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Il y a un paradoxe certain
entre la faillite avérée de la zone euro, avec la “restructuration” (un autre mot plus pudique que
celui de “défaut”) des dettes publiques de la Grèce
puis des autres Etats européens sur-endettés
les uns après les autres qui coûtera à ceux (grandes
banques privées et compagnies d’assurance mais aussi banques
centrales nationales et la BCE elle-même) qui les ont achetées
croyant ainsi faire un placement sûr entre 40 et 60% de leur
investissement initial, et la remontée de l’euro/dollar US de
1,3150 à 1,39. Cette remontée ne signifie toutefois pas
à notre avis un changement de tendance durable, même si
l’euro/dollar US peut encore aller un peu plus haut vers 1,40-1,41.
Pourquoi l’euro/dollar US
est-t-il remonté?
D’abord, parce que les
achats massifs d’euros par dizaines de milliards, tant de la part de la
BCE via ses acquisitions des dettes publiques des Etats européens sur-endettés pour tenter d’éviter
l’explosion des taux d’intérêt auxquels ils doivent
consentir pour se financer que de la Banque nationale suisse pour tenter
d’éviter toute nouvelle appréciation du CHF contre
l’euro, ont fini par provoquer un “short squeeze”
puisqu’il n’y avait pas autant de vendeurs en face.
D’autre part, parce que
les grandes banques privées (européennes principalement),
devant procéder à leur recapitalisation compte tenu de leurs
gigantesques pertes obligataires et autres, ont commencé à vendre
massivement toutes sortes d’actifs qu’elles détiennent en
monnaies étrangères (en particulier les US Treasury
Bonds exprimés en USD) et à en convertir le produit en euros.
Étant donné que le FESF qui vient d’être
voté par les parlements nationaux des Etats de la zone euro ne servira
vraisemblablement pas à sauver les grandes banques mais à
refinancer ces Etats eux-mêmes et à décharger la BCE
d’une partie des ses actifs pourris,
c’est aux grandes banques et aux Etats nationaux de trouver les fonds
nécessaires, l’Allemagne refusant toujours toute mutualisation
des dettes européennes (via des eurobonds
par exemple) qui la ruinerait et qui ne serait pas conforme aux
traités européens.
Enfin, parce que le
Sénat US en votant une loi permettant aux USA de sanctionner
commercialement les Etats qui manipulent leurs monnaies a
réactivé la “guerre” qui les oppose à la
Chine à ce sujet, laquelle a immédiatement
procédé par mesure de représailles à des ventes d’actifs
US.
A notre avis, le traitement de
la crise dans la zone euro est mauvais. Au lieu de mettre à
contribution les grandes banques privées et les Etats nationaux qui
n’ont pas les moyens financiers de faire face à la crise
actuelle, il aurait fallu laisser la plupart des banques zombies (comme
Dexia) aller en faillite et certains Etats faire ouvertement défaut
tout en revenant à leurs anciennes monnaies nationales (dans
lesquelles ils auraient converti leurs dettes alors devenues plus
supportables) puisqu’il est évident que, dans le contexte
actuel et à venir, plus personne ne voudra acheter des obligations
d’Etat européennes et que les taux d’intérêt
des PIIGS puis de l’Allemagne, de la France et autres Etats encore
relativement épargnés, continueront de monter. Sans compter que
les agences de notation continueront de baisser la note de tous les acteurs
précités. Avec le risque de contamination
généralisée et de récession économique en
Europe qui s’en suivra, ce qui fera alors rechuter l’euro/dollar
US beaucoup plus bas que 1,3150. Le “credit
and liquidity crunch”
qui se prépare en Europe (les grandes banques privées devant
réduire leurs bilans ce qui va les inciter à cesser de
prêter pendant que les Etats aggraveront leurs “politiques de
rigueur” se résumant à écraser
d’impôts les classes moyennes) et qui a déjà
commencé aux USA (avec la cessation du Quantitative Easing au profit du Twist) augurant mal de toute
amélioration économique. Toute perpétuation de
l’euro dans sa forme actuelle, surtout s’il continue de monter
sur les marchés des changes du fait des achats de la BCE et de la BNS,
ne fera que creuser les difficultés de la zone jusqu’à
son inévitable éclatement.
En attendant, la baisse du
dollar US a mécaniquement fait remonter les marchés
d’actions, des matières premières et des métaux
précieux. Tant que le S+P500 ne cassera pas à la hausse sa
résistance vers 1.260, il n’y a pas lieu de sortir de nos achats
de SDS (ultra short S+P500) compte tenu de la récession qui va
s’aggraver ce qui pèsera négativement sur les marchés
d’actions. Nous restons par ailleurs long d’argent-métal
surtout et, accessoirement d’or, puisque tout indique que la crise
bancaire n’en est qu’à son début et que la zone
euro n’est pas près de sortir de ses difficultés de plus
en plus insurmontables, tant que toute cette architecture ne sera pas complétement
réformée démocratiquement avec l’accord des
peuples européens et non pas contre eux. Ne pas négliger les
mouvements de protestation des “indignés” et anti - Wall
Street qui signifient que la paupérisation
des populations occidentales frappées par le chômage de masse
est devenue insupportable pour elles. Les métaux précieux
venant de subir une forte correction, qui a mis un terme à leur
caractère précédemment sur-acheté,
étant maintenant purgés, ils sont donc mûrs pour aller
plus haut. D’autant que lorsque ni les actions ni les obligations ni
les monnaies n’offrent plus de possibilité
d’investissement raisonnablement prévisible à court ou
moyen terme, il n’y a plus que l’argent-métal et
l’or à acheter. Ou bien à rester cash (ce qui n’est
pas la bonne solution dans le contexte actuel de destruction des monnaies
fiduciaires de papier par les banques centrales et de recours massif à
l’endettement par les Etats). Tous les jours qui passent nous
rapprochent dangereusement de l’effondrement du Système
monétaire tant européen qu’international, qui ne peut
plus faire l’objet de nouvelles manipulations pour gagner encore un peu
de temps tout en aggravant l’issue finale, mais doit être
radicalement réformé dans le sens de la coupure totale et
définitive de tout lien entre les pouvoirs publics (banques centrales
et Etats) et la création monétaire qui ne peut être que
gagée par l’or (Rueff, von Mises, etc) ou rendue totalement libre et concurrentielle
(Hayek, etc).
Lire
http://www.zerohedge.com/news/biggest-market-...ro-and-sp-surge
—
http://www.financialsense.com/contributors...-major-breakout
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Prochains
objectifs sur l’argent-métal 37,50 USD/oz et sur l’or
1.755 USD/oz. En cas de cassure de ces objectifs, retour sur leurs plus hauts
récents à 44 et 1.920.
Cela fait cinq fois depuis le
mois d’août 2011 que le S+P500 des actions US essaye sans
succès de remonter sans jamais pouvoir franchir sa résistance
vers 1.260. Ce qui constitue un signal très baissier. S’il
échoue à nouveau, il finira par s’effondrer!
Pierre
Leconte
Article originellement
publi&eacu target="_blank"te; ici
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