Prusse. Althoff pouvait
ainsi, en règle générale, leur faire également
accepter en fait ses principes et ses idées. Sur tous les sujets
relatifs aux sciences sociales et aux disciplines historiques, Althoff faisait entièrement confiance aux conseils
de son ami Gustav von Schmoller. Ce dernier avait
un flair infaillible pour séparer les torchons des serviettes.
Dans les deuxième et troisième quarts du dix-neuvième
siècle, certains professeurs allemands firent des contributions
valables à la théorie économique. Il est vrai que les
plus remarquables contributions de cette période, celles de
Thünen et de Gossen, n'étaient pas l'oeuvre
de professeurs mais d'hommes n'occupant aucun poste d'enseignement.
Toutefois, les livres des professeurs Hermann, Mangoldt
et Knies resteront dans l'histoire de la pensée économique.
Mais après 1866, les hommes qui entraient dans la carrière universitaire
n'avaient que mépris pour « les abstractions sans vie ».
Ils publièrent des études historiques, traitant de
préférence des conditions de travail dans un passé
récent. Nombre d'entre eux étaient fermement convaincus que la
tâche principale des économistes était d'aider le «
peuple » dans sa guerre de libération contre les «
exploiteurs », et que les dirigeants du peuple, choisis par Dieu,
étaient les dynasties, en particulier les Hohenzollern.
3. La querelle des méthodes
Dans Untersuchungen, Menger rejetait les
idées épistémologiques qui sous-tendaient les
écrits de l'École historique. Schmoller publia une critique
plutôt méprisante de ce livre. Menger réagit en 1884 avec
un pamphlet, Die Irrtümer des Historismus in der Deutschen Nationalökonomie [Les Erreurs de l'historicisme dans
l'économie allemande]. Les diverses publications que cette controverse
engendrèrent sont connues sous le nom de Methodenstreit,
la querelle des méthodes.
Cette querelle des méthodes ne contribua que peu à clarifier
les problèmes en jeu. Menger subissait trop l'emprise de l'empirisme
de John Stuart Mill pour laisser son propre point de vue aboutir à la
totalité de ses conséquences logiques. Schmoller et ses
disciples, engagés dans la défense d'une position intenable, ne
se rendirent même pas compte du sujet de la controverse.
Le terme de querelle des méthodes est bien entendu trompeur. Car la
question n'était pas de découvrir la procédure la plus
appropriée pour traiter des problèmes communément
considérés comme problèmes économiques. Le sujet
du débat était fondamentalement de savoir s'il pouvait exister
une science, autre que l'histoire, traitant des différents aspects de l'action
humaine.
Il y avait, en premier lieu, le déterminisme matérialiste
radical, philosophie presque universellement admise dans l'Allemagne de
l'époque par les physiciens, les chimistes et les biologistes, bien
que ce ne fut jamais expressément et clairement formulé. Selon
ces personnes, les idées, volontés et actions humaines sont la
conséquence d'événements physiques et chimiques que les
sciences naturelles décriront un jour de la même façon
qu'elles décrivent aujourd'hui l'apparition d'un composé
chimique à partir d'une combinaison de plusieurs ingrédients.
Ils préconisaient l'expérimentation dans des laboratoires de
biologie et de physiologie comme constituant la seule route pouvant conduire
à cette réalisation scientifique.
Schmoller et ses disciples rejetaient de façon véhémente
cette philosophie, non parce qu'ils étaient conscients de ses
défauts, mais parce qu'elle était incompatible avec les
principes religieux du gouvernement prussien. Ils lui
préféraient en fait une doctrine qui différait peu du
positivisme de Comte, qu'ils dénonçaient officiellement, bien
sûr, en raison de son athéisme et de son origine
française. En réalité, le positivisme,
interprété de manière raisonnable, doit conduire au
déterminisme matérialiste. Mais la plupart des partisans de
Comte n'étaient pas carrés à cet égard. Leurs
discussions n'écartaient pas toujours la possibilité que les
lois de la physique sociale (i.e. la sociologie), dont l'établissement
représentait à leurs yeux le but le plus élevé de
la science, puissent être découvertes par ce qu'ils appelaient
une méthode plus « scientifique » de traitement du
matériel assemblé par les procédures traditionnelles des
historiens. Ce fut cette position qu'embrassa Schmoller à propos de
l'économie. Il accusait sans cesse les économistes d'avoir
tiré des conclusions prématurées à partir d'un
matériel quantitativement insuffisant. Selon lui, ce qu'il fallait
faire, afin de remplacer les généralisations hâtives des
économistes britanniques « en chambre » par une science
réaliste de l'économie, c'était davantage de
statistiques, d'histoire, d'accumulation de « matériel ».
