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Des moyens de combattre l’individualisme et le despotisme démocratique selon Tocqueville (II)

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Publié le 22 avril 2014
883 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Fondamental

 

 

 

 

Dans un article précédent, nous avons analysé le « despotisme doux », ce processus par lequel la démocratie transforme les hommes en un « troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger ». Pour contrecarrer ce phénomène, il faut combattre l’individualisme, qu’Alexis de Tocqueville définit comme un sentiment d’autosuffisance qui conduit le citoyen à s’isoler de la masse et à se replier sur lui-même.

 

Et le remède à cet individualisme, explique l’auteur de La démocratie en Amérique, c’est le renforcement de la société civile. La société civile, en tant que distincte de l’État, est un tissu de communautés et d’institutions au sein desquelles l’individu peut apprendre à exercer sa liberté et sa responsabilité. Une société civile pluraliste et dynamique permet donc d’éviter les empiétements du pouvoir dans la sphère privée. Pour libérer la société civile et empêcher ainsi l’État de s’étendre inexorablement, il faut développer simultanément les libertés locales, les associations libres et la liberté de religion.

 

 

1° La décentralisation par les libertés locales

 

On intéresse difficilement un homme aux affaires nationales, dit Tocqueville, « parce qu'il comprend mal l'influence que la destinée de l'État peut exercer sur son sort ». C’est pourquoi il convient, dit-il, de « donner une vie politique à chaque portion du territoire, afin de multiplier à l'infini, pour les citoyens, les occasions d'agir ensemble, et de leur faire sentir tous les jours qu'ils dépendent les uns des autres ».

 

Ainsi, par exemple, la commune est l’école de la liberté, le lieu où les citoyens apprennent à faire un usage concret de leur liberté. C’est le lieu où se forment un esprit civique, un sens de l’intérêt général. « Les libertés locales (…) ramènent donc sans cesse les hommes les uns vers les autres, en dépit des instincts qui les séparent, et les forcent à s'entraider ».

 

2° L'essor des associations libres

 

 

Par libres, Tocqueville entend ici des associations volontaires, issues de la société civile : familles, églises, voisinage, communautés, associations professionnelles ou sportives, scoutisme, aide aux plus démunis, etc. Et c’est le lieu où peuvent se tisser des liens de coopération et de solidarité. Les associations contribuent à désenclaver l'individu, à le rendre moins isolé, moins fragile et moins tenté de recourir à l'État pour sa protection. Elles permettent à l'individu et aux citoyens de se prendre en charge et de réduire l'emprise du pouvoir central. La science des associations est donc la « science mère » de la démocratie, dit Tocqueville :

 

« Parmi les lois qui régissent les sociétés humaines, il y en a une qui semble plus précise et plus claire que toutes les autres. Pour que les hommes restent civilisés ou le deviennent, il faut que parmi eux l’art de s’associer se développe et se perfectionne comme dans le même rapport que dans l’égalité des conditions. »

 

Ce que Tocqueville admire en Amérique, c’est la capacité des citoyens à s’associer pour tout :

 

« Les Américains de tous les âges, de toutes les conditions, de tous les esprits, s'unissent sans cesse. Non seulement ils ont des associations commerciales et industrielles auxquelles tous prennent part, mais ils en encore mille autres espèces: de religieuses, de morales, de graves, de futiles, de fort générales et de très particulières, d'immenses et de fort petites; les Américains s'associent pour donner des fêtes, fonder des séminaires, bâtir des auberges, élever des églises, répandre des livres, envoyer des missionnaires aux antipodes; ils créent de cette manière des hôpitaux, des prisons, des écoles. S'agit-il enfin de mettre en lumière une vérité ou de développer un sentiment par l'appui d'un grand exemple, ils s'associent. » (Tome II, Deuxième partie, Influence de la démocratie sur les sentiments des Américains, Chapitre V, De l'usage que les Américains font de l'association dans la vie civile)

 

En France, dit Tocqueville, dès qu’il est question d’un nouveau projet, vous voyez le gouvernement. En Angleterre, vous verrez plutôt un aristocrate. Aux États-Unis, vous apercevrez une association.

 

3° La liberté de religion.

 

Selon Tocqueville, la communauté religieuse, comme les associations, constitue un échelon intermédiaire entre l’individu et l’État.

 

Par ailleurs la religion facilite le détachement à l’égard des biens matériels. En offrant d’autres objectifs aux hommes que les jouissances matérielles et en imposant des devoirs à chacun vis-à-vis des autres, elle offre une alternative à l’individualisme et au matérialisme démocratique.

 

Toute religion, écrit Tocqueville, place « l'objet des désirs de l'homme au-delà des biens de la terre ». C’est pourquoi toute religion a pour vertu de soutenir le sens moral d’un peuple, et sans peuple vertueux, il n’y a pas de liberté. « Quand la religion est détruite chez un peuple, le doute s'empare des portions les plus hautes de l'intelligence et il paralyse à moitié toutes les autres. Chacun s'habitue à n'avoir que des notions confuses et changeantes sur les matières qui intéressent le plus ses semblables et lui-même. »

 

La religion facilite donc l’usage de la liberté. Elle fournit un élément de stabilité morale dans ce nouveau monde démocratique qui est en mouvement perpétuel.

 

La conclusion de Tocqueville est claire. C’est par la liberté qu’il faut lutter contre les dérives de la démocratie : « les Américains ont combattu par la liberté l'individualisme que l'égalité faisait naître, et ils l'ont vaincu ». (De la Démocratie en Amérique, vol II, quatrième partie, chapitre VI, 1840)

 

 

 

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Damien Theillier est professeur de philosophie. Il est l’auteur de Culture générale (Editions Pearson, 2009), d'un cours de philosophie en ligne (http://cours-de-philosophie.fr), il préside l’Institut Coppet (www.institutcoppet.org).
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