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Chroniques en liberté
Publié le 27 décembre 2012
1129 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

1.       A l’heure où l’on se gargarise tant de la folie spéculative des banquiers et des traders rapaces, laissez-moi vous rapporter une histoire vécue…


Trois universités françaises A, B et C ont du fusionner sur ordre du ministère dans le but d’apparaître au classement de Shanghai. Au passage, les universités américaines les plus réputées, qui comptent dans le haut de ce classement mondial, ont plutôt de petits effectifs en comparaison de nos mastodontes… Le problème évidemment n’est pas la taille mais la gestion même des universités. Mais aucun ministre ne veut le comprendre : les modèles de management montrent pourtant que vous pouvez rendre plus massive une organisation qui ne marche pas au départ, elle ne marchera pas mieux ensuite tandis que les start-up deviennent en quelques années des multinationales. S’il y a un défaut de conception initiale et s’il n’est pas corrigé, on risque grandement de donner naissance à des « Titanic » universitaires.


L’université A (foyer historique de la contestation estudiantine) ne voulait pas de cette fusion. Comme, depuis quelques années, les universités ne parvenaient pas à s’entendre, la décision s’est imposée d’en haut. Résignée, l’université A a dilapidé son budget, pratiquant une véritable politique de terre brûlée qui a débouché sur un déficit de plus de 10 millions. De leur côtés, plus raisonnables, les deux autres universités (qui comptent en leur sein quand même deux facultés d’économie et de gestion) apportaient dans la corbeille de ce mariage forcé un excédent de 5 millions. Résultat du processus : ces dernières héritèrent d’une dette imprévue.


Dans le monde des entreprises, où les fusions sont des mariages d’intérêts respectifs bien compris, le titre de l’entreprise endettée va chuter sur les marchés financiers, attirant sur elle le risque probable d’une OPA. Car les entreprises sont cesse évaluées sur les marchés. C’est un phénomène normal puisque le repreneur se propose de racheter la dette pour restructurer l’entreprise mal gérée. Ainsi, l’entreprise n’a pas intérêt à pratiquer la terre brûlée. Mais, dans le domaine public, pas de mécanisme de régulation possible puisque les contraintes se substituent aux incitations et aux prix.

Ainsi, la nouvelle université, résultant de la fusion, ne fut plus en mesure d’assurer le paiement des heures complémentaires des professeurs titulaires ou des invités extérieurs. On contacta dans la panique le ministre de l’enseignement supérieur, qui se tourna alors vers le ministre des finances lequel répondit : « il va falloir créer un nouvel impôt… ».


Qu’on le veuille ou non, nos universités sont désormais en concurrence avec les universités du monde entier, c’est un marché ouvert qui obéit donc, comme les autres, aux mêmes lois du marché. Pareils aux clubs de football, les universités se battent chaque jour pour attirer les meilleurs chercheurs, les meilleurs professeurs et les meilleurs étudiants. Et les meilleurs étudiants sont attirés par les meilleurs diplômes : comme l’offre est nécessairement limitée par rapport à la demande explosive, les frais d’inscriptions augmentent.

Mais l’obtention du diplôme en question ouvrant des perspectives de carrière, et donc de salaires, prometteuses, les frais d’inscriptions sont en fait un investissement rentable. Et les étudiants, qui ont les moyens intellectuels (lesquels seront évalués par des tests à l’entrée) mais qui n’ont pas les moyens financiers pour accéder à ces formations, trouvent ces derniers qui leur fait cruellement défaut (fondations, crédits bancaires petits » boulot).


