L’annonce singulière par la Banque Nationale Suisse de transformer sa monnaie de valeur refuge en monnaie de singe en achetant des euros « en quantités illimitées » a provoqué une forte baisse du cours de l’or.
Il ne s’agit pas d’une erreur de typo. L’or a chuté de plus de 50 dollars hier, au moment même où son principal concurrent décidait de s’effacer et de lui laisser le champ libre. Manœuvre concertée ? Réaction viscérale de marchés totalement déboussolés ? Algorithmes devenus fous des outils de trading automatiques et autres robots bancaires ? Nul ne le saura.
Mais le fait demeure que l’or reste désormais la seule monnaie en compétition pour le titre de valeur refuge, titre que manifestement personne ne convoite désormais.
En pratique, en achetant des euros « en quantités illimitées » pour affaiblir le franc suisse, la Banque Nationale Suisse va mettre ledites « quantités illimitées » équivalentes de francs suisses en circulation. Outre un probable effet inflationniste, ces interventions déverserons des quantités de monnaie supplémentaires considérables sur le marché. En créant une expansion rapide des liquidités, celles-ci alimenteront la demande en or, qui elle-même fera croitre la perception que les prix de l’or sont destinés à monter. La spirale vertueuse.
L’essentiel de la hausse de l’or cette année, près de 35% depuis le début de l’année et la plus forte hausse annuelle de l’or depuis 1979, a été alimentée précisément par les liquidités déversées par les banques centrales qui tentent de se battre contre les montagnes de dettes submergeant les économies occidentales.
Merci donc à la BNS et à cet « assouplissement quantitatif à la Suisse » qui garantit de nouveaux records pour le prix de l’or dans les délais les plus brefs, et très certainement le passage des 2.000 dollars par once d’ici la fin de l’année.