À partir des résultats de telles recherches, les
économiste du futur, assurait-il, pourront un jour
développer de nouvelles idées par « induction ».
Les idées de Schmoller étaient tellement embrouillées
qu'il ne voyait pas l'incompatibilité de sa propre doctrine
épistémologique avec le rejet de l'attaque positiviste à
l'encontre de l'histoire. Il ne comprenait pas le gouffre qui séparait
ses idées de celles des philosophes allemands qui avaient
démoli les idées du positivisme quant à l'usage et au
traitement de l'histoire – tout d'abord Dilthey, puis plus tard
Windelband, Rickert et Max Weber. Dans le même article où il
critiquait les Grundsätze de Menger, il
faisait aussi le compte rendu du premier livre important de Dilthey, son Einleitung in die Geisteswissenschaften.
Mais il ne put saisir le fait que la teneur de la doctrine de Dilthey
était l'annihilation de la thèse fondamentale de sa propre
épistémologie, à savoir que certaines lois du
développement social pourraient être tirées de
l'expérience historique.
4. Les aspects politiques de la querelle des
méthodes
La philosophie britannique du libre-échange triompha au
dix-neuvième siècle dans les pays de l'Europe occidentale et
orientale. Elle démolit l'idéologie peu solide de
l'État-providence souverain et autoritaire (landesfürstlicher
Wohlfahrtsstaat), qui guidait les politiques des
principautés allemandes du dix-huitième siècle. Les
points culminants de sa liberté du commerce furent les tarifs
douaniers de la Zollverein de 1865 et le Code du commerce de 1969 (Gewerbeordnung) pour le territoire du Norddeutscher
Bund (et ultérieurement du Deutsches Reich).
Mais rapidement, le gouvernement de Bismarck se mit à inaugurer sa Sozialpolitik, système de mesures
interventionnistes telles que la législation du travail, la
sécurité sociale, les positions prosyndicales,
la taxation progressive, les tarifs protectionnistes, les cartels et le dumping[8].
Si l'on essaie
de réfuter la critique dévastatrice faite par l'économie
à l'encontre de la possibilité de tous ces projets
interventionnistes, on est forcé de nier l'existence même
– pour ne pas parler des prétentions épistémologiques
– de la science économique ainsi que de la praxéologie.
C'est ce qu'ont toujours fait les champions de l'autoritarisme, de
l'omnipotence gouvernementale et des politiques de
« bien-être ». Ils accusent l'économie
d'être « abstraite » et préconisent un
mode « expressif » (anschaulich)
pour traiter des problèmes en jeu. Ils soulignent que les questions de
ce domaine sont trop compliquées pour être décrites avec
des formules et des théorèmes. Ils affirment que les diverses
nations et les diverses races sont si différentes entre elles que
leurs actions ne peuvent pas être comprises par une théorie
uniforme: il faudrait autant de théories économiques qu'il y a
de nations et de races. D'autres ajoutent que même au sein d'une
même nation ou d'une même race, l'action économique est
différente aux diverses époques de l'histoire. Ces objections
et d'autres similaires, souvent incompatibles entre elles, sont
avancées afin de discréditer l'économie en tant que
telle.
En fait,
l'économie disparut totalement des universités de l'Empire
allemand. Il resta un unique épigone de l'économie classique
à l'Université de Bonn, Heinrich Dietzel,
qui n'avait toutefois jamais réussi à comprendre ce que
signifiait la théorie subjectiviste de la valeur. Dans toutes les
autres universités les enseignants désiraient ridiculiser
l'économie et les économistes. Il n'est pas nécessaire
de s'étendre sur ce qui fut offert pour remplacer l'économie
à Berlin, Munich et dans d'autres universités du Reich.
Personne ne se soucie aujourd'hui de tout ce que purent écrire Gustav von Schmoller, Adolf Wagner, Lujo
Brentano et de nombreux adeptes dans leurs volumineux livres et revues.
L'importance politique
des travaux de l'École historique consistait en réalité
en ce qu'elle rendit l'Allemagne mûre pour des idées qui, une
fois acceptées, rendirent populaires au sein du peuple allemand toutes
ces politiques désastreuses qui se terminèrent par de grandes
catastrophes. L'impérialisme agressif qui aboutit par deux fois
à la guerre et à la défaite, l'inflation
illimitée du début des années 1920, la Zwangswirtschaft (économie
contrôlée) et toutes les horreurs du régime nazi furent
accomplis par des politiciens ayant agi comme le leur avaient enseigné
les champions de l'École historique.
