Fermer X Les cookies sont necessaires au bon fonctionnement de 24hGold.com. En poursuivant votre navigation sur notre site, vous acceptez leur utilisation.
Pour en savoir plus sur les cookies...
Cours Or & Argent
Dans la même rubrique

La rue ou les urnes : la farce tragique du "dialogue" social

IMG Auteur
Chroniques en liberté
Publié le 27 avril 2015
1263 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
( 3 votes, 3,7/5 ) , 1 commentaire
Imprimer l'article
  Article Commentaires Commenter Notation Tous les Articles  
0
envoyer
1
commenter
Notre Newsletter...
Rubrique : Editoriaux

Il ne se passe pas un jour sans qu'une corporation en colère bloque la rue et qu'un ministre annonce qu'il soumettra toujours son projet de loi aux partenaires sociaux.

 

 Naïvement, je croyais que, dans une république digne de ce nom, les lois étaient soumises aux représentants du peuple (nos députés) non aux syndicalistes, ce qui est la marque des "démocraties" populaires des anciens pays de l'Est. L’économie traverse sans nul doute la crise la plus grave qu’elle ait connu depuis bien longtemps. Pendant ce temps, la gauche persiste dans son délire moralisateur et interventionniste tandis que la droite change pour la n-ième fois de nom sans revoir une once de son programme.

On hérite encore de la gauche la plus archaïque d'Europe et de la droite la plus stupide du monde. Inutile de s'interroger donc sur les causes de la montée irrépressible du Front National. Pour ma part, j’ai dû mal à adhérer à cette notion de « crise du capitalisme » car il ne saurait y avoir d’économie en dehors du capitalisme.

 

Si le capitalisme devait disparaître, il emporterait avec lui l’économie elle-même et sans économie, pas de civilisation humaine. Il y a bien une crise économique mais elle vient pour l’essentiel d’une crise morale plus profonde qui nous a fait perdre le sens des réalités. Pour reprendre les analyses de Schumpeter qui a proposé une théorie de l’évolution économique, nous vivons une phase de mutation, de « destruction créatrice », dans laquelle les nouvelles formes de développement économique sont en train de prendre forme. L’économiste Kondratieff a été envoyé dans les camps de travail soviétiques pour avoir proposé la première théorie des cycles longs, défiant du même coup l’idéologie officielle selon laquelle le capitalisme était condamné à sombrer dans une crise finale [1]. Pour Kondratieff, tel le phénix qui renaît de ses cendres, le capitalisme se nourrit des crises.

 

Plus exactement, l’économie est fondamentalement animée par un processus dynamique qui la conduit à des mutations qui nourrissent son développement incessant. Dans cette optique, l’analyse seulement quantitative en termes de croissance et de crise est trop réductrice. Depuis, on nous parle de crise depuis que je suis adolescent or, par définition, une crise ne saurait durer plus de trente ans. Mais pourquoi la gauche n’est-elle donc pas capable de profiter de ces périodes de crise qui engendrent une réelle détresse sociale ? Permettez-moi d’apporter ici deux tentatives d’explications. Premièrement, la gauche semble plutôt profiter des périodes de croissance. En effet, sauf à persister dans une démarche révolutionnaire suicidaire, la gauche qui ambitionne de gouverner s’appuie sur un programme qui peut se résumer sur un unique principe directeur : la redistribution des richesses. Mais pour redistribuer des richesses, encore faut-il en produire.

 

En période de crise, c’est la capacité à produire des richesses qui est remise en question, la redistribution risquant d’accroître les problèmes économiques plutôt que de les résoudre. Les gens qui vivent dans le monde réel en sont plus ou moins conscients, et c’est pourquoi ils se détournent à la fois des partis de gauche et des syndicats, comme l’a révélé le fort taux d’abstention aux dernières élections prud’homales. Deuxièmement, il y a sans doute une raison plus profonde. La gauche part du principe qu’il faut « changer le monde », qu’il faut proposer « autre chose » en trouvant une alternative à l’économie de marché. En son temps, Mitterrand a réalisé le tour de force de souder le PS, puis ensuite le PS et PC, en proposant carrément de « changer la vie ». La réalité économique est cependant un fait incontournable, voulu par personne mais sans cesse actualisé par chacun de nous, car l’économie émerge des interactions complexes issues de nos choix individuels. Aucun plan préalable n’a été nécessaire pour que fonctionne l’économie. A l’inverse, tous les plans qui prétendent enfermer l’économie dans des formats artificiels et rigides ont brisé l’économie, les crises résultant souvent d’erreur de réglementations ou de politiques économiques erronées ou dépassées. Mais changer le monde pour proposer quoi, dans quelle direction, selon quel principe miracle ? Et là, il y a quasiment autant de réponses qu’il y aura de militants. Mais ont-ils de vraies réponses ?

