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Jusqu’où pourra nous mener le conflit syrien ?

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oilprice.com
Publié le 14 décembre 2015
1917 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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Rubrique : Editoriaux

Les affaires sont les affaires. Pourquoi donc ne pas acheter d’or à Isis ? Les Russes ont accusé les Turcs de le faire, et il y a de fortes chances qu’Assad le fasse lui-aussi. Personne ne peut mener de guerre sans pétrole, comme l’a expliqué Robert Bensh, partenaire et directeur de la société pétrolière Pelicourt LLC. Mais alors que des voix parmi les plus politiquement absurdes se font entendre, les aspects les plus essentiels de l’affaire demeurent inconnus du public. L’idée qu’Isis représente un barrage contre l’expansion de l’Iran est-elle la raison pour laquelle l’Occident n’attaque pas l’Etat islamique sur son territoire ? Sans nation pour la contrôler, la menace est devenue hors-de-contrôle, et une guerre aux cibles ambigües commence à se développer.

A l’occasion d’un entretien exclusif avec James Stafford, de chez Oilprice.com, Bensh discute des sujets suivants :

• Jusqu’où pourront aller, sur le plan économique, les tensions entre la Russie et la Turquie
• Quels en seront les effets pour les pays qui se retrouveront au milieu
• Ce que veut la Russie
• Ce que veut la Turquie
• Quels sont les autres aspects géopolitiques d’Isis
• Pourquoi Isis ne peut pas être contrôlé
• Quelles sont les différences entre les groupes Shiites radicaux
• La possible réorganisation d’une partie significative de l’arène des puissances énergétiques
• Pourquoi nous ne devrions pas prêter attention aux propos de certains milliardaires

James Stafford: Une semaine après l’abattage par la Turquie d’un avion de chasse russe qui prenait pour cible les infrastructures pétrolières d’Isis au nord de la Syrie et l’imposition par la Russie de « mesures économiques » contre la Turquie, le Président russe Vladimir Poutine a déclaré que le « crime militaire » commis par Ankara ne serait pas pris à la légère et puni d’une simple « interdiction des importations de tomates ou d’une quelconque restriction sur la construction ou sur n’importe quelle autre industrie ». Poutine a également fait mention d’Allah, et noté qu’Allah « a peut-être choisi de punir la classe dirigeante de la Turquie en la privant de sa raison et de sa santé mentale ». Jusqu’où la situation pourra-t-elle aller sur le plan géopolitique ?

Robert Bensh : La Russie et la Turquie sont très interdépendantes en matière économique, notamment sur le secteur énergétique. La possibilité de voir coupées les lignes d’approvisionnement de gaz russe vers la Turquie n’a pas été mentionnée, et je ne pense pas que la Russie puisse se permette une telle mesure aujourd’hui. La Turquie est non seulement un client très important pour la Russie, elle est également un point de transit pour son gaz naturel.

James Stafford: Que veut la Turquie ?

Robert Bensh: Il serait plus intéressant de se demander ce que veut Erdogan. Poutine n’a pas si tort que ça de décréter qu’Erdogan a perdu la tête. Il n’est un secret pour personne qu’Erdogan ait des tendances quelque peu mégalomaniaques qui s’intensifient d’année en année. Il semblerait qu’il rêve d’un retour à l’Empire Ottoman – auquel cas Isis pourrait être un allié logique. Il est cependant évident que le groupe ne soit pas intéressé par soutenir un autre Empire Ottoman au contrôle d’un grand territoire Sunnite. Nombreux sont les Turcs qui ne partagent pas le rêve de leur chef d’Etat, et ses ambitions finiront par causer sa perte.

Pour le régime turc, il y a également l’idée qu’Isis puisse lui offrir un pouvoir ostensiblement plus important face à la montée en puissance des Kurdes, aussi bien au sud-est de la Turquie qu’au nord de la Syrie ; et améliorer son statut face à l’Arabie saoudite qui, grâce à ses richesses pétrolières, est devenue de bien des manières plus puissante que la Turquie.

James Stafford: Ok. Alors que veut la Russie ?

Robert Bensh: Les souhaits de la Russie concernant la question syrienne sont moins ambigus : soutenir Assad et frapper Isis. Pour la Russie, il y a également là quelques angles « domestiques » à prendre en compte. La Russie a un problème d’extrémisme islamiste renaissant dans le nord du Caucase. Plus Isis gagne du pouvoir, plus la menace domestique croît. Deuxièmement, il ne faut pas oublier le pétrole et le gaz du bassin du Levant. L’Israël a déjà fait des découvertes aux importantes conséquences géopolitiques dans sa partie du bassin. Le Liban – si les législations nécessaires étaient mises en place – commencera également à explorer sa partie de ce territoire prolifique. La Syrie en possède également une partie, et la Russie a déjà reçu d’Assad l’autorisation d’explorer la région. Elle n’aura certainement plus ce droit sous le califat Sunnite d’Isis.