Schmoller, ses amis et
ses disciples préconisaient ce qu'on a appelé le socialisme
d'État, à savoir un système socialiste –
planificateur – dans lequel la direction principale seraient
aux mains de l'aristocratie des junkers. C'est ce type de socialisme que
Bismarck et ses successeurs cherchaient à atteindre. La timide
opposition qu'ils rencontrèrent de la part d'un petit groupe d'hommes
d'affaires fut négligeable, non pas tant en raison du fait que ces
opposants n'étaient pas nombreux que parce que leurs tentatives manquaient
de support idéologique. Il ne restait plus de penseurs libéraux
en Allemagne. La seule résistance qui fut offerte au parti du
socialisme d'État vint du parti marxiste des
sociaux-démocrates. Tout comme les socialistes de Schmoller –
les socialistes de la chaire (Kathedersozialisten)
– les marxistes prônaient le socialisme. La seule
différence entre les deux groupes portait sur le choix de ceux qui
devaient diriger le bureau suprême de planification: les junkers, les
professeurs et la bureaucratie de la Prusse des Hohenzollern, ou les membres
du comité directeur du Parti social-démocrate et des syndicats
qui leurs étaient affiliés.
Les seuls adversaires
sérieux que l'École de Schmoller eut ainsi à combattre
en Allemagne furent les marxistes. Dans cette controverse, ces derniers
prirent rapidement le dessus. Car ils avaient au moins un corps de doctrine,
aussi faux et contradictoire fût-il, alors que les enseignements de
l'École historique constituaient plutôt la négation de
toute théorie. À la recherche d'un minimum de soutien
théorique, l'École de Schmoller commença petit à
petit à emprunter au fonds intellectuel des marxistes. Pour finir,
Schmoller avalisa lui-même en grande partie la doctrine marxiste de la
lutte des classes et de l'imprégnation
« idéologique » de toute réflexion par
l'appartenance de classe du penseur. L'un de ses amis et collègues
professeurs, Wilhelm Lexis, développa une théorie de
l'intérêt qu'Engels décrivit comme paraphrase de la
théorie marxiste de l'exploitation[9]. L'une des conséquences des
écrits des champions de la Sozialpolitik fut
que l'épithète « bourgeois » (bürgerlich) acquit dans la langue allemande
une connotation chargée d'opprobre.
La défaite cuisante
de la Première Guerre mondiale fit voler en éclat le prestige
des princes, aristocrates et bureaucrates allemands. Les adeptes de
l'École historique et de la Sozialpolitik transférèrent
leur loyauté à divers groupes dissidents, parmi lesquels le Parti
national-socialiste ouvrier allemand, les nazis, finit par émerger.
La ligne droite qui
conduit des travaux de l'École historique au nazisme ne peut pas
être montrée en esquissant l'évolution de l'un des
fondateurs de cette école, car les protagonistes de l'époque de
la querelle des méthodes moururent avant la défaite de 1918 et
l'ascension d'Hitler. Mais la vie du personnage le plus important de la
deuxième génération de cette école illustre
toutes les phases de l'économie universitaire allemande dans la
période séparant Bismarck d'Hitler.
Werner Sombart
était de loin le plus doué des étudiants de Schmoller.
Il n'avait que vingt-cinq ans lorsque son maître, en pleine querelle
des méthodes, lui confia le travail de faire la critique et
d'anéantir le livre de Wieser,Der
natürliche Wert.
Le fidèle disciple condamna le livre comme
« spécieux de bout en bout »[10]. Vingt ans plus tard, Sombart se
vantait d'avoir consacré une bonne partie de sa vie à se battre
pour Marx[11]. Quand la guerre éclata en
1914, Sombart publia un ouvrage, Händler
und Helden (Marchands
et héros)[12]. Dans celui-ci, il rejetait, dans
une langue grossière et ordurière, tout ce qui était
britannique ou anglo-saxon, mais par-dessus tout la philosophie et
l'économie britanniques, comme manifestation d'une mentalité de
sales intermédiaires. Après la guerre, Sombart révisa
son livre sur le socialisme. Avant la guerre, neuf éditions en avaient
été publiées[13]. Alors que les éditions
d'avant-guerre faisaient l'éloge du marxisme, la dixième
édition l'attaquait de manière fanatique,
particulièrement en raison de son caractère
« prolétarien » et de son manque de patriotisme
et de nationalisme. Quelques années plus tard, Sombart essaya de
réactualiser la querelle des méthodes avec un volume plein
d'invectives à l'encontre des économistes dont il était
incapable de comprendre la pensée[14]. Puis, quand les nazis prirent le
pouvoir, il couronna une carrière littéraire de quarante-cinq
ans par un livre sur le socialisme allemand. L'idée directrice de cet
ouvrage était que le Führer prenait ses ordres
auprès de Dieu, le Führer suprême de
l'univers, et que le Führertum était
une révélation permanente[15].
