Lorsque son fils Titus lui en fit le grief, l’empereur lâcha cet aphorisme
resté célèbre: «pecunia non olet» (l’argent n’a pas d’odeur). Cet article
vous présente les principales étapes de l'histoire de la monnaie.
La monnaie primitive
Les Grecs et les Romains de la Haute Antiquité, réglaient
leurs transactions en prenant le bœuf comme unité de
référence (pecus en latin signifie troupeau, d’où le mot français « pécuniaire
»). D’autres peuples utilisaient le sel, des coquillages,
des perles et bien d’autres objets. Mais ce type de moyen
d’échange s’avérait beaucoup moins indiqué pour les commerçants voyageurs.
Il s’agit là de monnaies dites primitives. La monnaie primitive a en effet
survécu jusqu’il y a peu dans quelques régions du monde, par exemple sous la
forme de fils de cuivre dans le centre du continent africain, ou encore
de cigarettes en Europe occidentale durant la Seconde Guerre mondiale.
Les pièces de monnaie
A l’époque où la Chine créa sa monnaie, le phénomène
apparut en Occident, plus particulièrement en Lydie où le Pactole et l’Hermos
brassaient des sédiments précieux : un alliage
naturel d’or et d’argent nommé électrum. La présence
de petites quantités de métal vil comme le plomb et
la variation du rapport or/argent (40 à 60 %) ne facilitait pas la
détermination de leur valeur. On tenta de séparer les métaux. Les premières
pièces d’or et d’argent firent leur apparition sous le règne de Crésus,
dernier roi de Lydie (environ 560-547 av. J.-C.).
L’usage de la monnaie se répandit ensuite largement en Perse, dont la darique
d’or (du roi perse Darius) se hissa au rang de monnaie
internationale.
Dans le monde grec, au VIe et au Ve siècle av. J.-C., les
chouettes athéniennes en argent (tétradrachmes)
dominaient le marché monétaire. Alexandre le Grand uniformisa
la circulation avec le statère d’or aux traits de
Pallas Athéna et le tétradrachme figurant Héraclès.
Sous ses successeurs apparut la monnaie à portrait : les dieux et déesses
classiques furent bientôt accompagnés du portrait idéalisé d’Alexandre. Aux
alentours de 305 av. J.-C., le souverain égyptien Ptolémée Ier Soter mit
en circulation une série de pièces à son effigie. À Rome, Jules César
fut le premier à apparaître de son vivant sur une pièce de monnaie.
Du bronze au cuivre, à l'argent et à l'or en poids et mesures.
Les premières pièces de monnaie romaines étaient des didrachmes en argent
d’environ 7,5 g. Ce n’est qu’en 211 av. J.-C. qu’ils optèrent pour le
denier (4,5 g) portant une Roma casquée sur l’avers et les Dioscures sur le
revers. Cette pièce devint leur unité monétaire de référence et eut un
succès considérable. Les monnaies romaines furent généralement d’un titre
élevé en métal précieux. Les pièces en or atteignait 95 % ou plus. Sous
la République, cette teneur élevée fut aussi d’usage pour les pièces
d’argent. Mais elle se dégrada lentement sous l’Empire, pour revenir à son
niveau le plus bas vers 270, avec un antoninien «d’argent» qui ne contenait
plus que 2% de métal précieux.
Le papier monnaie
Les ancêtres du billet de banque, les certificats ou récépissés de dépôt,
remontent à une époque bien antérieure au Moyen Âge. Ils étaient
délivrés à des particuliers ou à des commerçants en contrepartie des métaux
ou objets de valeur qu’ils remettaient au dépositaire. C'était une
reconnaissance de dette de l’orfèvre ou de la banque pour des dépôts
effectués par des clients.
Le billet de banque proprement dit apparut au cours du XVIIe siècle. Il ne
prit son essor qu’à partir du XIXe siècle. Il s’agit dans un premier temps
d’émissions de banques privées puis de banques centrales.
- En 1661, la banque privée Stockholms Banco émit, pour la
première fois en Europe, des « billets au porteur» qui n’étaient plus
entièrement couverts par un dépôt de métal.
- À partir de 1668, la Rikets Ständers Bank, aujourd’hui
Banque de Suède, créa des « billets de transfert » qu’il fallait d’abord
faire enregistrer à son nom avant de pouvoir négocier.
- En 1694, la naissance de la Banque d’Angleterre apporta
un début d’uniformisation dans un système de circulation composé de
billets de banque et de billets d’orfèvres.
- Le siècle suivant, l’économiste écossais John Law obtint
du régent l’autorisation de créer une banque (Banque Générale, 1716) et
d’émettre des billets, couverts non pas par des dépôts de métal, mais
garantis par des terres. L’expérience fut un échec et la confiance du
public envers cette nouvelle forme de monnaie en fut sérieusement
affectée.
- Née en 1822, la Société générale de Belgique (dite plus
tard Société générale) mit à son tour des billets en
circulation pour favoriser l’industrie nationale. Peu après
l’indépendance, en 1837, ces derniers furent libellés en franc. D’autres
banques obtinrent également le droit d’émission, en particulier la
Banque de Belgique, la Banque Liégeoise et Caisse d’Épargnes et la
Banque de Flandre.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la circulation tripla,
provoquant l'opération Gutt dans l'objectif du retrait et
du remplacement des billets en circulation.
Dès 1946, la Banque nationale mit en circulation la série Dynastie, puis,
à partir de 1950, la série Centenaire. La dernière série de billets en franc
belge fut consacrée à des artistes ayant marqué l’art du XXe siècle.
Au 1er janvier 2002, douze imprimeries réparties sur l’ensemble de la zone
euro – à l’exception du Luxembourg – avaient imprimé 15 milliards de coupures
en euro, dont 6,6 milliards avaient été mis en circulation le 1er janvier
2002.
Monnaie scripturale et électronique
Les différentes formes de monnaie ont évolué au fil du temps. L’essor des
technologies de l’information entraîne une informatisation croissante des
paiements. Aujourd’hui, différentes formes dématérialisés de monnaie
coexistent, dont la monnaie dite scripturale. Celle-ci
permet de transférer des montants d’un compte bancaire vers un autre par un
simple jeu d’écritures qui consiste à créditer un compte par le débit d’un
autre compte.
Ces paiements peuvent se faire à partir d’un bulletin de virement mais
aussi de manière électronique, au moyen d’une carte de débit, d’une
carte de crédit ou par Internet. La part de la monnaie scripturale dans la
quantité totale de monnaie en circulation progresse de manière
constante.
Dans le cas de la monnaie électronique, le montant est retiré d’un compte
et stocké sur un support électronique. Cette monnaie repose sur le principe
du prépaiement : un montant est transféré par le client de son
compte vers sa carte électronique, montant qui sera utilisé au fur et à
mesure des paiements.
Cela fait bien longtemps que le téléphone portable a dépassé son rôle de
simple téléphone pour devenir également un moyen de paiement... En outre, le
Wi-Fi et l’Internet sont indubitablement appelés à élargir encore les champs
du possible.
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