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La malédiction de l’exceptionnalisme américain

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lewRockwell
Publié le 31 janvier 2016
1425 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editoriaux

Rien ne semble plus enrager les analystes des marchés néo-conservateurs que les politiciens ou candidats aux élections présidentielles qui ne « croient pas en l’exceptionnalisme américain ». Sean Hannity semble particulièrement déchaîné face à de telles circonstances. La raison en est que l’ « exceptionnalisme américain » est depuis longtemps l’idéologie - et la justification – sur laquelle reposent l’Empire américain et toutes ses aventures militaires. En tant que pions du complexe militaro-industriel et d’un Empire en constante expansion, Hannity, O’Reilly, Limbaugh et les autres sont employés par leurs grands maîtres pour exprimer leur outrage – outrage ! – à chaque fois que quelqu’un daigne remettre en question la propriété de l’impérialisme américain et les fondations de l’Empire.

Tous les Empires se disent être « exceptionnels » d’une manière ou d’une autre, et pensent que cet exceptionnalisme leur garantit le droit d’envahir, de conquérir et de piller d’autres terres, sous couvert de propagandes de bienfaisance (le « maintien de la paix », la « promotion de la démocratie », la chute du prochain Hitler, et j’en passe). La version américaine de l’exceptionnalisme a une bien longue histoire. Abe Lincoln a proclamé avec arrogance que son gouvernement était le « dernier espoir de la Terre ». Ronald Reagan a stipulé que les Etats-Unis étaient la conséquence d’un « plan divin de création d’un royaume terrestre ». « C’est dans les mains de l’Amérique que Dieu a placé la destinée d’une humanité affligée », nous a-t-il annoncé.

C’est là un thème majeur de l’exceptionnalisme américain – la notion que les politiciens comme Reagan ou George W. Bush (qui a déclaré que Dieu était venu à lui pour le convaincre de présenter sa candidature à la présidence) savent ce qui se trouve dans la tête de Dieu. « Nous devons répondre à l’appel venu du ciel et nous battre pour la liberté », a déclaré Bush (ou du moins celui qui a rédigé son discours). Les Etats-Unis sont « indispensables à l’établissement de relations politiques stables » dans le monde, nous a dit Bill Clinton. Nous sommes les témoins de ces « relations stables » aujourd’hui-même au Proche-Orient et en Europe,  où les interventions militaires des Etats-Unis en Syrie, en Libye, en Irak et ailleurs ont généré une crise de réfugiés sans précédent.

Le récent livre de Dick Cheney, dans lequel il défend un interventionnisme militaire accru et les conflits déclenchés par les Etats-Unis, est bien évidemment intitulé Exceptionalism. Son chapitre de conclusion est intitulé The Last Best Hope of the Earth (Le dernier grand espoir du monde). Quand les néo-conservateurs commencent à citer Lincoln, c’est que quelque part dans le monde, un pays est sur le point d’être bombardé.

Les origines de l’exceptionnalisme américain

Cette pulsion impérialiste élitiste et arrogante de l’établissement américain des politiques étrangères ne date pas d’hier. Les écrits de nombreux intellectuels – Clyde Wilson, Forrest McDonald, Thomas Fleming, Robert Penn Warren et Murray Rothbard – expliquent particulièrement bien les origines de cette idée.  

Dans un essai intitulé « The Yankee Problem in America », Clyde Wilson écrit que « ce groupe ethnique particulier qui tire ses racines de la Nouvelle-Angleterre, et qui est facilement reconnu par son arrogance, son hypocrisie, son avarice, son manque d’amabilité et son penchant pour donner des ordres aux autres, pense être un groupe saint dont la mission est de rendre les Etats-Unis et le monde aussi parfaits que sa propre image ». Hillary Rodham Clinton, née méthodiste à Chicago, est un spécimen Yankee digne d’être exposé dans un musée – pharisaïque et impitoyable. Le « tempérament Yankee correspond assez au stalinisme qui a été amené dans le grand nord par des immigrants arrivés plus tard », écrit Wilson. Il entend ici les idéologues communistes installés à New York City depuis le milieu du XXe siècle, et dont les enfants sont pour beaucoup devenus les « radicaux des campus » des années 1960 – les « bébés aux couches rouges ». David Horowitz en était un, et parle de ce phénomène dans un grande nombre de ses livres.

Aux yeux de ces gens, « tout ce qui s’élève en travers du chemin du perfectionnisme américain doit être éradiqué… alcool, tabac, Eglise catholique, Ordre des Francs-maçons, viande, mariage », écrit Wilson en référence aux diverses croisades des Yankees (il n’insinue pas ici tous les gens du nord des Etats-Unis, mais un groupe particulier).

