Fermer X Les cookies sont necessaires au bon fonctionnement de 24hGold.com. En poursuivant votre navigation sur notre site, vous acceptez leur utilisation.
Pour en savoir plus sur les cookies...
AnglaisFrancais
Cours Or & Argent en

En dépit de l’économie, les Indiens font travailler leur or

IMG Auteur
Publié le 19 juin 2014
1376 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
( 4 votes, 5/5 )
Imprimer l'article
  Article Commentaires Commenter Notation Tous les Articles  
0
envoyer
0
commenter
Notre Newsletter...
Rubrique : Or et Argent

Par Julie McCarthy
National Public Radio, Washington


Il est indestructible. Il est fongible. Et pour les Indiens, l’or – qu’il soit de 18, 22 ou 24 carats – est semi-sacré.

L’économiste indien distingué I.G. Patel a observé que « dans la prospérité comme dans le besoin, les pensées des indiens se tournent généralement vers l’or ».

Aucun mariage n’a lieu sans que des bijoux en or soient présentés à la mariée. Même les filles des familles les plus pauvres portent au moins un anneau en or à leur nez.

L’Inde ancienne est connue sous le nom de « sone ki chidiya », ou « moineau d’or ». Très opulents étaient les bijoux de ses souverains, depuis la dynastie Moghole jusqu’aux états princiers.

Pour les femmes indiennes qui n’ont pas eu accès à l’éducation, l’or représente une sécurité sociale. Aujourd’hui, pour les hindous comme pour les chrétiens, bouddhistes ou musulmans, offrir de l’or à une mariée, selon l’anthropologiste Nikila Mehrotra, revient à assurer sa bonne fortune.

« Une femme mariée doit être une femme d’auspices. Elle représente Lakshmi, la déesse de la richesse. C’est elle qui apporte la progéniture de la famille et la nourrit. Elle prend soin de sa famille », explique Mehrotra. « C’est ainsi que les Indiens voient les choses ».

Mehrotra note que dans l’Inde d’aujourd’hui, les terres sont dérobées aux femmes. Des femmes ont été défigurées par des attaques à l’acide qui attribuent à leur assaillant une revendication de la propriété de leur famille. Mais l’or est un actif que les femmes sont autorisées, aux yeux de tous, à posséder de plein droit.

« Mon or », explique Anshu Srivastava, une femme de 38 ans, « est ma propriété. Il est considéré comme le droit d’une femme ».

Le salon de cette femme au foyer de New Delhi, tel une caverne d’Ali Baba, ne laisse pas place au doute quant à son obsession. Chaque touche de décoration – depuis les coussins sur les canapés aux rideaux – est de couleur or.

Discrètement cachée sous la manche de Srivastava se trouve une panoplie de bijoux en or. Une montre en or sertie de diamants est exposée un instant, aux côtés d’une multitude de bracelets sertis de rubis et de diamants.

Elle les porte en permanence, même lorsqu’elle sort de chez elle. Ses bijoux l’accompagnent partout.

Et si elle se les faisait voler ?

« Alors ce serait ma destinée », répond-elle en haussant les épaules.

Srivastava a déjà déposé de l’or auprès de sa banque pour le donner plus tard à sa fille. Elle a son propre bijoutier.

Srivastava ouvre pour nous sa vaste collection de boîtes à bijoux, révélant de somptueux bijoux offerts par sa belle-famille et son mari. Mais les plus précieux d’entre eux sont ceux qu’elle a hérités de sa mère, qui a commencé à collectionner des bijoux à l’âge de 8 ans.

Ses boucles d’oreilles en or, ses bagues, ses colliers et ses pinces à cheveux reflètent, en plus d’être somptueux, le caractère central que joue l’or dans la vie des femmes indiennes. Il est offert à l’occasion de grossesses, de naissances, ou pour célébrer le premier repas solide d’un bébé. Il est inscrit dans la culture du pays.

La tentatrice du blockbuster Bollywood de 2001, Kabhi Khushi Kabhi Gham (Parfois heureux, parfois triste), chante « Mes bracelets chantent, ‘Je suis à toi’ ».

Le grand classique de Bollywood « Mother India » raconte comment l’or permet de racheter l’honneur d’une famille. L’héroïne de ce mélodrame de 1957 est réduite à mettre ses bijoux en or à gage auprès du créditeur peu scrupuleux du village pour sauver la ferme de sa famille. Elle se sépare de ses bijoux, mais jamais de sa dignité.

L'inde est tant attachée à l’or que les ménages indiens en possèderaient entre 600 et 800 milliards de dollars, principalement sous la forme de bijoux. C’est quatre fois les réserves d’or de Fort Knox.

Le droit d'une femme d'utiliser son or comme elle l’entend varie en fonction des régions. Dans le nord conservateur, elle doit d’abord demander à sa famille la permission de disposer de son métal.

