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La politique agricole commune pour les nuls

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Publié le 03 décembre 2012
905 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

La semaine dernière, les producteurs de lait organisaient une nouvelle manifestation à Bruxelles. L’occasion d’un débat radiophonique quelque peu surréaliste, où les intervenants comme les journalistes ont montré leur profonde méconnaissance du dossier et leur absence totale de perspective historique. Dommage, car la Politique agricole commune est l’exemple parfait des effets pervers de l’interventionnisme étatique. Voici donc un petit résumé pédagogique.


Pauvres agriculteurs ! Leur métier est aujourd’hui bel et bien en danger. Du moins, celui des petits agriculteurs. L’invité du débat, Erwin Schöpges, président d’une coopérative de producteurs de lait, a bien raison de se plaindre. Mais là où il se trompe, c’est qu’il continue de croire que l’Union européenne peut sauver son métier d’une industrialisation massive. Pourquoi ? Parce que cette situation est le résultat d’un demi-siècle d’aveuglement idéologique piloté par les politiciens européens. Sans surprise, cette politique désastreuse a été initiée par le pays qui, aujourd’hui, monte le plus hypocritement au créneau pour défendre les « petits paysans » : la France.


Un marché de dupes


Revenons dans les années 50. À l’époque, le spectre de la guerre est encore très présent. Le projet d’une communauté économique d’États semble aux hommes politiques de l’époque une excellente manière de rassembler les pays pour éviter toute nouvelle guerre. Dès sa création, l’embryon d’Union européenne décide de soutenir une politique industrielle expansionniste, profitant en particulier à l’Allemagne. En échange de son soutien à ce volet industriel, la France obtient un soutien au développement de l’agriculture : la Politique agricole commune (PAC). En 1958, le premier commissaire européen à l’agriculture, chargé de concevoir et de mettre en oeuvre la première mouture de la PAC, sera  un socialiste néerlandais du nom de Sicco Mansholt. L’objectif de la PAC est clair dès le départ : favoriser la mécanisation et l’industrialisation de l’agriculture. Pour y parvenir, les gouvernements européens fixeront un prix minimum pour une série de produits agricoles – dont le lait.


L’offre et la demande


Le raisonnement derrière la PAC dénote une méconnaissance complète du fonctionnement d’une économie de marché. Le prix minimum est instauré, aux dires des politiciens, afin de favoriser une industrialisation de l’agriculture, mais aussi de « garantir un revenu décent aux agriculteurs ». Ce prix minimum est supérieur au niveau d’équilibre du marché. Or, la loi de l’offre et de la demande veut que le prix d’équilibre soit celui auquel les consommateurs sont prêts à acheter l’ensemble des quantités produites. Augmentez ce prix, et que se passe-t-il ? Non seulement les consommateurs achètent moins, mais en plus, les producteurs produisent plus (pour simplifier, ils continuent à produire tant que le prix de vente est supérieur à leur coût de production). Résultat : des surplus agricoles. Ils seront rachetés par la Communauté européenne et stockés dans de grands entrepôts. Très vite, Manholt et d’autres réalisent qu’ils ont créé un monstre. Plutôt que de le démanteler, ils décident de poursuivre dans la voie du contrôle du marché et instaurent des quotas de production : au-delà de ces quotas, les prix ne sont plus garantis. Seulement, ces quotas sont encore trop élevés par rapport à la demande réelle, et coûtent horriblement cher à l’Europe. C’est à cette époque que le budget de la PAC se met à enfler de plus en plus. Au sommet de sa « gloire », la PAC engloutira plus de la moitié du budget de l’Union européenne.


La mort du petit agriculteur


Comme le prévoyait Manholt, le secteur agricole s’industrialise pour profiter de l’aubaine. Les petits agriculteurs sont évidemment les premières victimes de cette industrialisation forcée. Et les grandes exploitations deviennent d’ailleurs celles qui profitent le plus du système de quotas. Pour l’anecdote, la Couronne anglaise – la famille royale est un très gros propriétaire terrien – figurera durant des années parmi les récipiendaires des largesses européennes, bénéficiaires qui resteront longtemps inconnus. Il faudra attendre 2009 pour que les pays membres soient forcés de publier l’identité des bénéficiaires de la PAC et les montants qui leur sont octroyés. Un excellent site internet, www.farmsubsidy.org, vous permettra de prendre connaissance des organisations qui, dans votre pays, touchent la manne européenne. Vous y apprendrez par exemple qu’une banque française, le Crédit agricole, a reçu en 2007 un subside agricole de plus de 91 millions d’euros. En Belgique, toujours d’après le même site, la banque KBC a raflé près de 57 millions d’euros depuis 2002. Mais les principaux récipiendaires, en France comme en Belgique, sont les raffineries de sucre. Pas vraiment de petits producteurs…


Une catastrophe sociale causée par l’Europe


Forcément, ce genre de largesse n’a qu’un temps. Il faudra cependant près de 30 ans à l’Europe pour commencer à comprendre qu’elle s’est fourvoyée. Mais le mal est fait. Le démantèlement du système de quotas illustre les effets pervers du système. Pour parler le langage des entrepreneurs, le « business model » des agriculteurs n’est aujourd’hui viable que grâce aux subsides massifs de l’Europe. Enlevez ces subsides et vous obtenez une industrie en surcapacité. Or, la loi de l’offre et de la demande ne peut être ignorée : si vous avez trop de marchandises à écouler par rapport à la demande, la seule manière de les faire absorber par le marché est de baisser votre prix. Aujourd’hui, cette baisse pousse les prix en dessous du seuil de rentabilité de la majorité des exploitations agricoles. Les fermiers sont aujourd’hui victime d’une catastrophe sociale à grande échelle causée par des politiciens qui sont depuis longtemps dans la tombe.

 

 

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Frédéric Wauters est journaliste économique indépendant et professeur de sciences commerciales et de communication à la Haute Ecole Galilée à Bruxelles. Entrepreneur (www.ex-abrupto.be), il est également essayiste et vient de publier, avec son confrère Ludovic Delory, d'un ouvrage intitulé "Retraites Plombées: comment l'Etat vole votre avenir" (plus de détails sur www.retraites-plombees.be).
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Cher Monsieur Wauters,
Les montants versés aux banques et aux sucriers (aussi aux laitiers), sont pour les banques les subventions intérêts dont profitent les agriculteurs et pour les "grosses" sociétés, des restitutions à l'exportation qui compensaient le différentiel de prix reçu par les agriculteurs du fait du système que vous décrivez par ailleurs.
Ce sont donc, in fine, les agriculteurs qui en profitent.
Bien à vous.
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Cher Monsieur Wauters, Les montants versés aux banques et aux sucriers (aussi aux laitiers), sont pour les banques les subventions intérêts dont profitent les agriculteurs et pour les "grosses" sociétés, des restitutions à l'exportation qui compensaient  Lire la suite
Bigudado - 03/12/2012 à 12:12 GMT
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