James Stafford: La Russie dit pouvoir prouver que la Turquie achète du pétrole à Isis. Pensez-vous que ces déclarations soient fondées ?

Robert Bensh: Je ne sais pas de quelles preuves parle la Russie, mais je peux vous dire ceci. C’est une déclaration qui a certainement un certain mérite théorique. Il est même fort possible qu’Isis ait vendu du pétrole au régime d’Assad en Syrie, bien qu’il lui soit opposé. Assad a besoin de pétrole, et Isis a besoin d’argent. Les affaires sont les affaires, même en temps de guerre, et même entre ennemis.

James Stafford: Ce que nous aimerions savoir, c’est la raison pour laquelle l’Occident fait preuve de tenue face à Isis. Les rapports sont conflictuels quant aux cibles des attaques aériennes, et nous ne parvenons pas à nous faire une idée claire de ce qui se passe.

Robert Bensh: Au final, tout est question de l’Iran et de l’équilibre de pouvoir entre les Shiites et les Sunnites. L’Occident se demande s’il doit attaquer Assad ou détruire le monstre qu’est Isis qu’il a lui-même développé pour détruire Assad – un monstre né des cendres de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis, qui a mené au renversement de Saddam Hussein et a radicalement transformé l’équilibre Sunnite/Shiite dans la région.

James Stafford: Les pays occidentaux, ou l’OTAN, pourront-ils détruire Isis ?

Robert Bensh: Il serait plus simple de se demander su l’Occident a la volonté de s’opposer à Isis – du moins sur le territoire d’Isis.

James Stafford: Laissez-moi vous interrompre ici, parce que c’est ici que beaucoup de nos lecteurs se sentent perdu. Pourquoi ne semble-t-il pas y avoir d’efforts concertés de la part des pays occidentaux, à l’exception de vagues de bombardements aériens dont les cibles sont ambiguës ?

Robert Bensh: J’aimerais avant tout préciser que je ne suis pas un militaire. Ni un politicien, ni un diplomate. Je suis un homme d’affaires, et les hommes d’affaires observent les choses quelque peu différemment parce qu’ils ont besoin de pouvoir percevoir vers où se dirigent les évènements pour en déterminer les conséquences pour les investissements. Ce que je perçois aujourd’hui est une grosse dose d’incertitude quant à l’identité de l’ennemi – ou du « pire » de tous les ennemis.

Il semblerait que beaucoup soient convaincus qu’Isis représente un barrage nécessaire face à la montée en puissance de l’Iran, et du pouvoir Shiite. Soutenir Isis ou l’attaquer à contrecœur est un moyen de maintenir l’Iran sous contrôle. C’est une erreur que l’Occident a déjà commise à de nombreuses reprises et dont il refuse de tirer des leçons. Quand Isis lancera une nouvelle attaque terroriste en Occident, il sera trop tard pour repenser cette stratégie.  

Il est toutefois quelque chose à côté de laquelle beaucoup passent dans leur observation cynique des alliances et des équilibres géopolitiques que se sont formés autour du principe « l’ennemi de mon ennemi est mon ami » : l’Iran peut contrôler ses radicaux Shiites. Mais personne ne peut contrôler les rebelles Sunnites.

James Stafford: Pourquoi ça ?

Robert Bensh: C’est très facile à comprendre – et c’est aussi là une leçon de l’Histoire qui est continuellement ignorée. Les groupes radicaux Sunnites ont été utilisés à maintes reprises pour déstabiliser les régimes, et le modus operandi a toujours été de les laisser livrés à eux-mêmes. Ils sont armés, organisés de manière assez désordonnée, et laissés à leur propre initiative.

James Stafford: D’un point de vue géopolitique, pourriez-vous nous donner un exemple de la manière dont la menace représentée par Isis ou le conflit qui oppose la Russie et la Turquie pourrait s’élargir à de nouvelles alliances ou de nouveaux déséquilibres de pouvoir ?

Robert Bensh: Nous voyons aujourd’hui apparaître une nouvelle cartographie des relations géopolitiques. Et plus spécifiquement, de nouveaux agendas politiques – certains incohérents – devraient bientôt faire surface.