En fait, en l’absence d’une organisation centralisée et bureaucratique ingérable au niveau mondial (c’est déjà ingérable au seul niveau national), l’offre universitaire mondiale peut s’adapter plus facilement et finement à la demande mondiale du marché du travail exprimée en termes de compétences et de qualifications de plus en plus pointues. Et comme chaque université considérée individuellement ne peut pas tout offrir, elle trouvera un créneau : ainsi fleurissent des start-up universitaires dans le management du tourisme international, la conception des produits de luxe, l’histoire médiévale française

Même les écoles supérieures américaines de guitare moderne les plus prestigieuses fonctionnent ainsi, attirant les plus grands musiciens du monde qui ont donné de grands noms à la culture musicale mondiale. Et des guitaristes réputés comme Eric Clapton, Pat Métheny ou Carlos Santana y animent des Sessions School [1]. Ainsi, à condition d’être bien géré (mais on est forcément bien géré quand on est en concurrence sinon on disparaît), aucun domaine de formation d’excellence n’est oublié.


En conséquence, les frais d’inscriptions, spécifiques à chaque filière, donnent - tels les vrais prix -une information précieuse pour le président de l’université et son conseil d’administration (qui n’est piloté par aucun ministère) : il connait la valeur réelle de chaque formation.

Les formations« bidons » ou inefficaces (les professeurs sont trop absents, les cours ne sont pas à jour, les matières ne sont pas pertinentes…) seront désertées par les étudiants de sorte que les frais d’inscription s’écrouleront. Car aucun individu rationnel ne veut payer pour devenir chômeur : vous pouvez bien donner le diplôme mais personne n’en voudra. Pas besoin de ministre ou d’inspecteur pour mesurer ou évaluer tout cela… D’ailleurs, c’est impossible à mesurer et à évaluer en l’absence de prix libres. C’est tout le problème de la planification centralisée des organisations humaines brillamment analysée par Ludwig Von Mises. Ainsi, l’université pourra en toute souplesse adapter chaque année son offre de formations.


Même Kadhafi a envoyé son fils en Angleterre pour décrocher un doctorat d’économie à la prestigieuse London Economics School. Et tous nos élus, pourtant profondément attachés au modèle français, envoient leurs propres enfants dans des universités étrangères. Le service public si vanté, c’est pour les enfants du peuple pour qu’ils soient condamnés à rester dans le peuple, surtout pas dans les élites. Or, les universités étrangères forment donc les élites de demain, qui seront aux manettes dans les grandes institutions internationales ou dans les gouvernements. Ne nous étonnons- pas alors de notre perte d’influence culturelle, politique et économique dans le monde si nous refusons de voir cette réalité. Sans parler des Etats-Unis, qu’il est interdit de citer en exemple, c’est ainsi que fonctionnent les universités en Europe même, en Espagne, en Allemagne ou en Angleterre.


Alors, plutôt que d’épuiser notre énergie à se battre en vain contre la « dictature » du marché, il serait plus constructif d’en connaître ses mécanismes et ses principes pour en exploiter son formidable potentiel de croissance qu’elle recèle en son sein. Il faut donc s’ouvrir à l’espace mondial universitaire. Et quand on s’ouvre, c’est à nous de s’adapter : on ne peut pas imposer notre modèle (bien mal en point) au reste du monde, c’est donc à nous de nous adapter au reste du monde.


Sinon, il ne reste plus qu’à nous enfermer pour devenir une Corée du nord au bord de la faillite. Et si le reste du monde fonctionne ainsi, il y a bien une raison objective : c’est que ça marche.


 

 

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Jean-Louis Caccomo est Maître de Conférences en Sciences Économiques à l'Université de Perpignan. Chercheur, il est expert international spécialisé dans les questions de croissance, innovation et tourisme international. Responsable de l'atelier tourisme au GEREM (Université de Perpignan). Il est par ailleurs responsable des programmes de coopération avec Prince of Songkla University (Phuket - Thaïlande), avec l'université de Tabasco (Mexique) etavec l'université de Moroni (Comores).
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"c’est ainsi que fonctionnent les universités en Europe même, en Espagne, en Allemagne ou en Angleterre." Voila qui est archi faux. Par exemple, les frais de scolarité sont quasi inexistants en Allemagne, et même si vous n'y avez jamais étudié, une simple recherche sur google permet de trouver ça
http://www.euroguidance-france.org/fr/137/etudier-en-europe/allemagne/les-frais-de-scolarite-dans-l-enseignement-superieur-allemand.html

