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Pour trois raisons au moins,
l’euro, dans sa forme actuelle, nécessairement disparaitra:
1/ Une raison existentielle
(ontologique pourrait-on dire) d’abord. L’histoire
démontre qu’aucune monnaie fiduciaire de papier ne peut
être créée ex nihilo (à partir de rien) par
un simple décret d’un ou de plusieurs Etats, au surplus
imposée à des peuples qui n’en voulaient pas à
l’origine et qui ne lui font toujours pas confiance, puisque toute
monnaie ne peut s’imposer qu’à la suite d’un lent
processus d’adhésion volontaire et partagé de la part des
populations appelées à l’utiliser. Raison,
d’ailleurs, pour laquelle l’adoption des DTS (un concept
basé sur panier de monnaies -comptabilisées selon des pourcentages
aléatoires- donc manipulable à l’infini), purement
abstrait et coupé des réalités économiques, du
FMI (institution sans légitimé populaire dominée par les
USA) ou toute autre innovation du même style, comme monnaie mondiale
visant à se substituer au dollar US, ne fonctionneraient pas non plus.
Victimes de la double illusion
constructiviste et supra-nationale, les
créateurs de l’euro dans leur folle utopie ont aussi crû
que la monnaie unique européenne conduirait nécessairement
à une convergence des économies qui l’adopteraient puis,
ultérieurement, à une union politique fédérale
renforcée, alors que c’est le contraire qui se produit.
Étant donné que l’euro, donnant l’illusion qu’il
s’agirait d’un deutschemark-bis, a permis à beaucoup
d’États qui n’avaient pas les moyens ultérieurs
suffisants de remboursement de s’endetter follement à
l’abri du supposé parapluie allemand, lequel se
révèle absent à l’heure des comptes puisque
l’Union européenne n’est pas une union
fédérale mais une association d’États-nations
indépendants. Nous ne visons pas seulement les PIIGS à ce sujet
mais aussi les grands pays tels la France dont Sarkozy, son calamiteux
président keynésien, a doublé l’endettement en
mois de 5 ans, ce qui posera prochainement de très graves
problèmes à ce pays!
On lira avec profit sur cette
question de l’endettement étatique et privé le livre de
Jacques Attali intitulé “Tous ruinés dans dix
ans?”, publié en 2010 chez Fayard, en particulier le
chapitre 6, “le scénario du pire”; la partie solutions
à savoir les chapitres 9 et 10 dudit livre étant
évidemment à ne pas retenir puisque l’auteur s’y
complait dans son délire socialiste, mondialiste et européiste.
2/ Une raison structurelle
ensuite. L’euro n’est en réalité qu’un
signe monétaire désincarné obligatoirement
destiné à imploser, parce qu’il n’est pas
émis par un Etat souverain ni gagé par un actif stable et
réel comme l’or mais seulement par une association de
banques centrales nationales aux intérêts divergents, qui sont
en désaccord sur l’interprétation des traités
ayant fondé l’Union monétaire européenne comme sur
les statuts de la banque centrale principale de ladite union (la BCE),
d’où l’impossibilité de le gérer
collectivement et solidairement. D’autant que, prenant place dans une
zone monétaire non optimale, l’euro ne convient en fait à
aucun des pays que les politiciens y ont arbitrairement fait entrer sans
compter que les critères de Maastricht n’ont jamais
été respectés par la plupart des États-membres de
la zone, la BCE ayant alors laissé faire toute cette gabegie.
