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Publié le 19 mai 2011
1148 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Continuer d’épingler comme des papillons dans une boîte les déclarations contradictoires à propos de la restructuration de la dette de la Grèce n’a pas de sens. Comprendre en quoi ce serait « une recette pour la catastrophe » que certains annoncent (Jürgen Stark de la BCE) ou un sujet qu’il n’est « pas question de mettre sur la table » (Christine Lagarde) pourrait être plus instructif, sauf que les raisons données en restent vagues, une fois insisté avec des larmes de crocodile sur les lourdes conséquences qui en résulteraient pour la Grèce elle-même.


Une telle véhémence doit pourtant bien avoir sa justification ! Mais il ne faut pas en chercher l’origine du côté des banques françaises, qui ont toutes déclaré qu’elles pourraient soutenir l’épreuve. On croit donc comprendre qu’il est difficile, après avoir tant claironné que les banques n’avaient plus de souci, d’admettre qu’elles pourraient être déstabilisées par les effets domino potentiels d’une telle mesure honnie.


Jean-Claude Trichet, dont ce n’est pas le thème de prédilection, revient d’ailleurs ces derniers temps sur celui de la régulation du système financier, en faisant état de sa fragilité maintenue. Une fois n’est pas coutume, il évoque aussi, mais sans employer le terme, le secteur non régulé du shadow banking.


Faut-il aussi citer, pour éclairer la scène du crime, Ben Bernanke, le président de la Fed, qui déclarait dans un récent discours à Chicago : « Il reste beaucoup à faire pour mieux comprendre les sources du risque systémique » ? Ce qui, dans sa bouche, voulait dire qu’il n’était pas écarté. Il y a certainement de cela, mais alors pourquoi ne pas accepter la version douce de la restructuration, un rééchelonnement ? Craint-on simplement le précédent et d’être ensuite entraîné sur une pente fatale ?


Ce sont les Allemands qui entretemps glissent irrésistiblement sur une autre pente. Elle les incite à refuser tout nouveau sauvetage, créant les conditions d’une rupture pas plus tard que dans un an, quand la Grèce fera un défaut non négocié si rien n’intervient entretemps. Le choix est entre donner du temps – ce qui ne mange pas de pain – ou prêter à nouveau de l’argent. Si ni l’un ni l’autre ne se révèlent toutefois possibles, il est totalement illusoire de parier sur la capacité des Grecs à financer leur besoins par des privatisations dans ce très court laps de temps.


Pour la suite, on attendait l’Espagne – on l’attend toujours – et on a eu la Grèce ! Une version un peu améliorée des plans de sauvetage était prévue pour 2013, sans avoir compris que c’était l’éternité. Sans vouloir se résoudre à admettre que le pari imposé est impossible, n’ayant pas de plan B.


Les Européens sont en bout de course au sein de la zone euro, et les Américains le sont tout autant dans la zone dollar.


Tim Geithner, secrétaire d’Etat au Trésor, vient de déclarer que le projet des républicains abaisserait les Etats-Unis au rang d’un pays en développement. Car il prévoit « des coupes claires dans les dépenses, mais alloue une portion considérable des économies ainsi dégagées au maintien de bas taux d’imposition pour les riches, et non uniquement pour la classe moyenne. » Cette approche « imposerait des coupes d’une ampleur invraisemblable dans les prestations sociales pour les personnes âgées et les pauvres ».


Mais, signe des rapports de force, le Sénat où les démocrates restent majoritaires vient de rejeter l’examen d’un projet de loi supprimant les avantages fiscaux des compagnies pétrolières – qui ont annoncé de très copieux bénéfices (37,5 milliards de dollar au 1er trimestre pour le 5 principales) – afin de contribuer à la réduction du déficit public. Opposés à cette mesure, les républicains ont expliqué qu’elle aurait pour conséquence une augmentation du prix de l’essence, les bénéfices des compagnies étant selon leur vision du monde intouchables et incompressibles.


Qu’importe à ce propos celle que la Banque Mondiale dévoile à l’horizon 2025 dans son rapport sur « La nouvelle économie mondiale », prédisant audacieusement l’avènement d’un système monétaire reposant sur le dollar, le yen et l’euro, pour remplacer la suprématie actuelle du dollar. Elle s’appuie sur des projections selon lesquelles la moitié de la croissance sera alors assurée par six pays : Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie et Russie.


Les échéances sont bien plus proches et, comme en Europe, il va falloir trancher d’une manière ou d’une autre. Seul un nouveau programme de Quantitative Easing de la Fed permettra de gagner du temps. Une ressource alimentant à nouveau une spéculation financière qui a redoublé, les grandes frayeurs oubliées.


Le désaccouplement entre l’économie – mal en point – et la finance florissante s’accentue. Comme augmentent d’ailleurs les inégalités sociales, si l’on en croit une étude du groupe britannique Compass, qui la détaille sur la base des données délivrées par l’administration des impôts du pays. Les marchés des matières premières et monétaires restent des terrains de jeux incomparables. Si la machine à fabriquer de la dette n’est plus ce qu’elle était, celle à faire de l’argent avec l’argent fonctionne à plein rendement. Jusqu’à quand ?


Les pays émergents se protègent comme ils peuvent de l’afflux des capitaux qui les déstabilisent ; les Britanniques ne parviennent pas à se prémunir contre l’inflation importée qui en résulte. L’inflation monte et atteint 4,5% sur un an en Grande-Bretagne, alors que les prévisions de croissance ne cessent de décroître, engageant le pays sur la voie maudite de la stagflation, renouant avec les années 70. Certes la stagflation favorise le désendettement, mais elle colle à une faible croissance économique.


Au Japon, enfin, une contraction du PIB est déjà intervenue au dernier trimestre 2010, dans l’attente des résultats du premier trimestre 2011. La production industrielle et la consommation se sont alors effondrés en raison de la catastrophe, l’économie totalement désorganisée. L’impact sera durable, la réduction imposée de la consommation d’énergie électrique y contribuant.


Contrariant les espoirs qui fondaient le retour de la croissance économique sur la prospérité retrouvée du système financier, pour laquelle tout a été fait, l’ensemble du bloc occidental rencontre des problèmes dont il devrait être reconnu – pour employer son langage – qu’ils sont structurels et réclament des remèdes hors normes. Bien que ce ne soient pas ceux qui sont en cours et ont pour nom privatisations, coupes dans les budgets sociaux ou lutte contre les rigidités du marché du travail


C’est le système lui-même qui a dorénavant un grave problème structurel dont il ne parvient pas à se débarrasser.



Billet rédigé par François Leclerc



Paul Jorion




(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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