Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Tout le monde me pose ces derniers jours la même question. Enfin
ils me la posent par mail car n’ayant pas pris l’option
"international" sur mon téléphone portable, je suis
injoignable pour le plus grand bonheur de ma femme. Heureusement il y a le
wifi et internet. Cette fameuse question c’est est-ce que les cours de
l’or vont encore baisser, combien de temps et est-ce grave
docteur ?
Je voulais vous parler de plein d’autres choses passionnantes
qui se passent ici à Londres donc je ne cèderais que
partiellement à l’amicale pression de notre communauté de
contrariens, surtout que l’actualité
fait, qu’effectivement, cette baisse sur l’or, est une excellente
nouvelle, mais alors vraiment excellente et en réalité tout ce
qui se passe est très rassurant pour l’avenir et vous allez
très vite comprendre pourquoi.
Tout commence aujourd’hui par la dernière intervention de
Mario Draghi, notre grand argentier devant la commission
des affaires économiques et monétaires du Parlement
européen, à Bruxelles (pas d’ironie c’est le surnom
donné aux gouverneurs des banques centrales à travers la planète)
qui a provoqué une belle baisse sur le métal jaune qui se situe
en plus sur des seuils graphiques très importants.
La BCE ne
devrait pas aider l'économie à repartir à nouveau
Mario Draghi, le Gouverneur de la Banque
centrale européenne (BCE), a parlé. Ce qu’il a dit est
mauvais. Très mauvais pour l’or. L’essentiel de son
message se résume avec l’idée suivante, que la monnaie
doit être forte, que les politiques monétaires ne peuvent pas
utiliser ni la planche à billets ni les taux bas pendant de grandes
périodes impunément et sans que cela ait de
conséquences. Je suis parfaitement d’accord avec lui et
c’est pour cela justement que je suis un acheteur
invétéré d’or (en plus ça brille et
c’est beau).
Alors voici les petits moments choisis de l’intervention de
Mario. Chacun des termes est très, très important pour
comprendre la suite. C’est un peu long, mais je sais que mes amis contrariens ne rechignent jamais à l’effort,
et vous allez en avoir pour votre temps à défaut d’en
avoir pour votre argent !!!
« La BCE est consciente des défis que soulève une
longue période d'une politique de taux bas et d'une abondance de
liquidités ».
« Les faibles taux d'intérêt risquent d'affecter la
capacité des épargnants et des investisseurs à
générer des rendements, notamment pour les compagnies
d'assurance et les fonds de pension »
« Des taux d'intérêt bas pendant une longue
période, couplés à une abondance de liquidités en
circulation, facilitent des prêts de refinancement à coûts
très faibles ce qui peut conduire les banques à être
moins prudentes dans la gestion du crédit, et peut encourager la formation
de bulles spéculatives, en particulier dans l'immobilier ».
« En assurant la stabilité des prix, la politique
monétaire a contribué à des conditions
financières plus stables. C'est essentiel pour les épargnants
et les investisseurs. La politique de la BCE reste accommodante ».
« Soyons clairs : des changements de politique de taux
d'intérêt ne sont pas normalement le meilleur instrument pour
répondre à des déséquilibres financiers. Si ces
déséquilibres ne menacent pas directement la stabilité
des prix au niveau de l'ensemble de la zone euro, c'est aux Etats d'y faire
face ».
Enfin Mario Draghi a indiqué
qu’il « était très exagéré de parler
de guerre des devises »,
« J'invite tout le monde à adopter une stricte discipline
verbale (sur les taux de change). Moins on en parle, mieux ce sera », a
conclu Mario Draghi sur ce sujet.
La politique
monétaire actuelle est bien la chronique d’une catastrophe
inflationniste annoncée
Premier enseignement, nous sommes pour une fois tous d’accord.
Effectivement des taux bas, l’injection massive de liquidités,
et la création monétaire ne sont pas des politiques normales ni
sans risque. Oui cela conduit à la création de bulles
spéculatives dévastatrices comme la bulle immobilière
dont il parle (mais rassurez-vous il n’y a pas de bulle
immobilière en France, nous c’est différent), ou encore
celle des marchés actions qui sont gonflées à
l’hélium et à l’hydrogène qui va finir par
nous exploser à la figure.
Deuxième enseignement nos grands « zamis
» allemands qui n’y sont sans doute pas pour rien me semblent
avoir sifflé la fin de partie monétaire. Fini la
facilité. Message implicite adressé à la France qui ne
veut plus faire des 3%, une limite intangible devra se débrouiller
seule.
C’est cela le message diplomatique subliminal
délivré lorsque Mario dit que « Si ces
déséquilibres ne menacent pas directement la stabilité
des prix au niveau de l'ensemble de la zone euro, c'est aux Etats d'y faire
face ».
On va devoir se débrouiller sans l’aide de la BCE.
Troisième enseignement, l’euro fort n’est pas un
problème pour l’Allemagne, qui a parfaitement conscience du fait
que ce n’est pas l’euro qui est trop fort mais bien toutes les
autres devises qui commencent à ne plus valoir tripette… et
c’est ce qui arrive lorsque l’on imprime trop la même
quantité de billets. Tout le monde a déjà joué
cette partie de Monopoly où à la fin, la banque n’a plus
d’argent, alors les gamins comme les grands commencent à tenir
des ardoises vis-à-vis de la banque… seule façon que la
partie continue encore et encore sinon le jeu s’arrête.