Les démissions
successives d’Axel Weber et de Jurgen Stark
du conseil de la BCE marquant leur désaccord avec la politique
monétaire laxiste de Trichet, un technocrate de la pire espèce
qui se rend tous les jours coupable de forfaiture, consistant à faire
acheter illégalement par la BCE les obligations d’Etat des pays sur-endettés (PIIGS) qu’ils ne peuvent pas
rembourser ou que le marché ne veut plus souscrire puis à les
monétiser pour pouvoir mettre toujours plus de liquidités factices
à la disposition desdits Etats et des grandes banques privées
européennes, comme le refus raisonnable de la chancelière Merkel de créer des eurobonds,
puisque tout cela va à l’encontre des traités qui ne
prévoient pas une union fédérale fiscale ni de mécanisme
d’emprunt collectif garanti par tous les États-membres pas plus
qu’une monétisation des créances publiques ou
privées pour sauver un ou plusieurs États-membres
défaillants, démontrent que la principale puissance de la
zone euro l’Allemagne n’est évidemment pas prête, on
la comprend, (et ne le sera jamais) à la mutualisation des
dettes nationales actuelles et/ou futures (qui la ruinerait) donc à
aller plus loin dans le partage de la même monnaie européenne,
que sa population ne veut plus (ni n’a jamais voulue). Monnaie qui,
par ailleurs, a déjà ruiné les pays faibles qui
l’ont adoptée (comme leurs populations dont le niveau de vie
s’effondre en particulier en Grèce, Espagne, Portugal, Italie,
Irlande) parce qu’ils ne peuvent pas rester compétitifs avec une
monnaie aussi chère pour eux, ni appliquer des plans dits “de
rigueur” leur faisant subir en quelques mois les ajustements
dorénavant exigés par le FMI qu’ils n’ont pas
effectués depuis des dizaines d’années. Cependant Merkel, que sa formation marxiste dans l’ex
Allemagne de l’Est empêche de comprendre l’économie
de marché capitaliste et dont la personnalité est beaucoup trop
faible et hésitante pour trancher dans le vif, continuera à
louvoyer jusqu’à ce que les électeurs allemands
excédés la renvoient.
3/ Une raison conjoncturelle
enfin. L’euro, en compétition avec le dollar US qui demeure
la monnaie de réserve mondiale parce qu’émise par le
principal Etat et la première puissance économico-militaire de
la planète (même très affaiblie par la récession
et l’endettement), ne pourra jamais remplacer le dollar US ni plus tard
ne parviendra pas non plus à s’imposer face au yuan ou à
toute autre monnaie nationale d’un Etat émergent ayant un poids
économique à terme plus grand que les USA ou que la zone euro,
donc des réserves de change supérieures à celles des USA
ou de la zone euro.
Dans le monde actuel, il
n’y a qu’une seule monnaie de papier globale effective
(assurément instable) à savoir le dollar US. Ni l’euro,
ni le yen, ni le yuan (encore inconvertible), ni aucune autre, n’est
pour le moment capable de détrôner la monnaie américaine
comme monnaie de réserve internationale. Quant à la seule autre
monnaie réelle internationale (évidemment stable), qui pourrait
devenir l’alternative au dollar US, c’est l’or.
D’où la hausse structurelle de l’or en dollars US (interrompue par des corrections temporaires liées aux
inévitables reprises du dollar US comme l’actuelle) au fur et
à mesure de la baisse du dollar US et de son pouvoir d’achat. Un
point c’est tout!
Quand donc l’euro
disparaitra-t-il? Lorsque l’Allemagne
devra se résoudre à laisser sortir de la zone les
États-membres les uns après les autres qui feront défaut
sur leurs dettes souveraines ou bien lorsque la faillite de plusieurs grandes
banques privées européennes ayant accumulé des
obligations d’Etat des PIIGS dont la valeur de marché sera
devenue quasi nulle sera avérée. Pour le moment, les banques
centrales interviennent massivement pour tenter d’éviter cette double issue. Mais elles ne feront qu’aggraver
la situation économique de l’Europe et prolonger l’inutile
agonie de la monnaie unique européenne qui, d’après nous,
implosera d’ici fin 2011 ou au plus tard pendant les 8 premiers mois de
2012, lorsque les marchés comprendront et anticiperont que la plupart
des dirigeants politiques actuels de la zone euro (et aussi Obama aux USA)
perdront les élections et seront remplacés par des politiciens
devant nécessairement changer la donne. Faute d’un tel
changement radical de politique à mener par de nouveaux dirigeants non
compromis dans la création de l’euro ou bien acceptant leur
erreur, le drame de l’euro pourrait se terminer par une explosion
politico-sociale révolutionnaire voire des guerres en Europe.
