Le processus de destitution du dollar en tant que monnaie de
réserve incontestée se poursuit lentement mais sûrement. Depuis environ 5
ans, la Chine manœuvre afin d’internationaliser sa monnaie, ce qui se fera
aux dépens du roi dollar.
Sa destitution ne se fera pas du jour au lendemain (notamment parce que la
Chine possède pour des trillions d’actifs libellés en dollars, mais aussi
parce que le marché du crédit repose plus que jamais sur le billet vert),
elle sera le fruit d’une érosion. Mais elle est inéluctable, alors que la
puissance américaine, aussi bien militaire qu’économique, s’essouffle face à l’émergence
d’un monde qui aspire à être multipolaire. Dans une interview accordée à CBCN, Carl Weinberg a donné son point de vue sur ce
dossier :
« »La Chine va imposer à l’Arabie saoudite de vendre son pétrole
en yuans, et lorsque cela aura lieu, le reste du marché lui emboîtera le pas
et abandonnera le dollar en tant que monnaie de réserve internationale »,
a déclaré ce lundi un économiste chevronné à CNBC.
Carl Weinberg, économiste en chef et directeur de High Frequency
Economics, a déclaré que Pékin se prépare à devenir l’acteur dominant du
marché du pétrole vu que la Chine est devenue le plus gros importateur de
brut de la planète, devant les États-Unis.
L’Arabie saoudite « doit être attentive à ce dossier car d’ici un
an ou 2, la demande chinoise éclipsera la demande américaine de pétrole »,
a déclaré Weinberg.
« Je pense que la vente du pétrole en yuans arrive et que dès que
les Saoudiens l’accepteront, après que les Chinois leur aient forcé la main,
le reste du marché suivra ensuite. »
La pierre angulaire du pétrodollar
Ces dernières années, plusieurs nations opposées au statut du dollar en
tant que monnaie de réserve internationale ont progressivement tenté de
l’abandonner.
Par exemple, la Russie et la Chine tentent d’opérer dans un environnement
dans lequel le dollar est absent de leurs transactions pétrolières. Ces 2
pays ont également augmenté leurs efforts d’acquisition et d’extraction d’or
au cas où, ou lorsque le dollar s’effondrera. Le roi de l’OPEP, l’Arabie
saoudite, est la pierre angulaire du pétrodollar. (…)
Depuis quelques années, la Chine tente de mettre la pression sur l’Arabie
saoudite quant à la devise à utiliser pour lui acheter son pétrole, notamment
en réduisant ses commandes.
Quelles conséquences pour le dollar ?
Quand on lui a posé la question de savoir ce qu’il arriverait au dollar si
le yuan devait s’imposer sur le marché du pétrole, Weinberg a déclaré que la
devise mondiale souffrirait « d’une demande revue à la baisse pour
les obligations américaines ».
« La transition d’un marché pétrolier basé sur le dollar vers le
yuan fera baisser les volumes de transactions annuelles en billet vert de 600
à 800 milliards. Cela signifie une demande revue à la hausse pour des choses
en provenance de Chine, que ce soit des actifs, des biens ou des services. Ce
serait un plus pour la croissance chinoise, et c’est d’ailleurs pour ça que
ce pays poursuit cet objectif. »
Cela dit, on pourrait tout de même assister à un effondrement de la valeur
du dollar en raison de cette baisse de la demande d’obligations américaines,
même si ce n’est pas pour demain. Si les États-Unis peuvent toujours vivre à
crédit aujourd’hui, avec des déficits qui augmentent année après année, c’est
en grande partie grâce au pétrodollar.