Accessoirement, j'ai eu la chance de faire une année de droit à Harvard, pour ma maitrise (on dirait m1 maintenant). Au delà du prestige, je n'ai pas vu, d'un angle qualitatif, de plus value par rapport à l'enseignement que j'ai reçu à la Sorbonne, Par la suite, professionnellement, la mention d'Harvard sur mon CV a surtout eu de l'impact en France. A l'étranger, l'évocation de la Sorbonne a un lustre que je qualifierai de presque équivalent.
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Les premières universités ont été créées hors du pouvoir politique. Une université qui n'est pas indépendante n'en est pas vraiment une. Les universités doivent êtres libres pour s'affranchir de toute obstacle au progrès de la science. Les universités françaises ne sont que des "écoles terminales" dépendantes de "l'éducation nationale" sur-administrées incompatibles avec l'idéal universitaire. L'état doit laisser les universités s'organiser comme elles le veulent. Une université n'est pas une école.
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Pour être libre de l'Etat il faut commencer par ne pas dépendre de ses subsides.
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Et c'est même le principal.
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Et dans un monde meilleur, de quoi pourraient vivre les universités?

L'exploitation de leurs brevets éventuels ne peut pas aller bien loin ni concerner les jeunes universités.
Pour être libre de l'état et des industries, il faut facturer les étudiants et les anciens étudiants.
Si elles collectent de la taxe d'apprentissage comme aujourd'hui, elles finiront dépendantes des gros payeurs.

Quoi d'autre ?
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Il fut un temps où les universités étaient indépendantes.
Au point d'avoir même leur propre police ! (les étudiants n'étant pas soumis à la police de ville ordinaire)
Presque un statut d'extraterritorialité comme les ambassades aujourd'hui.
Elles ne s'en portaient pas plus mal.

Je n'aime pas que les écoles/universités cherchent à coller au marché de l'emploi salarié. Qu'elles fassent donc leur marketing sur leur secteur et leur clientèle: les étudiants
Ce n'est pas leur rôle et leur rapport au temps comme leurs cycles de vie sont de toutes façons incompatibles.

C'est évidemment aux étudiants et à leurs familles, avec des structures de conseil s'il le faut, de choisir de se former pour eux-même (le savoir pur) ou pour se préparer à l'emploi salarié (éviter les formations bouchées).
Par ailleurs, l'université n'a jamais été le cadre adéquat pour recevoir une formation PROFESSIONNELLE.

Ce n'est pas le rôle de l'Etat ni celui de la Société que de prendre en charge des formations pour ensuite remettre gracieusement les formés à disposition des employeurs, pour qu'ils y soient immédiatement productifs.
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Donc il faut faire comme Harvard, qui est la meilleure université du monde, donc la mieux gérée.........et qui a 6 milliards de dollars US de dettes. Bravo la logique (en plus Harvard produit l'élite asiatique de demain, dans certaines classes il n'y a plus un seul américain. Autant former les espions étrangers aussi, et puis leur faire construire une bombe et la poser dans la maison blanche).

Les classements internationaux sont de la merde, c'est bien connu. Même l'université de San Francisco l'avait démontré, car dans un classement elle intégrait le top 10 alors que dans un autre elle n'était que 25e. Elle a mené une étude et découvert que le critère discriminant était la taille. (Un classement donnait plus d'importance au nombre de prix Nobel, or plus une université a d'étudiants, plus elle a de chances d'avoir vu un futur prix nobel transiter par ses bancs, et l'université de San Francisco est petite) Le reste n'est que question de savoir à quel classement les gens se réfèrent.

En Belgique aussi on s'amuse à fusionner les universités...



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"c’est ainsi que fonctionnent les universités en Europe même, en Espagne, en Allemagne ou en Angleterre." Voila qui est archi faux. Par exemple, les frais de scolarité sont quasi inexistants en Allemagne, et même si vous n'y avez jamais étudié, une simpl  Lire la suite
romahn - 28/12/2012 à 23:34 GMT
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