 

Ces militants animeront des courants innombrables dans une multiplicité de partis concurrents. Les Verts, le PS, le PCF, le NPA, tous ces partis tiennent finalement le même discours fondé sur le rejet de la réalité économique : il faut changer l’économie. La seule chose qui les unit, c’est d’être contre ce qui existe ! Tous les leaders de la gauche nous proposent donc de donner au monde un visage humain, mais ils se gardent bien de nous dire qu’ils verraient bien leur propre visage en guise de modèle. Comment changer l’économie qui fait tourner le monde dans lequel nous vivons ? Personne n’a la même réponse de sorte qu’il est structurellement impossible aux hommes et femmes politiques de gauche de travailler ensemble. C’est la raison pour laquelle les pays qui ont voulu sortir de l’économie de marché ont dû le faire de manière autoritaire, en se donnant des régimes dictatoriaux. Tous les pays qui rejettent l’économie de marché sont des dictatures. C’est aussi pourquoi les partis de gauche ont dû mal avec l’idée de concurrence voire avec le principe même des élections, des primaires, de multiplicité de candidats ; et les épisodes tragicomiques d’élections truquées au PS sont révélateurs d’une pratique inhérente aux partis qui restent imbibés par cet esprit révolutionnaire : au sein de mon parti, j’ai perdu aux élections alors je remets en cause le principe même des élections ; dans le cadre des élections nationales, mon parti perd les élections alors j’organise d’incessants « troisième tour sociaux » pour bloquer le pays et empêcher un gouvernement légitimement élu d’appliquer son programme. Tant que la gauche sera inspirée par ces pratiques contestataires, elle loupera l’occasion de se reconstruire. Faut-il néanmoins se réjouir de cette situation ?

 

Non car malgré ce désastre, la droite aux affaires ne parvient jamais à gouverner, se trouvant dans la nécessité de reporter la moindre de ses réformes devant la fronde de la rue [2]. Quand le pouvoir est dans la rue, c’est que la démocratie a déserté la cité. C’est à croire que les français préfèrent la révolution à la réforme puisqu’en bloquant systématiquement toute possibilité d’évolution en douceur de ses institutions – notamment l’intouchable éducation nationale – ils installent les conditions de la faillite.

 

Notre pays, qui ne manque pas une occasion de donner des leçons de démocratie au monde entier, n’est jamais parvenu à vivre complètement ce pacte démocratique. De fait, le gouvernement ne peut pas gouverner en appliquant le programme sur lequel il s’est fait élire tandis que l’opposition n’est pas en état d’offrir une alternative crédible. [1] Nikolai Kondratieff (1892-1938) est mort fusillé au goulag où il a été déporté à la fin d’un procès initié par Staline dans le cadre de l’épuration idéologique. [2] A nouveau, le ministre de l’éducation reporte sa réforme devant les blocages par crainte de l’amplification des mouvements lycéens. Mais les lycéens n’ont pas l’intention de s’arrêter. Depuis quelques années, et justement parce que les différents ministres ont toujours reculé devant la pression de la rue, les mouvements de lycéens sont devenus un rituel programmé de plus en plus violent, instrumentalisé par des syndicats qui ont l’art de manipuler la désinformation à outrance et relayé par des médias bien complaisants. Pendant que notre système éducatif produit des graines de contestataires dont les probabilités d’insertion professionnelle sont grandement compromises, notre économie se trouve dans l’obligation « d’importer » les cerveaux qui lui font défaut.

 

<< Article précedent
Evaluer : Note moyenne :3,7 (3 votes)
>> Article suivant
Jean-Louis Caccomo est Maître de Conférences en Sciences Économiques à l'Université de Perpignan. Chercheur, il est expert international spécialisé dans les questions de croissance, innovation et tourisme international. Responsable de l'atelier tourisme au GEREM (Université de Perpignan). Il est par ailleurs responsable des programmes de coopération avec Prince of Songkla University (Phuket - Thaïlande), avec l'université de Tabasco (Mexique) etavec l'université de Moroni (Comores).
Voir son site webS'abonner à ses offres
Publication de commentaires terminée
  Tous Favoris Mieux Notés  
"De fait, le gouvernement ne peut pas gouverner en appliquant le programme sur lequel il s’est fait élire "

Dans un système électif à deux tours, on ne vote pas "pour" mais "contre". Pas par adhésion à un homme ou un programme, mais pour éliminer " le pire des deux" aux yeux de l'électeur.
Fatalement celui qui se fait introniser ne jouit pas de l'adhésion populaire, pas même les premiers mois.
Dernier commentaire publié pour cet article
"De fait, le gouvernement ne peut pas gouverner en appliquant le programme sur lequel il s’est fait élire " Dans un système électif à deux tours, on ne vote pas "pour" mais "contre". Pas par adhésion à un homme ou un programme, mais pour éliminer " le p  Lire la suite
Pâris - 27/04/2015 à 20:20 GMT
Top articles
error

 

 

THE REQUESTED URL IS UNCORRECT

Flux d'Actualités
TOUS
OR
ARGENT
PGM & DIAMANTS
PÉTROLE & GAZ
AUTRES MÉTAUX
error

 

 

THE REQUESTED URL IS UNCORRECT

Profitez de la hausse des actions aurifères
  • Inscrivez-vous à notre market briefing minier
    hebdomadaire
  • Recevez nos rapports sur les sociétés qui nous semblent
    présenter les meilleurs potentiels
  • Abonnement GRATUIT, aucune sollicitation
  • Offre limitée, inscrivez-vous maintenant !
Accédez directement au site.