Telle était la
progression de l'économie universitaire allemande depuis la
glorification par Schmoller des électeurs et des rois de Hohenzollern
jusqu'à la canonisation d'Adolf Hitler par Sombart.
5. Le
libéralisme des économistes autrichiens
|
Platon rêvait d'un tyran bienveillant qui confierait au sage philosophe
le pouvoir d'établir le système social parfait. Les
Lumières ne mettaient pas leurs espoirs dans l'émergence plus
ou moins accidentelle de dirigeants bien intentionnés et de sages
prévoyants. Leur optimisme quant à l'avenir de
l'humanité se fondait sur le double confiance
en la bonté de l'homme et en son esprit rationnel. Par le
passé, une minorité de scélérats – rois
malhonnêtes, prêtres sacrilèges, nobles corrompus –
étaient capables de faire le mal. Mais désormais –
d'après la doctrine des Lumières – comme l'homme est devenu conscient du pouvoir de sa raison et un retour
aux ténèbres et aux défauts des époques
révolues n'est plus à craindre. Chaque nouvelle
génération ajoutera quelque chose au bien accompli par ses
ancêtres. L'humanité est ainsi à l'aube d'une marche
continue vers une condition meilleure. Progresser régulièrement
est la nature de l'homme. Il est inutile de se plaindre de la
prétendue volupté perdue d'un âge d'or fabuleux.
L'état idéal de la société est devant nous, pas
derrière.
La plupart des
politiciens libéraux, progressistes et démocrates du
dix-neuvième siècle préconisant le gouvernement
représentatif et le suffrage universel étaient guidés
par une solide confiance en l'infaillibilité de l'esprit rationnel de
l'homme ordinaire. À leurs yeux, les majorités ne pouvaient pas
se tromper. Les idées en provenance du peuple et approuvées par
les électeurs ne pouvaient pas ne pas être
bénéfiques à la communauté.
Il est important de
comprendre que les arguments en faveur du gouvernement représentatif
mis en avant par le petit groupe des philosophes libéraux
étaient assez différents et ne faisaient aucune
référence à une prétendue infaillibilité
des majorités. Hume avait souligné qu'un gouvernement se fonde
toujours sur l'opinion publique. À long terme, l'opinion du plus grand
nombre l'emporte toujours. Un gouvernement qui n'est pas soutenu par
l'opinion de la majorité doit tôt ou tard perdre le pouvoir:
s'il n'abdique pas, il est violemment renversé par la majorité.
Les peuples ont en définitive le pouvoir de mettre à leur
tête ceux qui sont disposés à diriger selon les principes
que la majorité considère comme adéquats. Il n'existe
pas sur le long terme de gouvernement impopulaire maintenant un
système que le grand nombre condamne comme injuste. La justification
du gouvernement représentatif n'est pas que les majorités sont
semblables à Dieu et infaillibles; c'est la volonté de
permettre par des méthodes pacifiques l'ajustement finalement
inévitable du système politique et des hommes qui le dirigent
à l'idéologie de la majorité. Les horreurs de la
révolution et de la guerre civile peuvent être
évitées si un gouvernement impopulaire peut être
facilement délogé lors de l'élection suivante.
Les libéraux
authentiques étaient convaincus que l'économie de
marché, seul système économique garantissant une
amélioration continue du bien-être matériel de
l'humanité, ne peut fonctionner que dans une atmosphère de paix
non troublée. Ils prônaient un gouvernement de
représentants élus par le peuple parce qu'ils
considéraient comme certain que seul ce système
préserverait durablement la paix à la fois à
l'intérieur du pays et dans les affaires internationales.
