La débâcle qui s’abat
depuis maintenant quatre jours sur le marché boursier chinois a fait perdre
près de 30% au Shanghai Composite Index depuis son record du mois de juin.
Pour contrer ces pertes, le gouvernement chinois a formulé une hypothèse
intéressante : les actions ne pourront plus baisser si les ordres de
ventes sont interdits.
C’est dans le cadre de
cette proposition que Pékin a demandé aux actionnaires disposant plus de 5% d’intérêts
de cesser de vendre leurs actions. Directeurs, superviseurs et personnel de
direction ne sont, eux non plus, plus autorisés à vendre.
La Chine a lancé des
enquêtes contre ceux qu’elle pense engagés dans des ventes à découvert
malintentionnées. La menace d’emprisonnement s’est prouvée être un moyen de
dissuasion efficace contre ceux qui contemplaient une position à découvert
sur les marchés chinois.
Si vous n’appartenez à
aucune des catégories de vendeurs ci-dessus, vous pourriez toujours avoir des
difficultés à sortir votre argent des actions, parce que deux tiers des
actions ont été suspendues sur le marché.
Il ne devrait pas vous
surprendre que le gouvernement communiste de Chine soit descendu du train du
marché libre. Après tout, le gouvernement est persuadé que les économies s’élargissent
au travers de la construction de villes fantômes. Pourquoi donc ne devrait-il
pas penser que les marchés fonctionnent mieux lorsque les participants ne
sont plus autorisés à vendre ?
La réaction de Wall
Street n’a pas été moins alarmante. Deutsche Bank et Bank of America Merrill
Lynch ont applaudi le gouvernement chinois pour avoir fait le nécessaire en
vue de conserver la bulle sur les actions.
Mais le caractère haussier
ironique et contre-intuitif de Wall Street face à la Chine est plus évident
encore chez Goldman Sachs. Goldman a en effet conseillé à ses investisseurs d’acheter
des actions chinoises au plus vite.
Après avoir observé quarante
années d’historique statistique, l’équipe de Goldman Sachs pense que « le
marché chinois fait aujourd’hui l’expérience d’une correction de son marché
haussier, et non d’une transition vers un marché baissier ». Voilà qui n’est
pas sans rappeler les modèles de Wall Street qui ont conclu que les prix de l’immobilier
ne pourraient jamais baisser sur une base nationale.
J’aimerais d’abord qu’on
me dise comment quiconque a pu obtenir quarante années de chiffres honnêtes
de la part de la Chine ; et qu’on me montre quand, au cours du
demi-siècle passé, la Chine a déjà pu faire gonfler sa dette de 20 trillions
de dollars comme elle vient de le faire ces huit dernières années.
De telles analyses
statistiques peuvent offrir un complément utile à l’émission de prévisions de
marché. En revanche, cela sous-entend également que les marchés sur lesquels
la Chine négocie des actions ressemblent de près ou de loin à des marchés
dignes de ce nom.
Un marché est un endroit
où une multitude d’acheteurs et de vendeurs se rencontrent de leur plein gré,
et où les prix sont déterminés. Ce que la Chine a créé est un motel dans
lequel de l’argent se déplace mais duquel il ne peut plus sortir. Toutes les
analyses techniques et fondamentales sont jetées par les fenêtres. Ceux qui
choisissent de participer à cette charade devront attendre la prochaine
décision de Pékin quant à l’avenir du marché.
C’est là une antithèse
du capitalisme et des marchés libres. C’est pourquoi nous devrions être
choqués de voir Wall Street, le supposé bastion du capitalisme, embrasser de
telles mesures. La triste vérité, c’est qu’il ne reste dans notre monde plus
aucun marché libre, et qu’il devient de plus en plus évident que Wall Street
est satisfait de la manière dont les choses ont évolué. Nous nous sommes tans
habitués à la manipulation des marchés que nous avons complètement perdu de
vue la manière dont les marchés libres sont supposés fonctionner.
Dans cette nouvelle
dystopie, les actions ne peuvent plus baisser, les sociétés ne peuvent plus
faire faillite et les pays ne peuvent plus faire défaut de leur dette – les banques
centrales créent de la monnaie pour se débarrasser du problème. Lorsque la
contrefaçon monétaire et la baisse des taux d’intérêt ne suffit plus, les
gouvernements tentent de prouver que les régulations de marchés peuvent nous
sortir du pétrin.
Nous pourrons donc
dormir sur nos deux oreilles, puisque nous savons que le petit groupe de
ploutocrates qui contrôle aujourd’hui les marchés nous sortira toujours d’affaire.
Les analyses de marché dignes de ce nom ont été supplantées par le besoin d’éplucher
un par un les mots des communiqués des banquiers centraux à la manière d’étudiants
en théologie.
Mais pourquoi analyser
leurs discours ? Les banquiers centraux ne comprennent pas comment
fonctionnent les marchés et les économies. Tout ce qu’ils se sont prouvés
capables de faire est imprimer de la monnaie. Pour que nous puissions
demeurer dans notre longue rêverie dystopique.
La victoire des marchés
libres sur le contrôle des économies a été décidée il y a bien longtemps. Ces
leçons semblent cependant avoir été oubliées. Même le Pape s’est mis à
critiquer le capitalisme, en y faisant référence comme à une idolâtrie
idéologique qui ne peut mener qu’à l’esclavagisme, à la dislocation
communautaire et à la soif d’obtenir toujours plus. Peut-être devrait-il
faire un tour en Papamobile dans les rues de Cuba ou du Venezuela pour y
constater le niveau de vie des pauvres qui existent hors de l’ « idolâtrie
idéologique » du capitalisme.
La vérité, c’est que les
gens ne vivent nulle part mieux que dans une économie de marché libre. Ce n’est
qu’en nous éloignant de ce modèle, comme nous l’avons fait ces sept dernières
années, que nous voyons s’accentuer l’écart entre riches et pauvres.
La liberté aurait dû
faire disparaître à jamais l’égalitarisme suite à l’effondrement de l’URSS en
1991. Mais si les employés de Goldman perçoivent encore le mérite d’un
investissement sur une économie de commande et de contrôle, la Corée du Nord
est peut-être le prochain investissement en or. Je suis certain que Kim
Jong-un a quelque part un pont qui mène nulle part qu’il serait content de leur
vendre.
La liberté économique et
la prospérité sont rapidement remplacées par des marchés contrôlés par les
autocrates, ce qui ne mène à l’éviscération de la classe moyenne. Les peuples
ont abandonné volontairement une majorité de leurs libertés. Pourquoi ?
Parce qu’on les a abêtis. Pour quelle autre raison auraient-ils pu mettre les
marchés, les économies et la structures familiale entre les mains des
gouvernements avec une telle ignorance et un tel empressement ?
L’abrogation des marchés
mène à la stagflation, l’effondrement économique et le chaos. C’est là le
triste destin du monde développé.