James Stafford: Nous savons que les relations entre la Russie et les Etats-Unis restent concentrées sur Assad et la question ukrainienne, et nous savons que les relations entre la Russie et la Turquie ont le potentiel de basculer – mais y a-t-il des rééquilibrages moins évidents ?

Robert Bensh: Prenons le Kazakhstan, par exemple – un pays qui a énormément d’importance pour le monde de l’énergie. Le Kazakhstan est aujourd’hui une arène géopolitique complexe. Le pays appartient d’une part à l’Union économique eurasiatique dirigée par la Russie, et la Russie est son plus gros partenaire commercial. Mais d’autre part, la Turquie a également une grande importance commerciale pour le pays, et les sociétés turques jouent un rôle majeur dans le pays. Ces relations sont hautement stratégiques, et nous pourrions aller jusqu’à dire que la Turquie a la plus grande importance stratégique pour le Kazakhstan. La réponse du Kazakhstan à l’abattage d’un avion de chasse russe par la Turquie illustre la position précaire dans laquelle se retrouve le pays ; un membre du gouvernement ayant condamné cet acte, et le Ministre des affaires étrangères étant immédiatement revenu sur les propos de son collègue. Le pays tente désespérément de maintenir sa neutralité, mais il ne pourra pas le faire bien longtemps.

James Stafford: Qu’est-ce que cela signifie pour le pétrole ?

Robert Bensh: Afin d’en déterminer les conséquences possibles, il faut observer les routes pétrolières. Le pétrole du Kazakhstan est principalement exporté par la Mer Noire et la Méditerranée. La Turquie a une très bonne carte en main, parce qu’elle contrôle les détroits turcs et pourrait décider de ne pas laisser passer les navires russes. La seule option qu’a aujourd’hui le Kazakhstan est de faire bonne figure devant la Turquie pour s’assurer à ce que les détroits restent ouverts tout en maintenant de bonnes relations avec la Russie. Ce sont les détroits qui ont le plus d’importance à ses yeux.

James Stafford: Merci d’avoir pris le temps de vous entretenir avec nous. Je sais que votre audience – et une majorité du public américain – est désespéré de pouvoir comprendre ce qui se passe vraiment, qui est réellement Isis, et de qui le monde devrait avoir peur. Le public ne se sent pas en sûreté, ce qui crée d’autres dangers, et voit naître de nombreuses stratégies mal avisées.

Robert Bensh: Une dernière chose. C’est exactement dans des moments comme celui-ci que les plus fous font entendre leur voix – et je ne gaspillerais pas votre temps à vous parler de certains imbéciles milliardaires à la recherche d’attention. Seuls très peu d’analystes dans le monde peuvent dépeindre une vision d’ensemble de la situation actuelle. Personne ne sait vraiment ce qui arrivera ensuite. Isis est composé de trop de groupes et d’alliances, et la menace émergente se fait de plus en plus individuelle et donc imprévisible. Pour ce qui est du paysage géopolitique, les agendas sont bien souvent pensés au fil des évènements. Pour l’industrie de l’énergie, la situation est fort précaire. L’avenir de pipelines est remis en question, et le conflit actuel pourrait redessiner la carte du secteur énergétique.

 

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Cet article est un bel enfumage. Et Robert Bench montre qu'il en sait trop pour faire la bête comme il le fait. Il est manifeste qu'il a compris que la réalité est à la fois plus simple et plus effrayante. L'Empire fait la guerre à la Russie et cherche à l'encercler partout où il le peut (Turquie, Syrie, Ukraine, Serbie, même le petit Monténégro, etc.) En ce moment, c'est l'Ukraine et la Syrie pour déloger les Russes de leurs bases militaires en Mer noire et en Méditerranée pour les priver de leur capacités militaires sur leur flanc sud. Dans cette guerre, l'Empire utilise comme supplétifs des monstres qu'il a créés ou ressuscités : les islamistes (comme en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie aujourd'hui et bientôt dans le Caucase, dignes successeurs des Assassins) et les Nazis en Ukraine (et dans les pays baltes). La Russie est sur la défensive.

Jusqu’où pourra nous mener le conflit syrien ? L'Empire ne lâchera pas et si la Russie ne se soumet pas, la seule issue sera la guerre, "chaude", entre l'OTAN et la Russie. La guerre thermonucléaire. L'Europe, Paris ne seront pas épargnés.
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Jean L. - 15/12/2015 à 16:27 GMT
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