Ce qui séparait
ces vrais libéraux des radicaux autoproclamés et partisans du
culte aveugle de la majorité, c'était qu'ils fondaient leur
optimisme quant à l'avenir de l'humanité non pas sur la
confiance mystique en l'infaillibilité des majorités mais sur
la conviction que le pouvoir d'un argument logique solide est
irrésistible. Il voyaient bien que les hommes
ordinaires, dans leur immense majorité, étaient à la
fois trop obtus et trop nonchalants pour suivre et comprendre de longues
chaînes de raisonnement. Mais ils espéraient que ces masses,
précisément en raison de leur mentalité obtuse et
nonchalante, ne pourraient pas s'empêcher de souscrire aux idées
que les intellectuels leur apporteraient. Du jugement correct d'une
minorité cultivée et de sa capacité à persuader
la majorité, les grands leaders du mouvement libéral du
dix-neuvième siècle attendaient une amélioration continue
des affaires humaines.
Il y avait à
cet égard un accord total entre Carl Menger et ses deux partisans les
plus anciens, Wieser et Böhm-Bawerk. Dans les papiers non publiés
de Menger, le professeur Hayek a découvert une note qui dit:
« Il n'y a pas de meilleur moyen pour démontrer
l'absurdité d'un mode de raisonnement que de le laisser suivre son
cours jusqu'au bout. » Les trois économistes aimaient se
référer à l'argument de Spinoza figurant dans le premier
livre de son Éthique, qui se termine par la fameuse
formule: « Sane sicut lux se ipsam et tenebras manifestat, sic veritas norma sui et falsi » [« En
réalité, tout comme la lumière se définit
elle-même et définit les ténèbres, la
vérité représente sa propre norme et celle de la
fausseté »]. Ils regardaient avec calme la propagande
véhémente à la fois de l'École historique et du
marxisme. Ils étaient pleinement convaincus que les dogmes logiquement
indéfendables de ces factions seraient en fin de compte rejetés
par tous les hommes raisonnables précisément en raison de leur
absurdité, et que les masses des hommes ordinaires suivraient
nécessairement l'exemple des intellectuels[16].
La sagesse de ce mode
de raisonnement doit se voir dans le soin mis à éviter la
pratique populaire de jouer la carte d'une prétendue psychologie
contre le raisonnement logique. Il est vrai que les erreurs de raisonnement
sont souvent causées par la prédisposition des individus
à préférer une conclusion erronée à une
conclusion correcte. Il y a même une foule de gens que leurs affections
empêchent tout simplement de raisonner sereinement. Mais il y a un long
chemin entre l'établissement de ces faits et les doctrines
enseignées ces derniers temps sous le nom de « sociologie
de la connaissance ». La pensée et le raisonnement humains,
la science et la technique humaines sont les
produits d'un processus social dans la mesure où le penseur individuel
se trouve face à la fois aux réussites et aux erreurs de ses
prédécesseurs et entretient avec eux une discussion virtuelle
en les approuvant ou en les désapprouvant. Il est possible pour
l'histoire des idées de rendre compréhensibles les erreurs d'un
individu tout comme ses exploits en analysant les conditions dans lesquelles
il vivait et travaillait. Ce n'est qu'en ce sens qu'il est acceptable de se
référer à ce qu'on appelle l'esprit d'une époque,
d'une nation, d'un milieu. Mais c'est un raisonnement circulaire si l'on
essaie d'expliquer l'émergence d'une idée, encore plus de la
justifier, en se référant à l'environnement de son
auteur. Les idées surgissent toujours de l'esprit d'un individu et
l'histoire ne peut pas dire plus sur elles que le fait qu'elles sont
nées à un moment donné chez un individu précis.
Il n'y a pas d'autre excuse à la pensée erronée d'un
homme que celle qu'un gouvernement autrichien énonça à
propos du cas d'un général vaincu: personne n'est responsable
du fait de ne pas être un génie. La psychologie peut nous aider
à expliquer pourquoi un homme s'est trompé dans son
raisonnement. Mais aucune explication ne peut convertir cette erreur en
vérité.
Les économistes
autrichiens rejetaient sans réserve le relativisme logique
sous-entendu dans les enseignements de l'École historique prussienne
ou allemande. En réponse aux déclarations de Schmoller et de
ses partisans, ils maintenaient qu'il existait un corpus de
théorèmes économiques valables pour toute action
humaine, indépendamment de tout lieu et de toute époque, des caractéristiques
nationales et raciales des agents, ainsi que des idéologies
religieuses, philosophiques et éthiques.
