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Cours Or & Argent en

A qui la faute ? 2ème partie

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Publié le 09 janvier 2012
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Dans un premier article, nous avons pu constater qu’à la fin des années 1970, les banques commerciales disposaient d’importantes réserves de liquidité.


Cette grande disponibilité de liquidités par rapport aux obligations courantes des banques – mais pas nécessairement toutes leurs obligations exigibles[1] –a permis aux banques de procéder à une expansion du crédit, ou plus proprement dit des moyens fiduciaires[2].


Cependant, dû à la stagnation économique aux États-Unis et en Europe occidentale, les opportunités de rendement sûr et élevé étaient limitées.


Le fait est que la fin de la convertibilité or du dollar crée de facto  des billets sans  couverture ni rendement. Ces billets étaient principalement détenus par de  grands exportateurs vers le marché américain : les pays arabes (exportateurs de pétrole), les pays européens et le Japon (exportateurs de biens de capital et biens de consommation).


Or, dans les années 1970, l’économie américaine traverse une période de stagnation économique et son marché financier y est beaucoup plus rigide que celui de la place européenne. En effet, les principales places européennes telles que Londres, Paris et Francfort ne connaissent alors pas les mêmes exigences en termes de réserves obligatoires ou de  taux d’intérêt que la place américaine. Cela leur permet d’opérer à  des coûts opérationnels moins élevés.


En outre, les règlementations de type Glass-Steagall Act, imposant la spécialisation bancaire (notamment la séparation stricte entre banque de détail et banque d’investissement), disparaissent plus vite en Europe qu’aux États-Unis. Dès le milieu des années 1960, le système financier européen, jusque là strictement contrôlé par l’État pour financer la reconstruction, gagne en autonomie et se tourne vers le financement massif des entreprises et de la consommation privée. Ajoutons à cela le fait que les institutions bancaires européennes proposent des placements en dollars et nous verrons que le terrain est donc prêt pour voir l’émergence des marchés « offshore » en dollars – c’est-à-dire, des marchés d’investissement en dollars en dehors des États-Unis.


Les opportunités d’investissement dans le monde développé étant rares du fait de la stagflation, les meilleures options d’investissement se déplacent vers les pays en développement, en particulier les pays Latino-Américains comme le Mexique et le Brésil. Ces pays présentent à l’époque des taux de croissance de 9%/an en moyenne et affichent un appétit vorace pour des capitaux. Une bonne partie de cette croissance était néanmoins gonflée par l’expansion monétaire de ces pays et allait résulter dans des phénomènes  hyper-inflationnistes dans les années 1980. Reste qu’alléchées par la forte rentabilité de ces pays, les banques vont procéder à des grandes opérations de crédit syndiqués pour ces pays.


Le crédit syndiqué n’est rien d’autre qu’une forme de leveraged buy-out (LBO). Dans un LBO typique, les participants sont en général des fonds d’investissements, des fonds de pension, des épargnants individuels, et des entreprises. Dans un crédit syndiqué, les principaux acteurs sont des banques. En fait, plusieurs banques s’associent au sein d’une société holding pour financer un pays ou une entreprise cible. L’objectif final est le rachat de l’entreprise ou des obligations du pays en question par la société holding. L’opération vise à diluer le risque par le biais de la participation de plusieurs investisseurs et à profiter d’un effet de levier fiscal. Si l’achat de l’actif est réalisé par le biais d’un emprunt, alors cet emprunt peut être l’objet d’importantes défiscalisations, ce qui améliore considérablement la rentabilité de l’opération.


Evidemment, l’implosion de la croissance dans ces  pays Latino-Américains avait été sous-estimée. Les banques avaient confondu la capacité de remboursement des États latino-américains avec la détention d’actifs, souvent privés, tels que des matières premières comme des céréales, pétrole, fer, et autres minerais. Or, les avancées technologiques dans l’agriculture (de meilleures récoltes), dans l’électronique (miniaturisation), et dans la mécanique (meilleure efficacité de moteurs), entraînent une forte baisse de prix des matières premières. La croissance réelle des pays Latino-Américains est alors vite rattrapée par l’inflation et entraîne le défaut de paiement du Mexique en 1982 suivi de celui du Pérou et des moratoires de la dette en Argentine et au Brésil.


Malgré la panique provoquée par cette crise de la dette dans les pays en développement, les banques vont réussir à profiter des arrangements mis en place pour éviter des défauts majeurs. Par exemple, elles se voient proposer un échange de leurs obligations d’État contre des participations dans des entreprises privées. Or, une  bonne partie de ces entreprises se révèleront être de très bons investissements : hôtels au Mexique, exploiteurs de minerais au Brésil et au Pérou, etc.


Ce qu’il faut comprendre, c’est que les banques ont toujours opéré dans la légalité. Elles ont respecté les ratios de réserve obligatoire qui leur étaient imposées, elles ont saisi les opportunités de profit de gains liés aux effets de levier fiscaux. Ensuite, elles se sont organisées au sein de holdings pour mutualiser et donc diluer le risque qui pesait sur chacune d’entre elles.  On verra que cette  procédure sera de nouveau utilisée, cette fois au sein des pays développés qui dans les années 80 renouent avec la croissance. À suivre les accords de Bâle et la titrisation sur les marchés dérivés…


 

 



[1] Tant que le paiement des obligations dans le passif d’une banque n’est  pas effectivement exigé, alors on peut dire qu’il s’agit d’une obligation exigible mais pas courante. Par exemple, tant que les dépôts à vue (comptes courants) dans une banque ne sont pas retirés, la banque ne considérera pas que le retrait possible de ces dépôts constituer  obligation courante, mais au contraire qu’ils sont des ressources disponibles.

[2] Les moyens fiduciaires sont des substituts monétaires – c’est-à-dire, des moyens de paiement tels que les comptes courants créés par les banques, les chèques, les titres bancaires, entre autres – qui ne sont pas nécessairement couverts par des réserves de liquidité. Leur circulation et acceptation sur le marché dépend entièrement de la foi du public en les promesses de paiement des banques émettrices de ces moyens fiduciaires, d’où le mot fiduciaire qui vient du latin fiducia = confiance.

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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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