C’est hélas au
plus mauvais moment que la Banque nationale suisse a décidé,
comme mesure désespérée pour tenter de stopper la hausse
de la devise helvétique qu’elle rend à tort responsable
du risque d’affaiblissement économique intérieur (la Suisse comme l’Allemagne contrairement aux PIIGS étant
toujours compétitive), de déterminer une parité fixe
entre l’euro et le franc à 1,20 CHF.
Ce qui se terminera soit par la ruine de la BNS,
parce qu’elle devra acheter l’euro à guichet ouvert au
moment où il s’effondrera ce que son bilan ne lui permet pas,
accompagnée par une très forte inflation en Suisse; soit par
l’abandon forcé de ladite parité, suivi d’une
hausse vertigineuse temporaire incontrôlable du franc suisse contre
l’euro. Dans les deux cas, il est à redouter que la BNS
(dirigée par un Hildebrandt qui restera dans l’histoire comme le
fossoyeur de la moins mauvaise monnaie de papier) se résoudra à
abandonner le franc suisse et à proposer aux politiciens suisses de
rejoindre l’euro, ce qui créera une crise politique majeure
à l’issue incertaine en Suisse avec un éclatement
possible de la Confédération helvétique! Car c’est
bien d’un complot mené par les européistes suisses contre
les partisans de l’indépendance nationale dont il s’agit. Les
manœuvres de la BNS ne changeront pas à court terme la situation de
la Suisse qui ne souffre pas d’avoir une monnaie forte mais d’une
insuffisance criante de compétition intérieure et
d’ententes plus ou moins cachées entre ses principales
entreprises locales (importateurs et distributeurs notamment) pour maintenir
les prix les plus élevés possibles à leur profit mais au
détriment des consommateurs (lire notre commentaire
précédent du 20 août 2011 sur ce site). Le plus triste
c’est que la BNS vient de faire perdre plus de 2 milliards de CHF
à un trader de l’UBS, détenant certes des positions
exagérées, qui n’avait vraisemblablement pas prévu
l’instauration de la parité euro/CHF à 1,20, mais aussi
beaucoup plus à de nombreuses entreprises locales qui anticipaient la
continuation du “franc fort”! Tout cet argent perdu devrait
être remboursé par la BNS aux entités
précitées qui les a torpillées au lieu de les
accuser d’incompétence en renversant la responsabilité
des pertes ainsi que le font la presse et la classe politique suisses et
internationales!
Plus que jamais, nous conseillons
de ne pas détenir d’euros et de conserver les avoirs des
portefeuilles grosso modo pour deux tiers en dollars US et pour un tiers en
francs suisses. Après un rally technique, notre prochain objectif de chute de
l’euro/dollar US se situe vers 1,20. D’où il en
résulte que la baisse des actions tant US qu’européennes
est loin d’être terminée et que les US Treasury
Bonds resteront le principal actif de protection, avec l’or et
l’argent-métal exprimés en euros et aussi en francs
suisses (mais plus exprimés en dollars US tant que ce dernier
continuera de s’apprécier contre les principales monnaies via le
Dollar US Index et que le “double top” actuel vers 1.922 sur
l’or en dollars US ne sera pas cassé à la hausse).
Puisque l’or et l’argent-métal ne voient
traditionnellement leurs prix monter que dans les monnaies qui chutent, pas
dans celles qui montent. On restera donc Long SDS et TLT et on en
achètera plus sur toute baisse correctrice temporaire; on restera
short euro/dollar US et on en vendra plus sur toute hausse correctrice
temporaire; on restera long or et argent en euros et en CHF et on en
achètera plus sur toute baisse correctrice temporaire.
Comme le montrent les
graphiques ci-dessous, l’euro/dollar US devrait progressivement chuter
vers 1,20, le S+P5oo vers 950 et les taux d’intérêt US
à 30 ans vers 2,60%, pendant que le Dollar US Index monterait vers 91.
(NOUS PUBLIERONS LUNDI
PLUSIEURS LIENS SUR CE SITE PRÉSENTANT LES ANALYSES DE PLUSIEURS
COMMENTATEURS ALLANT DANS NOTRE SENS).
Pierre
Leconte
Article originellement
publié ici
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