Retenez donc que l’économie est aussi simple qu’une
partie de Monopoly, surtout en ce qui concerne les aspects monétaires.
Il n’y
a pas de guerre des monnaies mais un effondrement des monnaies nuance !
Quatrième enseignement, maintenant que la situation recommence
à devenir grave (bien qu’elle n’avait
en réalité jamais cessé de l’être), il
serait temps de se taire… Mario n’ayant pas osé dire de
mentir. Donc il n’y a pas de guerre monétaire.
Lorsque l’on y pense, il n’a d’ailleurs par
fondamentalement tort. Ce n’est pas une guerre monétaire
à laquelle vous assistez mais à l’effondrement des
grandes monnaies partout à travers la planète et Mario Draghi est parfaitement au courant.
Cinquième enseignement, comme on tourne en rond depuis
maintenant cinq ans et le début de cette crise (qui je vous le
rappelle est finie n’est-ce pas), on se repose la question de savoir si
l’euro va exploser, ou si l’euro va être sauvé
notamment grâce à la pression allemande qui souhaite que sa
monnaie continue à valoir quelque chose.
Le
problème c’est que sans monétisation et politique
monétaire accommodante la France va exploser
Là nous commençons donc à attaquer la suite du
raisonnement. Etape numéro 1 Mario explique que la
récréation monétaire et l’open bar, c’est
fini. L’or chute puisque la monnaie va retrouver de la valeur.
C’est logique. Normal. Imparable.
Etape numéro 2, alors que la France n’arrive même
pas à mettre une politique d’austérité
crédible et socialement tenable lui permettant non pas un retour
à l’équilibre mais de ne plus être en
déficit de plus de 3% alors que la politique monétaire est
accommodante, je vous laisse imaginer sans problème ce qui va se
passer lorsque la politique monétaire redeviendra « rigoureuse
». La France explose. L’Italie explose. L’Espagne explose
et en gros l’Europe entière explose.
Etape
numéro 3, tout le monde va vite se rendre compte que
1) ce n’est pas tenable donc on reprend la monétisation
tous en cœur et joyeusement et tout se finira comme l’a
sous-entendu Mario par un bain de sang hyper inflationniste. L’or
explose… à la hausse. Tout va bien.
2) on tient une politique monétaire rigoriste et l’euro
explose en vol car ce ne sera supportable (éventuellement) que par
l’Allemagne qui sort de l’euro et nous laisse monétiser
tous en cœur et joyeusement. Vous reportez au point 1. L’or
explose… à la hausse. Tout va bien.
3) on tient cette politique d’austérité. Nous
devenons tous grecs. L’euro résiste. On est tous chômeurs
sans le sou mais chaque euro a encore un peu de valeur. Vu l’exemple
grec vous avez intérêt à détenir de l’or
pour payer votre médecin… enfin vous pourrez aussi choisir le
suicide de plus en plus à la mode (hélas bien sûr !).
Evidemment cela ne sera pas socialement possible sans une guerre civile
particulièrement dans notre pays qui sur ce point-là est le
maillon faible de l’Europe avec la Belgique et les Pays-Bas. La France
devra donc quitter l’euro… En nouveau francs, l’or
explose… à la hausse. Tout va bien.
Ce qui est drôle dans tout cela, c’est que s’il y a
bien une baisse de l’or qui je trouve est justifiée par
d’excellentes nouvelles c’est bien celle-là. Merci
beaucoup à notre grand mamamouchi monétaire. Il vient de
valider le raisonnement des contrariens… et
franchement je ne boude pas mon plaisir.
Pendant ce temps ici à Londres, on se rend compte que
l’économie est dans une situation assez catastrophique. Mais je
vous en ai déjà parlé un peu hier. Je vous en reparlerai
plus longuement demain.
En gros les ventes au détail se sont effondrées de 4,7%
en rythme annuel au mois de janvier ce qui n’est pas vraiment une bonne
nouvelle. Nouvelle à mettre en parallèle avec les «
excellents » résultats du plus grand distributeur américain,
Wall Mart, qui sont en forte baisse sans doute
à cause de la croissance qui est trop importante.
La Livre
Sterling au plus bas depuis sept mois. Appels à un nouvel
assouplissement monétaire !
La Livre Sterling est au plus bas depuis 7 mois sur fonds
d’appels de plus en plus nombreux à la Banque d'Angleterre pour
que cette dernière assouplisse un peu plus encore sa politique
monétaire, affaiblisse la Livre Sterling en espérant aider
à la relance… des exportations (sans doute chinoises).
Cette politique des quantitative easing ne
fonctionne pas au Royaume-Uni, pas plus aux Etats-Unis, mais cela permet de
retarder le moment de l’effondrement qu’il soit par un
excès de monnaie ou par un trop plein de rigueur.
Dans tous les cas l’économie mondiale est dans une
impasse. Au bout du chemin il y a l’insolvabilité. Ce
jour-là vous serez détenteur d’or ou pas. Les choses
seront aussi simples que cela lorsque tout partira en vrille, car il
n’y a plus aucune bonne solution et c’est
précisément la raison pour laquelle tous nos gouvernants
tournent en rond depuis cinq ans.
Ils ne savent plus quoi faire. C’est pour cela que vous devez
continuer à vous préparer. N'oubliez pas votre petite pilule
dorée!
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
http://www.telegraph.co.uk/finance/currency/9...r-weakness.html
http://www.lemonde.fr/economie/article/201...34555_3234.html
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