Comme l’explique Mehrotra, « ce genre de limitations bénéficie à la patriarchie, la femme n’est pas totalement libre. Son choix est limité par la nature de la structure à laquelle elle appartient ».

Lorsque Pooja Sharma, résident de Delhi, s’est séparée de son mari, ce dernier a gardé le plus gros de son or. Avec le peu de bijoux qui lui restaient, elle a obtenu un prêt de 400 dollars pour payer les frais médicaux de son père malade.

Sharma, une conseillère financière habituée à faire des affaires avec les banques, rit lorsqu’elle se souvient de l’agonie qu’elle a ressentie lorsqu’elle a laissé son or au créditeur chargé de le mettre en sécurité jusqu’à ce qu’elle lui rembourse son dû.

« Je suis allée les voir à plusieurs reprises, et auprès de plusieurs succursales, pour leur demander de clarifier les conditions de mon éventuel prêt. Et puis j’ai investi ».

Des milliers de femmes comme Sharma franchissent chaque jour le seuil de Muthoot Finance. Avec 4.000 succursales en Inde, la firme génère plus de 50 millions de dollars de prêts en or chaque jour, et ses taux d’intérêts s’élèvent entre 12 et 24%. Chez Muthoot, un prêt peut être accordé en moins de 15 minutes – une rapidité qu’aucune banque ne pourrait surpasser.

Le couple Snigdha Paul et Sanjeev Dey ont pu ouvrir leur propre entreprise grâce à un prêt de 500 dollars obtenu grâce à la mise à gage de leur or. Ils sont maintenant les propriétaires d’une boutique de fleurs au sud de Delhi, qu’ils appellent un « rêve devenu réalité ».

Dey se tient devant son stand garni de lis jaunes et d’œillets roses, et se satisfait de sa bonne fortune. « Cet or m’a beaucoup aidé », dit-il. « Je fais aussi partie de cette économie ». Il admet que son entreprise est de taille limitée, mais dit être capable d’employer des assistants.

« Je participe à l’abolition du chômage », dit-il fièrement.

Un actif paresseux ?

L'histoire du couple se répète partout en Inde : les actifs d’une femme sont utilisés pour lancer une petite entreprise, qui appartient souvent au mari. Avinav Chaubey, directeur de marketing chez Muthoot Finance, a lancé une campagne de publicité qui présente une femme poussant son mari à utiliser son or, et contourne ainsi le tabou qu’est l’idée qu’un homme demande de l’argent à sa femme.

Ces prêts remettent en question l’idée de l’or comme actif paresseux.

L’économiste Jayati Ghosh pense toutefois que les achats obsessifs d’or privent l’Inde d’investissements réels.

« L’or est une fuite hors du système. Il revient un peu à mettre votre argent sous votre matelas. En fait, il revient à mettre des lingots sous votre matelas », explique Gosh. « Il représente donc un énorme gaspillage pour une économie qui a besoin d’investissements ».

La banque centrale indienne, qui est comparable à la réserve fédérale, a éprouvé des difficultés à limiter les importations en or pour diminuer son déficit de compte courant.

Mais avec des centaines de millions d’Indiens sans accès à un compte en banque ou une quelconque forme de crédit, l’utilisation d’or pour réaliser des rêves n’est pas prête de s’arrêter là.

De retour à Muthoot Finance, la femme de Sanjeev Dey explique qu’elle mettrait de nouveau sa bague en or à gage si le couple décidait d’élargir de nouveau son stand de fleurs.

« Si je peux en tirer quelque chose, pourquoi devrais-je refuser ? » demande-t-elle. Son mari l’interrompt : « Cet argent rapporte de l’argent. La monnaie engendre de la monnaie ».

Sa femme ajoute, l’air confiant : « Après tout, qu’il s’agisse d’or ou de liquide – tout est à moi. J’en tire plus de bénéfices en retour ».

Snighda apprend plus tard que le créditeur a retourné sa bague en or et que le prêt du couple est désormais sécurisé entièrement grâce à l’or de son mari. Elle sourit. « Ses bijoux sont les miens », dit-elle.

Ce sentiment est le symbole d’une « nouvelle Inde », au sein de laquelle les ornements de l’Inde ancienne représentent une nouvelle forme de richesse – pour les femmes.


http://www.npr.org/blogs/parallels/2014/04/14...ld-obsession...




<< Article précedent
Evaluer : Note moyenne :5 (4 votes)
>> Article suivant
Publication de commentaires terminée
Dernier commentaire publié pour cet article
Soyez le premier à donner votre avis
Ajouter votre commentaire
Top articles
Flux d'Actualités
TOUS
OR
ARGENT
PGM & DIAMANTS
PÉTROLE & GAZ
AUTRES MÉTAUX