Le sommet
européen qui s’est terminé le vendredi 28 juin, a
accouché d’un accord pour le moins inutile. Le duo
hispano-italien a cherché à faire reconnaitre ses efforts en matière
d’austérité.
La France, malgré la stupeur initiale au vu du
« hold-up » méditerranéen, a
« obtenu » la libération de 120 milliards
d’euros dans le cadre du « pacte de croissance »
européen – proposé par l’Allemagne quelques mois
auparavant. L’Allemagne a sauvé la face en faisant approuver le Mécanisme européen de stabilité
(MES).
Il semble donc
que les principaux acteurs de l’Eurozone ont su
obtenir de petites victoires. Cependant celles-ci sont loin d’être une
solution pérenne au problème de fond de la zone euro. Certes,
les espagnols et les italiens ont commencé à réduire leurs dépenses, mais ils peinent
à réformer leur marché du travail et leur
fiscalité. S’ils s’étaient engagés dès
2010 à réaliser de telles réformes, alors ils se seraient
grandement rapprochés de
la situation Allemande en termes de financement de leur dette. Ce que
montrent les taux d’intérêts actuels, c’est que les
marchés reconnaissent les « efforts » consentis
mais ils n’ont rien obtenu
d’autre qu’un plus de
temps pour tergiverser face au choix qui s’offre à eux : flexibilité
réformatrice ou stagnation prolongée.
La France,
quant à elle, est dans le déni. Le gouvernement envisage des
coupes budgétaires bien timides et espère pouvoir obtenir des
recettes supplémentaires avec des impôts reconnus inefficaces
par des experts en fiscalité comme par la Cour des comptes, elle-même
sous la houlette des socialistes.
Le terme de « déni » s’applique
parfaitement bien à la situation française depuis au moins quatre
ans reçoit des avertissements réguliers concernant son
équilibre budgétaire et montrant la nécessité de procéder
à des réformes de fond, réformes qui restent à ce
jour insuffisantes et inadaptées (cf. réforme des retraites).
L’Allemagne,
héraut de la responsabilité fiscale, insiste sur la mise en
place du MES pour remplacer graduellement le FESF (Fonds européen
de stabilité financière) à partir de
l’année 2013. Le principe du MES est pratiquement le même
que celui du FESF (il s’agit d’une titrisation des dettes
garanties par les actifs financiers de membres participants, voir cet article).
La différence est que le MES est conçu pour être une
institution définitive alors que le FESF était supposé
être temporaire. Peu importe les conditions supposées plus
sévères d’accès au MES, il n’élimine pas le
problème de fond, à savoir l’existence d’une dette
publique nourrie par des déficits publiques chroniques.
En fait, le
MES a été créé pour permettre à des pays
au bord de la banqueroute d’avoir accès à de nouvelles
sources de financement et non
pour enrayer cet endettement.
L’entente
franco-allemande a même ressurgi des cendres pour rappeler le besoin
d’une taxe sur les transactions financières visant à
réduire l’activité spéculatrice au sein de l’Eurozone. Or, la taxe sur les transactions
financières existe déjà sous différentes formes
dans plusieurs pays sans que ces pays aient pu mettre fin à la spéculation financière
sur leurs territoires. Ces taxes, seraient-elles un moyen additionnel pour
l’État de participer aux gains que les banques font en
finançant la spéculation financière avec leur création
monétaire ? Une espèce de droits fiscaux qui la
légitimerait ?
Et que dire de
l’union bancaire proposée par Mario Monti ? Sur le papier,
l’idée est d’éviter les ententes obscures entre les
États et les banques en détresse sur leur territoire. Pourtant,
ces négociateurs qui préconisent plus de
« transparence » sont aussi ceux qui proposent un MES qui
permettra aux banques de céder des titres souverains devenus
aujourd’hui invendables sur le marché.
Le projet
d’union bancaire est-il vraiment d’apporter plus de transparence
au système bancaire ? N’est-il pas tout simplement, comme
l’a précisé le président de la Commission
européenne José Manuel Barroso, un moyen pour la Banque
centrale Européenne de jouer « pleinement son
rôle », c’est-à-dire de financer sans limite les
banques détentrices des titres
« pourris » ?
Grâce
à ce nouveau sommet, l’Europe et les marchés respiraient
de nouveau. Peut-être, mais il ne s’agit sans doute que d’une
bouffée d’oxygène. Mieux vaut donc retenir son souffle avant que de nombreux
autres sommets soient nécessaires.
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