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Miracles un peu sollicités

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Publié le 17 février 2011
974 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Nous en étions restés à l’épisode précédent : comment Goldman Sachs avait distribué une émission hors marché d’actions de 2,1 milliards de dollars de Facebook afin de se remplir les poches, d’en faire bénéficier au passage des clients privilégiés, et de faire grimper à 50 milliards de dollars la valorisation de son gros client. Donnant-donnant. Il n’avait pas fallu plus de cinq mois pour que celle-ci double de valeur, laissant un peu pantois les observateurs.

En un temps à nouveau record, moins d’un mois, un nouveau bond de la valorisation a depuis été enregistré et Facebook est valorisé à 60 milliards de dollars. Plusieurs grands investisseurs institutionnels non identifiés ont en effet manifesté l’intention d’investir dans la société et le management de Facebook envisage d’autoriser ses employés à vendre pour un milliard de dollars d’actions – ce qu’ils n’avaient pas le droit de faire – afin de répondre positivement à leur attente. L’opération représente un coup triple : accroître la valorisation de la société et récompenser les employés méritants sans bourse délier, mais aussi réduire le nombre des actionnaires.

En effet, la réglementation de la SEC – l’autorité de régulation boursière – impose aux sociétés dépassant le nombre de 500 actionnaires d’enregistrer leurs comptes financiers, même si elles ne sont pas cotées en bourse. C’est d’ailleurs la seconde fois que Facebook réalise une telle opération de réduction du nombre de ses actionnaires, ce qui lui permet de reculer l’échéance fixée par la SEC et de garder toute la confidentialité à ses données financières. Ce qui a pour but de dissimuler le désastreux rapport entre son chiffre d’affaires et la valorisation de son capital, un ratio qui crève tous les plafonds et met en évidence le caractère artificiel et spéculatif de cette dernière. Et de poursuivre sa marche triomphale de la création de valeur à la réalité économique artificiellement gonflée.

Les manipulations cautionnées et encouragées par Wall Street ne s’arrêtent pas là. On apprenait en effet que des rumeurs d’acquisition de Twitter par Facebook ou par Google contribuaient à valoriser le site de microblogs entre 8 et 10 milliards de dollars, qu’un tour de table avait fixé il y a deux mois à 3,7 milliards de dollars. Devant cette envolée, et considérant quand même le caractère excessif d’une telle valorisation – plus de 100 fois son chiffre d’affaires – des analystes en viennent à s’interroger sur la réalité de ces volontés d’acquisition et sur l’origine de ces rumeurs qui font bien l’affaire de Twitter. De là à considérer que les deux prétendants pourraient être de connivence avec la mariée pour augmenter sa dote et que cela pourrait être à charge de revanche…

Une telle hypothèse relève bien entendu de la pure et simple fiction, mais elle n’en procure pas moins un éclairage sur la réalité du modèle économique proprement miraculeux de ces sociétés phares du monde des nouvelles technologies. Elles ne vivent pas de leur chiffre d’affaire mais en brûlant le cash qui résulte de l’augmentation de leur valorisation et de l’espoir – pour les investisseurs qui se prêtent à leur porte pour y entrer – que celle-ci va continuer de monter. Une croyance qui rappelle une certitude qui a fait long feu sur le marché immobilier, et qui voulait que le prix des maisons n’allait pas cesser d’augmenter. Avec les résultats que l’on sait.

A ce jeu-là, il est capital de savoir se retirer à temps, un réflexe que les mégabanques de Wall Street ont pleinement acquis, comme l’ont montré leurs manipulations financières précédentes, dont leurs clients ont fait les frais.

S’appuyant sur cette nouvelle manifestation du génie financier, un nouveau type de marché est né, celui de plates-formes d’échange de titres de sociétés non cotées. Elles portent des noms évocateurs, comme SecondMarket ou SharePost, et l’on peut aisément les trouver sur Internet. La première d’entre elles, qui n’a que 9 mois d’existence, a enregistré 157,8 millions de dollars de transactions et compte déjà 47.000 utilisateurs recensés. La seconde est fréquentée par 55.000 investisseurs.

Leur existence procure au capital des sociétés qui donne lieu à des transactions une liquidité qui ferait sinon défaut et permet notamment à leurs salariés, dont une partie de la rémunération est faite en actions, de monnayer une partie d’entre elles au fur et à mesure de l’augmentation de la valorisation de celles-ci. Ce qui revient à faire payer par les investisseurs entrants une partie de la rémunération des salariés. Quant à elles, les plates-formes vivent d’une commission sur les transactions.

Le nombre élevé d’investisseurs utilisant ces plate-formes ne doit pas faire illusion. Seulement environ un cinquième d’entre eux sont de riches individuels, disposant d’un revenu annuel supérieur à 200.000 dollars et d’un patrimoine supérieur à un million de dollar, hors résidence principale. C’est tout du moins la définition par la SEC de la notion d’« investisseur accrédité », qui sert à cet écrémage. Les autres sont des investisseurs institutionnels, qui fournissent le gros des transactions en volume financier.

Dans les cuisines des réseaux sociaux et du microblogging, il se passe de drôles de choses. Par un curieux télescopage de l’histoire, les révolutions tunisienne et égyptienne alimentent involontairement les exercices hautement spéculatifs de la finance américaine, et réciproquement. Inévitablement, il y aura des esprits pour en tirer des conclusions hâtives et erronées. Wladimir Ilitch Oulianov avait dit « on te donne un fusil, apprends à t’en servir  ! », il est des armes moins meurtrières et tout aussi efficaces…



 

 Billet rédigé par François Leclerc

 

 

Paul Jorion

 

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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