Le
billet précédent a présenté la campagne lancée
par le bureau français du World Wide Fund
(WWF) pour soutenir la traçabilité de l’or, dans
l’objectif de lutter contre l’orpaillage illégal et de limiter
ses conséquences environnementales (mises en évidence dans un
autre billet). Comme il a déjà été démontré,
les qualités intrinsèques de l’or rendent ce métal
précieux recyclable à l’infini. La transformation des
objets en or ne peut donc pas être suivie avec précision. Non
seulement une telle initiative ne changerait rien au problème de
l’orpaillage illégal (qu’elle cherche à
résoudre), mais son application entraînerait, en outre, des
effets secondaires importants sur le plan économique, que ce billet
s’efforce précisément de souligner.
En
premier lieu, il est fondamental de rappeler que l’or, en plus du fait
d’être une matière première fondamentale dans
nombre de secteurs industriels, joue un rôle économique
important. Pendant des siècles, il a été
sélectionné avec l’argent comme le moyen
d’échange de prédilection, au détriment
d’autres biens. Actuellement, alors que les gouvernements imposent
l’usage du papier comme monnaie, l’or reste encore et toujours la
matière première qui inspire le plus de confiance aux
particuliers qui souhaitent protéger leur épargne contre
l’augmentation systématique des prix, conséquence inévitable
de l’injection massive de
liquidités sur les marchés.
L’épargne
convertie en or est mieux protégée contre l’inflation,
mais aussi contre la taxation et la confiscation. En effet taxer ou
confisquer l’or est relativement plus compliqué que taxer ou
confisquer d’autres titres de propriété, comme les
propriétés immobilières qui sont visibles et
parfaitement identifiables dès lors que les cadastres sont
gérés par des institutions publiques.
Parce
que l’or est moins facilement repérable que l’immobilier,
la menace de taxation ou de confiscation pèse actuellement davantage sur
les biens immobiliers que sur les produits aurifères. Par exemple,
lorsque l’État décide d’augmenter les taxes sur
l’immobilier, les propriétaires n’ont d’autre
alternative que celle de vendre (ce qui impose le paiement d’autres
taxes), tandis que si l’État décidait d’imposer des
taxes sur l’or, ses possesseurs peuvent encore le cacher et le
déclarer perdu.
S’il
est relativement facile de transformer, transférer ou cacher
l’or par rapport à des biens immobiliers, c’est
précisément parce que les titres de propriété
aurifères ne sont pas encore formellement répertoriés
par une quelconque organisation publique.
En
revanche, si une traçabilité de l’or était
véritablement imposée, elle donnerait à l’État
une photographie plus exacte des titres de propriété
aurifères. La traçabilité passerait par l’introduction
d’un poinçon légal sur tous les produits en or,
conditionnant ainsi la légalisation des ventes d’un tel
certificat. Une telle opération ne ferait que donner des indices plus
précis sur les possesseurs, facilitant ainsi la taxation de la
possession des objets en or et même leur confiscation.
Pour
les raisons techniques mises en avant dans le billet précédent,
le poinçon ne peut pas constituer un indicateur fiable pour la
provenance des objets en or, mais il peut cependant donner des indices
importants sur leurs propriétaires. Il est donc intéressant de
noter que la mise en place d’une traçabilité de
l’or ne résoudrait pas les problèmes environnementaux liés
à l’orpaillage, mais faciliterait tout au plus la tâche
des dirigeants des États, toujours à la recherche de nouveaux
moyens pour financer des programmes aussi dispendieux que populistes. Cela se
ferait bien évidement au détriment des simples citoyens, puisque
la traçabilité de l’or abolirait l’un des derniers
refuges possibles pour l’épargne individuelle.
Le prochain
billet dans cette série exposera d’autres solutions
envisageables, plus efficaces que la traçabilité de l’or,
pour résoudre les problèmes environnementaux provoqués
par l’orpaillage.
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