On ne peut pas
surestimer la grandeur du service que ces trois économistes
autrichiens ont rendu en défendant la cause de l'économie
contre la critique creuse de l'historicisme. Ils ne déduisirent de
leurs convictions épistémologiques aucun optimisme concernant
l'évolution future de l'humanité. Quoi que l'on puisse dire en
faveur de la pensée logique et correcte, cela ne prouve pas que les
générations à venir surpasseront
leurs aïeux dans leurs efforts et réussites intellectuels.
L'histoire montre que des périodes de fabuleuses réalisations
mentales furent à maintes et maintes reprises suivies de
périodes de déclin et de retour en arrière. Nous ne
savons pas si la génération suivante engendrera des individus
capables de prendre la suite des génies qui ont rendu les derniers
siècles si glorieux. Nous ne savons rien quant aux conditions
biologiques qui permettent à un homme de faire un pas en avant dans la
marche du progrès intellectuel. Nous ne pouvons pas écarter
l'hypothèse qu'il y ait des limites à l'ascension
intellectuelle future de l'homme. Et nous ne savons certainement pas s'il
n'existe pas dans cette ascension un point au-delà duquel les leaders
intellectuels ne réussiront plus à convaincre les masses et
à leur faire suivre leur exemple.
La conclusion
tirée de ces prémisses par les économistes autrichiens
était que, s'il était du devoir d'un esprit pionnier de faire tout
ce que ses facultés lui permettent de réaliser, il ne lui
incombe pas de faire de la propagande en faveur de ses idées, encore
moins d'utiliser des méthodes douteuses afin de rendre ses
réflexions acceptables au peuple. Ils ne se souciaient pas de la circulation
de leurs écrits. Menger ne publia pas de deuxième
édition de ses fameux Grundsätze,
bien que le livre fut depuis longtemps épuisé, que des
exemplaires d'occasion étaient vendus à des prix
élevés et que l'éditeur le pressait sans cesse
d'accepter.
La principale et
unique préoccupation des économistes autrichiens était
de contribuer au progrès de l'économie. Ils n'essayèrent
jamais de gagner le soutien de quiconque par des moyens autres que les
pouvoirs de persuasion développés dans leurs livres et leurs
articles. Ils regardaient avec indifférence le fait que les
universités des pays de langue allemande, et même de nombreuses
universités autrichiennes, étaient hostiles à
l'économie en tant que telle et encore plus aux nouvelles doctrines économiques
du subjectivisme.
5. Cf. Arthur Burns, The
Frontiers of Economic Knowledge (Princeton
University Press, 1954), p. 189.
6.
Plus tard, des arguments similaires furent employés pour
discréditer le pragmatisme. La maxime de William James selon laquelle
la méthode pragmatique vise à faire ressortir de chaque mot
« sa valeur sonnante et trébuchante » (Pragmatism, 1907, p. 53) fut citée
pour caractériser la bassesse de la « philosophie du
dollar ».
7. Le Reich lui-même ne possédait
et ne dirigeait que l'Université de Strasbourg. Les trois
cités-républiques allemandes n'avaient à cette
époque pas d'université.
8. Cf. Mises, Omipotent Government [Le
gouvernement omnipotent] (Yale University Press, 1944 et éditions ultérieures), pp.
149 et suivantes.
9. Cf. l'analyse plus détaillée
figurant dans Mises, Kritik des Interventionismus (Iéna,
1929), pp. 92 et suivantes.
10. Cf. le Jahrbuch de
Schmoller, vol. 13 (1889), pp. 1488-1490.
11. Cf. Sombart, Das Lebenswerk von Karl Marx
(Iéna, 1909), p. 3.
12. Cf. Sombart, Händler
und Helden (Munich,
1915).
13. Cf. Sombart, Der proletarische
Sozialismus, 10ème éd. (Iéna,
1924)., 2 vol.
14. Cf. Sombart, Die drei
Nationalökonomien (Munich, 1930).
15. Cf. Sombart, Deustcher
Sozialismus (Charlottenburg,
1934), p. 213. (Dans l'édition américaine: A
New Social Philosophy, traduite et
éditée par K.F. Geiser, Princeton,
1937, p. 149). Les écrits de Sombart furent
appréciés à l'étranger. Ainsi, par exemple, il
fut élu en 1929 comme membre honoraire de l'American Economic Association.
16. Il est nécessaire d'ajouter que
Menger, Böhm-Bawerk et Wieser regardaient avec le plus grand pessimisme
l'avenir politique de l'Empire autrichien. Mais ce problème ne peut
pas être traité dans cet essai.
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