Le célèbre historien Forrest McDonald a fait des observations similaires dans son essai de 1985 intitulé « Why Yankees Won’t (And Can’t) Leave the South Alone ». « Ce qu’il faut comprendre au sujet des Yankees, c’est qu’ils sont des puritains caractérisés par un perfectionnisme piétiste. Contrairement aux gens du Sud, ils sont constitutionnellement incapables d’adopter une attitude de ‘vivre et laisser vivre’. Aucune alternative à leur vision de la Vérité n’est acceptable. Les Yankees ont embrassé le républicanisme totalitaire afin d’établir le royaume de Dieu sur Terre » en utilisant les forces du gouvernement pour « éradiquer le péché ». Ils forment « le pilier du Parti républicain d’Abraham Lincoln ».

Thomas Fleming est l’auteur de plus de 50 livres, dont The New Dealers’ War, et, plus récemment, A Disease in the Public Mind: A New Understanding of Why We Fought the Civil War. Dans ce dernier, il explique comment les riches Yankees de Nouvelle-Angleterre ont abandonné le christianisme dans les années 1850 pour embrasser le meurtrier de masse et communiste autoproclamé John Brown comme leur « sauveur ». Brown pensait que du « sang devait être versé » afin d’éradiquer le péché. Il était « un descendant des Puritains, et la personnification d’un Puritain. Les Yankees étaient principalement enclins à croire en la morale dépravée de ceux qui n’étaient pas d’accord avec eux ». Des décennies durant, ils ont dénoncé le Sud pour « sa violence, son alcoolisme, sa fainéantise et sa perversité sexuelle… ce qui était très similaire à la frénésie qui s’est emparée du Massachussetts pendant les chasses aux sorcières ».

Dans son essai intitulé « Just War », Murray Rothbard écrit également des Yankees qu’ils étaient la « force motrice du Nord » et « gouvernés par un post-millénarisme fervent selon lequel, afin que Jésus Christ puisse redescendre sur Terre, l’Homme doive établir le royaume de Dieu sur Terre ». Ce royaume doit être libéré du péché, et son gouvernement être l’instrument divin du Salut. Ces « fanatiques » ont, pendant la Guerre civile, été de « véritables humanitaires patersoniens avec la guillotine : les Anabaptistes, les Jacobins, les Bolchéviques de leur ère ».

Le célèbre écrivain Robert Penn Warren, auteur d’All the King’s Men et de 19 autres nouvelles, a écrit dans son livre de 1961 intitulé The Legacy of the Civil War, que l’Histoire devrait être « oubliée » afin que nous puissions croire en le mythe de l’exceptionnalisme américain. La Guerre civile, explique-t-il, a laissé le Nord (ou le gouvernement américain) avec entre les mains un « trésor de vertu ». Cette vertu dépend toutefois de l’ignorance du fait que Lincoln et le Congrès ainsi que la Chambre aient déclaré à plusieurs reprises que la guerre n’avait rien à voir avec l’esclavage ; que Lincoln prévoyait d’inscrire l’esclavage dans la Constitution américaine ; et que ses discours politiques étaient emprunts d’un langage Blanc suprématiste qui ferait aujourd’hui rougir de honte n’importe quel membre du Ku Klux Klan. Il n’en est pas moins que ce « narcissisme moral », cette « indulgence pour les péchés passés, présents et futurs », a servi de justification pour nos croisades de 1917-18 et de 1941-45. Tout cela a été fait grâce à « notre diplomatie de vertu et au slogan de réhabilitation spirituelle des autres ».

Ce « trésor de vertu » était aussi la « justification fondamentale » des guerres et interventions militaires survenues depuis lors, et jusqu’à aujourd’hui.

Ce « trésor de vertu », qui n’est qu’une autre manière de dire « exceptionnalisme américain », offre une couverture morale à l’avarice du complexe militaro-industriel américain pour les profits de la guerre, et est donc l’exemple parfait de la convention des « bootleggers » et des Baptistes dont nous parlent aujourd’hui les économistes. L’origine de cette convention est l’économie Bruce Yance, qui a expliqué que la prohibition de l’alcool était soutenue par ceux que l’on appelait les « bootleggers », qui profitaient de la vente illégale d’alcool, et les religieux (Baptistes) qui s’opposaient à l’alcool pour des raisons morales. L’avarice n’attire pas le soutien du public. Elle doit être dissimulée sous un voile de pseudo-moralité, comme par exemple celui de l’exceptionnalisme américain.

 

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Thomas DiLorenzo est économiste et professeur au Loyola College du Maryland. Il est l'auteur de 10 livres sur l'histoire américaine, les politiques antitrust et l'interventionnisme de l'état dans l'économie en général.
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