Au cours de ces
dernières années, la Chine a discrètement continué d’accumuler des quantités
importantes d’or. Elle est désormais le plus gros producteur et le plus gros
consommateur d’or du monde. Elle conserverait selon les dires l’intégralité
de l’or produit sur son territoire, et en importerait également en de vastes
quantités. En plus de cela, la Chine a acheté des mines d’or à prix réduit
tout autour du monde, et a rapatrié l’or qu’elle avait autrefois déposé à
Londres, à New York et en Suisse.
Lorsqu’elle aura
accumulé suffisamment d’or, une accumulation à laquelle prend aussi part son
alliée la Russie, beaucoup pensent qu’elle libèrera le métal de la manipulation
de son prix à laquelle s’adonnent les banques et gouvernements des Etats-Unis
et du Royaume-Uni. Une fois que la découverte de prix se déplacera d’Ouest en
Est, le prix de l’or pourra flotter librement sur le marché libre, et la valeur
de l’or accumulé atteindra de nouveaux sommets.
L’abolition de la
suppression du prix de l’or sera accompagnée par l’abandon sur une grande
échelle de bons du Trésor américain, qui testera la confiance du monde en la
dette nominée en dollars du système de devises fiduciaires. La Chine, la
Russie et d’autres en tireront une influence accrue sur les marchés financiers
du monde, ainsi qu’une meilleure stabilité de leurs devises. Ces pays
pourraient en tirer des avantages stratégiques considérables sur les
Etats-Unis, une nation qui, pour beaucoup, ne possède plus l’or qu’elle
prétend avoir. En effet, face à l’absence d’audit et au refus des
représentants d’en autoriser une, beaucoup pensent que Fort Knox s’est
aujourd’hui vidé de son or.
Mais venons-en à l’aspect
le plus intéressant de l’affaire. Non seulement la Chine a accumulé de vastes
quantités d’or (dans le cadre d’une accumulation déclarée ou non), elle a
également lancé sa propre plateforme internationale de négoce d’or sur le
SGE. Ce dernier est devenu le plus gros marché d’or physique du monde, avec une
estimation de 52 fois plus de retraits d’or physiques que sur le marché du
Comex, qui est principalement un marché papier.
Au cours de la première
semaine de 2016, la Chine a annoncé aux banques étrangères qu’elles devraient
participer au mécanisme de détermination du prix de l’or en yuans, sans quoi
elles pourraient perdre leurs droits d’importation. Ce tout premier fixing
chinois devrait être lancé en avril de cette année, et pourrait changer la
donne pour le marché de l’or.
Voici ce que nous en dit
Reuters aujourd’hui :
La Chine a mis en garde
les banques étrangères d’une possible réduction de leurs opérations sur le
plus gros marché physique du monde si elles refusaient de participer au
lancement du système de détermination du prix de l’or en yuans.
Le premier producteur et
consommateur d’or mondial tente de devenir un acteur déterminant dans la
découverte du prix de l’or, et cherche à gagner de l’influence sur les
marchés globaux.
Dérivé d’un contrat qui
sera échangé sur le SGE géré par l’Etat, le fixing chinois devrait être lancé
en avril, et pourrait porter atteinte au standard global existant qu’est le
prix de Londres libellé en dollars.
Certaines banques
étrangères ont participé aux tests préliminaires menés en avril 2015, aux
côtés de nombreuses grosses banques chinoises. Les traders de ces banques se
sont dits intéressés par ce processus de détermination de prix, alors que
leurs équipes légales se disent majoritairement hésitantes.
Dans un élan de sensationnalisme,
Jim Willie nous a récemment offert ce commentaire :
Le marché de l’or ne peut
pas être déterminé par l’or papier sur une base régulière, et encore moins
indéfiniment. Lorsqu’ouvrira le prix de l’or de Shanghai, toutes les
structures d’or papier s’effondrement, et les produits dérivés du Forex
disparaîtront. Toutes les salles des marchés seront prises de panique.
Ce choc n’aura que peu
de chances de se matérialiser d’un seul bloc et de causer un effondrement
immédiat du dollar, du Comex ou du système de monnaie fiduciaire. En
revanche, il représentera un clou de plus dans le cercueil proverbial, et
favorisera une découverte plus honnête du prix des métaux précieux à mesure
qu’elle se déplacera de l’Occident vers l’Orient.
La ligne rouge
représentée par le graphique ci-dessous montre les réserves d’or asiatiques
en termes de pourcentage des réserves d’or totales. Ce pourcentage ne cesse
plus de grimper depuis des décennies, et son rythme de hausse a
significativement augmenté depuis la crise financière de 2008-09.
Si vous êtes d’avis que
le prix de l’or a été supprimé afin de maintenir la confiance en la monnaie
fiduciaire et permettre aux gouvernements de poursuivre leurs dépenses
déficitaires et garantir leur pouvoir, il est logique d’en conclure que le
prix de l’or pourrait grimper brutalement à mesure que s’intensifiera la
déconnexion entre les prix papier et physique. Il serait logique pour la
Chine, la Russie et les BRICS de forcer une telle transition, qui réduirait
la dominance des Etats-Unis sur le commerce et les finances globales et
équilibrerait le terrain à l’échelle internationale.
Quoi qu’il en soit, il
sera intéressant d’observer ce qui se passera en 2016. Il pourrait s’agir d’un
facteur de plus sur la longue liste de ceux qui pourraient entraîner une
hausse des prix de l’or et de l’argent.